Cela faisait fort, fort longtemps que je n'avais pas eu autant envie de sortir durant d'une séance de cinéma et alors même que le film n'était pas achevé. Mais j'étais au milieu d'une rangée, alors je me suis contentée d'éviter de m'endormir car le film est fort long et lent.
La bande annonce semblait pourtant intéressante, tout comme le résumé : un homme qui vit à Séoul retourne dans son village natal afin de ramener le corps de sa belle-soeur (décédée accidentellement) ainsi que son neveu... avant de partir à la recherche de son frère aîné, disparu bien des années auparavant. J'aurais mieux fait de lire les critiques spectateurs avant d'aller m'enfermer pour 3 longues heures, parce qu'ils étaient partagés: la moitié trouvait ça génial (comme beaucoup de critiques) les autres se sont ennuyé (formulation polie).
Effectivement , la 1ère moitié du film ça passait, malgré les longues scènes contemplatives avec de loin en loin de très beaux paysages. Après ça se gâte, lorsqu'il retrouve un amour de jeunesse devenue religieusen(incursions dans le passé) et surtout lorsqu'il part à la recherche de son frère qui travaillait dans la soie. Le héros roule, fait des rencontres. S'endort... du coup on ne sait plus si ces rencontres étaient réelles ou imaginaires.
Chez le réparateur de motos, a t il partagé un thé avec cette très vieille dame qui lui a parlé de l'âme, des corps? Marcher dans la nuit sous une pluie battante et découvrir le fameux arbre aux papillons d'or du titre? Rêve ou réalité? Aller retrouver son frère avec la compagne de son frère (découverte on ne sait comment) sur le bord d'une rivière où travaille, possible ou pas? Et on a droit à une fin "en queue de poisson" lorsque, réveillé par le paysan du coin, il décide de s'allonger dans le cours d'eau.
J'allais oublier: beaucoup de scènes de nuit, et/ou sous la pluie, dans la brume... Rien qui donne envie d'aller en Corée.
Je suis venue, j'ai vu, et, n'en déplaise aux critiques qui ont adoré et décerné une "caméra d'or à Cannes) je n'ai pas été convaincue
lundi 23 octobre 2023
L’arbre aux papillons d’or
dimanche 22 octobre 2023
Le goût des histoires des autres... pour ne pas parler de la sienne?
ça m'a renvoyée à cette réaction, un peu agacée d'une psychologue: "Ce n'est pas l'histoire d'autres personnes, réelles ou fictives que j'ai envie d'entendre mais la vôtre" . Peut-être n'est pas intéressante, sans aucun intérêt même cette vie? Avec l'impression d'avancer, jour après jour, sans grand chose de tangible au final.
Et ce soir, cette réaction d'un internaute par rapport aux gens qui procrastinent (ce qui est souvent mon cas): Procrastiner, "... c'est une peur... d'avancer et d'être jugé... c'est un sentiment de mal être général comme si on n'avait pas le droit d'exister..."
samedi 21 octobre 2023
"Notre corps" de Claire SIMON
Documentaire féministe (?) de Claire SIMON
Féministe? Certes, il concerne un service hospitalier où sont prises en charge des pathologies féminines , mais un certain nombre de problématiques, par exemple annoncer à un patient qu'il n'existe plus aucun soin capable de soigner son cancer, ça aurait pu concerner un homme. Tout comme dire à une jeune femme que les soins rendront impossible tout projet de maternité. Peut-être féministe car au delà de l'hommage au personnel du service, la réalisatrice a enregistré, à l'extérieur de l'hôpital, les témoignages de femmes ayant subi des violences gynécologiques de soignants. D'accord, il a été réalisé par une équipe composée uniquement de femmes. Mais dans les "critiques du film" sur le Net, mentionner qu'on ne voit que du personnel soignant féminin ... c'est faux*.
- au début, alors qu'elle se rend à pied à l'hôpital en passant au travers du cimetière du Père Lachaise ses craintes d'y "choper un cancer"...
