lundi 30 juin 2008

...ses mains...

Hier j'ai enfin osé transférer quelques photos, ses dernières photos, prises il y a juste deux semaines.
Son visage dont je ne verrai plus le vert si clair.
Ses mains, elle qui avait tant travaillé, désormais à jamais au repos.
Et ce matin en me réveillant j'ai pensé à "la cathédrale" de Auguste Rodin.

dimanche 29 juin 2008

... une introduction à la musique baroque

Tout comme arletteart (AA) le regrettait pour elle même hier et à la différence de Michel G. l'auteur de l'atelier photographique http://michelgonnet.over-blog.com/ je ne connais pas la musique baroque, ce qui ne m'empêche pas, lorsque j'en écoute certains morceaux, de savoir les apprécier.
Dans ce courant musical qui a concerné toute l'Europe, il y a les deux Français mentionnés lors du précédent message, mais on retrouve aussi des Italiens, des Allemands, des Anglais...
Je ne suis pas musicienne et l'objet de ce blog est de faire partager certaines émotions, alors pour parler de certains d'entre eux, ou plus exactement de certaines des oeuvres qu'ils ont composées, mes choix seront ceux du coeur.
Le premier choc musical de l'âge adulte fut la découverte du "Nisi Dominus" d'Antonio Vivaldi, et plus particulièrement du "Cum dederit dilectis suis somnum". Pour les non latinistes comme moi (autre lacune) ce titre correspond à "Quand il accorde le sommeil à ceux qu'il chérit... " ainsi que le mentionne le CD où figure la version chanté par mon interprète préféré: James Bowman.
Ce morceau j'ai pu l'écouter quasiment en boucle sans jamais m'en lasser, imaginant être un oiseau qui s'élève dans les airs, se laisse porter par le vent avant de se reposer sur l'eau
Photo C. Béchir in lcdj.net
Cette comparaison avec l'oiseau, une alouette, un auteur contemporain l'avait faite au sujet de la voix enfantine qui s'élève dans le "Miserere" de Gregorio Allegri.
Paradoxalement, c'est grâce à un réalisateur américain d'origine italienne, Martin Scorsese que je dois la découverte de "La passion de St Matthieu" de Jean-Sébastien Bach. J'étais en effet restée jusqu'à la fin du générique de son film "Casino" pour connaître les références du morceau qui figurait en début et fin du film "Wir setzen uns mit Tränen nieder" ce qui, pour les non germanistes, signifie "En larmes, nous nous inclinons". Mais ce n'est pas ce thème musical qui, dans cette passion, m'a le plus émue mais l'Aria "Erbarme dich, mein gott"
Aie pitié de mes larmes,
O mon Dieu!Grâce!
Regarde mon coeur et mes yeux
Versent des larmes amères devant toi.
Mais auparavant il y avait eu un autre Allemand qui sera finalement naturalisé Anglais Georg-Friedrich Haendel dont la "Sarabande" accompagne plusieurs scènes du film de Stanley Kubrick "Barry Lindon" .
Je dois cependant préciser que le thème que j'avais plus particulièrement retenue n'était pas celui-là mais la "musique funèbre de la reine Mary" de Henry Purcell. Dans le film , elle accompagnait cette scène qui accompagnait les funérailles du fils de Barry Lindon.
Pour finir, je citerai un morceau récemment découvert de ce même musicien, ceci grâce à un lien vidéo déposé sur un blog. L'une de ces interprétations de "the cold song" qui vous coupe soudain du monde pendant quelques minutes d'éternité, celle que rejoindra six mois plus tard son interprète, Klaus Nomi.
Klaus Nomi, Homme étrange d'ombres et de lumière, à l'image de certains des peintres de l'époque baroque.

samedi 28 juin 2008

"tous les matins du monde"...

