C'était il y a fort, fort, longtemps. Enfant j'avais fort peu de livres personnels. Au mieux, j'en recevais un par an. Du coup, dans la modeste bibliothèque familiale, on trouvait majoritairement des livres qui avaient été achetés parce que l'oeuvre était étudiée en classe de français. C'était principalement des pièces de théâtre car les poésie et extraits de romans provenaient des différents volumes du "Lagarde & Michard".
Par certains côtés ça m'arrangeait de les avoir sous la main ces vieilles éditions (dans des tons violacés décolorés par le temps) des pièces de Racine ou Molière. En effet, je ne devais pas attendre que mes parents trouvent l'un ou l'autre le temps d'aller dans une librairie. D'ailleurs, je n'ai pas le souvenir de les avoir jamais vu dans une librairie, ni même une bibliothèque*.
Au collège, j'ai donc plus d'une fois utilisé un exemplaire qui avait été acquis pour mes grandes soeurs. L'une d'elle marquait systématiquement sur la page de garde ses nom et prénom (ou bien signait avec la forme anglicisée de son prénom). Et j'en prends maintenant conscience, ça m'agaçait beaucoup**.
Alors quand j'ai pu avoir mes propres livres, notamment ceux acquis avec le salaire de mes travaux d'été, je les ai quasiment systématiquement signés. J'ignorais alors qu'il était possible d'utiliser un tampon, voire une griffe en relief, sinon je pense que je l'aurais fait. Maintenant je comprends à quel point, avec ce geste, je souhaitais laisser mon empreinte, marquer mon territoire.
Je souris en revoyant cette signature, avec cette double boucle qui entourait le corps du nom, comme pour me protéger. Un bel indice de manque de confiance en moi.
Plus tard, j'ai cessé d'abord de marquer les livres. Quel intérêt lorsqu'on commence à avoir sa propre bibliothèque? La sienne! Avec des livres acquis pour le plaisir et non par nécessité scolaire! Une bibliothèque qui s'est agrandie quand le nom de famille a changé. Il y avait mes livres et les siens. Pourquoi marquer des livres quand on pense qu'on se les partagera toujours, comme le nom. Elle s'était encore plus étoffée avec le décès de sa mère, très grande lectrice qui en plus des livres qui l'avaient marquée, avait acquis des ouvrages en pensant à nous, mais aussi à ses petits enfants***
Mais une fois le divorce prononcé, la maison familiale vendue, les livres ont été éparpillés. J'ai repris une autre signature sans pour autant recommencé à marquer les nouveaux ouvrages acquis.
* Vers 15 ou 16 ans, c'est toute seule que j'ai trouvé le chemin de la bibliothèque municipale de Rennes que j'ai beaucoup utilisée car elle était gratuite.
** De même je n'avais guère apprécié que cette même soeur, afin d'aider mon père dont la mémoire faiblissait, mette en place un grand calendrier avec les anniversaires des siens (elle, mari, enfants, petits-enfants) ainsi que ceux de sa soeur cadette et des enfants... mais oublie mes propres enfants.
***Elle ne pouvait alors pas prévoir que les habitudes d'achats (notamment avec les livres d'occasion pour ceux souhaitant préserver la planète ou leur portefeuille) ou de dons (mêmes motifs) de vie (installation dans des appartements plus petits que les maisons familiales d'autrefois) de lecture (en 2007 je ne pense pas qu'il était possible de lire sur "tablette" ) changeraient à ce point
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