- au milieu, son passage devant la caméra lorsqu'on lui l'annonce qu'elle a effectivement un cancer du sein et qu'elle essaie de négocier: pour éviter qu'il lui soit retiré, pour échapper à la chimio afin de ne pas perdre ses cheveux, pour bénéficier de la chirurgie réparatrice en même temps que l'ablation...
- à la fin, lorsque, après avoir signalé qu'elle a continué à venir après la fin du tournage, elle précise que ses cheveux ont repoussé avant de filer loin, cette fois-ci en vélo...
Quelques moments de la vie d'une femme, avec un début, un milieu et une fin parmi beaucoup d'autres fragments de vies de femmes.
Mais globalement ça reste un documentaire où on partage quelques minutes de la vie** de beaucoup de patientes et de quelques soignants: femmes venues demander une IVG, se préparer à changer de sexe, se lancer dans une PMA, faire suivre leur grossesse parfois problématique (SDF, diabétique, suivie pour un cancer… ) accoucher*** ou suivre des soins liés à l’endométriose ou un cancer.
Des expériences heureuses…ou pas. Je pense à cette jeune femme étrangère à qui le médecin essaye de faire comprendre, malgré le barrage de la langue, que son cancer de l’utérus est à un stade tel qu’après son opération et la radiothérapie elle devra renoncer à tout projet d’avoir un jour un enfant. Ou cette vieille dame qui a du mal à accepter qu'elle, qui toute sa vie a aidé les autres, doit maintenant accepter d'être assistée. Ou, lorsque le médecin explique, avec beaucoup de précautions, à une dame très amaigrie dont elle caresse la main: qu'elle a été courageuse, qu'elle s'est bien battue mais qu'elle n'a plus rien à lui proposer. Ce n'est pas facile d'annoncer la mort à des proches mais c'est encore plus difficile d'annoncer que le chemin va bientôt s'arrêter.
* Je dois avouer que l'image renvoyée par certains hommes, côté administratif ou soignant, est parfois agaçante. Ex ce psychologue (?) qui insiste pour voir le visage des gens sous le masque (film réalisé en période de Covid)
** Un regret... celui de ne voir passer que des "cas" sans connaître ce qu'il est advenu ensuite. Mais le savoir retirerait cet aspect "universel" au documentaire
*** Passage TRES éprouvant que d'assister à la naissance, par césarienne, de jumeaux
dimanche 15 octobre 2023
"L'air de la mer rend libre"
mercredi 4 octobre 2023
"la beauté du geste"
C'est l'histoire* de Keiko, une jeune femme japonaise sourde, femme de ménage dans un hôtel durant la journée, et qui, le soir venu, s'entraîne à la boxe dans un club de quartier à la périphérie de Tokyo. Le vieux gérant, parce qu'il a des soucis de santé et que ses clients se font de plus en plus rares, n'a plus le choix, il va devoir fermer. Mais avant, il souhaite qu'elle participe à un nouveau combat, même si il sait qu'outre sa surdité qui la met en danger (elle n'entend ni le gong ni les consignes de l'arbitre) elle est trop petite avec des bras courts.
Les liens entre ces 2 là sont très forts. plus forts en tout cas que ceux qu'elle a avec sa propre mère qui n'aime pas la boxe. Ainsi, lorsqu'elle assiste aux combats de sa fille, elle rate toutes les photos. Ou même son frère, musicien, qui a lui aussi du mal à comprendre sa soeur.
En fait, Keiko ne se sent vraiment exister que lorsqu'elle boxe, tout en insistant sur le fait qu'elle n'aime pas avoir mal, au point d'avoir très envie de renoncer à ce combat, ainsi qu'à la boxe lorsqu'elle apprend que le club va fermer, surtout qu'elle n'a pas envie de s'inscrire dans un autre club.
Des jolies choses, comme par ex le fait que certains personnes, collègues de travail, petite amie du frère... apprennent à signer pour échanger avec elle. Mais ça ne fait pas oublier qu'il faut peu de choses pour le naturel, à savoir le rejet des personnes handicapées. La bande son est aussi intéressante avec très peu de choses, comme si on était un peu dans le monde de Keiko Et puis des surprises, comme la voir s'entrainer: boxer, courir, faire des exercices, le long d'un canal et de voies autoroutières d'une banlieue très laide. loin, très loin du Japon traditionnel.
