"Berthe préfère l'enfance, l'adolescence, la jeunesse, aux destins de nourrices et de mères de famille, aux Junons et aux Dondons. Même lorsqu'elle peint des mères (...), ce sont des mères très jeunes presque encore des enfants.
Ses modèles de prédilection demeurent les jeunes filles, corps impubères de nymphettes, futures lolitas. Leurs corps fermes et souples, leurs parfums acidulés, leurs teints roses, évoquent moins les rondeurs de Boucher, d'Ingres, de Rubens, de Bouguereau, que les hardiesses de Fragonard -son ancêtre.
Dans son domaine, celui des corps de femmes, Morisot c'est même l'anti-Rubens. Un univers d'innocence et de fraîcheur où la vie, tour à tour cristalline et fruitée, ignore superbement le sexe -ses démons, ses vertiges."
"Ce qu'elle peint c'est un monde idéal. Un monde dont elle rêve. Un monde serein et doux, préservé des duretés de la vie. Un monde féminin et comme à fleur de peau, concentré dans le bonheur des instants, dans le mirage d'une éphémère plénitude.
Berthe Morisot ne peint pas ce qu'elle est, cette femme passionnée et combative, tendue vers un improbable et douloureux accomplissement. Elle peint ce qu'elle voudrait être, la femme paisible et détachée de tout, capable de se fondre dans le sourire d'un enfant, ou la caresse d'un rayon de soleil. Capable d'union, d'extase."
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