vendredi 31 mars 2023

Le goût des images animées - Les petites victoires

Depuis que j'ai vu le film "Monsieur Hire", où Michel Blanc interprétait  un rôle tellement éloigné de celui qu'il jouait dans la série des "Bronzés" j'apprécie voir comment évolue sa filmographie*. Et quand j'avais vu la bande annonce de celui-là, même si a priori il m'avait pas le 1er rôle (celui de l'institutrice directrice d'une classe unique ET maire d'un petit village) j'avais fort envie de voir ce film. 
Et c'est un sympathique petit film… un peu dans la lignée de « la famille Bélier » sauf que là il n'est plus question d'une jeune fille passionnée de chant qui est née dans une famille de sourds profonds.
Non, là il est question de la vie quotidienne dans les petits villages (moins de 500 habitants) où petit à petit il n’y a plus ni médecin, ni café, ni boulanger. Ici, même l’école à classe unique est en sursis depuis le départ en cours d'année d'une famille qui avait 3 enfants. Et l'institutrice a fort à faire car elle est aussi maire du village, pas vraiment aidée par ses adjoints. Arrive un nième petit grain de sable avec les soucis causés par un artisan du village qui, depuis le décès de son frère, vit mal sa solitude. Et pour cause, il finit par avouer à l'institutrice que, même si il est allé à l'école et a obtenu son permis de conduire, il est devenu illettré et que ça lui pose de gros problèmes dans sa vie quotidienne et professionnelle. Du coup il décide alors de se redonner une chance de maîtriser la lecture et l'écriture en retournant à l'école du village à côté de gamins ayant l'âge d'être ses petits enfants. 
Mais le plus intéressant se situe probablement en "off" des gags, lorsqu'Michel Blanc découvre que, pendant des années, son frère aîné lui a caché les lettres envoyées par une femme dont il était tombé amoureux** et auxquelles il n'a jamais pu répondre... là aussi il aura droit à une seconde chance.  Et aussi lorsque l'institutrice comprend que sa rencontre d'un soir (faite via un site spécialisé) et dont elle espérait beaucoup, n'est en fait qu'un beau séducteur peu désireux de s'attacher à une femme qui est très prise entre ses élèves et ses administrés. Là pas de seconde chance... Quoique... à la fin de l'année scolaire et sa classe étant condamnée à être fermée, la jeune institutrice décide de partir en vélo pour de TRES longues vacances, loin de l'éduction nationale et de son petit village. Et qui sait... 
* Pas vu "Tenue de soirée" et, malgré des critiques élogieuses, les quelques extraits vus m'ont toujours freinée. 
** Le personnage joué par Michel Blanc ose se poser la question "Ce grand frère qui a tant fait pour moi aurait il pu vouloir me garder pour lui seul?" 

dimanche 5 mars 2023

Le goût des images animées - Le retour des Hirondelles

Le titre à l’international est « return to dust » et convient mieux à cette histoire de mariage arrangé entre de 2 « déshérités » dont les familles respectives veulent se débarrasser pour qu’ils ne vivent plus sous leurs toits: un vieux paysan (exploité par son frère aîné mais aussi le gros propriétaire terrien du coin) et une femme devenue handicapée (et incontinente) à force d’avoir été battue enfant. Entre ces 2 là naît une jolie histoire d’entraide et d’amour…* avant qu’elle ne s’achève dans la poussière de la destruction de la maison qu’ils avaient construite. 
Ceci est la version occidentale et originale d’un film qui avait connu un joli succès en salles chinoises... avant d’être interdit dans son pays d'origine puis diffusé une fois remonté dans un sens plus conforme à l’image que veulent montrer les autorités chinoises. Et oui, même si les faits sont censés remonter à 2011, il ne pouvait être accepté par les autorités de montrer qu’il existait alors
- de très pauvres agriculteurs
- exploités par des propriétaires terriens ravis de les maintenir dans la pauvreté en les payant le plus tard possible
- avant de les "oublier" afin de privilégier la spéculation foncière
- le tout dans un contexte de corruption.
Pas sure que les choses aient beaucoup changé depuis 2011.
*Aucune scène sensuelle mais beaucoup de signes de pudique tendresse

samedi 4 mars 2023

Le goût des images animées - The Fabelmans

C'est un Steven Spielberg... qui a mal marché aux Etats-Unis... et plaira sans doute aussi assez peu en France car ce n'est pas un film dans la lignée de ceux qui ont fait la réputation du réalisateur. En effet, on est loin de "Duel", des "Dents de la Mer", des "Indiana Jones" ou même de "La liste Schindler"... 

En fait, le titre du film pourrait être "The Spielbergs" tant le scénario est proche de l'histoire du réalisateur. Même composition familiale, avec un fils ainé et ses deux soeurs, un père cadre informatique -un secteur qui alors n'en était qu'à ses débuts- une mère qui renonce à ses ambitions musicales, un ami très proche de la famille et surtout de la mère de famille... Et surtout l'histoire de ce garçon puis jeune homme, passionné d'images depuis sa 1ère séance de cinéma (qui le traumatise quand même, car il s'agit de "sous le plus grand chapiteau du monde" avec une scène où un train déraille) et qui pendant des années mettra à contribution famille et amis pour réaliser durant son temps libre, des fictions. Du moins jusqu'au moment où en faisant le montage des petites vidéos des vacances familiales, il découvrira un secret que sa mère croyait bien gardé. 
Alors oui, ceux qui cherchent un grand film d'action dans la lignée des "Indiana Jones" ou des "Jurassic Park" seront déçus. Les autres qui, comme moi, aiment savoir comment la vie privée d'un réalisateur a pu influencer son oeuvre apprécieront ce film. Surtout que ce film incite à se poser plein de questions et notamment celle-ci : jusqu'où peut on aller lorsqu'on met en scène sa propre histoire.