Au final, un film qui m'a laissée sur ma faim, surtout la fin car Keiko a perdu son combat, n'envisage pas de continuer la boxe, d'autant que le vieux gérant est désormais hospitalisé et le club fermé. Mais sur le remblai où elle s'entrainait autrefois, elle revient... et sa dernière adversaire (qui ne connaissait pas semble t il sa surdité) passe la saluer.
* Inspiré de la biographie de la championne sourde Keiko Ogasawara, devenue professionnelle
lundi 2 octobre 2023
Souvenirs du mois de septembre 2023
Il y a eu, le 7, la visite à l'exposition photos qui en est à sa 20ème édition. J'y vais régulièrement (avec une exception pour raison de santé en 2021) depuis 2015. Il y a eu de très bonnes années, d'autres moins mais même dans ce cas il y avait de très belles découvertes
Le 14, direction la Touraine et plus particulièrement le musée de la Devinière, installé dans la maison natale de Rabelais. De quoi donner envie de relire une partie de l'oeuvre de cet écrivain qui fut aussi médecin, religieux... et à qui la langue française doit beaucoup de mots et d'expressions.
Le week-end suivant c'était les "journées du Patrimoine" ...et Matrimoine. Pas eu envie de courir de droite à gauche, d'attendre dans des files d'attente. Juste pris le catalogue (parce que certains endroits sont aussi visitables en dehors des journées) avant de retourner au dépôt des trams de la TAN revoir les différents trams ayant circulé (ex celui ci mis en service en 1917) ou appelé à circuler sur le réseau.
Le week-end suivant a été dédié à la Compagnie "Royal de Luxe" qui avait réservé à Nantes la découverte de son nouveau géant, un gros chien dénommé Bull Machin qui a arpenté les rues de Nantes et St Herblain en compagnie d'une ancienne création: El Xolo, le chien mexicain. Si El Xolo a du chien, Bull Machin a une sacrée gueule et un sacré caractère: il bave, boit du whiskey et fume le cigare. Toute ressemblance avec W. Chuchill n'est peut être pas innocente.
à la fin du mois, petit séjour à la pointe bretonne, le temps devoir une exposition et de visiter la ville où elle se tenait: Landerneau. Une petite ville de province avec de jolies choses à voir dont son pont habité sous lequel passe une rivière dont le niveau monte de façon importante lors des marées hautes.
Le lendemain, sur le chemin du retour, brève halte matinale à Daoulas. L'idée était de visiter le site de l'abbaye, bien connue pour son jardin remarquable. Pas de chance, à cette saison ci il n'est ouvert au public que certains après-midi (et fermé de fin décembre à début juin) . Mais à l'extérieur il y avait déjà de fort jolies choses à voir à proximité de l'abbaye.
dimanche 1 octobre 2023
"À ma Gloria"
Il y a des moments touchants comme de voir, au début du film, la complicité entre Cléo et Gloria. Ou que Cléo fait preuve de jalousie en reprochant à Gloria de chanter à son petit-fils sa chanson (celle qu’elle lui chantait enfant)
Des moments émouvants quand par exemple la petite fille éclate en sanglots quand elle apprend que la mère de Gloria est morte d’un cancer, comme sa propre maman qu’elle n’a pas connue. Ou qu’elle pleure à chaudes larmes en expliquant avoir voulu la mort du petit-fils de Gloria afin que celle-ci puisse revenir en France s’occuper d’elle. Il y a aussi les larmes de Gloria après avoir déposé sa petite fille de cœur à l’aéroport qui l’a ramènera en France où une autre nounou s’occupera d’elle.
Des moments poétiques aussi pour expliquer via de petites animations à la gouache, des choses difficiles comme la disparition de la maman de Cloé, la tentative de noyade de Cloé, son cauchemar lorsque s’imagine les yeux bandés en train d’essayer d’attraper des adultes qui se cachent derrière des draps avant de lui échapper.
