Un indice avec cette photo, l'entrée du vieux port et réponse, pour ceux ou celles qui ne l'auraient pas reconnu à mon retour.
Les 3 hommes qui suivent sont, pour deux d'entre eux, plus connus pour ce qu'ils ont fait... en dehors de leur région d'origine.
Ainsi, Claude Gellée, dit le Lorrain (vers. 1600 - 1682) s'il garde dans son surnom trace de sa région d'origine, a principalement travaillé en Italie où il est d'ailleurs enterré.
Quant au Maréchal Lyautey (1854 - 1934) est plus connu en Afrique du nord compte tenu de son action durant les guerres coloniales et en tant que résident général du temps du protectorat français au Maroc qu'en France.
L'histoire du 3ème homme est différente puisqu'il n'est pas lorrain de souche. Stanislas Leszczinski (1677 - 1766) est issu d'une famille aristocratique de... Bohême-Moravie installée en... Pologne. Il sera pendant 5 ans (de 1704 à 1709) roi de Pologne, avant d'être détrôné. Il aurait facilement été oublié de l'histoire mais l'une de ses filles a épousé Louis XV. Stanislas est donc devenu en 1737... duc de Lorraine. 20 ans plus tard, il aura doté Nancy d’une grande place (celle de la Carrière) qui, avec la place Royale (aujourd'hui « place Stanislas »), réunifie la vieille ville moyenâgeuse à la ville neuve.
Reste le dernier homme, un homme dont je connaissais très peu l'oeuvre, une oeuvre désormais détenue en grande majorité par le musée lorrain, un homme à qui Nancy rend hommage via une fontaine.
Jacques Callot est né en 1592 et mort en 1635 à Nancy.En effet, mis à part une douzaine d'années passées en Italie, il est resté dans sa région d'origine.
On se souvient de lui comme dessinateur et surtout graveur. Il est en effet considéré comme l'un des maîtres de l'eau-forte*. Son style bien particulier (netteté du trait, profondeur de l'encrage) a permis d’assurer une parfaite lisibilité à ses gravures et cela malgré le fréquent foisonnement des scènes et des personnages sur des surfaces souvent restreintes. Parmi elles, une série intitulée "Les Grandes Misères de la guerre" évoque les ravages de la Guerre de Trente Ans
On doit en outre à Jacques Callot plusieurs innovations, en particulier l'utilisation du « vernis dur », qui ont permis le plein développement de cet art de la gravure qu'est l'eau-forte*.
* Procédé de gravure en creux ou taille-douce sur une plaque métallique à l'aide d'un acide.
Il y avait aussi des maquettes de fermes afin de mieux se rendre compte de l'organisation de l'espace entre les lieux de travail (les plus nombreux) et de repos.
Quelques points communs avec les fermes du grand ouest: une implantation côté nord des lieux à vocation de conservation des vivres. Une différence du au climat moins venteux mais plus froid et neigeux qui a incité à rejeter la construction autour d'une cour centrale pour retenir le bâtiment de vie reliés aux locaux de travail par une allée couverte.
Des maisons qui devaient toutes être dotées de l'indispensable girouette, seul instrument fiable à même d'indiquer la météo. Et certaines d'entre elles renvoyaient clairement à l'histoire de cette région qui a bien souvent oscillé entre France et Allemagne.
Et puis, omniprésents, les objets de la vie quotidienne étaient pour la plupart protégés par des vitrines . Ce qui a été l'occasion de constater à quel point certains, bien qu'avant tout utilitaires comme ces chaufferettes fort utiles en ces temps où le chauffage central n'existait pas, pouvaient être beaux.
C'était avant que la mécanisation de leur fabrication ne les uniformise. Je pense notamment aux assiettes.
Mais pas seulement car je n'aurais jamais cru qu'il puisse exister autant d'empreinte pour personnifier les mottes de beurre.
