mardi 31 juillet 2012

De ville en ville - été 2012 - Le (vieux) Mans (2)

Ils seraient 7, disséminés dans le vieux Mans. 7 quoi? 7 "piliers corniers". En fait des piliers situés au coin de maisons qui font un angle de rues. Du temps où les rues n'avaient pas de nom, ils aidaient les habitants à se repérer. Un peu comme moi lorsque je mentionne à mes enfants certaines rues en me référant à des boutiques qui leurs "parlent" plutôt qu'au nom officiel de la rue. Ainsi la rue de la Fosse devient pour l'un la rue Coiffard (une librairie) et pour l'autre la rue Gautier/Debotte (un chocolatier).
Au Mans, les "piliers corniers" seraient donc 7... mais l'office du tourisme qui distribue un plan n'y répertorie que 5 d'entre eux: le "plier rouge", le "pilier vert", le "pilier à l'évêque", "le pilier au lion" et le "pilier aux clés"... dont deux des plus connus figurent dans le présent billet, le pilier rouge et le pilier aux clés. 
A noter que certains, partant sur la piste des couleurs puisqu'il y a un pilier rouge et un autre vert, auraient tendance à considérer qu'une couleur devrait être associée à chacun d'eux. On pourrait effectivement associer le "pilier au lion" à la couleur jaune et le "pilier à l'évêque" au violet. Sauf que, au moyen-âge, les mots utilisés pour les couleurs empruntaient plus à la héraldique qu'à notre actuel arc-en-ciel. En plus, il y a bien longtemps que le pilier vert a perdu cette teinte!
Le pilier rouge reste lui bien rouge, du moins au sommet et les clés gravées dans la pierre du pilier du même nom ne sont pas prêt de disparaître.
 Ainsi qu'un autre internaute*, j'ai cependant retrouvé un 6ème pilier que je serais bien en peine de dénommer. En effet, si le corps du pilier est composé de "losanges", quand on regarde la "tête" nord, on voit apparaître un singe boudeur tandis que sur le côté ouest, c'est une écrevisse. D'où le nom qui a été donné à la rue. Reste maintenant à trouver le 7ème "pilier cornier".  
* http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=72181_5

lundi 30 juillet 2012

De ville en ville - été 2012 - Le (vieux) Mans (1)

Si vous devez un jour vous arrêter au Mans, oubliez vite fait la ville "moderne" et filez vers le vieux Mans, celui que m'a fait découvrir un jour celle qui était alors la directrice des écoles d'infirmières et d'aides-soignantes de la Croix-Rouge du Mans. La réunion de travail s'était achevée en fin de matinée et, avant de me raccompagner à la gare, elle m'avait prêté un parapluie pour me faire visiter le vieux Mans, en s'excusant de ne pas pouvoir le faire sous le soleil. 
Malgré la pluie, j'avais pu apprécier et depuis, dès que je passe dans le coin, j'incite ceux et celles qui m'accompagnent à faire un détour pour profiter du charme des vieilles rues pavées, des maisons à colombages etc...



Aujourd'hui,
parmi la masse d'images rapportées de ce dernier séjour, et encore le mauvais temps a rendu sans objet la seconde visite qui était prévue afin de profiter de l'éclairage du matin, six "maisons" ont été retenues avec, à chaque fois, un détail mis en valeur: une porte, une fenêtre, une sculpture... Il n'a d'ailleurs pas toujours été facile de choisir! 
 
Désormais, je serais bien en peine d'indiquer la rue où elles se situaient. Mais le vieux Mans, séparé de fait du reste de la ville car il surplombe la rivière Sarthe, n'est pas grand au point de les louper. Et puis il existe "Street View"*
     

Un certain nombre de ces maisons sont des maisons canoniales. Un petit tour par wikipedia apprend ce qu'est une maison canoniale: " Maison affectée à une prébende de chanoine". Et une prébende? C'est un "revenu ecclésiastique attaché ordinairement à un canonicat".




