En allant voir cette exposition, surtout ne pas oublier que son titre complet est "Les bas-fonds du Baroque, la Rome du vice et de la misère". En effet si on retient en général qu'à l'époque baroque, des chefs-d'oeuvre, tant en peinture qu'en sculpture, ont été produits dans cette ville à la fois marquée par l'Antiquité romaine et la religion chrétienne, il ne faudrait pas pour autant oublier que l'envers du décor était beaucoup moins beau. J'en veux pour preuve deux tableaux vus à cette exposition:
- sur l'un on voit une statue antique un peu noyée sous les broussailles et en dessous de laquelle la posture de l'homme ne laisse aucun doute: il est en train d'uriner
- sur celui de Claude Gelée dit Le Lorrain, si le regard est tout d'abord attiré tout en haut par les pierres blanches d'un monument (une église? un monastère?) qui se détachent bien sur le ciel bleu, c'est probablement pour essayer de faire oublier qu'en bas du tableau, dans la partie sombre, une mère maquerelle est en train de monnayer les charmes de prostituées.
Et oui, cette Rome du XVIIème siècle où nombre d'artistes sont venus séjourner, parfois dans des chambres mises à leur disposition par des couvents, comportait aussi sa part de ruelles remplies de musiciens, de buveurs et de tricheurs, de courtisanes et de diseuses de bonne aventure...que l'on retrouve sur les tableaux du Baroque où se mêlent ombre et lumière.
Qu'en retenir? Peut-être deux termes:
- celui de « Bentvueghels » ou « Oiseaux de la bande ». Ce mot recouvre les nombreux artistes venus d’Europe du Nord qui se retrouvaient au sein d’une société secrète, laquelle était placée sous la protection de Bacchus, dieu du vin... mais aussi semble t il de l’inspiration artistique.
- la « fica ». Il y était régulièrement fait référence au sein des commentaires et moi, femme de l'Ouest de la France ne parlant pas un traite mot d'italien, je ne comprenais pas à quoi il était fait allusion jusqu'à ce que une petite explication me précise que, à l'époque (et peut être encore maintenant) dans le Sud, mettre son pouce entre deux doigts du milieu de la main était un geste obscène et insultant.
Qu'ajouter de plus? Que la mise en scène, qui suppose à un moment de passer par une succession de salles de taille moyenne ornée de miroirs comme les palais de ce temps-là est assez intéressante... beaucoup plus intéressante que la visite de la salle 25, au 1er étage, où sont exposés d'autres oeuvres de Claude Le Lorrain issues des réserves: des gravures... à réserver donc aux passionnés.
PS: Pour la petite histoire, le jeune homme au chat à la posture d'Odalisque était la propriété de Catherine de Suède qui, vu le caractère assez spécial de l'oeuvre, la tenait cachée derrière une tenture qu'elle n'ouvrait que pour certaines personnes.