mercredi 24 avril 2019

Monsieur de Sainte-Colombe nous a quittés

Il était connu pour incarner les grandes gueules, je pense notamment au film "les galettes de Pont-Aven" ou à "coup de torchon". Ce n'est pas dans ce registre là que je l'ai préféré mais dans "Tous les matins du monde" où il interprétait un Monsieur de Sainte-Colombe tout en retenue.
Un rôle par certains côtés assez proche de sa discrétion naturelle quand il s'agissait de parler de lui. Mais c'est un peu normal pour quelqu'un qui dans son autobiographie avait écrit
« Déballer sa vie sentimentale, ses penchants sexuels, ses tourments, comme le tripier ses produits sur son étal, me paraît le comble de l'obscénité. »
Il est mort à 87 ans. Officiellement d'une longue maladie, plus probablement des suites de la maladie d'Alzheimer dont les 1ères atteintes se faisaient sentir lors d'une interview de juin 2012. Ce qui ne l'avait pas empêché de tenir un rôle dans un certain nombre aussi bien sur la scène qu'à l'écran.
La petite bande des "Grands Ducs" est maintenant reconstituée.

samedi 13 avril 2019

Retour d'exposition: "Clémenceau"

Plus que l'exposition en tant que telle, c'est la découverte de ce qui a été la dernière résidence parisienne du Tigre que je retiens de cette visite. En effet un certain nombre de caricatures avaient été plus ou moins vues lors d'une exposition temporaire que j'avais vue en décembre dernier au Panthéon
Là, via quelques salles à l'étage on re-balaye la riche vie de Clémenceau le Tigre dont on ne retient bien souvent que l'image du vieux grand-père allant sur le front... ou du briseur de grèves. Alors que l'homme a été beaucoup plus que cela
- un passionné d'Asie
- un homme bilingue qui a épousé une américaine* rencontrée alors qu'il enseignait aux Etats-Unis
-un amateur d'art qui a notamment beaucoup soutenu et aidé les impressionniste et plus particulièrement Monet à cause de qui il se battit en duel et dont il obtient que "les Nymphéas" soient exposés au musée de l'Orangerie
Son ancien appartement se situe juste en dessous des salles d'exposition et c'est particulièrement émouvant de voir quel a été son cadre de vie de 1896 à 1929
* Pour eux 2 l'histoire s'est mal terminée et l'attitude de Clémenceau est peu glorieuse "Sa femme ayant une liaison avec son jeune secrétaire précepteur des enfants, il fait constater l'adultère et l'envoie brutalement quinze jours dans la prison Saint-Lazare pour adultère (alors qu'il a eu lui-même de nombreuses liaisons féminines) et pendant cette incarcération demande et obtient le divorce avant de la renvoyer brutalement aux États-Unis en ayant en outre obtenu qu'elle perde la garde de ses enfants et la nationalité française. "

vendredi 12 avril 2019

Retour d'exposition: "Le modèle noir" au Musée d'Orsay

Ce qu'en dit le site du Musée:
"En adoptant une approche multidisciplinaire, entre histoire de l'art et histoire des idées, cette exposition se penche sur des problématiques esthétiques, politiques, sociales et raciales ainsi que sur l'imaginaire que révèle la représentation des figures noires dans les arts visuels, de l'abolition de l'esclavage en France (1794) à nos jours. Tout en proposant une perspective continue, elle s'arrête plus particulièrement sur trois périodes clé : l'ère de l'abolition (1794-1848), la période de la Nouvelle peinture jusqu'à la découverte par Matisse de la Renaissance de Harlem et les débuts de l'avant-garde du XXe siècle et les générations successives d'artistes post-guerre et contemporains."
Ce que j'en ai retenu: Plus que les éléments historiques, c'est la manière dont les artistes ont, au fil du temps, représenté les modèles noirs qui a retenu mon attention. Et j'ai tout particulièrement apprécié le travail qui a été réalisé pour leur redonner un nom. Effort d'autant plus méritoire que ce n'est qu'au XXème siècle que l'on a commencé à "créditer" les modèles, quelle que soit la couleur de leur peau.
Petit moment d'émotion aussi lorsqu'est apparue Jeanne Duval, photographiée par Nadar, peinte par Manet et qui fut longtemps la muse de Baudelaire. Une histoire pas simple que la leur que résume ainsi le site wikipédia: "(...) de longues années de cohabitations, de séparations, de ruptures et de réconciliations."  Au final on ne connait d'elle ni sa date de naissance, ni celle de son décès.On n'est même pas certain de son apparence physique. Et si on dispose d'un certain nombre d'écrits de Baudelaire la concernant, toutes les lettres qu'elle a adressées au poète ont été détruites par la mère de Baudelaire. 
Ci contre, non par un buste de Jeanne mais une anonyme femme (Capresse) des colonies immortalisée par Charles Cordier qui a juxtaposé onyx et bronze patiné et doré