Beaucoup de films m'ont donné envie de lire le livre dont ils étaient inspirés, ainsi:
"la chambre des officiers " de Marc Dugain ou "Chamelle" de Marc Durois-Valois (dont la première phrase du livre est reprise dans le titre du film "si le vent soulève les sables..." )
Par contre, il m'est rigoureusement impossible de me rappeler ce qu'il en a été entre
le film "tous les matins du monde" de Alain Corneau ou le livre initial du même nom de Pascal Quignard Mais il est vrai que la beauté des images et la BOF du film, bien que vu une seule fois, m'avaient très fortement impressionnée. Parmi les images que j'ai gardées en mémoire, en vrac: * J-P Marielle/M. de Ste Colombe, après avoir dressé une table avec un verre de vin et quelques une de ces gâteaux appelés des "oublies", jouant seul au milieu de la nuit de la viole de gambe dans le pavillon en bois aménagé dans le fond de son jardin, et que le fantôme de sa femme vient visiter... * Anne Brochet/l'une des filles de Ste Colombe, séduite puis abandonnée par Depardieu fils/Marin Marais jeune, qui a perdu le goût de la musique et et de vivre, attrape fébrilement les chaussures de dame de cour offertes par son ancien amant pour en ôter les rubans avec lesquels elle se pendra... * M. de Ste Colombe sortant complètement gris d'une taverne avec Marin Marin qu'il a accepté de prendre comme élève, pris d'une envie subite, déclare à son cjeune ompagnon "Ecoute moi ce son...[il chante les notes de l'urine tombant dans la neige] Tout est musique!" Quant à la bande-son, il faut rendre hommage à Jordi Savall d'avoir fait connaître aux non musiciens comme moi ce très bel ancêtre du violoncelle (dont les sonorités tout comme celle du haubois me plaisent tant) qu'est la viole de gambe Du CD audio je ne retiendrai que deux morceaux que, désolée, je ne déposerai pas ici faute de savoir comment le faire: la "gavotte du tendre" de Sainte Colombe et la "sonnerie de Ste Geneviève du Mont-de-Paris" de Marin Marais qui me donne toujours une irrésistible envie de danser et dont je voudrais toujours qu'il ne finisse point.
Heureusement qu'il y a une autre manière de pratiquer et qui m'a donné par la même occasion la possibilité de revoir et revivre l'un des moments forts du film:

vendredi 27 juin 2008

Aller au delà des premières impressions avec les acteurs

Au départ, il ne devait être question que d'un acteur particulier dont j'avais une assez piètre image à cause de quelques films où il interprétait des rôles de Français très, très moyens, formulation "politiquement correcte" pour ne pas écrire le mot "beauf". J'avais prévu d'y joindre une photo de lui bien précise, découpée dans une revue et que je croyais avoir scanée... Faute de la retrouver, j'ai décidé de parler de tous ces acteurs (désolée mais je suis une femme et ce sont eux que je regarde en priorité quand je vais au cinéma) auxquels colle une image qui, parfois grâce parfois à un réalisateur qui sait les regarder autrement, vole un jour en éclats. En y réfléchissant bien, je m'aperçois qu'ils ont un point commun: aucun d'eux n'a ou n'avait ce qu'autrefois on appelait un physique de "jeune premier" et dont on parlerait désormais en utilisant l'expression de "sex-symbol". Fernand Contandin dit Fernadel, grâce à Pagnol, fit entrevoir dans "Le Spountz" la souffrance des acteurs catalogués dans des rôles comiques alors qu'ils voudraient tant être autre chose. Pour lui, ce fût un échec car pour beaucoup il ne restera que "Don Camillo". André Raimbourg alias Bourvil, si souvent associé dans des films comiques avec Louis de Funès, s'en sortira mieux via quelques compositions dans des films plus graves. Ainsi le mari jaloux du "miroir à deux faces" ou encore dans " Fortunat" le braconnier/passeur qui devient amoureux et rend heureux d'une femme et de deux enfants qui outre le fait qu'ils ne sont pas siens, ainsi qu'on le disait autrefois, ne viennent pas du même "monde" que lui. Mais il y a eu aussi et surtout le surprenant commissaire Matteï du "cercle rouge", son dernier film. Michel Colucci plus connu sous le nom de Coluche, malgré son image du fondateur militant des "restos du coeur" serait resté longtemps caché derrière le comique de ses "one man show" ou de films tels que "la vengeance du serpent à plumes" si il n'y avait eu le déchirant père de famille, ancien policier, devenu pompiste alcoolique de "Tchao Pantin".
Quant à Michel Blanc, quoi de commun entre le petit chauve moustachu de la série des "Bronzés..." et le si touchant amoureux blafard de Sandrine Bonnaire dans "Monsieur Hire" ou même le surprenant acteur/scénariste/réalisteur de"Grosse fatigue"
Et puis il y a Jean-Pierre Marielle dont pendant des années j'ai fui les films parce que je ne voulais voir de lui que cette image de grande gueule du peintre des "Galettes de Pont-Aven"... alors même qu'il y a ses compositions telles que celles du procureur austère et assassin par amour de la beauté et de la grâce des "âmes grises". Et bien avant il y avait eu le musicien janséniste M. de Ste Colombe dans "Tous les matins du monde"... un film qui m'a beaucoup marquée...