Je ne sais ce qui m’a le plus plu: la sincérité de la jeune actrice qui interprète Cloé ou la manière dont la réalisatrice, dont c’est le 1er film, revisite sa propre enfance où une concierge portugaise a beaucoup compté. A moins que ça ne soit cette manière d’expliquer que parfois certains liens de cœur peuvent être plus forts que les liens de sang.
jeudi 28 septembre 2023
"O Solitude de Pucell" interprété par "Birds on a Wire"
La mélodie est superbe. A chaque fois que je l'entends, je ressens une émotion intense, similaire à celle éprouvée autrefois, notamment lorsque j'étais enceinte, et que j'écoutais le début du "Requiem" de Gabriel Fauré.
Je vais essayer de retrouver les paroles. D'ores et déjà et quelles qu'elles soient, je sais que l'atmosphère de ce morceau et de cette interprétation correspondent pleinement à mon humeur et à la tristesse qui m'a envahie, cela depuis que j'ai envoyé en fin d'après midi un SMS. Quelques lignes envoyées à un membre de la famille avec qui quelque chose s'est "cassé "en mai dernier, et cela à un point tel que, même si j'ai fait très attention à mes propos, j'ai peur de la réponse, tout en étant malheureuse à l'idée de ne pas l'avoir reçue , allant même jusqu'à probablement espérer ne pas en recevoir.
Les paroles (source: la coccinelle.net)
O Solitude
O solitude, my sweetest choice
Places devoted to the night,
Remote from tumult and from noise,
How ye my restless thoughts delight
O solitude, my sweetest choice
Ô Solitude
Ô solitude, mon choix le plus doux
Que ces lieux consacrés à la nuit
Éloignés du monde et du bruit
Plaisent à mes pensées agitées
Ô que j’aime la solitude
O heavens! what content is mine
To see these trees, which have appear’d
From the nativity of time,
And which all ages have rever’d,
To look today as fresh and green
As when their beauties first were seen.
Ciel ! quel bonheur est mien
De voir ces bois, qui se trouvèrent
À la nativité du temps,
Et que tous les siècles révèrent,
Être encore aussi beaux et verts
Qu’aux premiers jours de l’univers
O, how agreable a sight
These hanging mountains do appear,
Which th’ unhappy would invite
To finish all their sorrows here,
When their hard fate makes them endure
Such woes as only death can cure
Que je prends de plaisir à voir
Ces hauts précipices
Qui pour les coups du désespoir
Sont aux malheureux si propices.
Quand la cruauté du sort qu'ils endurent
De tels malheurs que seule la mort peut guérir
O, how I solitude adore
That element of noblest wit,
Where I have learnt Apollo’s lore,
Without the pains to study it
Oh ! que j'adore la solitude
C’est l’élément des bons esprits,
C’est par elle que j’ai compris
L’art d’Apollon sans l'étudier
For thy sake I in love am grown
With what thy fancy does pursue
But when I think upon my own,
I hate it for that reason too,
Because it needs must hinder me
From seeing and from serving thee
Je l’aime pour l’amour de toi
Avec ce que ta fantaisie poursuit
Mais quand je pense bien à moi
Je la hais pour la même raison
Car elle pourrait me ravir
L’heure de te voir et te servir
O solitude, O how I solitude adore!
Oh ! que j'adore la solitude !
C'est une chanson du compositeur baroque anglais Henry Purcell.
Purcell a utilisé un poème de la poétesse anglaise Katherine Philips, lui-même adapté, réduit et traduit d'une élégie du poète français Marc-Antoine Girard de Saint-Amant de 1617 "La solitude"
lundi 25 septembre 2023
"La jeune femme et la mer" de Catherine Meurisse
BD « découverte » via l’émission « le temps d’un bivouac » dont elle était l’invitée.
BD à la fois pleine d’humour (pas toujours léger quand le tanuki* est présent) je pense par exemple à ce poète qui cherche l'inspiration afin d'écrire LE haïku célébrant la jeune fille du titre mais à qui il arrive quasi toujours un souci qui compromet l'écriture dudit texte. Mais ce sont aussi des réflexions plus sérieuses: par exemple, comment peindre la beauté dans un monde où les espaces naturels se font rares et sont parfois "altérés" par des éléments artificiels, comme ce mur érigé sur la plage afin de protéger des tsunamis.