A croire aussi que chaque famille avait son moule à kouglof
Pour finir, j'ai craqué pour ce joli coffre peint avec des coeurs rouges. Coffre ou maie où levait le pain au levain avant d'y être conservé pendant des jours? La présence d'une lourde serrure laisse à penser qu'il s'agissait plutôt d'un coffre de dot où la jeune mariée avait du serrer son trousseau brodé, jour après jour ... du moins dès que son ouvrage pouvait lui laisser un peu de temps libre
- le musée des beaux-arts (qui abrite les verres art nouveau de la collection Daum) était hélas en travaux pour encore plus de six mois,
- compte tenu du peu de temps imparti, le musée de l’école de Nancy qui met en valeur l’art nouveau sous toutes ses formes n’était pas envisageable car il est situé en dehors de l’hyper-centre.
Parmi les « grands » musées, seul le musée lorrain était envisageable et il m’a… déçue.
Il faut dire que, malgré les efforts des conservateurs pour mettre en valeur la spécificité de la région lorraine, à savoir à quel point le travail du fer a été précoce en Lorraine, je ne suis pas passionnée par la préhistoire. En outre, je me suis un peu ennuyée à la vue des multiples peintures grand format destinées à mettre en valeur les différents châteaux de la région. Mais peut-être y avait-il de ma part un petit côté « chauviniste » qui me fait préférer les châteaux renaissance des bords de Loire aux répliques style Versailles des châteaux lorrains.
Un musée dont je n’ai finalement retenu que:
- - LE Georges La Tour : une « Marie-Madeleine à la puce »… dont les chairs grasses et blanches m’ont fait regretter les rides du joueur de vielle ou de St Joseph
- les salles qui exposent dans une lumière chiche les fragiles œuvres de Jacques Calot, que ce soit sous forme de la matrice source ou de la gravure qui en résulte.
En fait, ce qui m’a le plus passionné, c’est ce que j’ai vu dans les « salles » situées juste à côté, au sein de l’église des cordeliers et du Musée des Arts et traditions populaires.
Je n’ai hélas pas eu le temps de visiter les espaces consacrés au travail du bois en Lorraine. En effet j’ai préféré mettre l’accent sur l’église des cordeliers où l’on perçoit à quel point l’histoire de Nancy est liée avec celle de la famille d’Autriche, bien au-delà de la seule statue de Stanislas qui a ré-organisé le centre ville, dont la fameuse place qui porte son nom.
L’église met bien en valeur un certain nombre de pièces religieuses dont des autels polychromes.
Mais il ne faut pas oublier
- de faire un détour vers une « petite » chapelle octogonale finement sculptée dans le style renaissance à gauche du chœur
- avant de remonter doucement la nef vers le beau vitrail en s’arrêtant auprès des gisants des ducs de Lorraine.
De lui, parmi les 14 films qu'il a réalisés, on retient bien souvent principalement celui de 1967: "Les Demoiselles de Rochefort ", un film lumineux pour lequel il avait fait repeindre certaines rue de Rochefort.Un film enchanteur, 3 ans après le film "en chanté" des "parapluies de Cherbourg". Des "parapluie" finalement beaucoup plus dans la lignée de ce que seront ses films, des films où l'on retrouve un certain nombres de thèmes récurrents qui donnent envie de se replonger dans son oeuvre et visualiser certaines oeuvres quasi invisibles en France
- en 1968 : Model Shop
- en 1978 : Lady Oscar
Sous le couvert de films en apparence colorés et chantants, l’univers de Demy est extrêmement sombre. Mis à part "Les demoiselles de Rochefort" ses films ont pour la plupart des conclusions malheureuses.
De plus la figure du père y est absente puisque la mère -mère célibataire ou veuve- élève seule son enfant ou montrée négativement.
Si un internaute a pu considérer que chez le fils d'ouvrier qu'il avait été, il y avait une fascination pour l’aristocratie, même déchue, je ne contenterai de relever que les personnages renvoient clairement a des "classes sociales".
Enfin et surtout, certains thèmes rarement relevés lors des critiques faites au fil du temps lors des sorties de films apparaissent avec le recul **
- l’inceste (Peau d’Âne, Parking, Une chambre en ville, Trois places pour le 26)
- la bisexualité (Lady Oscar, Parking ou L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune)
* La Revue 303 (dont le titre complet est : 303 Arts, Recherches et Créations) est une publication trimestrielle qui présente la diversité de la richesse patrimoniale de la région des Pays de la Loire et de la créativité artistique dans cette région. Son titre est le résultat de l'addition des numéros départementaux des cinq départements qui composent la région ligérienne : 44 (Loire-Atlantique) + 49 (Maine-et-Loire) + 53 (Mayenne) + 72 (Sarthe) + 85 (Vendée) = 303.
