Je ne sais pourquoi il y aura toujours des hommes qui penseront ce genre de chose:
"Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l'étant guère
J'ai voulu mourir à la guerre
La mort n'a pas voulu de moi..."
Paul Verlaine in "Sagesse"
Et revenir dans l'état du "Johnny..." de Dalton Trumbo
" Vous aurez peut-être la chance de mourir pour votre pays. Mais il se peut que vous ne mourriez pas il se peut que vous reveniez dans cet état. Tout le monde ne meurt pas mes petits enfants. "
Et si le corps est intact, d'autres choses sont mortes et ils souffiront pour certains à jamais de troubles post-traumatiques beaucoup plus graves que l'amnésie décrite par Ari Foldman.
Alors, puisque tuer ou être tué semble faire partie de la nature humaine, la fin imaginée par Arthur Rimbaud en devient presque préférable.
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort.Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,Tranquille.
Il a deux trous rouges au côté droit.