La lecture du jugement qui a condamné un couple qui, après avoir adopté deux petits garçons africains, les a abandonnés m'a ramené des années en arrière, du temps où je m'occupais de ces enfants qu'on appelait les "pupilles de l'Etat"* et n'avaient plus de parents. Parmi eux, il y avait Narcisso, enfin ça c'était son prénom de naissance, celui que sa mère brésilienne lui avait donné avant que, quelques années plus tard, ses parents français lui en donnent un autre lorsqu'ils l'avaient adopté... avant de l'abandonner à leur tour: un autre échec d'adoption internationale, comme il y en avait déjà eu et qu'il y en aura encore malgré tout l'accompagnement qui existe et reste bien fragile face à la dureté de certaines histoires.
Le couple qui avait déjà des enfants était parti au Brésil afin d'adopter un bébé. Là un magistrat leur avait "forcé la main" en leur demandant d'adopter Narciso, un enfant des rues, qui avait déjà une dizaine d'années, seule manière selon lui qu'il puisse d'échapper aux gangs et à la mort. Le couple avait accepté. Au départ, les choses s'étaient bien passées. Mais, petit à petit, lorsque l'enfant était entré en adolescence, ça avait dégénéré au point que les parents avaient abandonné Narciso aux bons soins de l'aide sociale à l'enfance. C'est elle qui a reconstitué le parcours de Narciso qui suit.
La mère biologique de Narciso l'avait abandonné dès sa naissance et il avait été élevé par sa tante, une prostituée qui s'en était occupé tant que ses clients avaient toléré la présence de l'enfant. Après, elle l'a abandonné à son tour. Entretemps, l'enfant avait non seulement fort bien compris la nature du travail de sa tante mais assisté à un meurtre et probablement été violé. Ces deux derniers "détails" n'ont été connus que bien des années après l'adoption puis le nouvel abandon, lorsque Narciso a été entendu par psychologues et psychiatres, qui n'ont rien pu de plus pour lui: "...inaccessible aux soins..."
La dernière fois que j'ai eu des nouvelles de Narciso, il avait un peu plus de 16 ans. Après avoir fait le tour de France des "lieux de vie", ces structures qui acceptent d'accueillir les enfants de l'ASE qui ont du mal à supporter les familles d’accueil "classiques", il en avait fugué après avoir volé, une fois de plus, le propriétaire des lieux. Il était désormais au mitard de la prison des mineurs car il avait cassé la figure au gardien intervenu pour défendre l'infirmière que venait d'agresser Narciso. Bien des années après ces faits, est-il toujours en vie ou a t il été tué dans une bagarre et des suites de maladie car il faisait partie, ce qui n'est guère étonnant, de ces jeunes qui multiplient les pratiques à risques, je n'en sais rien .
* A ne pas confondre avec les "enfants de la DDASS" qui étaient les enfants confiés au service de l'aide sociale à l'enfance, avant que celui-ci ne soit rattaché au Conseil général.
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