** voir ce long et passionnant article http://www.critikat.com/Jacques-Demy-et-le-sexe.html
La question maintenant est: irai-je ou non voir le film qu'ils ont réalisé en s'inspirant des aventures de Tintin étant précisé qu'un problème de vue ôte tout intérêt au 3D?
2ème élément de réponse: les images de la bande-annonce, à mi-chemin entre dessin de BD et film ne m'ont pas vraiment convaincue... du moins jusqu'au moment où j'ai compris le principe de la « Performance Capture »: au tournage, enregistrer les mouvements des comédiens pour ensuite les attribuer à des créatures de synthèse insérées dans le décor virtuel créé pour le film.
Alors??? Alors ça sera une réponse de normande: peut-être
Ainsi il serait dommage de rater la décoration de cette porte qui, comme le reste du bâtiment, date du XVIème siècle, date de réalisation de la statue équestre du duc Antoine.
Au XVIIIème siècle, les ducs de Lorraine délaisseront cependant le palais pour lui préférer des constructions plus récentes bâties sur le modèle de Versailles, par exemple le château de Lunéville.
A noter que l'oiseau qui surplombe le heaume au dessus des armoiries pourrait bien être une sorte d'alérion: un de ces aigles sans bec ni patte qui figurent sur le drapeau de Lorraine.
Plus loin sur le bâtiment, une fenêtre au balcon très renaissance est l'occasion de retrouver l'un des deux autres symboles de la Lorraine que sont le chardon et la croix de Lorraine qui sont quant à eux des héritages du roi René II d'Anjou!
Le 1er est un rappel de sa devise qui était "Ne toques mi, je poins" que l'on pourrait traduire par: "qui s'y frotte, s'y pique!" Un chardon donc que l'on retrouve sur les armoiries de la ville de Nancy.
Et puis il y a LA croix de Lorraine que l'on associe au général de Gaulle en oubliant que c'est le vice-amiral Emile Muselier, l'un des compagnons d'armes originaire de Lorraine, qu le lui avait suggéré. En effet, du temps de René II qui a fini par vaincre Charles le Téméraire, la croix de Lorraine était le signe de ralliement des Lorrains face à l'envahisseur bourguignon.
Plus loin dans la rue, le bâtiment fait une courbe, ce qui donne l'occasion d'avoir deux gargouilles côte à côte.
Enfin, après avoir croisé un diable - car qui d'autres pourrait avoir ainsi un bouc pointu et des pieds de bouc- qui n'a pas été sans faire penser à ce vers tiré de la chanson "le plat pays" de Jacques Brel: ".. .où des diables en pierre décrochent les nuages", on rencontre ... un ours.
Le genre d'animal que l'on trouve rarement sculpté dans la pierre dans le grand ouest, parce qu'il a disparu de nos contrées depuis fort longtemps. Mais dans l'Est de la France, tout comme en Allemagne ou en Suisse, il est fréquent de le rencontrer.
Il est temps maintenant de pénétrer dans le musée lorrain.
Donc petite revue de portes avant de s'attaquer demain aux gargouilles du palais ducal.
Un premier constat: beaucoup de ces portes ont été photographiées dans la Grand-Rue qui se situe dans la partie moyenâgeuse du vieux Nancy.
Au début de la rue elles sont assez simples, avec, pour celles qui ont été conservées quasi en l'état (d'où l'aspect penché de beaucoup), assez souvent une imposte plutôt triangulaire comme s'il y avait là un rappel des temples gréco-romains.
Quand on avance dans la rue et qu'on dépasse les rues du Maure qui trompe et la rue du Moulin, secteurs longtemps mal famés car c'est là que se situait notamment une maison close, la décoration jusqu'alors assez simple des impostes, devient plus riche. Et heureusement car les façades sont tristes et parfois assez dégradées.
Petite surprise au niveau du 83 où cohabitent deux maisons dont les portes ont des tailles fort différentes (mais non, la "petite" permet bien le passage d'un adulte!) et qui ont toutes eux gardé une niche qui à l'origine devait contenir une statuette.
