Les "tengu" sont des dieux (kami) mineurs du folklore japonais. Ils font partie des traditions des religions japonaises telles que le shintoisme et le bouddhisme. Ils sont représentés sous forme de corbeaux. Les "tengu" sont de deux types : "karasu tengu" qu'on peut reconnaître à sa tête et son bec de corbeau, et le "konoha tengu" ou "yamabushi tengu" au long nez (dont la peau - ou les vêtements sont souvent rouges et qui ne conservent du corbeau que les ailes. Les "tengu" sont dotés de pouvoirs surnaturels : ils peuvent prendre une forme humaine (anthropomorphisme) ou animale (zoomorphisme), ils peuvent communiquer sans ouvrir la bouche, se téléporter et s'inviter dans les rêves des vivants.
Le caractère des "tengu" a évolué au cours des siècles. Issus des légendes chinoises ils avaient à l'origine une réputation destructrice et maligne. Au début de leur introduction au Japon, on les soupçonne d'enlèvement d'enfants ou d'allumer des incendies. Vers la période Edo, ils commencent être perçus de façon toute autre: désormais ils aident à retrouver des enfants disparus. Ils deviennent également gardiens des temples et des effigies sculptées sont placées autour des lieux sacrés. Dans le même temps la population commence à leur prêter une personnalité bien plus joyeuse et amicale. En particulier le long nez des "yamabushi tengu" devient un sujet de dérision mais aussi une allusion sexuelle.
Ces derniers éléments les font ressembler à un dieu mythique chez les indiens d'Amérique qui apparaît dans "le voleur de temps", l'un des romans de Tony Hillerman: Kokopelli.
Kokopelli est un personnage mythique souvent représenté comme un joueur de flûte bossu. Il fait partie des anciennes croyances amérindiennes du Sud-Ouest des États-Unis où il est apparu il y a plus de 3000 ans. Kokopelli est un symbole de fertilité - il est parfois représenté avec un attribut mâle d’une taille exagérée - de joie, de fête, de longue vie. C’est aussi un ménestrel, un esprit de la musique, un conteur, un faiseur de pluie, un guérisseur, un professeur, un joyeux voyageur de commerce dont la leçon de vie pourrait être... que nous ne devrions pas prendre la vie trop au sérieux.
Très présent dans le pays du « Four corners » ... où il est adoré des indiens Navajos, Hopi, Zuñis... il est considéré comme une divinité positive et on le retrouve dans de multiples mythes. Dans certains mythes, la bosse de Kokopelli contient des graines, des plantes, des bébés, des chansons, des objets sacrés ou médicinaux... destinés à être offerts aux personnes qu'il souhaite séduire ou contenter. Dans d’autres mythes, il parle au vent et au ciel. On entend sa flûte dans la brise de printemps, apportant la chaleur après le froid d'hiver. Il incarne donc aussi la pureté et le spirituel de la musique. Dans d’autres enfin, il possède un phallus proéminent voire détachable qui flotte en aval et qui, non détecté, féconde les demoiselles se baignant dans le fleuve.
2 commentaires:
Merci pour toutes ces infos que je ne connaissais pas sur la culture japonaise. Je lirai désormais les mangas de Tanigushi d'un oeil plus averti ;-)
Pour ce qui est des informations sur les "tengu", moi non plus je ne les connaissais pas jusqu'au moment où j'ai rédigé ce billet. Mais ces petits (enfin façon de parler car ils dans la BD ils ont quasiment la taille de la petite fille) "tengu" m'avaient beaucoup intriguée.
Quant au lien maître/élève, il faut savoir que les enseignants ont un statut très particulier au Japon et comme les histoires entre un homme âgé et une jeune femme ont une signification autre qu'en Europe...
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