Pour conclure ce premier billet consacré au vieux Mans, si l'on met à part la météo du second jour, il n'y a qu'une chose que j'ai regrettée, c'est la multitude de caméras de surveillance. Je n'en ai jamais vu autant dans les rues de vieux Dinan! L'esprit "policier" serait il plus fort au Mans... ou la population plus "agitée"?

*http://maps.google.fr/help/maps/streetview/

dimanche 29 juillet 2012

Les jeux du Monde (1)

L'une des traditions de l'été, c'est la publication de "jeux" soit dans les pages loisirs des revues, soit dans un supplément. C'est la solution habituellement choisie par le journal "le monde" qui a décidé de le sous-titrer: "un tour du monde ludique et culturel". On commence par la fin, avec un échantillon des questions (avec les réponses) regroupées sous la thématique "vivre dans le monde"... car pour ce qui a trait à l'histoire et la géographie, je suis encore moins performante.
Il fallait associer une phrase et son auteur. Pas de souci pour Coluche et Geluck. Par contre j'ai inversé Paul Coelho avec le proverbe indien
"L'inventeur de l'escalier habitait sûrement au premier étage": Philippe Geluck
"Avec les maisons en préfabriqué, pendant le crédit tu répares ce qui s'écroule, et au bout de 15 ans les ruines sont à toi": Coluche
"Celui qui a une maison n'en a qu'une, celui qui n'en a aucune en a mille": proverbe indien
"On ne peut se fier à un homme si l'on ne connaît pas la maison qu'il habite" Paul Coelho

Il fallait répondre à la question relative à ce qui, dans le monde occidental, avait perduré quant à la différenciation des codes vestimentaires hommes/femmes... une fois admis le fait que les femmes peuvent se vêtir comme les hommes alors que rares sont les hommes qui portent une robe. 
Non ce ne sont pas les cols ou la braguette mais... le boutonnage! ça j'avais remarqué que les hommes boutonnent vers la droite et les femmes vers la gauche. Mais j'ignorais pourquoi. Parce que à l'origine les hommes pour boutonner devaient utiliser leur main gauche, ce qui laissait leur main droite pour tenir ou attraper une arme! Et l'on retrouve là le même argument qui a prévalu lors de la construction des escaliers à vis dans les châteaux-forts où celui qui montait à l'assaut était défavorisé par rapport à l'attaquant.

samedi 28 juillet 2012

Images, souvenirs... (4)

Sur les murs de l'ancienne maison familiale, il y avait aussi ces deux "photos" qui renvoyaient à un sport que, comme Alice Milliat, il a pratiqué pendant des années: à Nantes (où il y a trois clubs d'aviron: l'aviron "universitaire", le CAN* et le Léo Lagrange**), beaucoup sur l'Erdre et très peu sur la Loire (beaucoup trop dangereuse à cause des courants), sur la Maine à Angers, sur la Seine à Rouen... et peut-être sur d'autres plans d'eau que j'ai oubliés.
C'était une passion qui le voyait s'absenter chaque samedi et dimanche matin, quel que soit le temps. Non, pas quel que soit le temps car il y avait deux exceptions où il restait "à quai": quand il y avait du brouillard (risque de collision ou d'échouage brutal) et quand il y avait trop de vent (risque de "dessalage"). Mais jamais au grand jamais la pluie et le froid n'auraient pu le dissuader de partir.  