On retrouve ces 2 aspects dans les dessins où cohabitent parfois des personnages proches de la caricature (l’auteur elle même qui n'est pas tendre avec elle même** le peintre/poète.. et de superbes paysages ou dessins de plantes. Je ne résiste pas à l'envie de partager 2 très belles planches qui compensent largement le texte, parfois un peu léger, de l’album.
Du coup j'hésite: acheter ou pas "la légèreté" sorti en 2016 et dans lequel elle évoque sa vie après l'attentat de Charlie Hebdo?
* Kanuki au Japon mais aussi chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) ou « chien martre » (de l'allemand Marderhund) raccoon dog en anglais et wasbeerhond en néerlandais, ce qui signifie littéralement « chien raton laveur ».
Dans la mythologie japonaise, il est l'un des yōkai (esprits) de la forêt, inspiré du chien viverrin auquel les Japonais attribuent des pouvoirs magiques. Maître des déguisements, il est réputé pouvoir changer de forme à volonté. Les tanukis sont souvent représentés avec un chapeau de paille, une gourde de saké, un ventre rebondi qu'ils utilisent comme un tambour et des testicules de grande taille. Symbole de chance et de prospérité, ils sont présents dans l'art et les contes japonais depuis le Moyen Âge.
dimanche 24 septembre 2023
"Le droit du sol" de Davodeau
En fait, c'est à la fois un journal de randonnée comme lorsque j'ai lu "longue marche -la route de la soie(avec de superbes dessins pour illustrer les sensation éprouvées) mais avant tout une suite de réflexions ou plus exactement de discussions qui ont parfois eu lieu en amont ou durant ce long voyage. Les thèmes abordés tournent principalement autour de ce projet (bien avancé) d’enfouissement pour des décennies de déchets nucléaires. On apprend un certain nombre de choses par rapport à l’attitude de la police, justice… dans leurs relations aux opposants à ce projet... mais aussi de choses plus périphériques telles que les raisons qui auraient pu pousser le peintre de Perch Merle à s’enfoncer sous terre pour dessiner le mammouth qui a fasciné Davodeau ou Davodeau parle de son quotidien comme par ex du plaisir de se reposer dans une chambre d'hôtel après des jours de marche sous le soleil qui tape et de bivouacs en pleine nature.
Mais il se fait plus sensuel quand il évoque du plaisir de se lever la nuit (en n'oubliant pas ses chaussures!!) pour aller uriner en regardant les étoiles dans le ciel. Le plaisir simpe aussi de différer le moment de manger des abricots gorgés de soleil afin de les savourer dans un cadre qui s'y prête.
mardi 19 septembre 2023
La dernière image - 2
Juste après ces dernières images liées à la soeur, apparaissent celles liées à ma mère. Oui, ma mère et non ma maman, car ce dernier mot je ne l’utilise que de vive voix, dans le cercle familial.
Il y a d’abord ma mère sur son lit de mort, dans la chambre funéraire. Elle a reçu des soins conservatoires, mais ce n’est pas ou plus exactement ça ne sera plus vraiment elle. La maladie, cette saleté de cancer qu’elle craignait tant car il avait déjà emporté sa sœur puis son père adorés, l’avait complètement transformée, vidée, non rongée de l’intérieur . Ma seule consolation c’est de me dire qu’elle avait été bien accompagnée durant les 6 semaines qu’avait duré son séjour dans la petite unité de soins palliatifs près de son domicile.
Durant une soirée où je me suis débrouillée pour rester seule avec elle dans la chambre funéraire, j’ai réalisé quelques photos d’elle, de son visage et de ses mains devenus si maigres. Je mettrai plus de 10 ans à les supprimer du disque dur du PC. Et entre-temps je me garderai bien de renouveler l’expérience avec mon père. Ce type d’image, quand on les revoit, fait plus du mal que du bien.
