mardi 31 janvier 2012

"W ou le souvenir d'enfance" de Georges Perec (3)

Parmi les quelques souvenirs de son enfance qu'il raconte, Georges Perec mentionne trois livres, très différents qui l'ont marqué: "le tour du monde d'un petit Parisien", "Michaël, chien de cirque" et "Vingt ans après".
L'occasion rêvée pour expliquer ce que représente pour lui la lecture.

"(...) les mots étaient à leur place, les livres racontaient des histoires; on pouvait suivre; on pouvait relire, et, relisant, retrouver, magnifiée par la certitude qu'on avait de les retrouver, l'impression qu'on avait d'abord éprouvée: ce plaisir ne s'est jamais tari (...) je relis les livres que j'aime et j'aime les livres que je relis, et chaque fois avec la même jouissance, que je relise vingt pages, trois chapitres ou le livre entier: celle d'une complicité, d'une connivence, ou plus encore, au-delà, celle d'une parenté enfin retrouvée. (...)"

lundi 30 janvier 2012

"W ou le souvenir d'enfance" de Georges Perec (2)

Désespoir et espoir sur l'île de W
... mais est ce bien uniquement à W? En effet, ce que décrit Georges Pérec comme étant ressenti par les "sportifs" de son île imaginaire, n'est ce pas aussi ce qu'ont pu éprouver tous ceux et celles qui un jour ont été enfermés dans des camps de concentration ou même de re-éducation tels qu'il a pu en exister au Cambodge du temps des Khmers rouges?

Ne plus espérer?
"... Comment expliquer que ce qu'il découvre n'est pas quelque chose d'épouvantable, n'est pas un cauchemar, n'est pas quelque chose dont il va se réveiller brusquement, quelque chose qu'il va chasser de son esprit, comment expliquer que c'est cela la vie, la vie réelle, que c'est cela qu'il y aura tous les jours, que c'est cela qui existe et rien d'autre, qu'il est inutile de croire que quelque chose d'autre existe, de faire semblant de croire à autre chose, que ce n'est même pas la peine d'essayer de déguiser cela, d'essayer de l'affubler, que ce n'est même pas la peine de faire semblant de croire à quelque chose qu'il y aurait derrière cela, ou au dessous, ou au dessus. Il y a cela et c'est tout. (...)"

Espérer encore
"... Mais même les plus anciens des Athlètes,(...), même ceux-là croient encore qu'il y a autre chose, que le ciel peut être plus bleu, la soupe meilleure, la Loi moins dure, croient que le mérite sera récompensé, croient que la victoire leur sourira et qu'elle sera belle.(...)"

dimanche 29 janvier 2012

"W ou le souvenir d'enfance" de Georges Perec (1)

De Georges Perec, je n'avais lu jusqu'à présent que "la vie, mode d'emploi" qui avait passionné l'ancienne amateur de puzzles et "les choses" avec lequel j'avais peu accroché (peut-être étais-je alors trop jeune pour le lire). Et puis j'ai trouvé celui-là dans la bibliothèque des enfants. Et j'ai bien aimé, même si j'ai eu un peu de mal avec sa structure bizarre avec l'histoire de Gaspard Winkler et de l'île de "W" qui alternent avec les chapitres où Georges Perrec raconte un peu de son enfance.

Raconte - t-il d'ailleurs vraiment son enfance ou les bribes de souvenirs qu'il confie ne sont-elles pas un prétexte pour faire connaître "W"?
Un "W" qui pourrait renvoyer à l'histoire de Gaspard Winkler lequel, après avoir pris l'identité d'un enfant sourd-muet disparu, s'en serait allé le rechercher, quelque part dans l'une des multiples îles de la terre de feu?
A moins que ce ne soit la description d'une île située dans cette même région, une île surprenante avec son organisation axée uniquement autour du sport. Une île dont on s'aperçoit, chapitre après chapitre, qu'elle correspond en réalité à un immense camp de concentration? Une description qui fait peur, à cause des détails qui y sont mentionnés mais aussi parce que Georges Perec a rédigée cette histoire vers 1946, alors qu'il avait 12 ou 13 ans.

Il faut alors relire quelques lignes qui figurent au premier tiers de l'ouvrage:
"... j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leurs corps; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture: leur souvenir est mort à l'écriture; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie."

samedi 28 janvier 2012

La nouvelle doyenne des Français

Elle s'appelle Marie-Thérèse Bardet et vit en Loire-Atlantique. Sa particularité? Comme elle est née en 1898, avec ses 113 ans elle est devenue la doyenne des Français... et même la doyenne des Européens.

Même si l'article de presse par lequel j'ai connu cette dame ne manquait pas de signaler que, jusqu'à l'an dernier, elle était encore très dynamique au point de parfois se lancer sur la piste lors des thés dansants, je ne sais si je dois souhaiter à ma grande qui fête aujourd'hui ses 25ans de vivre aussi longtemps. En effet la bonne forme physique de Mme Bardet reste a priori assez rare.