jeudi 26 juin 2008

Aller au delà des images avec Christina

Ce tableau "Christina's World", Andrew Wyeth l'a réalisé en 1948. Il me semble, mais il y a si longtemps de cela, que lorsque je l'ai découvert, il était mentionné dans l'ouvrage où il figurait que beaucoup de "lectures" de cette oeuvre pouvaient être faites. Rien qu'en ce qui me concerne, j'avais imaginé deux histoires autour de cette image: Il y avait la jeune fille, curieuse, qui se cache à demi dans les herbes pour épier ses voisins. Et puis il y avait une autre version avec une jeune fille qui hésitait et attendait le moment propice pour retourner chez elle . Alors au moment de rédiger cet article sur ce tableau j'ai fait des recherches sur le net. * Sur http://mapage.noos.fr/momina/wyeth/wyeth.html un auteur mentionne: "...Elle lui plaisait bien cette femme en robe rose, posée dans l'herbe sèche, à contempler une ferme au loin. C'était une oeuvre qui, selon lui, transpirait de solitude et d'ennui, à l'image de son existence depuis que sa fiancée l'avait plaqué, ne laissant qu'une minable lettre d'adieu sur la table du salon. Oui. Il se sentait comme la jeune femme en couverture. Par terre. Paumé dans un monde aussi immense que dépeuplé..." * Sur: http://maupiti.over-blog.com/categorie-1033347.html il est aussi écrit: "...La force de cette toile réside dans son pouvoir de suggestion. Qui est cette fille ? Que regarde t-elle ? Voit-elle une chose que nous ne puissions percevoir ? Elle semble avoir peur mais pourtant son attitude ne laisse pas envisager une réaction rapide de sa part. On peut aussi imaginer alors qu'elle est victime d'un malaise et qu'elle implore de l'aide vers ce qui semble être l'unique bouée de sauvetage au milieu de cette immensité. Cette position tendue, cette rigidité des membres inférieurs, peut aussi laisser supposer un handicap...." Avec cette dernière vision de l'oeuvre on s'approche de la réalité. Mais avant d'apporter des précisions sur les conditions de sa réalisation, il est souhaitable de donner quelques éléments de la biographie du peintre, pour comprendre ce tableau. Andrew Wyeth qui était né en 1917 quitte tôt l'école pour des raisons de santé et apprend l’aquarelle avec son père. Il expose dès 20 ans ses premières oeuvres avant de se marier à 22 ans avec une jeune fille de sa région: Betsey. Et maintenant voici donc l'histoire de ce tableau telle que décrite sur http://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/wyeth/christinasworld.htm "...Un jour de 1948, alors que Wyeth était dans la maison d'un couple d'amis, les Olson, il vit par la fenêtre son hôtesse, Christina, qui cueillait des fleurs dans le champ en contrebas. C'est ainsi que lui vint l'idée de Christina's World. Il peignit la ferme, ôtant une haie d'arbres qui sépare l'habitation du champ. Puis il fit poser Betsy Wyeth, son épouse, sur le corps de laquelle il représenta les bras et les mains déformés de Christina qui était atteinte d'une paralysie des membres supérieurs. Un corps de jeune femme, avec des mains et des bras de femme plus âgée et malade. Le sentiment d'étrangeté, voire de malaise palpable dans cette oeuvre tient à ce que tout le corps de Christina est tendu vers cette ferme, centre de son monde ; sa position à demi-couchée nous donne à croire qu'elle ne peut se relever, qu'elle appelle à l'aide car si le spectateur voit une jeune femme de dos, plutôt bien faite, il ne perçoit pas consciemment les bras et les mains déformés, cependant que son oeil les enregistre..." Tout alors s'explique...Et à nous de "relire" désormais le regard initial que nous avions porté sur ce tableau :-)