Me viennent ensuite à l’esprit quelques images de notre dernière rencontre. Elle, alors que j'étais juste à côté d'elle, s'était redressée sur son lit en tendant les mains vers le pied du lit. Elle ne disait rien mais à ce moment là j'ai été convaincue qu'elle voyait son père et sa soeur qu'elle adoraient et qui étaient eux aussi morts d'un cancer des années auparavant. Elle avait fini par s'endormir, à mon grand soulagement cat je n'en pouvais plus de la voir souffrir. sans pouvoir la soulager. Vers 23h, alors que je quittais discrètement sa chambre (j'avais 1h30 de route pour rentrer chez moi) elle s'était réveillée et m'avait lancé un regard qui m'avait désespéré: l'une et l'autre avions conscience que c'était probablement la dernière fois qu'on se voyait. Je lui ai alors promis de revenir la voir quelques jours plus tard. Tel a été le cas, mais entretemps elle était décédée, le jour de sa fête qui correspondait cette année là à la fête des pères.
dimanche 17 septembre 2023
"Putain de salopard" - T3
La série continue: on en est au T3 & ça va se poursuivre. Pas mal pour une BD initialement pensée comme un diptyque. Le rythme reste soutenu, à l'image du dessin de couverture.
Sinon, rien de vraiment neuf sous le soleil:
- les femmes, sans exception, restent de super nanas, solidaires, prêtes à aider...
- le Manchot (dont on avait appris à la fin du volume précédent qu'il était le père de Max) fût autrefois connu sous le pseudo de Mermoz (car il était pilote). Il reste un "putain de salopard" et les dernières pages de la BD montrent que ça fait très longtemps que c'est le cas.
- la plupart des autres hommes ne valent guère mieux (mais le Manchot se charge de les faire "disparaître" les concurents) avec quand même quelques exceptions le flic Rego et 2 personnages qui évoluent doucement. Il y a d'abord Max qui perd un peu de sa naïveté (en espérant qu'il ne suivre pas une voie semblable à celle de son père). Il y a aussi Hermann, le propriétaire de la mine qui, avant de mourir voudrait retrouver le corps de sa fille, enlevée par Mermoz et le comptable, elle est décédée (après paiement d'une rançon en diamants) dans l'accident d'avion piloté par Mermoz/Le Manchot. Hermann voudrait que sa fille (devenue l'esprit qui avait guidé Baïa) parte en paix via un rite amazonien.Pour conclure, il va falloir attendre avant de savoir si Baïa et Max vont échapper au Manchot, si Hermann va survivre et retrouver sa fille tout en éliminant le Manchot. Quant aux amours de Max & Baïa, si le père de celle-ci est bien celui qui a violé sa mère à l'issue du massacre d'une tribu (glaçantes images quasi sans texte des dernières pages) elles seront très compromises.
samedi 16 septembre 2023
"Les vieux fourneaux" T7
Encore une bonne cuvée que ces nouvelles aventures du trio : Antoine (l'ancien cadre syndicaliste dans un laboratoire pharmaceutique désormais retraité et grand-père), Emile (l'amateur de rugby devenu baroudeur pour cause d'amour de jeunesse mal assumé) et Pierrot (célibataire anarchiste toujours prêt à s'enflammer pour une cause) !
Avec toujours cette manière inimitable d‘aborder des sujets sérieux: cette fois-ci ce sont les travailleurs clandestins dans le secteur agricole, l’attrait de certains -mais pas eux!- pour les idées liées au « « grand remplacement »* les limites du « vivre ensemble » (notamment entre ruraux et néo-ruraux, mais aussi les violences faites aux femmes … mais en n'oubliant jamais de le faire avec humour.
Exemple de dialogue, quand Antoine refuse de manger à l’hôpital où il a été admis avec avoir été tabassé par les flics le 1er mai, Pierrot, à qui on demande de le faire manger, explose: « Je ne vais pas le gaver comme un canard avec un bâton! Il bouffera quand il aura faim! Ça m’étonnerait qu’il se laisse dépérir. On parle quand même d’un gars qui dégaine son barbecue à la moindre éclaircie depuis 50 ans »
BD à lire et relire. Les occasions de parler avec légèreté de choses sérieuses sont trop rares pour être boudées. Et j'ai hâte que la volume suivant paraisse, tout en ayant conscience qu'il n'est pas facile de trouver de nouveaux thèmes sans trop "radoter", ce qui serait une triste fin pour ces vieux fourneaux.