A priori, car les études sur l'état de santé des centenaires et de ce qu'on appelle les super-centenaires (plus de 110 ans) sont rares* On y apprend que ce sont en général des individus anciennement robustes qui ont su triompher des épreuves qu'ils ont vécues. Un bémol: seulement 35 % des femmes centenaires sont exemptes de suspicion de démence sénile**

Une maladie dont ne souffre pas Marie-Thérèse. Mais elle n’entend plus et parle peu. Ce qui ne l'empêche pas de communiquer via quelques gestes tendres avec le personnel.
Des gestes qui ne manquent pas d'étonner son fils, né en 1922 et qui vit dans le même établissement pour personnes âgées que sa mère. Ne dit il pas d'elle: « Maman, c’est un tempérament. Elle n’a jamais été très liante. Prendre ses petits enfants sur ses genoux pour leur faire des câlins ? C’est pas le style ! ».
Affaire d'époque sans doute car au début de ce siècle, il était peu fréquent de voir les parents manifester leur attachement à leurs enfants et petits-enfants.

< * La seule référence française "récente" trouvée sur le net est une étude publiée en ... 2003.
Une étude publiée en 2009 sur les super centenaires japonais indique que 105 ans semble être un cap au delà duquel un certain nombre de fragilités se manifestent
** Elles souffrent en outre plus souvent que les hommes du même âge de troubles ostéo-articulaires

vendredi 27 janvier 2012

Simon and Garfunkel - Old Friends

Un très jolie chanson sur les amitiés qui durent toute une vie
Chose étonnante, il y est question d'amis âgés de 70ans, l'âge qu'ont atteint l'automne dernier Simon & Garfunkel.

Old friends, old friends,
Sat on their parkbench like bookends
A newspaper blown through the grass
Falls on the round toes
of the high shoes of the old friends

Old friends, winter companions, the old men
Lost in their overcoats, waiting for the sunset
The sounds of the city sifting through trees
Settle like dust on the shoulders of the old friends.

Can you imagine us years from today,
Sharing a parkbench quietly
How terribly strange to be seventy

Old friends, memory brushes the same years,
Silently sharing the same fears

Time it was
and what a
time it was
it was
A time of innocence
a time of confidences.

Long ago
it must be
I have a photograph
preserve your memories
hey're all that's left you.

jeudi 26 janvier 2012

Echos... (8)

Au départ, cette photo sur FaceBook m'a aussitôt fait penser -et je n'ai pas été la seule- à un tableau de Manet, "le balcon".
Et pourtant, que de différences:
Une photographie en noir et blanc contre un tableau impressionniste
Une fenêtre sans volet contre une fenêtre dont le vert des volets avait beaucoup agressé l'oeil des premiers visiteurs du Salon de 1869.
Une femme seule contre un portait de groupe
Une femme qui regarde attentivement au loin sur le côté contre des personnages qui regardent, légèrement absents un peu partout dans la rue.

Mais... Mais il y a le même angle gauche d'une fenêtre, la même pose du bras et surtout cette même capacité à retenir l'attention, alors même que les deux femmes regardent au loin!
Les deux femmes. Oui, car si dans le tableau de Manet, il y a 3 personnages principaux*, beaucoup ne voient que la jeune femme à gauche du tableau, celle qui deviendra plus tard elle même peintre et aussi la belle-soeur de Manet, Berthe Morisot.
Surprenant non, cette capacité de la mémoire de ne retenir d'un tableau qu'un quart de celui-ci, en oubliant complètement certains détails, comme le bleu de la cravate de l'homme, les gants jaunes qu'enfile l'autre jeune femme, ou le petit chien au pied de Berthe Morisot?

Chose étonnante, ce tableau de Manet est lui-même considéré comme l'écho d'un autre tableau, de Goya celui là: "majas au balcon" * Les deux autres personnages représentés étaient: Fanny Claus, une jeune violoniste et Antoine Guillemet, des intimes de Manet que l'histoire aurait complètement oublié sans ce tableau.

mercredi 25 janvier 2012

Avec Charles Mingus, une page d'histoire de la ségrégation aux Etats-Unis

En 1954, la NAACP (National Association for the Advancement of Coloured People) remporte une grande victoire devant la Cour suprême puisque cette dernière déclare que la ségrégation scolaire va à l’encontre de la Constitution. Cela n'empêche pas les Etats du Sud, dont l'Arkansas qui a alors Orval Faubus comme gouverneur, de se réfugier derrière leurs lois locales afin empêcher les élèves noirs d’intégrer les écoles blanches.
Dans la ville de Little Rock (Arkansas), quelques jours avant la rentrée des classes, sous prétexte d’éviter les violences, il fait appel à la garde nationale. Ce qui oblige le président Eisenhower à envoyer la troupe pour assurer la sécurité des neufs élèves noirs concernés. Entrés dans l'établissement le 25 septembre, ils y resteront tout le reste de l’année scolaire. Pas découragé, le gouverneur Faubus demande et obtient, au moins pour les lycées de Little Rock, la fermeture des écoles publiques pendant l’année 1958-1959. En fait, il faudra attendre 1970 pour que les écoles de Little Rock soient complètement «intégrées».
Cette même année, Charlie Mingus compose les "Fables of Faubus" dans lesquelles il dénonce les mœurs racistes de la société américaine.

