Là bas de multiples désillusions les attendent. Beaucoup sont dues à la confrontation des différents regards sur ce pays ainsi que l'expliquent fort bien deux séries de vignettes, quasiment les mêmes, que commentent de façons fort différentes les protagonistes.
Il y a d'abord de l'officier qui fait partie des bureaux arabes. Voici ce qu'il dit.
"(...) Les bureaux arabes sont le trait d'union entre l'européen et l'indigène. Ils administrent les indigènes en conservant les structures créées par Abd el Kader et la plupart des chefs traditionnels.
Ce sont probablement ces officiers qui connaissent mieux la réalité indigène. Les arabes peuvent être vaillants et fidèles (...) mais lorsqu'on blesse leur orgueil et leur fierté, ils finissent un jour ou l'autre par se retourner contre nous pour nous jeter à la mer. Lorsqu'on sème l'injustice, on récolte la haine(...)"
Et puis il y a celle du journaliste installé là bas. Là la version est toute différente.
"(...) L'arabe ici n'existe pas! Ils sont morts de la famine il y a deux ans. Ceux qui restent sont des nomades errants. On ne peut pas traiter les bédouins comme ces malheureux peaux-rouges (...) Il ne faut pas compter sur eux pour mettre en valeur l'Algérie.
Les Arabes, c'est un mythe à l'aide duquel les militaires veulent maintenir leur autorité. C'est une invention des bureaux arabes les officiers administrent ce pays à la façon des grands caïds dont ils appliquent le régime féodal: justice sommaire, décisions arbitraires, pots-de-vin (bakchich, comme on dit ici)..."
Au final, Victor le héros de ce volume et Amélie resteront en Algérie, tout comme leurs enfants. Mais les dernières pages montrent bien combien cette installation, aux forceps, sur des terres autrefois possédée par les Algériens aux-même, est difficile et précaire. Moins de 100 ans plus tard, leurs petits-enfants devront retourner en métropole.
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