Tamara de Lempicka, je croyais la connaître depuis avoir vu la reproduction d'un de ses tableaux (voir ci dessous) dans le livre publié en France en 2006, "les femmes qui lisent sont dangereuses". Double erreur! D'une part ladite reproduction figurait dans le livre paru en 2011 "les femmes qui lisent sont de plus en plus dangereuses". Et surtout j'avais eu l'occasion de regarder l'original au Musée de Nantes (lequel est, pour encore quelques années, fermé pour rénovation).
J'aurais d'ailleurs du relire avant d'acheter mon billet ce qui était écrit dans la note qui accompagnait l'oeuvre. On devinait à demi mots une partie de ce qui m'a déplu dans cette exposition (où ne figurait d'ailleurs pas ce tableau).
Le titre de la note était: "Lolita lit à Paris". Lolita? Oui, la personne en robe rose pâle qui lit n'était autre que sa fille Kizette qui avait alors... non, pas 16 ou 17 ans mais 7! Et ce n'était pas la première fois -ni la dernière- que Tamara de Lempicka représentait de jeunes enfants de manière fort ambiguë: des corps d'enfants ou de très jeunes adolescentes avec de tels regards qu'on ne peut que regarder la posture du corps, le jeu des mains... d'une étrange manière. Un critique d'art qualifiera même en 1928 sa manière de peindre de "ingrisme pervers".
L'artiste possède, notamment dans ses toiles de la grandes époque (celle qui va des années 1925 à 1935) un art bien à elle de traduire le velouté des chairs au delà d'un tracé assez sec car issu du courant cubiste. Cela se ressent notamment lorsqu'elle peint des nus, essentiellement féminins car la Dame, bien que mariée deux fois, n'avait jamais caché ce qu'on appellerait maintenant sa bisexualité. Rafaëlle, la jeune femme représentée ci-dessous a été l'une de ses maîtresses. A noter, l'éclairage très soigné, avec une alternance de zones claires et sombres. Normal, l'exposition nous apprend qu'il a été réalisé en utilisant des spots de studio photo.
En fait le titre du présent billet est un brin erroné. C'est la personne que je n'ai pas aimé (une femme un peu manipulatrice -voir notamment comment elle a cherché à s'approcher de Gabriele D'Annuzio afin d'en faire le portrait et de profiter de sa célébrité) et non l'exposition. Une artiste au sujet de laquelle on lit: "... peintre polonaise la plus célèbre de la période Art déco.
Brillante, belle et audacieuse, inclassable, mystérieuse et
contradictoire, elle a fait de sa vie une succession de mises en scène
très élaborées. Elle prône le luxe et la modernité...."*
La preuve avec cet autoportrait où elle se représente au volant d'un Bugatti. Ou bien encore l'introduction d'éléments de modernité (voir le" nu au Building") au point que certaines de ces oeuvres seront reprises en couverture de magazines de mode.
Quant à l'exposition, grâce doit donc être rendue au directeur de la Pinacothèque de Paris et à la commissaire italienne** d'avoir su présenter d'autres oeuvres que celles que l'on montre lorsqu'il s'agit d’illustrer les années folles et le courant de l'Art Déco. Je pense à la fois aux portraits de jeunesse, avant qu'elle ne fasse partie de la "jet-set" de l'époque ou bien encore aux oeuvres qui ont suivi son remariage en 1933 (qui a coïncidé avec le début d'une probable dépression) et son départ aux Etats-Unis en 1939. Avec les mendiants, madones et les natures mortes***, ont est loin, très loin des sujets peints durant les années folles. Là est peut-être la source de mon malaise: apprécier le talent de la peintre durant les années où elle avait tout d'une artiste mondaine - le genre de personnage que je n'apprécie guère - et caler lorsque son art a perdu ce qui faisait sa spécificité
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Tamara_de_Lempicka** Marc Restellini et Gioia Mori
*** où apparaissent un certain nombre d'arums pour lesquels "... leur morphologie particulière confère indiscutablement (...) une connotation sexuelle..."
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