A noter que ceci est la version musicale des "fables" dont il existe une version chantée dont les paroles furent longtemps interdites

"Oh, Lord, don't let 'em shoot us! Oh, Lord, don't let 'em stab us! Oh, Lord, don't let 'em tar and feather us! Oh, Lord, no more swastikas! Oh, Lord, no more Ku Klux Klan! Name me someone who's ridiculous, Dannie. Governor Faubus! Why is he so sick and ridiculous? He won't permit integrated schools. Then he's a fool! Boo! Nazi Fascist supremists! Boo! Ku Klux Klan (with your Jim Crow plan) Name me a handful that's ridiculous, Dannie Richmond. Faubus, Rockefeller, Eisenhower Why are they so sick and ridiculous? Two, four, six, eight: They brainwash and teach you hate. H-E-L-L-O, Hello."

mardi 24 janvier 2012

"Le petit bleu de l'ouest" par Manchette et Tardi

Le livre de Jean-Patrick Manchette est initialement sorti en 1976. Je ne l'ai jamais lu, freinée par sa réputation d'auteur violent.
Le film "Trois hommes à abattre" qui en a été tiré est sorti sur les écrans, quatre ans plus tard, en 1980. Appréciant peu le style d'Alain Delon, je n'ai pas cherché à le voir.
Tardi a attendu 2005, soit 10 ans après la mort de l'auteur, pour mettre en vignettes cette histoire. Bien qu'appréciant Tardi, la lecture de "Griffu" (avec déjà Manchette au scénario) m'avait trop marquée pour que j'ai envie de renouveler l'expérience.
Mais là il est ressorti cet automne via un coffret qui contient aussi deux autres opus du duo: "Ô dingos, ô châteaux" et "la position du tireur couché"... et j'ai franchi le pas. Et il est probable que je vais acheter les livres de Manchette

Pourquoi ce revirement?
Certes l'histoire est moins violente que les deux autres parues en BD, mais elle est tout aussi noire. Moins violente car il n'y a que trois morts en direct. Tout aussi noire, cependant.
Qu'y voit on?
Un récit encadré par deux fois les mêmes trois planches (mais avec des vignettes strictement inversées) pour introduire et conclure l'histoire de Georges Gerfaut. Il tourne la nuit à 140kms/heure sur le périphérique parisien alors qu'il bu plusieurs verres de bourbons et avalé deux cachets de somnifère. Mais il ne dort pas. Très vite on comprend que ce cadre amateur de jazz West Coast éprouve comme une sorte de nostalgie de la très bizarre parenthèse de sa vie qui s'est déroulée quelques temps auparavant. Une parenthèse commencée lorsqu'il a conduit à l'hôpital un homme qui, selon lui, venait d'avoir un accident de voiture en pleine nuit. Ce n'était pas le cas
Avec sa manière bien à lui de travailler le noir et le blanc, Tardi extrait l'essentiel du roman via ces petits détails qui en disent long sur une époque, un personnage: l'usure du cadre dans l'entreprise, du couple dans la vie quotidienne, englué dans moult rituels déprimants, cette envie de sauver sa peau tout en vivant autre chose avant de retourner vers l'ancien quotidien où sévi un autre type de violence.
On est loin, très loin de Simenon

lundi 23 janvier 2012

A la recherche de Monsieur Dornac

En 2008, lors d'une vente à l'Hôtel Drouot, deux photos d'un inconnu atteignaient des cotes inhabituelles: 40700€ pour une photo de Stéphane Mallarmé accompagné d'un poème autographe et 37000€ pour celle de Verlaine avec là aussi quelques vers de remerciement.
Le nom de l'inconnu qui les avait immortalisé: un certain « Paul Marsan dit Dornac » qui à la fin du XIXème siècle était « Maître Photographe, 34 rue Gassendi à Paris XIVème ».

Depuis, il y a eu une autre vente importante, plus de 200 clichés, en juin 2011.
On savait désormais que derrière la signature de Dornac (qui est un anagramme) se trouvait un certain Paul Cardon, né en 1858, mort en 1941 et inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Mais c'est quasiment tout!

Si, peut-être encore ceci: en 1887, âgé de 29 ans, il a entrepris de réaliser une série de portraits chez ses modèles, dans leur contexte professionnel ou intime: laboratoire, salon ou bibliothèque. Cette série qu'il a intitulée "Nos contemporains chez eux" a beaucoup plu. Dans le Tout-Paris de la fin du XIXème, chacun (artistes, ingénieurs, politiques...) voulait son portrait. Du coup, 20 ans plus tard, la série comprenait près de 400 clichés. Mais chose paradoxale, il n'y a aucune photo de "Dornac".

Les articles qui lui ont été consacré se focalisent donc sur les personnes qu'il a immortalisées.
Parmi celles-ci, peu de femmes.
La plupart des intérieurs sont très classiques, avec peu d'éléments issus du monde moderne. Des exceptions toutefois comme cette machine à écrire chez Tristan Bernard.

Dans les intérieurs , les livres sont omniprésents sauf chez les artistes qui, comme Rodin ou le Douanier Rousseau, se font immortaliser à côté de l'une de leur oeuvre.
Petite question accessoire pour ce dernier: quel est le tableau -dont on voit une petite partie- auquel il travaillait?

dimanche 22 janvier 2012

Miss France Ronde

Il y a eu une puis deux Miss France (avec ou sans Madame Geneviève Au-Grand-Chapeau). Des demoiselles qui, d'une année sur l'autre, sont peu ou prou au même "format". Un format que l'on retrouve dans quelques unes des conditions posées:
* avoir un âge compris entre 18 et 24 ans
* mesurer au minimum 1,70 m,

Et puis en 2005, un psychothérapeute qui avait rencontré une ronde qui, comme beaucoup de femmes ayant des kilos en trop, ne s'aimait pas, a voulu l'aider à reprendre confiance en elle en l'inscrivant à un concours de Miss mettant en valeur les femmes qui ont des formes. Et là, surprise: alors que 50% des femmes françaises de plus de 35 ans sont en surpoids (IMC > à 25), aucun concours de ce type n'existait en France.

