Julien,
mon grand-père maternel qui était né en 1889, je n'en garde qu'un seul souvenir: j'ai oublié son vrai visage mais je me rappelle qu'il était dans une grande salle ensoleillée malgré les rideaux qui avaient été tirés. Sans doute quelques semaines avant son décès à la mi juillet. Et c'est tout. Bien des années plus tard, ma mère m'a expliqué que, dans le lit à côté de celui de son père, il y avait un malade qui, pour exprimer et se faire entendre, devait appuyer sur un bouton placé sur sa gorge. Sans doute parce que j'ai été trop
choquée de voir cette scène et quelques autres, comme celle où mon grand-père était nourri avec une sonde directement raccordée à l'estomac. J'ai oublié ce moment là. Et il a fallu plus de 40 ans pour que je comprenne pourquoi, durant toute mon enfance, je détestais chez ma grand-mère m'essuyer les mains sur une serviette vert foncé. C'était une serviette de ce type qui était utilisée pour protéger les vêtements de mon grand-père lorsqu'il était nourri par sonde.
C'est probablement un cancer de la gorge qui l'a emporté. Pourtant il n'était pas à ma connaissance fumeur. Mais il avait fait la grande guerre et avait été blessé (gazé?) avant d'être évacué vers un hôpital militaire situé à Fécamp. Et une fois revenu à la vie civile, il avait repris son métier
d'agriculteur qu'il a exercé pendant des années. A t il , lui qui était pourtant hostile à toute forme de progrès (au point d'avoir, jusqu'à sa retraite, labouré avec un cheval, sans jamais acheter un tracteur?) malgré tout recouru à des produits phytosanitaires, dont on sait maintenant qu'ils ont fait et font encore des ravages chez les agriculteurs?
Tant de questions, de suppositions qui resteront sans réponse faute d'avoir osé questionner ma mère tant qu'elle était en vie.
Tant de questions, de suppositions qui resteront sans réponse faute d'avoir osé questionner ma mère tant qu'elle était en vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire