Avant de me rendre à l'exposition qui lui était consacrée, de la vie de Marie Laurencin je ne connaissais quasiment rien, mis à part le fait qu'elle avait été pendant un certain nombre d'années la compagne de Guillaume Apollinaire (au côté duquel le peintre Douanier Rousseau l'a représentée avant qu'elle ne se peigne elle même, à ses côtés, au milieu de leurs amis).
Et puis elle avait rompu avec Guillaume et épousé un Allemand peu avant la déclaration de la première guerre mondiale ... J'avais aussi découvert via la lecture du "journal à quatre mains" des soeurs Groult, qu'elle avait échangé un certain nombre de lettres avec leur mère.
De son oeuvre, je gardais surtout le souvenir de jeunes filles aux yeux sombre en amande et aux lèvres rose ou rouge qui ressortaient bien sur un visage parfaitement ovale au teint pâle. Beaucoup de fleurs, de fruits dans des tons pastels aussi ...
Et c'était tout.
Je remercie donc le Musée Marmottan-Monet d'avoir organisé cette grande rétrospective de son oeuvre. Sauf que... sauf que l'exposition m'a déçue. Enfin, pas l'exposition en tant que telle mais la manière dont l'art de ce peintre a peu évolué au fil du temps. Alors même qu'elle avait commencé à peindre en fréquentant assidument Matisse, Braque, Picasso... Mais elle avait assez vite évolué* vers, je cite : "... ses aquarelles vives et glacis pastel répètent indéfiniment le charme ambigu et hallucinant de « princesses » et de bêtes féériques,
de fleurs et d'adolescentes à la pâleur irréelle, saisies dans
l'instant d'une pose dansante par leurs regards muets comme ceux d'un
masque..."**
En sortant de l'exposition, après avoir vu ses oeuvres de jeunesse et celles de la fin de sa vie, j'ai eu le sentiment d'avoir vu et revu des variations autour d'un même thème: le portait de jeunes filles ou femmes, dont les traits, au fil des années, deviennent de plus en plus allégés, probablement au fur et à mesure que la vue de Marie Laurencin qui était myope faiblissait. Le hasard a voulu qu'en cherchant l'exposition permanente je visite les collections permanentes du Musée Marmottan-Monet où sont exposés d'autres impressionistes. Et bien, j'ai éprouvé plus de plaisir visuel à regarder les tableaux de Berthe Morisot que ceux de Marie Laurencin.
Dans les jours qui ont suivi, je n'ai en outre pas pu m'empêcher de relever les points communs qu'elle partageait avec Tamara de Lempicka. Ces deux femmes peintres contemporaines l'une de l'autre
- ont partagé la vie d'un certain nombre d'hommes tout en appréciant aussi la gente féminine (de manière beaucoup plus explicite pour Tamara)
- ont connu leur heure de gloire assez jeunes (l'une et l'autre entre les deux guerres mondiales)
- ont apprécié et activement participé à la vie mondaine de leur temps
- vécu des moments difficiles (parfois couplés à ce qu'on appellerait maintenant une dépression) liés à des exils plus ou moins volontaires: Marie en Espagne durant la première guerre mondiale, Tamara aux Etats-Unis, dont on retrouve trace dans leurs oeuvres,
- ont "figé leur art" lorsqu'elles ont nettement privilégié "les célébrités" de leur temps, celles de la littérature pour Marie et celles du monde du cinéma pour Tamara.
Moralité, là non plus je n'ai pas acheté le catalogue de l'exposition... mais j'ai désormais très envie de retourner au Musée Marmottan-Monet voir notamment les tableaux de Berthe Morisot et d'en savoir plus sur une autre femme peintre contemporaine de celle-ci: Suzanne Valadon
* à voir son autoportrait ou son Guillaume Apollinaire en égyptien, on aurait pu espérer plus d'évolutions
** voir le long et très documenté article: http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Laurencin
2 commentaires:
Je ne savais pas que Joe Dassin était aussi vieux, lui qui parlait de Marie Laurencin dans une de ses chansons...
Quoi? J'ai dit une bêtise?
:-)
D'abord Marwan, ce n'est pas lui qui a écrit les paroles de cette chanson!
Et puisque tu ironises sur cette chanson (un de ces slows mythiques sur lesquels ont dansé plein de couples) je lui consacre un billet :-)
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