Il décida donc de remédier à ce manque en fondant un concours Miss Ronde dont le jury serait formé de personnes qui souhaitaient soutenir la cause des rondes.

Cette année, pour la première fois, les informations nationales en ont parlé! Certes c'était au "journal de 13heures" mais c'est un bon début.
Au fait, pour postuler, les conditions sont beaucoup moins strictes que pour Miss France: pas d'âge maximum, ni de taille minimum, mais un poids qui devra être au moins supérieur de 6kgs à la taille dont on retire 100 (exemple: peser au moins 66 kgs quand on mesure 1m60)

A titre indicatif, la Miss qui a été élue ce week-end a 29 ans, elle mesure 1m70 et pèse 96 kilos. Avec elle, la silhouette est loin, très loin des longues lianes. Mais Hyslyne Blanchon (car tel est son nom) possède, ainsi que ses consoeurs* un immense atout: elle sait sourire, un vrai sourire comme bien souvent les belles plantes à la ligne haricot vert ne savent plus en faire.

* voir notamment le vidéo ci-jointe:

http://youtu.be/BV0tgkzDHBk

samedi 21 janvier 2012

"XIII Mystery - colonel amos" par Boucq & Alcante

Petit rappel pour les non habitués à l'univers de la série XIII: la série écrite par le duo Vance + Van Hamme est désormais achevée. Les volumes qui paraissent désormais sont le fruit du travail d'autres scénaristes et dessinateurs. Ils se rattachent soit à un autre cycle où XIII essaie de retrouver des bribes de souvenirs, soit à une série d'albums intitulés "Mystery" et qui sont consacrés au passé de certains protagonistes de XIII.
Ainsi après les "méchants" qui cherchaient à éliminer XIII ("la mangouste" et "Irina") et la "gentille" qui l'aide ("Jones"), c'est à un autre allié de XIII que se sont attachés Boucq (au dessin) et Alcante (au scénario). Et c'est une bonne pioche! Meilleure à mon goût que le précédent opus.

Tout tient en peu de phrases:
- le dessin, c'est du pur Boucq avec l'esprit de Vance, notamment dans la palette graphique
- le scénario... Même si personne sur le net n'a encore jusqu'à présent fait le rapprochement, s'agissant du passé d'Almos, j'ose écrire que l'histoire inventée par Alcante fait penser à celles inventées par John Le Carré. Dans les livres de cet auteur, à un moment ou un autre, où on ne sait plus dans quel camp est le héros. Il en est de même ici et ce n'est que tout à la fin que l'on comprend pourquoi certains détails étaient en réalité très importants, ce qui donne envie de relire illico la bande dessinée.
Du coup ça m'a redonné très envie de relire certains Boucq et de chercher les autres "one shot" ou séries dont Didier Alcante est le scénariste

Un point faible dans cet "épisode": l'entretien final entre Giordino et Almos. Sachant la manière dont ils se sont piégés et fait piéger l'un et l'autre, une telle discussion avec de tels "aveux" notamment de la part d'Almos, (ancien) agent du Mossad, n'est pas concevable... sauf à vouloir s'assurer que les lecteurs ont bien compris que eux aussi avaient été manipulés.

vendredi 20 janvier 2012

Eté 1988

En ce temps là, c'était l'homme qui se chargeait de réserver l'endroit où, l'été venu, nous essaierions d'oublier les contraintes de la vie professionnelle. Sur 25 années de vie commune, il a dans l'ensemble fort bien choisi nos lieux de villégiature. Mais tout principe souffre d'exceptions. L'année 1988 en fût une.
Il avait trouvé la maison via une annonce déposée par un office notarial au sein des pages d'un catalogue spécialisé. A priori rien à craindre donc. Sauf que une fois arrivés sur place...

Le chemin d'accès à la maison sur lequel donnaient la plupart des fenêtres de la maison était emprunté deux fois par jour par des vaches... qui y avaient laissé moult traces.
Pas mieux pour la fenêtre de la chambre qui ouvrait sur une placette où pourrissait un tas de vieilles salades ... sous la garde d'une nuée de moucherons avant d'être mangées par... les poules du propriétaire qui ne manquaient pas de "marquer" leur territoire...
Quant au "jardin", c'était une étroite bande de terrain recouverte de gros silex acérés particulièrement dangereux pour une petite fille qui commençait tout juste à marcher seule.