mercredi 25 juin 2008

L'écriture comme thérapie

Anne Sylvestre en a fait le titre d'une de ses chansons: "Ecrire pour ne pas mourir". Chanson dont je ne citerai que quelques vers alors que la quasi totalité de la chanson serait à mentionner car tel n'est pas l'objet du présent billet:
"... écrire ce qui me résiste,
écrire et ne pas vivre triste
et me dissoudre dans les mots
qui soient ma joie et mon repos.
Ecrire et ne pas me foutre à l'eau..."
En effet j'avais envie de parler d'un livre bref en nombre de pages, mais dense par le contenu: "un secret" de Philippe Grimbert... dont j'ai toujours un peu de mal à orthographier le nom et encore plus maintenant compte tenu de ce que je sais désormais au sujet de celui-ci. Du sujet? Des sujets plutôt car combien de thèmes sont abordés dans cet ouvrage... Avant de rédiger ceci je me suis refusée de surfer sur le net alors je les citerai en vrac: *le poids des secrets de famille, l'auteur décrit assez bien combien celui-ci lui a pesé physiquement au point pendant un temps de modifier sa silhouette * la difficulté pour les êtres beaux d'accepter le vieillissement (pour ceux qui n'ont pas lu le livre je ne raconterai pas comment le père de l'auteur a assumé (?) celui de sa femme) * l'importance des mots, comme ceux que prononcera l'infirmière qui permettra à l'enfant de se libérer de ses maux avant de lui même devenir un "passeur" puisqu'il exerce désormais la profession de psychanalyste * l'extrême complexité de l'âme humaine, je pense notamment à la tante de l'auteur au moment de franchir la ligne de démarcation * le devoir de mémoire: celui qui a conduit l'auteur à faire de recherches qui lui ont permis de "libérer" son père avant de se libérer lui-même complètement en déposant dans un mémorial la photo d'un bel enfant devant des champs de blé , un enfant et une histoire dont sa famille lui avait tu l'existence... Oui ce petit livre de 192 pages m'a bouleversée alors je n'ai pas voulu voir le film de peur d'être déçue par ce qui risquait de n'être que la reconstitution bien léchée d'une histoire d'amour dans un contexte historique bien précis alors que le livre est beaucoup plus que cela. Personnellement, si l'affiche est réussie graphiquement, assez glamour même, avec juste ce qu'il faut de mystère autour de cette femme en retrait, je n'y retrouve pas ce côté fascinant de l'image qui illustre l'édition en collection de poche: ce couple que l'on devine sportif qui tourne le dos au photographe et regarde ailleurs, nous laissant tout le loisir d'imaginer ce qui peut ainsi attirer son regard...

mardi 24 juin 2008

Destins de Femmes (1) Changer de nom pour oublier une autre vie

Il est blessures d'enfances dont il est parfois difficile de guérir. Deux femmes notamment l'ont fait, chacune via l'écriture, et ce n'est qu'il y a moins de 18 mois que j'ai su qu'elles étaient soeurs. Il s'agit de Anne Sylvestre et de Marie Chaix, filles de Albert Beugras qui fut pendant l’Occupation le bras droit de Jacques Doriot à la tête de son parti fasciste. Pour les personnes qui comme moi sont nées plus de 15 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, ce nom ne dit plus rien sauf à être particulièrement féru en histoire. De même on conçoit mal l'ambiance qui a pu être celle qui a régné durant ces années d'après-guerre, notamment pour les enfants de ceux et celles qui n'avaient pas fait "le bon choix". Marie Chaix a d'une certaine manière exorcisé cette enfance via son premier livre "Les lauriers du lac de Constance", sous-titré Chronique d’une collaboration (Points-Seuil). Anne Sylvestre elle a longtemps tu ou plus exactement esquivé cette enfance, notamment dans son livre d'entretiens menés par Monique Detry intitulé "Pour de vrai" et paru en 1981 aux éditions du Centurion Cette enfance, il a fallu attendre son dernier disque "bye mélanco" pour qu'elle l'aborde un peu, même si on en trouvait déjà un écho dans une autre de ses chansons beaucoup plus ancienne et beaucoup moins connue que ses chansons engagées (mais je reparlerai un jour plus longuement de cette femme) "l'enfant qui pleure au fond du puits"
L’enfant qui pleure au fond du puits Sans qu’on veuille l’entendre L’enfant qui pleure avait promis De garder le cœur tendre x L’enfant qui pleure avait gardé Tous les soleils tous les étés Goûté l’eau de tous les ruisseaux Volé avec tous les oiseaux Elle savait aimer si clair Elle pouvait aimer si vrai Que l’amour même le plus fou Devait fleurir à ses genoux x L’enfant qui pleure au fond du puits A rêvé de merveilles Pour pas l’entendre moi je fuis Me bouchant les oreilles Elle avait des sourires d’eau Des rires fleurs des rires chauds Elle avait des larmes de blé Et quand elle retenait l’été Elle attendait d’autres moissons D’autres envols d’autres saisons Qui lui défroisseraient le cœur Qui lui feraient pousser des fleurs x L’enfant qui pleure au fond du puits Possédait les nuages Se tressait des nattes de pluie Pour ses dimanches sages Quand elle parcourait les champs Une colchique entre les dents Niant que ce fut un poison La plante lui donnait raison Quand elle déclarait au vent Restez vous êtes mon amant Elle était libre et croyait bien Pouvoir courir tous les chemins x Nous avons chacun notre puits Où meurt un enfant tendre Nous l’entendons pleurer la nuit Sans jamais bien comprendre Nous abandonnons l’enfant Nous faisons trois pas en avant On nous décore on nous dit oui Maintenant vous êtes guéris Et nous découvrons le bonheur Une étagère pour le cœur Le vent se calme et les étés Recoïncident avec juillet x L’enfant qui pleure avait promis De garder le cœur tendre Surtout ne murer pas le puits Il est temps de l’entendre
On ne dira jamais assez le pouvoir des mots pour soulager les maux. Un psychiatre a magistralement illustré ceci dans un livre petit en épaisseur, mais dense de toute une vie. Post-Scriptum La revue Télérama n° 3035 du 19 au 25 juillet consacre 4 pages à un interview croisé entre Anne Sylvestre et Marie Chaix