La plus belle porte d'entrée de la rue demeure toutefois celle de l'Hôtel de Chastenoy dont le blason devait probablement être peint, comme cela à longtemps été le cas des statues de pierre dans les églises. Peut-être certains éléments qui devaient être en relief sur le bouclier ont ils été lissé? Une chose est certaine, le mascaron au dessus de la porte date du XVIème siècle.
Autre entrée surprenante, celle de l'hôtel de Curel, un hôtel particulier situé rue aux Loups. Une rue qui tire son nom des deux loups qui encadrent la grille d'entrée de cet hôtel et que, honte à moi, j'ai loupé ! Heureusement d'autres internautes/photographes ont plus vigilants que moi. En effet j'étais fascinée par la profusion de détails figurant sur le fronton au dessus de la grande porte d'entrée: sanglier, cor de chasse, gibecière, fusil...
De toute évidence, celui qui a commandité cette sculpture aimait la chasse!
Les deux dernières portes du présent billet sont beaucoup plus tardives puisqu'elles datent de l'époque où Nancy était la ville clé en matière d'Art Nouveau. On trouve ainsi au 4 rue des Dominicains, où est désormais installée une banque, une superbe devanture de bois sculpté.
Il faut aller un peu plus au sud, en retournant vers les grandes halles centrales, pour trouver une autre belle façade, hélas fort difficile à photographier car les lignes électriques du tram qui passe dans la rue St Jean "polluent" le site. Il s'agit d'une ancienne graineterie aux structures métalliques apparentes peintes dans ce bleu si fréquent à Nancy. Un regret, outre la présence des fils ci-dessus mentionnés, là encore, comme pour beaucoup de bâtiments de Nancy, l'immeuble aurait besoin d'être restauré... et les enseignes de restaurants un peu trop voyantes devraient être bannies!
Que dire du centre de Nancy? Qu'il peut se diviser en 3 parties, ainsi que le montre le plan ci-dessous trouvé sur une place en plein travaux: la future place Charles III sur laquelle donnent les halles centrales dont la surface équivaut sans problème à celles de Nantes!
Qu'ajouter de plus?
Lors de ma 1ère visite, effectuée sous un ciel radieux, j'avais surtout retenu le bleu bien particulier qui ornait certaines parties de monuments (un bleu que j'avais qualifié de lorrain car il figure sur son blason) ou bien encore les tons pastels (Europe centrale et de de l'Est) des façades.
Cette fois ci le ciel était très gris, ce qui n'accentuait que trop le côté gris, triste, abîmé de certains beaux bâtiments dont beaucoup doivent être classés aux monuments historiques, et cela quelque soit le quartier concerné. Une exception cependant: le palais ducal qui a été en grande partie rénové.
Heureusement on trouve de loin en loin (j'en ai croisé au moins 3) de ces grosses boules qui permettent d'avoir une vision à 360° du lieu qu'elles mettent en valeur., en en camouflant les défauts, quitte à exposer le ou la photographe au 1er plan. Enfin, quand elles ne sont pas trop souillées...
Cette "boule" ci se trouve à l'extrémité nord de la place de la Carrière par laquelle on peut, après avoir admiré la place Stanislas, rejoindre le vieux Nancy et le musée lorrain installé dans le palais ducal.
Parmi les choses diverses remarquées, deux plaques méritent d'être signalées. Dans la vieille ville il y a ce Maure qui trompe. Une recherche sur internet a permis de s'assurer qu'il n'y avait point là quelque allusion raciste mais la référence à une ancienne hostellerie sur l'enseigne de laquelle figurait un Maure qui jouait de la trompe.
Dans un registre beaucoup plus sérieux, dans l'une des rues qui mène à la Préfecture, la ville a souhaité rendre hommage à l'un de ses anciens Préfets, assassiné par des indépendantistes corses.
Et puis il y a, rue St Dizier, une superbe pharmacie bleue -là où traditionnellement on est habitué à voir du vert- dont j'espère bien que la façade toute en mosaïque est classée aux monuments historiques... même si un tel classement est bien souvent une gêne pour les propriétaires de tels biens qui ne peuvent en général effectuer la moindre rénovation qu'en respectant un cahier des charges très strict.