Même si cet album a reçu à Angoulême en 2015 le "fauve d'or", je l'avais loupée cette BD. Il faut dire que le graphisme n'est pas celui dont je raffole, tout en reconnaissant à l'auteur un indéniable talent pour passer beaucoup de choses en quelques traits, comme par exemple le tic qu'à son père de se passer le doigt sous le nez quand il y a quelque chose qui cloche, montrant bien que, très tôt, l'enfant, même si il vénérait son père, n'était au final pas dupe.
Après Marjane Satrapi dont on avait lu avec délectation les années d'enfance, d'adolescence et de jeune adulte dans une famille intellectuelle en Iran, voici celle de Riad, petit garçon blond né des amours de Clémentine la Bretonne avec Abdel-Razak le Syrien venu faire ses études en France... avant de repartir, une fois son doctorat en poche, non pas dans une université européenne -comme aurait aimé sa femme- mais en Libye, puis en Syrie.
Et oui, le père de Riad, Abdel-Razak est obsédé par le panarabisme et vit dans le culte des grands dictateurs arabes au point d'embarquer femme et enfants dans des pays ... où en plus tradition et religion pèsent lourd. Le livre regorge de petits détails qui décrivent bien ce qu'était la vie quotidienne là-bas . Ainsi en Libye cette notion de logements sans serrure de façon à ce que chacun puisse en avoir un... ce qui oblige à toujours laisser quelqu'un chez soi et tirer le loquet pour s'assurer de ne pas être délogé. Ou bien en Syrie où il ne fait pas bon être un chien, cet être impur avec lequel on "joue" comme si c'était un ballon de foot, avant de l'embrocher avec une fourche et le décapiter avec une pelle.
Au delà de toutes ses petites scènes, en tant que femme, je n'ai pu m'empêcher de me poser la question de savoir combien de temps la mère de Riad va encore supporter le conservatisme de son mari qui, malgré toutes les études qu'il a pu faire, est un rêveur macho et lâche qui est plus proche de ses frères et cousins restés au pays et soumis aux traditions laïques ou religieuses que de l'arabe du futur .
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