lundi 23 juin 2008

Parents et Enfants chez Edouard Boubat

C'est Jacques Prévert qui aurait donné à Edouard Boubat ce surnom de "correspondant de la Paix". Pourquoi ce titre? Faute de connaître le moment et le contexte exact où cette phrase, si souvent citée à son sujet, a été prononcée, je m'en remets à Wikipédia qui mentionne ceci au sujet de ce photographe: "...Photoreporter juste après la Seconde Guerre mondiale, il est marqué par les atrocités et décide de consacrer son œuvre à la célébration de la vie. Ce métier lui donne assez de liberté et il multiplie les voyages..." De tout cela je ne savais rien lorsque lors d'un séjour parisien j'étais tombée en admiration devant la carte postale de "partition"...

... au point de l'acheter illico. Et cette image m'accompagne encore quotidiennement puisque c'est notamment elle que j'ai le soir devant les yeux avant de m'endormir.

Mais Edouard Boubat c'était avant tout un photographe dont l'humanité et le respect du sujet photographié ressortait clairemment des clichés réalisés, même avec le personnage vu de dos. J'en veux pour preuve ces deux photographies dont je ne connais pas le titre véritable et que, faute de mieux, j'ai intitulées "le gitan et la mer" et "l'indienne et la mer".

En réalité elles illustrent pour moi à merveille ce que devrait être le fait d'être parents: savoir regarder au loin en le portant dans ses bras avec suffisamment d'assurance pour qu'il s'y sente alors tellement en sécurité qu'il s'y endorme. Cet autre enfant (son fils?) un certain Rémi montre lui aussi une sérénité radieuse en collant son oreille au coquilage. En fermant les yeux,comme lui je suis au bord d'une plage, les pieds dans le sable. Et j'entends le cri des mouettes, je sens le souffle du vent et l'odeur de la mer.

Et puis il y a cette petite fille en robe de feuilles.

Enfant lors d'un séjour en colonie avec des amies ous avions ainsi habillée l'une de nous avec des feuillles de châtaignier. C'était l'été et les feuilles étaient vertes. Avec Edouard Boubat c'est l'automne. Mais je peux imaginer la couleur des feuilles, leur odeur si particulière, la manière dont elles ont du craquer sous ses doigts lorsqu'elle les a assemblées. Mais je ne peux aussi m'empêcher de voir dans ce cliché, non plus l'immense plaisir de Rémi, mais sourdre une immense tristesse. Qu'est ce qui fait que cette petite fille s'est arrêtée de jouer dans sa robe de princesse pour regarder elle aussi au loin... De notre enfance nous gardons tous plus ou moins certaines blessures qu'à défaut d'oublier nous assumons chacun à notre façon. Pour certains et certaines cela passe par l'écriture. Je pense notamment à deux soeurs, une chanteuse et une auteure. Mais ceci est une autre histoire. Post-Scriptum Perline ( http://perline.blog.lemonde.fr/) et Maria-D ( http://memoiredusilenceblogspotcom.blogspot.com/ ) ont eu la courtoisie de me préciser un certain nombre de choses que je recopie ici: Perline: « ...La photo de l'homme et l'enfant s'intitule "Nazaré " et a été prise au Portugal en 1956. Et celle de la jeune femme :"Madras" (Inde 1971)... » Maria-D « ...l'enfant au coquillage en coouverture... le petit Rémi qui est le petit-fils de Boubat et non son fils... "Retour de Bretagne, mon petit-fils Rémi écoutant la mer, août 1995"... »

dimanche 22 juin 2008

...les roses blanches...