L'intérieur de la maison ne valait guère mieux:
- l'installation électrique n'avait pas été revue depuis la construction de la maison... avant la deuxième guerre mondiale.
- pas de tout-à-l'égout, juste un épandage dans le champ qui bordait le "jardin". A vue d'oeil, la capacité du réservoir d'eau chaude laissait à craindre que certains soirs il faudrait choisir entre la vaisselle OU la douche à l'eau chaude. Enfin ... pour qui n'avait pas la phobie des araignées car au fond de la "douche" flottait une grosse araignée, heureusement morte.
- l'équipement vaisselle et électro-ménager ne valait guère mieux car il était évident que les propriétaires avaient déposé là tout ce dont ils ne voulaient plus! Pour couronner le tout, un "faucheux" un peu frigorifié s'est échappé du réfrigérateur lorsque j'en avais ouvert la porte!
-les chambres étaient conformes au reste de la maison: papiers peints défraîchis, vieux meubles, couvertures pelées avec, cerise sur le gâteau, un plafond qui, une fois les volets ouverts, s'était révélé constellé de petites choses noires. Au début de la nuit, lorsqu'on a fermé la lumière, on a compris. Des "bzzz, bzzz... " bien sonores nous ont fait vite comprendre que si nous restions quelques heures de plus, nous serions constellés de taches rouges qui grattent

On a craqué: on est repartis en pleine nuit, sans payer le solde de la location. De toute manière une heure après être arrivés on avait prévenu les propriétaires, des fermiers tout étonnés qu'on ne soit pas satisfaits, qu'on repartait dès que possible sans payer le solde de la location.
Une fois de retour chez nous, moins de 24 heures après en être partis, l'homme a appelé l'office notarial. Et là il a compris: ça faisait plus de 15 ans que le bien était loué tous les étés à des "amis" des propriétaires, sans que jamais personne n'ait jugé bon de vérifier la qualité de l'hébergement.

jeudi 19 janvier 2012

Avoir 30 ans

Comme le temps passe.
Je me souviens du jour où j'ai vu pour la première fois celle qui a 30 ans aujourd'hui. Elle dormait dans son couffin sous la garde d'un chien, un adorable Doberman qui répondait au prénom de Solo et aurait défendu les enfants de SA famille au péril de sa vie.
Je pense que les paroles de Yves Duteil, elle pourrait les faire siennes...

Quand à mes 30 ans... Je n'en garde aucun souvenir. Et il en est de même de mes 40 ans
30 ans donc. C'était en 1988. Au temps de la course quotidienne entre les obligations familiales et professionnelles, le temps des maladies infantiles qui laissent les mamans épuisées. Mais aussi le temps des joies simples, comme celle du premier enfant qui lâche enfin la main et marche seul quelques jours avant de partir en vacances. Des vacances express: même pas 24 heures loin de chez nous car la maison qui avait été réservée était très éloignée du descriptif fourni par un office notarial!
Mais ceci est une autre histoire qui sera narrée un autre jour. Une histoire où, avec le recul, le rire a remplacé la colère.

mercredi 18 janvier 2012

"les femmes qui lisent sont de plus en plus dangereuses" par Laure Adler et Stefan Bollmann

Le père Noël a fait cette année une seconde tournée, un peu tardive, le temps qu'il trouve cet ouvrage, une sorte de suite du précédent des mêmes auteurs et qui s'intitulait " Les femmes qui lisent sont dangereuses" et que j'avais bien aimé.

Je n'ai pas encore eu le temps de vraiment le lire, juste le temps de le feuilleter en repérant ça et là quelques tableaux issus de nombreuses pinacothèques où je n'irai probablement jamais, d'où l'intérêt du présent ouvrage.
Juste eu le temps aussi de lire l'introduction* écrite par Laure Adler et d'y trouver ceci:

"Lire, c'est disparaître.
(...)
Lire, c'est éteindre le bruit des autres pour tenter d'attendre sa propre mélodie.
(...)
Lire, c'est dégager le terrain, faire table rase, retrouver l'innocence. Lire, c'est ne plus avoir peur - des autres mais encore plus de soi.
Lire, c'est se mettre en retrait du monde - pour mieux pouvoir y rentrer quan cela nous chante. (...) Lire, c'est effectivement se mettre en danger"

* En fait, non, j'ai aussi lu, avec peine, la moitié de l'introduction écrite par Stefan Bollmann avant de caler. Comme pour le précédent ouvrage, je pense que je la lirai après avoir consulté la totalité de l'ouvrage et peut-être qu'alors... Mais j'ai quelques craintes que semblent confirmer le peu de références trouvées sur le net quant à cet ouvrage, contrairement à celui auquel se réfère le titre.

mardi 17 janvier 2012

Quelques images de Paul Verlaine

Au point de départ, il y a eu, déposée par un internaute poète sur FB, cette photographie de Paul Verlaine...

... ou plus exactement, une image réalisée à partir d'une photographie qui avait été recadrée, nettoyée, comme savent si bien le faire les logiciels photos, avant d'être retirée sur papier glacé.

Et là, je prends alors conscience du fait que Paul Verlaine avait jusqu'alors bien souvent l'aspect que lui a donné en 1872 Henri Fantin-Latour dans le tableau intitulé "Un coin de table" (1). Il avait alors 28 ans lorsqu'il avait posé aux côtés de d'Arthur Rimbaud qui semblait regarder le spectateur droit dans les yeux.