Alors la première image est apparue très vite sur les murs. A l'origine, c'était une page centrale parue dans la revue "le Pélerin". Même si elle était abimée, avec un format peu pratique, je l'avais encadrée telle qu'elle était car il y a 30 ans, les scans et les logiciels de photos, ça n'existait pas. Elle a été de tous les déménagements, même si avec le temps et le soleil, les couleurs s'étaient beaucoup dégradées. Tout était là: l'ambiance: sous la conduite d'un chef de nage (l'homme avec une casquette) un groupe de rameurs avance en cadence dans le petit matin. Les rames sont levées juste ce qu'il faut. Dans une poignée de secondes, elles vont s'enfoncer dans l'eau, les rameurs vont tendre leurs jambes et, en prenant appui sur l'élément liquide, faire "avancer" le bateau. Et ils éprouveront ces sensations que peu ont su décrire, sauf peut-être Guy de Maupassant, mais il est vrai que lui aussi a pratiqué ce sport.
La seconde photo a est arrivée plus tard sur les murs. Un cliché réalisé un peu par hasard. Il y a une bonne quinzaine d'années, lors des fêtes de l'Erdre, les rameurs "montaient" le matin jusqu'à Sucé sur Erdre où ils déjeunaient, avant de redescendre sur Nantes en milieu d'après-midi. Avec les trois enfants qui étaient à l'époque tout  petits, nous avions passé une bonne partie de l'après-midi sur les bords de l'Erdre, en espérant le voir passer. A un moment nous étions même montés sur le pont de "la Jonelière" qui surplombe l'eau. Juste à ce moment là passait un "4". Sans vraiment avoir le temps de faire la mise au point, j'ai déclenché tandis qu'un "4" passait en dessous. Le hasard fait parfois bien les choses.

* CAN: Cercle de l'Aviron Nantais créé en 1897. Couleurs: le rouge et le blanc
** Le Léo Lagrange qui est beaucoup plus récent (1973) a vu le jour du fait de conflits entre deux frères qui avaient gagné une médaille de bronze aux JO de 1936 avant ... de se fâcher. Couleurs: le jaune et le bleu

vendredi 27 juillet 2012

Alice Milliat, celle grâce à qui les femmes participent aux J.O.


Qui connaît Alice Milliat (1884-1957)?
Pour être franche, j’ignorais qui elle était jusqu’à la publication d’un article dans la presse locale*. Pour tout dire, je ne savais même pas qu’à Nantes, une salle de sport portait son nom. Et pourtant les femmes lui doivent beaucoup. Pourquoi ? Parce que c’est, d’une certaine manière, grâce à elle qu’aujourd’hui elles peuvent participer aux jeux olympiques autrement qu’en étant les « potiches » qui tiennent le petit coussin sur lesquels reposent les médailles qui seront remises aux gagnants.
Petit retour en arrière.
Quand Pierre de Coubertin décide de relancer les Jeux Olympiques, il les pense que, comme au temps des cités grecques, n’y participeront que des hommes. C’est sans compter Alice Milliat qui, nageuse, hockeyeuse et rameuse, demande au CIO, en 1918, que les femmes puisent elles aussi participer.
La réponse de Pierre de Coubertin:
« Les Jeux Olympiques doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs... »
ne vaut guère mieux que celle des représentants du CIO :
« Une olympiade femelle serait impratique (sic), inintéressante, inesthétique et incorrecte ! »

Mais Alice Milliat ne se décourage pas et met en place d’abord des meetings internationaux puis les premiers jeux mondiaux féminins, qui se tiendront tout d’abord de manière assez modeste puisque ne comportant que 5 épreuves d’athlétisme (100, 800, 4X100, hauteur et disque). Ce sont ces mêmes 5 épreuves qui figureront aux JO de 1928 à Amsterdam, les premiers auxquels les femmes peuvent participer. Il faudra cependant attendre les années 60 pour que le nombre d’épreuves féminines augmente de façon significative. En athlétisme, les femmes ont pu s'engager dans 23 épreuves en 2008, la dernière à être introduite étant les 3 000 mètres steeple.
Qu'est devenue Alice durant toute ces années? Nous n'en savons rien. Tout juste l'article qui nous incite à nous rappeler d'elle précise-il qu'après 1936 (années où la fédération sportive féminine qu'elle avait mise en place ait connu de graves problèmes financiers) Alice disparaît des circuits. Si elle meurt à Paris, elle est enterrée ... à Nantes, dans un cimetière situé près de chez moi!