Enfant cette chansons me faisait venir très vite les larmes aux yeux car c'est une crainte que nous avons tous: la mort de nos parents. Et puis un jour la plupart d'entre nous deviennent eux-même parents , sans cependant jamais cesser d'être un enfant. Et puis un jour ce qui n'était qu'une chanson devient la réalité. Une semaine qu'elle nous a quittés.

samedi 21 juin 2008

Destins d'Hommes (4) Les trois vies de Emile Zola

Si Arthur Rimbaud a vécu deux vies, l'une après l'autre, Emile Zola a, d'une certaine manière, vécu trois vies, de surcroît simultanément, en étant un écrivain prolifique, un journaliste engagé... et un homme partagé entre deux foyers. La première image que l'on retient de Emile Zola c'est idéniablement celle de l'écrivain: celui de la "saga" des Rougon-Marquart avec ses descriptions si précises...
...du monde de la mine avec "Germinal", du rail avec "la bête humaine", des ravages de l'alcoolisme via "l'assomoir" ou de l'émergeance des grands magasins face aux petits commerces dans "au bonheur des Dames". Ses livres m'ont passionnée au point d'en lire la quasi totalité au sortir des années lycée, à un moment donc où de telles lectures ne sont plus une obligation scolaire mais un plaisir.
L'un d'eux a plus particulièrement retenu mon attention, celui qui clôt la série: "le Docteur Pascal". C'est loin d'être le plus connu mais il est émouvante à plus d'un titre. D'abord Emile Zola y explicite, via le Docteur Pascal toute la démarche qui a été la sienne durant les 22 années consacrées à la rédaction des Rougon-Marquart. Et puis comment ne pas être ému par ce médecin qui a passé toute sa vie à collecter des données sur sa famille et lutte (finalement en vain) pour sauver celles-ci de la destruction. Et avec cet homme qui découvre tardivement l'amour, comment ne pas faire le lien avec la vie privée d'Emile Zola/Docteur Pascal et celle d'une jeune femme Jeanne Rozerot/Clotilde... mais je vais une fois de plus trop vite.

Emile Sola c'est aussi le journaliste engagé dont le « j'accuse » reste,plus d'un siècle plus tard et malgré un certain nombre d'erreurs dans son contenu, un document de référence. L'implication de Zola dans l'affaire Dreyfus ne fût d'ailleurs pas immédiate, ainsi que le montrait bien un téléfilm « Zola ou la conscience humaine » lequel s'inspirait du livre de Armand Lanoux « Bonjour Monsieur Zola ». Cet l'engagement tardif n'évitera pas à Emile Zola de nombreux ennuis: insultes en tous genres et surtout un procès à l'issue duquel il sera condamné à un an de prison. Il se laissera convaincre d'aller s'exiler pendant toute une année en Angleterre, alors que deux femmes et tout particulièrement l'une d'elle l'attendaient en France.

Telle est ce que je considère comme étant la troisième vie d'Emile Zola: une homme menant une double vie.

Emile Zola, marié depuis de nombreuses années avec Alexandrine, la cinquantaine venue, tombe amoureux de Jeanne, une jeune lingère employée de la famille. Mais Alexandrine ne veut pas divorcer et Emile ne conçoit pas d'abandonner Jeanne dont il aura deux enfants: Denise et Jacques.

Alors quel que soit le lieu où il résidera, il mettra en place toute une organisation pour se partager entre ses deux foyers. Ainsi lors de ses séjours à Médan où il vit avec Alexandrine, il louera une autre petite maison à proximité afin de rendre visite quotidiennement à Jeanne et ses deux enfants.

Il convient de noter que si Alexandrine avait mal accepté sa jeune rivale, une fois Emile Zola décédé, elle fera en sorte qu'une procédure soit engagée afin que les deux enfants, considérés comme des enfants adultérins, puissent porter le nom de leur père. Tant que durera cette double vie d'homme, en fait la troisième après celle de l'écrivain et du journaliste, Emile Zola s'adonnera à un art encore débutant à l'époque: la photographie. Et il la pratiquera pas en simple amateur ainsi que le décrit bien un passage de l'article de Wikipédia consacré à Emile Zola photographe http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Zola où l'on découvre notamment quelques unes des astuces qu'il utilisait pour obtenir des photos pleines de vie, notamment pour certains sujets de prédilection: « ...ses familles et ses enfants qu'il a sur-abondamment représenté en images. Dans ce cadre, il met lui-même au point un déclencheur à distance afin de se représenter avec ses enfants sur les clichés... » Des années plus tard, un autre photographe me touchera lui aussi beaucoup avec ses photos autour de la parentalité et de l'enfance: celui qu'un poète appelera « correspondant de la Paix »