Et maintenant, en faisant des recherches sur le net, surprise! Il n'y pas pas une mais trois photos de Paul Verlaine, toutes prises le même jour, le 28 mai 1892, dans le même lieu qui sera d'abord identifié sous le nom de café "la Source" avant que son nom véritable ne soit rétabli par l'auteur du cliché lui même: le café "François 1er"(2)

- Sur l'une d'elle Verlaine est assis à la table du fond, juste à côté des quelques marches qui permettaient de gagner une autre salle
- Sur les deux autres il est installé sur la table juste avant la table du fond avec :
* le chapeau sur la tête et un journal posé sur la table
* pas de chapeau, plusieurs journaux sur la table ou sur une chaise, juste à côté...

Quelques constantes sur toutes ces images: Paul Verlaine qui était alors âgé de 48 ans a l'air très las. Peut-être un effet des longs temps de pause qui étaient alors nécessaire. Mais aussi probablement un effet de la boisson, celle-là même que l'on appelait la "fée verte" (avant qu'elle ne soit interdite de vente) présente sur la table via un verre et un flacon d'eau caractéristiques de l'époque.

Dernière surprise, mais celle-ci mérite, à elle seule, qu'on s'y attarde un peu: les mentions qui figurent sur deux des photos: "nos contemporains chez eux. Dornac et Cie".
Pourquoi cette série et qui était M. Dornac? Réponses dans un prochain billet.

(1) Tableau visible à Paris, au Musée d'Orsay
(2) Pas la peine de chercher sur le net, ces deux cafés n'existent plus, notamment le second qui était situé 69 rue du Boulevard St Michel.

lundi 16 janvier 2012

Le rêve de Paul Verlaine

C'est l'un de ses poèmes les plus connus de Paul Verlaine, que Léo Ferré et Julos Beaucarne ont chanté, chacun avec leur personnalité propre...

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

dimanche 15 janvier 2012

L'étoffe des rêves

Mes rêves sont loin, très loin de ressembler à ceux imaginés par Salvador Dali car ils sont truffés de détails très réalistes qui n'ont que fort peu à voir avec l'atmosphère des tableaux surréalistes. Ils partagent cependant avec le rêve de "Spellbound" cette étonnante capacité à changer de lieu et de temps de seconde en seconde.

Je suis en voiture avec le père de mes enfants. Je ne le vois pas , la voiture non plus d'ailleurs... mais je sais que c'est lui qui conduit à côté de moi. Nous longeons une muraille qui ressemble fort à des remparts. Pour moi ce sont ceux de Saint Malo... alors qu'ils ressemblent plus à ceux de Carcassonne (pour la couleur de la pierre) ou à ceux qui bordent le port de La Rochelle.

Il veut tourner à gauche mais butte sur un parking, clos par les habituels grillages et où il n'y a aucune place pour stationner. Alors, un peu en catastrophe, il reprend la route... pour se retrouver face à plusieurs files de voitures qui l'obligent à aller complètement à droite.
Désormais, c'est une piscine construite en hauteur que nous longeons. Une piscine dont les bassins extérieurs sont vides, comme si on était en hiver... mais ils ressemblent davantage aux "baignoires" des jardins de famille d'autrefois où tournoyaient deux ou trois poissons rouges à la belle saison qu'à de véritables bassins pour baigneurs.

Et puis miracle des rêves, le père de mes enfants disparaît, la nuit semble tombée tandis que , toujours en voiture, je m'approche d'un mur dans lequel un tunnel complètement noir permet d'aller à... Fécamp!
Ma première idée est: "Non ce n'est pas une bonne idée car pour longer les falaises par la plage de galets du bas, il faut être certain qu'on aura le temps de revenir avant la marée haute. Ce n'est pas le cas. De plus je déteste rouler de nuit quand il pleut."
La seconde: "Ce n'est pas grave, je vais revenir à Rennes en prenant la route nationale ou la vieille départementale qui relient Dinan à Rennes."
Alors que dans le rêve je sens à mes côtés la présence du plus jeune de mes enfants, ma dernière pensée avant de me réveiller sera la suivante : "Elle lira les panneaux indicateurs ou au pire on téléphonera à l'une de mes soeurs qui fait régulièrement le trajet Dinan/Rennes".

Et le rêve c'est arrêté là!... Et l'insomnie a commencé car si je voyais fort bien à quoi renvoyaient le trajet en voiture, la piscine à sec, les deux manières de relier Dinan à Rennes... j'étais beaucoup plus perplexe sur la signification du tunnel et de la référence à Fécamp.

samedi 14 janvier 2012

Un rêve... celui de Dali et Hitchcock

"Spellbound", qui est plus connu en France sous le titre de "La maison du Dr Edwardes", ne fait pas partie des "grands" films de Hitchcock. Il mérite cependant de figurer dans l'histoire du cinéma à deux titres:
- c'est le 1er film où le psychanalyse fait partie intégrante de l'intrigue puisque les troubles dont souffre le héros du film seront soignés grâce à l'héroïne qui est psychanalyste
- l'un des moments forts du film est un rêve qui a été réalisé avec l'aide d'un peintre surréaliste: Salvador Dali. Mais place aux images avec ces quelques extraits.

