Il y a d'abord les faits décrits, dont le narrateur ne nous épargne aucun détail (il a du fortement s'inspirer des minutes du procès qui s'est ensuite tenu). Quand on lit d'autres commentaires de cet ouvrage sur le net, quelques lecteurs et lectrices avouent d'ailleurs avoir "calé" et n'avoir pas pu aller jusqu'à la fin. Et c'est vrai qu'il est difficile de lire ce bref récit qui dure un peu moins de trois heures, quasiment le temps du "calvaire" de ce jeune homme qui était aimé de son voisinage et le sera encore après. Sauf qu'entre temps il sera devenu aux yeux de ses anciens voisins qu'il avait auparavant souvent aidé, "le prussien": un homme que l'on lynche, torture jusqu'à le démembrer avant de le rôtir et le manger!
Ce jour-là il n'y aura guère qu'une poignée de personnes à essayer de l'aider, au péril de leur vie. En vain car personne, même pas les deux représentants du monde civil (le maire) ou religieux (le curé), n'arrivera à faire entendre raison à une foule devenue hystérique. C'est le premier d'ailleurs qui prononcera cette phrase fatidique "Mangez le" après que le second eut essayé de soûler la foule, non de mots, mais de vin en espérant les détourner de leur victime.
Et l'on se prend alors à songer à tous les massacres collectifs, parfois méthodiquement organisés jusqu'à les faire apparaître aux yeux de certains comme "normaux", perpétrés, notamment le siècle dernier, sous l'impulsion de poignées de fanatiques prompts à faire naître chez autrui la haine de l'étranger, de l'autre, fut il un voisin, un proche.
Au final, plus que l'horreur des faits décrits, ce qui fait le plus peur dans ce récit , c'est la certitude que cela pourrait se reproduire et que de nouveau certain(e)s pourraient dire ensuite: "Je ne savais pas" ou, comme cette fois là, "Je ne sais pas ce qui m'a pris"
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