jeudi 19 juin 2008

Destins d'Hommes (3) Arthur Rimbaud, éternel adolescent

Qui n'a rêvé un jour de changer de vie pour une autre fort éloignée que celle qu'il a croit-il librement choisie. Certains le font la cinquantaine venue, même si ils vont rarement jusqu'à autant bouleverser leur vie comme le fit celui qui pour moi restera toujours cet adolescent ébouriffé au regard dur et lointain. Comment ne pas être séduit par ce jeune homme de 17 ans qui, un peu plus de 3 ans plus tard, tournerait le dos à tout ce qu'on attendait qu'il soit, un poète devenant enfin acceptable puis accepté dans une société encore puritaine. N'est ce pas d'ailleurs cette même société qui, plus un siècle plus tard, taira soigneusement aux lycéens dont je faisais partie ses amours tumultueuses avec Verlaine, lequeul préférera s'en retourner sagement dans son rassurant cercle familial plutôt que suivre "le poète aux semelles de vent" dans ses errances européennes puis africaines qui le mèneront jusqu'à ce qui était alors considéré comme faisant partie de l'un des bouts du monde, la corne de l'Afrique. Et de ce qui fût la seconde partie de sa vie, comment ne pas être tenté d'oublier les rares photos de sa vie d'après, d'occulter ce que dut être cette vie africaine pour ne garder gardant en mémoire que le souvenir que du poète, celui de "une saison en enfer" ou encore des "illuminations" . Tel est d'ailleurs mon cas, moi qui n'ai pendant longtemps eu parmi mes poèmes préférés que "voyelles" et plus encore "le dormeur du val" l'un, voire le premier, poème antimilitariste. Mais un jour, un internaute, celui-là même qui m'avait opter pour un voyage le long de la Loire, m'a rappelé un autre poème de Arthur Rimbaud. Je me suis alors aperçue qu'un auteur avait fait figurer ce texte sur la page de garde d'un très beau livre pour enfants... un de ces contes qui parlent peut être encore plus aux adultes qui le lisent qu'aux enfants qui l'écoutent. Le voyage d'Orégon, c'est l'histoire d'un clown qui décide de ramener un ours "Orégon" dans son Orégon natal. Le voyage, long, sera aussi l'occasion pour le clown de s'assumer tel qu'il est ainsi que l'y invite un routier croisé en chemin: "Pourquoi gardes-tu ce nez rouge et ce masque blanc?" m'a demandé Spike "Tu n'es plus sur la piste d'un cirque" "ils me collent à la peau. Ce n'est pas facile d'être un nain..." "Et d'être noir dans le plus grand pays du monde?" Nous étions de la même famille...Je n'avais rien à ajouter..." Après cette rencontre, l'homme et l'ours continueront leur chemin: " On cheminait sous la grêle. On festoyait dans les maïs. on somnolait dans l'herbe tiède. On rêvait sous les étoiles. Les oiseaux pour réveille-matin, les rivières pour salles de bains, le monde entier nous appartenait..." Autant de phrases qui renvoient au poème écrit par Arthtur Rimbaud alors qu'il n'avait que 16 ans Sensation Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l'herbe menue: Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien: Mais l'amour infini me montera dans l'âme, Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, - heureux comme avec une femme. Au bout du voyage, Orégon retrouvera sa liberté. Et après une dernière nuit passée avec lui le clown déclarera: "Dans le matin blanc, je partirai le coeur léger et la tête libre." Et il s'en ira, en laissant derrière lui son nez rouge de clown dans les neiges de l'Orégon.

mercredi 18 juin 2008

... L'adieu...

"J'ai cueilli de brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends"
Guillaume Apollinaire
"Alcools"

mardi 17 juin 2008

...to be by your side...

To be by your side par Nick Cave dans "le peuple migrateur" To be by your side Across the oceans, across the seas. Over forests of blackened trees. Through valleys so still we dare not breathe. To be by your side. Over the shifting desert plains, across mountains all in flames. Through howling winds and driving rains. To be by your side. Every mile and every year for every one a little tear. I cannot explain this. Dear I will not even try. Into the night as the stars collide. Across the borders that divide forests of stone standing petrified. To be by your side. Every mile and every year for every one a single tear. I cannot explain this. Dear I will not even try. For I know one thing. Love comes on a wing. For tonight I will be by your side. But tomorrow I will fly. From the deepest ocean, to the highest peak. Through the frontiers of your sleep. Into the valley where we dare not speak. To be by your side. Across the endless wilderness where all the beasts bow down their heads. Darling I will never rest till I am by your side. Every mile and every year. Time and distance disappear. I cannot explain this. Dear no, I will not even try. For I know one thing. Love comes on a wing and tonight I will be by your side. But tomorrow I will fly away. Love rises with the day and tonight I may be by your side. But tomorrow I will fly. Tomorrow I will fly. Tomorrow I will fly.

lundi 16 juin 2008

...on est bien peu de choses...