Sir Alfred expliquera plus tard pourquoi il a choisi de recourir aux services de Dali.
"Quand nous sommes arrivés aux séquences de rêve, j'ai voulu absolument rompre avec la tradition des rêves de cinéma qui sont habituellement brumeux et confus, avec l'écran qui tremble, etc. J'ai demandé à Selznick de s'assurer la collaboration de Salvador Dali. Selznick a accepté mais je suis convaincu qu'il a pensé que je voulais Dali à cause de la publicité que cela nous ferait. La seule raison était ma volonté d'obtenir des rêves très visuels avec des traits aigus et clairs, dans une image plus claire que celle du film justement. Je voulais Dali à cause de l'aspect aigu de son architecture - Chirico est très semblable - les longues ombres, l'infini des distances, les lignes qui convergent vers la perspective… les visages sans forme…

vendredi 13 janvier 2012

La "Plume d'ange" de Claude Nougaro

On connaissait le Claude Nougaro chanteur, poète... en oubliant aussi qu'il pouvait être aussi un fabuleux conteur. Ce texte en est un bel exemple!

jeudi 12 janvier 2012

Drôles de noms (6)

Le palindrome. C'est quoi ça?
Une définition parmi d'autres: Le palindrome est une figure de style appelée aussi palindrome de lettres, c'est-à-dire un texte ou un mot dont l'ordre des lettres reste le même qu'on le lise de gauche à droite ou de droite à gauche comme dans l'expression « Ésope reste ici et se repose. ».
La langue française n'en a pas l'exclusivité puisqu'on en trouve aussi
- en anglais: « A man, a plan, a canal: Panama. »...« Un homme, un projet, un canal: Panama. » (Leigh Mercer, 1948)
- en allemand: « Ein Neger mit Gazelle zagt im Regen nie. »...« Un Noir avec une gazelle n'hésite jamais sous la pluie. »
- en espagnol: « Amo la pacífica paloma. »...« J'aime la colombe pacifique. »
Mais aussi dans des langues qui n'utilisent pas notre alphabet comme le grec, l'arabe ou le japonais.
Plus fort encore: le palindrome littéraire où, jusqu'à nouvel ordre, Georges Perec reste le maître incontesté en ce qui concerne la langue française avec son "Grand palindrome" qui comprend 5 566 lettres. Une broutille quand on songe à ce qui est considéré comme le plus long palindrome, celui composé en 1992 par Teemu Paavolainen en 1992; il comporte en effet 49 935 caractères!
Et pour finir: le palindrome de chiffres. Par exemple le 20 février 2002. Cette date correspond à celle de l'inauguration du parc Vulcania en Auvergne. Valéry Giscard d'Estaing qui en était le "père spirituel" avait même poussé le zèle jusqu'à fixer l'heure du début de la cérémonie à... 20H02

mercredi 11 janvier 2012

Quelles lectures en 2011?

54 livres ont été lus en 2011, dont 25 BD ou mangas qui sont de fait "sur-représentés". Mais une BD ou un manga c'est, avec une vitesse de croisière de 40 pages/heure, l'affaire de une heure voire une heure trente de lecture. Un roman, même court, nécessite beaucoup plus de temps. Et je ne parle pas de la relecture de chacun des "pavés" qui narrent les aventures d'Eragon et de sa dragonne Saphira (plus de 700 pages chacun) avant la sortie du 4ème et dernier volume.

Dans la catégorie BD et assimilés, quelques titres font partie de séries anciennes comme "les carnets d'Orient" ou "magasin général". Mais l'année 2011 a été l'occasion de découvertes comme les 4 volumes de "Indian Dreams" mais aussi et surtout d'auteur(e)s tels que Kaoru Mori une jeune mangaka japonaise dont les histoires de mariées d'Asie centrale sont fort bien dessinées. Ou encore de Philippe Jarbinet dont le trait et le travail à l'aquarelle, de plus en plus achevés, accompagnent des histoires poignantes.

Et puis il y a eu les autres livres.
Des polars (6) avec des valeurs sures comme P.D. James, Hening Mankel, ou moins connues comme Claude Izner.
Des témoignages, plus ou moins romancés, dont certains ont fait forte impression. Je pense notamment à Philippe Labro qui explique comment il a été confronté à une dépression ou a Tahar Ben Jelloun qui raconte ce que furent les dernières années de la vie de sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Et pour finir, ce qu'on appelle un "beau livre", le recueil d'estampes de Kawase HASUI. Le genre de livre qu'on aime reprendre pour s'y plonger une fois encore, hors du temps. Ce qui d'une certaine manière n'est pas étonnant, le titre du livre n'est il pas "le Japon éternel"?

mardi 10 janvier 2012

Enquête autour de Misha Defonseca

J'ai connu l'histoire de Misha Defonseca très tard, peu de temps après la sortie du film en France, une sortie passée semble t il très vite sous silence avant que le film ne quitte très vite les écrans. Pourquoi? Entretemps il y avait eu le scandale: cette histoire était un faux!

La véritable histoire de "Misha" on la connaît depuis l'automne dernier grâce aux 234 pages d'un livre un peu longuet avec l'impression de redites. Mais bon, il fallait sans doute cela pour expliquer comment Monique de Wael, petite orpheline belge dont les parents sont morts durant la deuxième guerre mondiale a pu devenir Misha. Une Misha qui a pu berner des milliers de personnes avant que la vérité n'éclate.

"Berner"... Je ne suis pas du tout certaine que le terme soit approprié.

