lundi 23 juin 2008

Parents et Enfants chez Edouard Boubat

C'est Jacques Prévert qui aurait donné à Edouard Boubat ce surnom de "correspondant de la Paix". Pourquoi ce titre? Faute de connaître le moment et le contexte exact où cette phrase, si souvent citée à son sujet, a été prononcée, je m'en remets à Wikipédia qui mentionne ceci au sujet de ce photographe: "...Photoreporter juste après la Seconde Guerre mondiale, il est marqué par les atrocités et décide de consacrer son œuvre à la célébration de la vie. Ce métier lui donne assez de liberté et il multiplie les voyages..." De tout cela je ne savais rien lorsque lors d'un séjour parisien j'étais tombée en admiration devant la carte postale de "partition"...

... au point de l'acheter illico. Et cette image m'accompagne encore quotidiennement puisque c'est notamment elle que j'ai le soir devant les yeux avant de m'endormir.

Mais Edouard Boubat c'était avant tout un photographe dont l'humanité et le respect du sujet photographié ressortait clairemment des clichés réalisés, même avec le personnage vu de dos. J'en veux pour preuve ces deux photographies dont je ne connais pas le titre véritable et que, faute de mieux, j'ai intitulées "le gitan et la mer" et "l'indienne et la mer".

En réalité elles illustrent pour moi à merveille ce que devrait être le fait d'être parents: savoir regarder au loin en le portant dans ses bras avec suffisamment d'assurance pour qu'il s'y sente alors tellement en sécurité qu'il s'y endorme. Cet autre enfant (son fils?) un certain Rémi montre lui aussi une sérénité radieuse en collant son oreille au coquilage. En fermant les yeux,comme lui je suis au bord d'une plage, les pieds dans le sable. Et j'entends le cri des mouettes, je sens le souffle du vent et l'odeur de la mer.

Et puis il y a cette petite fille en robe de feuilles.

Enfant lors d'un séjour en colonie avec des amies ous avions ainsi habillée l'une de nous avec des feuillles de châtaignier. C'était l'été et les feuilles étaient vertes. Avec Edouard Boubat c'est l'automne. Mais je peux imaginer la couleur des feuilles, leur odeur si particulière, la manière dont elles ont du craquer sous ses doigts lorsqu'elle les a assemblées. Mais je ne peux aussi m'empêcher de voir dans ce cliché, non plus l'immense plaisir de Rémi, mais sourdre une immense tristesse. Qu'est ce qui fait que cette petite fille s'est arrêtée de jouer dans sa robe de princesse pour regarder elle aussi au loin... De notre enfance nous gardons tous plus ou moins certaines blessures qu'à défaut d'oublier nous assumons chacun à notre façon. Pour certains et certaines cela passe par l'écriture. Je pense notamment à deux soeurs, une chanteuse et une auteure. Mais ceci est une autre histoire. Post-Scriptum Perline ( http://perline.blog.lemonde.fr/) et Maria-D ( http://memoiredusilenceblogspotcom.blogspot.com/ ) ont eu la courtoisie de me préciser un certain nombre de choses que je recopie ici: Perline: « ...La photo de l'homme et l'enfant s'intitule "Nazaré " et a été prise au Portugal en 1956. Et celle de la jeune femme :"Madras" (Inde 1971)... » Maria-D « ...l'enfant au coquillage en coouverture... le petit Rémi qui est le petit-fils de Boubat et non son fils... "Retour de Bretagne, mon petit-fils Rémi écoutant la mer, août 1995"... »

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Anna
La photo de l'homme et l'enfant s'intitule "Nazaré " et a été prise au Portugal en 1956.
Et celle de la jeune femme :"Madras" (Inde 1971
Magnifique travail que celui de cet artiste de la photo, disposé à faire des milliers de km pour un partage de l'instant
Merci de ce partage

arlette a dit…

Surprise
J'ai gardé cette photo "Madras" (Perline avait aussi le titre)depuis la rétrospective à Paris en 198O Elle me touche beaucoup et M DURAS Disait que "les images dépassent le champ de la résentation chez Boubat "
Merci por ce souvenir émouvant d'une visite au Musée d'Art Moderne
AA

arlette a dit…

RE
Je viens de retrouver un article dans un recueil sur Boubat où effectivement Prévert le nomme ainsi sans plus ,Tournier parle de Grâce Il répond :"la banalité,c'est la vie même"Voulez - vous cet article???

@nn@ L. a dit…

* Merci Perline de me préciser l'intitulé exact de ces photos ainsi que le lieu où elles ont été prises

* je serai ravie Arlette de diposer d'une version scanée de cet article (et si en plus votre livre contenait une confirmation sur l'histoire lu mais pas retrouvée sur le net autour de la réalisation de la photo "partition"...)
Pouvez-vous me donner votre email via un message que bien sur je ne publierai pas :-)

* Perline et Arlette, vous venez me donner une idée: ajouter des sortes de PS à mes différents messages (puisque la strucure de ce blog le permettrait) et qui seraient lisibles sans que le lecteur ne passe par la rubrique commentaires.

Anonyme a dit…

J'aime Boubat... J'aime Bobin... J'aime Boubat et Bobin... et j'aime ce surnom de "correspondant de la paix"...
Connaissez-vous ce magnifique livre "Donne-moi quelque chose qui ne meure pas" ... photos de Boubat et textes de Bobin ... avec l'enfant au coquillage en coouverture... le petit Rémi qui est le petit-fils de Boubat et non son fils... "Retour de Bretagne, mon petit-fils Rémi écoutant la mer, août 1995"... et ces magnifiques mots de Boubat : "Photographier, c'est exprimer une gratitude"...

Je vous souhaite la bonne nuit chère @nn@ et merci pour cette page... si belle et si tendre si tendre et si belle...

@nn@ L. a dit…

Merci Maria pour les références de ce livre cité sur Wikipédia et que je vais chercher à acheter car j'aime Boubat, mais en cheminant de blogs en blogs j'ai régulièrement trouvé aussi le nom de Christian Bobin (que je n'ai encore jamais lu), notamment chez cet autre blogeur des bords de Loire que j'appelle "immémory"

http://prumtiersen.typepad.com/

Si vous ne le connaissez pas, c'est un ancien psychologue qui a longtemps travaillé dans un établissement pour enfants très lourdement handicapés (une MAS dans mon jargon professionnel) avant de prendre la direction d'un établissement pour des résidents un peu "cabossés" par la vie...

Anonyme a dit…

MAS est un jargon que je connais bien... et les gens cabossés par la vie aussi... aurions nous le même jargon professionnel... ?

Bobin a lire ++++

Belle journée à vous @nn@

@nn@ L. a dit…

Pour Maria
"...aurions nous le même jargon professionnel... ?"
Ce ne serait pas impossible Maria. Mais si "Immémory" se situe du côté de ceux qui vivent quotidiennement à côté des patients ou plus exactement des résidents, en ce qui le concerne, je suis du côté de ceux que, toujours dans ce même jargon, on appelle "les autorités de tutelle"

Anonyme a dit…

En ayant été plus ou moins proche je te confirme l'anecdote de Prévert sur Boubat

Passe une Bonne semaine

Toute amitié

Unknown a dit…

Bonjour
Je connaissais la chatonne en photo sur "la partition". Elle s'appelait Pupuce et appartenait à ma marraine. Je passais mes vacances d'été avec elle. Je viens de prendre un chaton qui lui ressemble et je voulais montrer à mes enfants et je suis tombée sur votre page que j'ai adoré. Merci