Dans cette histoire centrée sur la famille élargie d'Octave dont les grands-parents étaient arrivés en Algérie après la Commune de Paris, une nouvelle étape commence avec la déclaration du général de Gaule relative à "la paix des braves" et au recours à la voie démocratique. Une approche qui ne convainc ni certains militaires, ni certains colons. Bien au contraire, les positions se radicalisent.
D'un côté il y a Casimir, le père d'Octave (que son épouse Noémie autorisé à revenir au sein du vaste domaine viticole à la tête duquel elle reste grâce aux banques et à la protection de l'armée), sa cousine Marianne qui a épousé Sauveur, Jacky l'avocat qui connaît depuis l'enfance les parents d'Octave, Alain le jeune appelé qui découvre, via un engagé, les sales côtés de la guerre, Baraka, l'ancien aide de camp d'Octave.
Et bien sur Octave qui a quitté l'armée et Samia sa compagne qui apprend que, même au Canada où ils se sont réfugiés, elle reste aux yeux des anciens libérateurs du joug nazi, une arabe, une "colorée".
Et de l'autre il y a les frères de Sauveur qui ne vont pas tarder à basculer dans le camp des opposants qui refusent violemment la politique de la main tendue prônée par de Gaulle, Bouzid le cousin de Samia, le commandant Loizeau, l'ancien chef d'Octave et aussi sa mère. Lors d'une conversation avec Alain elle n'hésite pas à dire ceci: " ... Ce pays ce sont nos pères et nos grands-pères qui l'ont fait de leurs mains et total voilà comment les arabes ils nous remercient! Il fallait être plus fermes avec eux dès le début. Ils sont comme des enfants. Quand ils ont fait des bêtises, il faut les punir sinon c'est eux qui nous tueront. Tous! On a toujours été trop bons avec eux!" Après quoi son chauffeur personnel ajoute: "Ils se soulèvent? C'est les instituteurs et les communistes qui leur mettent ça dans la tête... Les fellagha on n'en tuera jamais assez..."
Une BD de haute tenue tant au niveau dessin que scénario où l'histoire individuelle de ces hommes et ces femmes s'inscrit parfaitement dans un pan de l'histoire franco-algérienne.
Mention particulière à Jacky l'avocat de confession juive. Il raconte comment lui, dont les parents avaient acquis la nationalité française en 1870, qui avait fait la guerre 14-18 dont il était revenu médaillé, a été déchu de cette nationalité par les lois de Vichy, interdit d'exercer sa profession, tout comme les fonctionnaires juifs et vu ses enfants exclus de l'école. Il conclut qui n'oubliera jamais que s'il n'a pas été déporté ainsi que les autres membres de sa communauté, c'est à cause du débarquement anglo-américain en Afrique du nord.
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