Au départ il y a Monique, une petite fille qui nait 1937 dans une famille un peu "atypique". La maman, qui est fille unique, vient d'un milieu catholique bourgeois. Ses parents ont probablement eu un peu de mal à accepter son mariage avec un jeune homme issu d'un milieu plus modeste et athée. Mais le jeune homme, Robert de Wael, est ambitieux. Il est aussi patriote. Et surtout un peu inconscient et naïf. Alors, les choses ne se passeront pas comme il l'avait espéré.

Monique, quand elle était petite fille, personne n'a jamais osé lui dire la vérité:
- à 4 ans: "tes parents ont été arrêtés"
- à 9 ans: "tes parents sont morts"
- et surtout quelques années plus tard, lorsque l'enquête relative à son père aura été finie: "ton père n'a pas été le héros qu'il souhaitait devenir mais un faible qui, en espérant sauver sa femme, est passé dans le camp des traites"

Alors, dans ce monde très particulier de l'après-guerre où l'on n'hésite pas à faire payer aux enfants les choix de leurs parents, Monique va "gommer" les souvenirs de son enfance et, progressivement, inventer une autre histoire, celle de Misha. Pour elle c'est la seule manière de (sur)vivre dans un monde où elle s'est jamais sentie acceptée.

Il reste maintenant une question: que va devenir Monique maintenant que sa véritable histoire est connue?

lundi 9 janvier 2012

Quelques enseignes

Au cours des balades, pendant longtemps, ce sont les escaliers qui ont retenu mon attention, notamment lorsque le cadrage ne permettait pas de savoir vers où ils menaient . Puis est venu le temps des portes et des fenêtres. Désormais, il semblerait que ce soit plus les enseignes qui m'attirent. Mais cela est peut-être plus lié à ma fréquentation de lieux urbains où les boutiques et enseignes, beaucoup plus nombreuses, obligent leurs propriétaires à faire preuve d'innovation.

Les cafés, bars et autres restaurants choisissent plus que d'autres activités celles qui sont sophistiquées voire carrément insolites.
La première laisse entendre une certaine culture cinématographique qui oblige à voir au delà du "titre" en temps normal assez vulgaire et qui ne doit pas toujours être facile à citer lorsqu'on se donne rendez-vous entre ami(e)s.
La seconde enseigne nécessiterait que le propriétaire des lieux relise ses cours d'histoire de l'art car il est peu judicieux d'afficher une femme au look très "arts déco" quand on revendique pour son restaurant une existence datant du milieu du 19ème siècle.
Quant à la 3ème enseigne... Je cherche encore la raison qui a poussé le propriétaire des lieux à fixer au mur un vélo qui, avec la cagette fixée sur le porte-bagage me fait furieusement penser à Carmen Cru chez qui, vu le caractère exécrable de la dame, je me garderais fort d'aller dîner.

D'autres boutiques que celles liées à la restauration peuvent faire preuve d'originalité.
Ainsi celle dont le cheval qui surplombe allégrement le trottoir accueillait en réalité dans ses murs des articles liés à... la décoration et non à l'équitation.
Pas de surprise par contre avec la suivante qui ne manquera pas d'éclairer durablement les personnes de Nancy en recherche d'un électricien.
Il en est de même pour la suivante que, pour différentes raisons, j'ai gardée pour la fin. Elle surplombe une boutique d'antiquités située au coeur de l'île St Louis à Paris.

dimanche 8 janvier 2012

Autour de l'Epiphanie

Durant toute mon enfance, cela a été pour moi une fête où on mangeait LA galette des Rois, la seule et unique de l'année. Bien souvent c'était en réalité un gâteau aux pommes dans lequel ma mère glissait une fève, la même, année après année.
Ayant fondé moi-même une famille, ça a été l'occasion de manger moult galettes, mais jamais avant le jour de l'Epiphanie et jamais après le 1er février, à la pâte feuilletée ou briochée, dont les parts étaient distribuées en fonction des consignes données par le plus jeune des enfants caché sous la table.
Maintenant que les enfants ont quitté le foyer, c'est l'occasion de se poser quelques questions autour de cette "fête" qui trouve sa source dans deux lignes de l'Evangile selon St Matthieu: « Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. »

D'abord, quand fêter l'Epiphanie qui autrefois correspondait aux Saturnales romaines avant que cela ne devienne le jour où le Christ aurait été présenté aux Rois mages?
Il y a en effet deux écoles. En France, c'est le concordat qui a fixé l'Epiphanie au 6 janvier... mais comme ce n'est pas une date fériée, les catholiques ont pris l'habitude de le fêter le deuxième dimanche suivant Noël, date qui figure désormais sur la majorité des calendriers.

Et ensuite qui étaient ces "rois", d'où venaient ils et qu'apportaient ils?
Tout d'abord, ils n'étaient à l'origine que des mages avant de devenir au fil du temps des rois.
Ensuite les choses varient selon les sources. Une chose est certaine: Gaspar est le plus jeune et il apporte de l'encens. Melchior est toujours associé à l'or. Et Balthazar à la myrrhe.
Un petit jeu pourrait être maintenant de trouver qui est qui dans la photo ci-jointe réalisée à partir de la crèche familiale. Une crèche qui, avec ses 14 sujets auxquels il convient d'ajouter 5 animaux, pourrait bien devenir une pièce de collection puisque l'entreprise qui équipait la quasi totalité des foyers de l'Ouest de la France (et même au delà) a arrêté désormais toute production.
Et pour finir, c'est quoi la myrrhe et à quoi cela servait-il?