* idées développées par un certain E Zemmour lors de la campagne présidentielle 2022
vendredi 15 septembre 2023
La dernière image - 1
Au cœur de la nuit, Il a suffit de Juste un souvenir, celui d’une phrase écrite par l’un de mes enfants pour annoncer la mort de son chat adoré pour qu’affluent les images des personnes de ma famille aujourd’hui disparues
Il y a d’abord eu le souvenir de cette grande sœur. Ce n’est pas le plus ancien, mais c’est le 1er à être revenu en mémoire.
Je me rappelle de la chambre funéraire où elle reposait après reçu les soins post mortel, cette pièce semblait immense. Près du lit, très loin de moi, il y avait ses enfants et mon autre sœur, en pleurs. Et si je pleurais moi aussi, c’était parce que perdre une mère ou sœur de seulement 63 ans à cause d’une chute dans un escalier c’est très triste, injuste et inacceptable. Mais je pleurais aussi et surtout parce, en regardant cette scène. je comparais la proximité de mon autre soeur avec ses neveux et nièce alors que j’étais ou plus exactement je me sentais très loin d’eux, avec de surcroît aucune envie de me rapprocher. Je venais de comprendre à quel point j’étais désormais éloignée de cette famille de sang, en admettant qu’un jour j’en ai été réellement proche.
De son visage figé, dont l’une de mes nièces demandera que les yeux soient plus maquillés de façon plus intense, afin de plus correspondre à ses habitudes, je ne garde aucun souvenir. Non, c’est cette photo où, tenant pour la première fois ma fille aînée âgée de quelques mois, elle avait un immense souvenir qui me reste en mémoire.
Mais avec ces souvenirs, c’est un sentiment plein d’amertume qui m’envahit car je repense à certaines de des petites phrases qu’elle m’avait adressées et qui m’avaient blessée. J’en reparlerai peut-être un jour.
mercredi 6 septembre 2023
Rentrée scolaire en 2 images
Cela fait bien des années que je ne suis plus concernée par la rentrée scolaire, mais en voyant circuler sur le Net certaines photos, dont celle-ci réalisée par un couple d’humoristes parents de 3 jeunes enfants pas encore en âge d’être collégiens, j’ai eu une pensée émue pour tous ceux qui sont dans ce type de situation, à savoir: souhaiter secrètement que la rentrée ait lieu et ne plus devoir H24 leurs bambins.
Moi c'était simple, une fois écoulées les 3 semaines en famille (et pas plus car il fallait garder des jours de congés valable le reste de l'année) j’avais repris le chemin du travail et retrouvé l’habituelle course: - durant la semaine: le matin, veiller à ce qu’ils soient prêts à partir à la garderie périscolaire ou du centre de loisirs et le soir pour les y récupérer. Et entre-temps… le travail occupait amplement mes journées. Quant au WE, c’était un autre type de marathon qui m'attendait entre les habituelles corvées (ménage, lessive et surtout courses et préparation des repas…) et les choses plus rares comme la balade de quelques heurs à la médiathèque afin que les gamins récupèrent des livres et revues
Donc je n’avais ni le temps ni l’occasion de me rêver à la rentrée scolaire qui me libérerait... de enfants. En fait comme beaucoup de collègues de travail, retrouver le chemin du bureau signifiait souvent pouvoir souffler un peu…. Même si les retours de vacances étaient souvent compliquées.
Avec le recul… je me dis que je devrais remercier mes enfants, pour
- avoir su s’occuper seuls ou en fratrie très tôt, sans trop se chamailler, ni solliciter l´arbitrage des adultes
- avoir raisonnablement participé aux corvées de la vie familiale, sans trop rechigner
- avoir été d'assez bons élèves, notamment en classe primaire, quand réussir en classe ne vous valait pas d'être mis à l'écart.
Du coup je n'ai jamais eu ce type de pensée.