* http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Alice-Milliat-pasionaria-du-sport-feminin-_40736-2099453------44109-aud_actu.Htm

jeudi 26 juillet 2012

De ville en ville - été 2012 - Le Mans (Musée automobile)

Pour beaucoup, Le Mans, ce sont les rillettes, les 24 heures et le Bol d'Or... et un ancien Premier Ministre. Y ayant passé une journée, j'ai donc sacrifié à la tradition en testant des rillettes et en allant près du fameux circuit visiter... le "Musée des 24heures"*. Non, non, ce n'est pas un musée réservé aux hommes et même les femmes peu intéressées par les sports mécaniques peuvent y trouver des choses intéressantes. 
J'ai ainsi appris que jusqu'en 1968 et l'introduction de la publicité sur les véhicules, les voitures qui participaient étaient peintes aux couleurs de la nationalité du constructeur. Rouge pour les Ferrari italiennes, vert pour les Bentley anglaises, bleu pour les Renault françaises et puis gris pour les voitures allemandes etc... Un coup d'oeil sur la vitrine qui concerne un modèle réduit de chacune des voitures ayant gagné les 24 heures du Mans, permet donc de connaître aussitôt la nationalité des constructeurs lancés dans l'aventure. 
Mais ce n'est pas cette partie du Musée consacrée aux véhicules gagnants qui m'a le plus passionnée. Par contre j'ai beaucoup aimé retrouvé ces véhicules sans lesquels les 24 heures n'étaient pas envisageables: 
- un exemplaire d'un des anciens véhicules de pompiers pendant les premières années de la compétition,

- un des camions-citerne -au nom d'une compagnie pour laquelle a travaillé mon père avant qu'elle ne soit rachetée par Total- qui y délivraient le carburant à la même époque.
J'ai aussi été surprise d'apprendre qu'au tout début, le volant se trouvait à droite, de façon à sécuriser la montée et la descente du véhicule lequel, ne l'oublions pas, devait bien souvent être démarré à la manivelle. Le positionnement du volant à gauche 'est devenu obligatoire en France qu'en 1955.
On trouve aussi un bel objet, la malle-cabine conçue par les frères Hermès pour Ettorre Bugatti qui se rendait souvent au circuit d'Indianapolis. Une malle-cabine offerte par la fille d'Ettorre à l'automobile club de l'Ouest pour le remercier d'avoir donné le nom de circuit Bugatti au circuit du Mans.
Et puis vers la fin de la visite, deux voitures mythiques,
- un Trabant, telle qu'il en a circulé des milliers en R.D.D
- une 4 CV (1947-1961) la concurrente "Renault" -avec sa petite soeur la 4L (1961-1994) de la 2 CV "Citroën" (1948-1990)  

* Un musée à voir donc, en n'ayant aucun regret si on oublie son appareil photo car la lumière est très difficile à gérer: sans flash, les images ont un grain très gros et avec flash, les couleurs sont dénaturées et les ombres très dures.

mercredi 25 juillet 2012

"le voyage à Nantes" - 2012 (2)