Mon amie la rose On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin A l'aurore je suis née Baptisée de rosée Je me suis épanouie Heureuse et amoureuse Aux rayons du soleil Me suis fermée la nuit Me suis réveillée vieille Pourtant j'étais très belle Oui j'étais la plus belle Des fleurs de ton jardin On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin Vois le dieu qui m'a faite Me fait courber la tête Et je sens que je tombe Et je sens que je tombe Mon cœur est presque nu J'ai le pied dans la tombe Déjà je ne suis plus Tu m'admirais hier Et je serai poussière Pour toujours demain On est bien peu de chose Et mon amie la rose Est morte ce matin La lune cette nuit A veillé mon amie Moi en rêve j'ai vu Eblouissante et nue Son âme qui dansait Bien au-delà des nues Et qui me souriait Crois celui qui peut croire Moi, j'ai besoin d'espoir Sinon je ne suis rien Ou bien si peu de chose C'est mon amie la rose Qui l'a dit hier matin (Paroles : Cécile Caulier / Musique : Cécile Caulier, Jacques Lacombe 1964) http://www.dailymotion.com/relevance/search/Hardy%2Bmon%2Bamie%2Bla%2Brose/video/x437wj_francoise-hardymon-amie-la-rose_music

dimanche 15 juin 2008

... le temps déborde...

" Vingt-huit novembre mil neuf cent qurante-six
Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour
En trop: le temps déborde.
Mon amour si léger prend le poids d'un supplice."
Ecrivait Paul Eluard en parlant de Nusch.
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* Photo de C. BECHIR in lcdj.net
En admettant qu'il connaisse ces vers, sans doute pensera-t-il désormais de même celui qui, pendant plus de 60 ans, a partagé sa vie.

samedi 14 juin 2008

Destins d'Hommes (2) Guillaume Apollinaire, le mal-aimé si aimant

Il est temps maintenant de cesser de suivre à rebours le cours de la Loire pour évoquer un homme qui n'en a, à ma connaissance, jamais parlé. Par contre dans un poème, sans doute l'un de mes préférés, comme de beaucoup d'autres personnes, il mentionne un autre fleuve tant peint par les Impressionnistes: La Seine.
LE PONT MIRABEAU
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure
Ainsi Guillaume Apollinaire célèbrait-il ses amours défuntes à l'égard de l'une des nombreuses femmes qui ont traversé sa vie.
Guillaume Apollinaire, j'avais appris tant de poésies de lui durant mon enfance! Mais ça je ne le découvrirai que plus tard. Et ce sera grâce à un professeur de français passionné qui essaiera de rendre intéressant ses cours à des élèves scientifiques dont beaucoup prisaient fort peu la littérature.
Ainsi en dehors du poème "Zone" "A la fin tu es las de ce monde ancien..." qui figurait alors au programme, il avait choisi, sans doute par défi personnel, d'étudier longuement ce qui doit être le plus court texte de ce poète: "Chantre"
Et l'unique cordeau des trompettes marines
Il lui aurait pourtant été alors tellement plus facile de se contenter de parler à ses lycéens du poète mal aimé.
Guillaumme Apollinaire: "mal aimé"? Avec le recul, j'aurai plutôt tendance à écrire le "mal aimé mais si aimant" car que de femmes ont traversé sa vie:
Annie Playden
Marie Laurencin
Madeleine Pagès et
Louise de Coligny dite Lou, à laquelle il a dédié de fort beaux poèmes érotiques.
Finalement ce "mal aimé" épousera une "jolie rousse"" en ce mois de mai 1918: Jacqueline Kolb.Il ne vivra que peu de temps avec elle puisque, affaibli par les suites de la trépanation destiné à enlever un morceau d'obus qu'il avait dans la tête, il mourra de la grippe espagnole, deux jours avant que ne soit signée l'Armistice.

Et je resterai à jamais avec cette interrogation: quelle aurait été la teneur de ses poèmes à venir? Est-il possible d'imaginer le "mal aimé" écrivant, heureux, des poèmes d'amour comme le fit plus tard Paul Eluard, voire rédigeant un nouvel "art d'être grand-père"? La mort du "héros" permet parfois de préserver certaines rêves. Mais il existe une autre solution que la mort physique: la mort "psychique", celle qui consiste à rompre complètement avec la vie antérieure. Je songe notamment à celui qui pour moi restera un éternel adolescent aux semelles de vent.