Voilà un beau livre, que j'avais failli acheter d'abord à sa sortie à cause de la couverture et du titre, puis lorsqu'il a été récompensé à Angoulême et enfin lorsque le film qui en est l'adaptation est sorti. Mais ce sont d'autres livres et BD qui ont alors eu la priorité. Grâce soit donc rendu à n°3 qui me l'a offert pour mon anniversaire.
Qu'en dire... tout d'abord que même si j'avais beaucoup aimé le film "La graine et la mulet" réalisé par le même cinéaste que celui qui a porté cette BD à l'écran (quoique il semblerait qu'il y ait des différences, à commencer par le titre, le prénom de l'une des héroïnes et probablement la fin) je n'ai pas envie d'aller le voir et de prendre le risque de comparer l'un à l'autre.
L'histoire est poignante: elle est racontée sous forme de flash-back lorsque Emma, la compagne de Clémence (Adèle dans le film) lit, après le décès de cette dernière, les journaux intimes qu'elle a tenus depuis ses 15 ans. Un journal intime dont l'auteure de la BD sait nous donner l'essentiel qu'elle illustre de manière délicate. Il y a la première fois où Clémence, alors qu'elle se rend à son premier RV amoureux avec un certain Thomas, croise pour la première fois sur la grand place de Lille Emma qui est alors la compagne de Sabine.
Puis les premières phrases échangées dans un bar lesbien où elle est rentrée par hasard après que son meilleur ami Valentin l'ait un peu oubliée un soir où il l'avait emmenée dans un quartier de bars homosexuels...Mais je ne raconterai pas toute cette histoire belle, mais triste, d'amour, avec de belles scènes d'intimité* .
Une histoire d'amour pas facile à assumer et vivre au grand jour pour Clémence.
Et cela dès le début car Clémence, au sortir de l'adolescence, a bien du mal à accepter que, même si elle a de bons et même très bons amis (comme Valentin, un jeune homme adorable) elle préfère une femme: Emma. Surtout que son environnement amical et surtout familial rejette cette idée. Mention spéciale aux 4 planches par lesquelles Julie Maroh raconte, juste en images et sans aucun dialogue, comment les parents de Clémence découvrent l'homosexualité de leur fille et les jettent dehors, elle et Emma.
Plus tard, beaucoup plus tard, là où Emma est une militante qui revendique ouvertement ses choix sexuels, Clémence continue de penser qu'il s'agit là de quelque chose qui relève de l'intime. Emma découvrira tard, trop tard, combien Clémence, sa compagne a souffert durant toutes ces années, même celles où elles ont vécu ensemble.
* que moi qui suit pourtant clairement hétéro, et alors même que nos deux héroïnes ont plutôt des silhouettes androgynes, j'ai trouvé très sensuelles.
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