Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
La pluie les a soudés
Semble-t-il l'un à l'autre
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et je les sais qui parlent
Il doit lui dire je t'aime
Elle doit lui dire je t'aime
Je crois qu'ils sont en train
De ne rien se promettre
Ces deux-là sont trop maigres
Pour être malhonnêtes
Ils sont plus de deux mille
Et je ne vois qu'eux deux
Et brusquement il pleure
Il pleure à gros bouillons
Tout entourés qu'ils sont
D'adipeux en sueur
Et de bouffeurs d'espoir
Qui les montrent du nez
Mais ces deux déchirés
Superbes de chagrin
Abandonnent aux chiens
L'exploit de les juger
La vie ne fait pas de cadeau
Et nom de Dieu c'est triste
Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud
Et maintenant ils pleurent
Je veux dire tous les deux
Tout à l'heure c'était lui
Lorsque je disais "il"
Tout encastrés qu'ils sont
Ils n'entendent plus rien
Que les sanglots de l'autre
Et puis Et puis infiniment
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement
Ces deux corps se séparent
Et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu'ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Il consomme l'adieu
Il bave quelques mots
Agite une vague main
Et brusquement il fuit
Fuit sans se retourner
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier
La vie ne fait pas de cadeau
Et nom de Dieu c'est triste
Orly le dimanche
Avec ou sans Bécaud
Et puis il disparaît
Bouffé par l'escalier
Et elle elle reste là
Coeur en croix bouche ouverte
Sans un cri sans un mot
Elle connaît sa mort
Elle vient de la croiser
Voilà qu'elle se retourne
Et se retourne encore
Ses bras vont jusqu'à terre
Ça y est elle a mille ans
La porte est refermée
La voilà sans lumière
Elle tourne sur elle-même
Et déjà elle sait
Qu'elle tournera toujours
Elle a perdu des hommes
Mais là elle perd l'amour
L'amour le lui a dit
Revoilà l'inutile
Elle vivra de projets
Qui ne feront qu'attendre
La revoilà fragile
Avant que d'être à vendre
Je suis là je la suis
Je n'ose rien pour elle
Que la foule grignote
Comme un quelconque fruit.
mardi 23 décembre 2008
Dans le labyrinthe de la mémoire (3)
Deux personnes ont chanté Orly. La version de Jacques Brel crée en 1977 est de loin ma préférée même si, même si l'histoire qu'elle raconte est déchirante.
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8 commentaires:
Je ne me souvenais plus des paroles entièrement et de les voir ainsi écrites est très dur ,poignant de vérité
Que de tristesse en ce moment Anna ,le coeur fait physiquement mal
Vite ,Anna ces belles feuilles rouges du Poincetta chaque année aussi j'aime avoir ce flamboiement à la maison pour reposer les yeux dans la chaleur irradiante
A mitiés
C'est très beau digne de Grand Jacques. Orly comme tous les aéroports voire comme toutes les gares sont des lieux de déchirements ou l'on se sépare. Heureusement cela peut être aussi des lieux de retrouvailles et de joie et en tous cas de découvertes.
Labyrinthe ou "passage" vers les marges de la Mémoire ?
Des lieux à fréquenter "avec innocence" (sourire)
Pourquoi aujourd'hui les compositeurs ne créent plus de merveilles semblables ?
Musique émouvante , texte poignant , timbre de la voix extraordinaire , implication psychologique de l'interprète parfaite ...
Pourquoi , dans les nouvelles générations , les Brel , Brassens , Piaf , Barbara , Ferrat et tant d'autres ne reviennentils pas ?
Je vous prie de me pardonner d'avoir tant tardé à répondre à votre dernier mot .
Je viens de traverser une période pénible et je n'allais que très peu vers internet .
J'espère que vous oublierez ma négligence .
Je vous souhaite le plus beau des Noels , entourée de ceux que vous aimez .
Bonne fin d' année à vous .
Je suis jamais bien loin mais je ne sais pas tjs dire ce qu' il faut.
Surtout quand les personnes sont fatiguées.Pensée et amitié de Noisette.
Merci @nn@ de prendre la peine de recopier les paroles des textes, ce qui nous permet de mieux les vivre en les lisant de près... Ce texte est l'un de mes préférés de Brel... Talent poétique qui remue les tripes... Merci! Et belle soirée demain au milieu des vôtres...
Beaucoup plus de commentaires que je ne l'aurai cru autour de ce très beau mais très triste texte de Jacques Brel. J'y répondrai un peu plus tard quand j'aurai un petit peu plus de temps.
Et en attendant, pour vous tous, commentateurs ou simples lecteurs, pour vous remercier, un très joli sourire déposé ce 24 décembre.
Voilà, voilà, je suis de retour "at home" (avant d'être de nouveau absente demain) et un petit peu de temps devant moi pour répondre
* Ce n'est que tardivement Arlette que j'ai découvert ce texte de Brel. Peut être est-ce pour cela qu'il m'a autant touchée car derrière lui je vois toutes les "séparations"
Tristesse actuelle? Je crois que malgré l'euphorie de circonstance de l'approche des fêtes beaucoup de personnes éprouvent dau fond d'elles du mal être.
Les "Poinsetta" c'est un peu un souvenir d'enfance lié à ma mère . Ces feuilles/fleurs rouges ou vertes m'ont toujours fascinée. Peut-être parce que dans le grisaille de l'hiver, c'était les seules taches de couleur.
* Vous avez raison Caphadock, les gares et les aéroports sont aussi des lieux de retrouvailles. Mais il est parfois plus "facile" de se souvenir des choses tristes que heureuses.
* Effectivement Michel, "labyrinthe" mais aussi "passage" vers les marges de la mémoire, un peu comme ces passages parisien ou notre passage Pommeraye qui dessert le quartier bas (les anciens quai du port, du quartier haut)
* Je pense Jean qu'il existe encore des auteurs mais vu le niveau général des chaines de radio qui, quelques stations comme FIP mises à part, servent de la "soupe" de tubes formatée aux goûts du temps, il est encore plus difficile qu'autrefois pour eux d'émerger.
Pour le reste du commentaire je passerai par la messagerie (sourire)
* Bonjour délicieuse Noisette, ne voyant plus votre signature ni ici, ni chez Gene, ni même chez immémory (qui se fait rare) je me demandais ce que vous deveniez.
Pour vous aussi je passerai par la messagerie (sourire)
* Heureusement Gene que depuis que paroles.net n'est plus autorisé à publier les textes des auteurs que d'autres sites ont ouvert car c'est assez fastidieux de les recopier. Et pourtant, que parfois certains sont beaux bien au dela de la musique qui les accompagne. Beaux comme l'est la poésie, sauf que dans ce dernier cas, c'est notre humeur du moment qui écrit la "musique".
Effectivement soirée familiale,un peu particulière vu le contexte. Vous aussi vous aviez les vôtres auprès de vous. Pas de liens de sang mais des liens de coeur qui sont parfois tout aussi fort et n'est ce pas cela qui compte?
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