jeudi 11 avril 2019

Retour d'exposition: "Toutankhamon" à la grande Halle de la Villette

LA grande* exposition en cours... pour encore quelques mois. Un exposition très courue qu'il vaut mieux visiter, lorsqu'on en a la possibilité, en dehors du mercredi ou des périodes de vacances scolaire car il y a beaucoup de monde et notamment de jeunes enfants dont certains ne comprennent pas l'intérêt de l'exposition.
Ce 1er coup de patte mis à part, on y voit de très beaux objets (enfin quand on arrive à se faufiler entre les visiteurs armés de leur téléphone et qui immortalisent à tout va alors que les conditions de lumière sont loin d'être idéales) dans un état de conservation fabuleux si l'on se réfère à leur âge. Certes ils n'ont émergé (après plus de 3000 ans protégés, notamment des pillards**, par le sable) qu'il n'y a que cent ans...
Grâce doit être rendue à ceux qui les ont sortis de leur cachette, petit à petit, après les avoir référencés et avant de les expédier en lieu sur. Et dieu sait si les conditions de vie sur le site n'étaient pas simples, pour les archéologues mais encore plus pour les ouvriers.
* 150 objets, avec quelques pièces majeures absentes car beaucoup trop fragiles pour quitter l'Egypte, sur les 5000 quiont été découvertes
** Protégé aussi par le fait qu'une fois mort, le nom de Toutankhamon et ce qui rattachaient à lui ont été effacés.
voir: http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/pourquoi-l-histoire-de-toutankhamon-a-ete-oubliee-pendant-plusieurs-millenaires-23-03-2019-8038032.php

mercredi 10 avril 2019

Retour d'exposition: "Doisneau & la musique" à la Cité de la Musique



Doisneau et la musique, j'en étais restée à ses photos avec Maurice Bacquet. Et j'avais tort!
On peut en voir un certain nombre de ces photos, avec notamment quasi une salle entière réservée à cette collaboration qui a duré des années, les 2 compères ayant pas mal bourlingué, en France comme aux USA pour réaliser certains clichés. Au point qu'il n'est pas évident d'en sélectionner pour illustrer leur travail en commun! Une moins connue peut-être?
Mais j'ai découvert d'autres aspects du travail de Doisneau. Par exemple, ses clichés plus anciens, juste après la seconde guerre mondiale, de ceux qui le rattachent à 100% au courant de la "photographie humaniste", lorsqu'il arpentait aussi bien les quartiers populaires (n'hésitant pas à suivre plusieurs jours d'affilée un duo composé d'une chanteuse assez bien en chair qu'accompagnait à l'accordéon une jeune et mince jeune femme vers laquelle tous les regards se tournaient) que les personnalités montantes à la demande de la revue Vogue.
Et puis j'ai oublié l'amitié qui a uni Doisneau et Prévert...  Prévert le poète, dont certains textes ont été mis en musique. Ce qui permet de visualiser un certain nombre de photos sur la thématique: "un parolier &un compositeur de musique à la recherche du succès" ... qui se fait attendre et est illustrée par des photos d'interprètes très connus. Par exemple Bourvil ou Montand (mais aussi d'autres) tous très naturels sur la photo car, par la magie du Rolleiflex qui se porte à hauteur de nombril et tandis que le photographe ne les regardent, ils ne pensent pas poser.
Et surtout, j'ai découvert que Doisneau a aussi immortalisé la jeune génération qui avait l'âge d'être ses enfants comme ... par ordre alphabétique: Higelin, Renaud, les Rita Mitsouko...dont il aréalisé les pochettes de disques

mardi 9 avril 2019

Retour d'exposition: "Hammershoi" au Musée Jacquemart-André

L'un des compte-rendus publiés à l'occasion de cette nouvelle exposition temporaire évoque des intérieurs silencieux. Personnellement j'ajouterai volontiers l'adjectif "mélancolique" car c'est bien ce sentiment que l'on ressent à la vue de ses intérieurs vides*  où figure parfois la silhouette d’une femme de dos**, dans des gammes de gris et de blanc***.
*Des intérieurs vides qui correspondent souvent à des vues de son propre appartement mais dont il ne fait pas figurer, sur la toile, certains éléments décoratifs. C'est ce qui ressort de la comparaison entre certaines toiles et les photographies de son intérieur. Des "épures" de logement en quelque sorte où de loin en loin figurent une coupelle, une tasse, une fleur en pot.
** Une femme qui est en fait très souvent Ida, sa propre femme, laquelle pose souvent de dos.  C'est d'ailleurs l'un de ses portraits, de dos, qui figure dans les collections du Musée d'Orsay qui l'ont prêté à l'occasion de cette rétrospective. La 1ère qui se tient en France et donne l'occasion d'admirer des oeuvres disséminées dans des musées danois (pays dont est originaire le peintre) ou suédois, voire au sein de collections privées. Petite anecdote en passant: il est probable que, pour le 1er portrait de sa femme, il ait beaucoup travaillé à partir d'une photographie de cette dernière car même si ils étaient fiancés lorsqu'il a réalisé en 1890 son portrait, il était inconvenant qu'une femme, même chaperonnée pose pour un peintre.
à noter que lorsque plusieurs personnages figurent sur un tableau (ici Ida entourée de ses 2 belles-soeurs) , non seulement ils ne se regardent jamais les uns les autres, mais il est exceptionnel qu'ils regardent vers le peintre: des personnes isolées chacune dans leur monde.

*** un monde dans un nuancier de gris et blanc... avec des taches noires: les robes de sa femme qui porte souvent un long tablier blanc.. et puis quand on y regarde bien, des tons bleutés, ocrés...mais toujours noyés dans une lumière blanche ou gris très clair. Même si le peintre a parfois été comparé à Veermer ce dernier utilise une palette de couleurs beaucoup plus riche.
Pour conclure ce billet, deux oeuvres jumelles puisqu'elles représentent le même sujet: une fenêtre traversée par la lumière et une porte. Malgré ce qui a été écrit plus haut au sujet de la prédominance de gris dans l'oeuvre du peintre, c'est le tableau de gauche qui figure à l'exposition. Mais je n'ai pu m'empêcher d'ajouter le tableau de droite,à cause de son titre: "danse de la poussière dans la lumière du soleil" car la lumière c'est aussi l'une des thématiques fétiches de Hammershoi.