lundi 11 mars 2019

Dernières BD lues: "Le premier homme" par Jacques Ferrandez

BD lue en novembre 2017 et relue à l'occasion de la préparation de ce billet... tout en consultant  ce qui est écrit sur le Net au sujet du livre posthume de Camus.
Mes impressions de l'automne 2017: Un vrai plaisir à lire, pour le plaisir des yeux et pour le contenu qui donne très envie d'acheter ce roman autobiographique inachevé de Camus

Pour le dessin, Ferrandez fait partie de ceux qui ne m'ont jamais déçue: un trait réaliste épuré et une palette de couleurs superbe avec ces bleus & ocres bien à lui Quant à l'histoire, très inspirée de la propre enfance de Camus,
- il y a des passages émouvants, par exemple quand il parle de sa mère, quasi sourde, analphabète et qui, même pas après 5 ans de mariage, s'est retrouvée veuve, complètement soumise à sa mère, une forte femme qui dirigeait toute la maisonnée d'une poigne de fer, en n'hésitant pas à châtier son petit fils à coups de nerf de boeuf! La mère de Camus aurait pu "refaire sa vie" avec un homme qui était tombé amoureux d'elle, mais ni sa mère si son frère ne l'ont accepté.
-...mais aussi poignants lorsqu'il évoque la honte qu'il a éprouvé lorsqu'en 6ème il a fallu les documents relatifs à ses parents, la honte de devoir écrire que sa mère était, non pas "ménagère" (maintenant on dirait femme au foyer) mais domestique et servait de personnes qui auraient pu être  les parents des autres enfants de sa classe)... et ensuite avoir eu honte d'avoir eu honte de sa réaction. Un sentiment qui s'est renouvelé le soir quand il a du faire signer des documents à sa mère
Bien des mois plus tard, ce sont d'autres éléments qui me viennent à l'esprit: comme sa quête du père, de l'histoire de ce père qu'il n'a jamais connu, mais aussi derrière elle celle des colons venus s'installer en Algérie et qui s'y sont fait une place -souvent aux dépends de leurs habitants- Il y a aussi cet attachement charnel à la terre de son enfance (ses odeurs, couleurs, saveurs... ) lui qui pendant des années à préféré la fuir.  
Le livre, pardon la BD, se termine par ces phrases: l'espoir que ce qui "pendant tant d'années l'avait soulevé au dessus des jours, nourri sans mesure, lui fournirait aussi, et de la même générosité inlassable qu'elle lui avait donné des raisons de vivre, des raisons de vieillir et de mourir sans révolte"   

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