"le voyage à Nantes" n'en finit pas de révéler ses surprises. Ainsi en voulant aller photographier quai de la Fosse une oeuvre qui paraissait intéressante sur photo (une sorte de vague qui pointait vers la Loire) mais s'avérera au final décevante, en passant du côté de la rue de la Héronnière je suis tombée sur une série de murs peints.Renseignements pris, il ne s'agissait qu'une petite partie de l'iceberg. En effet les promoteurs du "voyage à Nantes" ont mandaté un cabinet qui a fait appel à un certain nombre de graffeurs connus. Le tout donne: "Over The Wall, histoire de graffiti".
Comme je suis un peu paresseuse, voici ce  que dit le site:
"Une proposition de Pick Up production et du collectif Plus de couleurs, Over the Wall est un parcours graffiti sans précédent qui s’étend de manière discontinue tout au long du parcours du Voyage. Du lieu unique à la halle Alstom en passant par le quartier Bouffay, plus d’une dizaine de lieux sont investis, revisités et réinventés par une sélection pointue de graffeurs de renommée internationale : Moko, Ryngar, Korsé, Ador, Sémor, Mokë, Arnem, Moner, Meyer, Wize, Mache, Rayzyn, Persu, Rame, Pedro, Kryo, Zoer, Shure, B612, Osmoze, Kazy-K, Quorky, Gripa, Ashe, Sine, Nosika, Nasher, Fréon, Web’s.
Le graffiti, cet art vivant qui bouscule le paysage urbain, déborde littéralement en s’invitant sur différentes surfaces de la ville : murs, façades, vitrines, stores, mobilier urbain… Petits et grands formats, œuvres collectives ou individuelles : cette exposition inédite à ciel ouvert dévoile un parcours insolite et curieux emmenant le graffiti, et dans son sillage le voyageur, là où on ne l’attend pas. (...)" 
On aime ou déteste. Personnellement je suis plutôt du côté de ceux qui aiment, même si je n'accroche pas toujours au graphisme utilisé et aux motifs peints. Tout simplement parce que j'ai toujours préféré un dessin pensé à l'avance avant d'être peint dans de bonnes conditions à une surface laissée nue à la merci des colleurs d'affiches et de barbouilleurs anonymes peu doués.
Dans le cas présent j'ai eu 3 coups de coeur avec la seconde vignette où j'ai beaucoup aimé la manière dont l'auteur a pris en compte dans le décor les marches et le lampadaire. Idem pour les deux dernières où le bleu m'a fait penser à Enki Bilal.

mardi 24 juillet 2012

Images, souvenirs... (3)

Pendant un peu plus de 24 ans j'ai vécu dans une atmosphère très Jazzy.
Il y avait le jazz qu'il écoutait sur des vinyles d'abord, puis sur des CD qui parfois contenaient ce dont raffolent les musiciens de jazz, les "alternative takes". S'y ajoutait le jazz qui passait sur FIP, notamment entre 19h30 et 21H00*. Je serais bien en peine de dire combien de gravures il a pu posséder... avant d'en revendre beaucoup quand ses goûts ont évolué puisque, quelques années après que je sois partie, c'est l'opéra qui a eu ses faveurs.
Bien sur il y avait les concerts. Je me rappelle notamment 2 d'entre eux:
-  l'un des derniers donnés par Miles Davis en France. Il connaissait suffisamment l'artiste pour me dire que ce n'était pas la peine d'espérer le moindre rappel. Et effectivement, alors que nous rentrions à pied, nous avons été dépassés par la star qui regagnait en voiture son hôtel.
- un autre donné par des musiciens locaux, au fin fond de la campagne normande. J'avais attrapé mal aux fesses à force de rester assise sur des bancs particulièrement inconfortables.
Et puis les partitions, regroupées dans de gros recueils achetés dans des librairies spécialisées à Paris... ou sous forme de feuilles volantes car dénichées sur le net. Il y en avait partout!.. ou presque. C'est grâce à elles que j'avais appris que les musiciens américains se réfèrent à un mode de notation très proche de celui utilisé en Allemagne (avec A, B, C etc ) qui n'a rien à voir avec le "do, ré, mi..."  de mes années collège
Il y avait aussi les livres autour du jazz, notamment ceux avec des photos de Jean-Pierre Leloir, le seul dont je me souvienne après toutes ces années passées loin de la maison. Les photos, parlons en!  Il y avait les posters qu'il avait acheté ou que je lui avait offert.
J'avais une tendresse particulière pour celui de Charlie Parker**, au point de l'avoir fait restaurer et encadrer car il avait beaucoup souffert après être passé d'appartement en appartement en étant juste punaisé sur les murs. Il faut dire que l'histoire de Charlie -que Clint Eastwood a mise en film- est particulièrement émouvante, tout comme l'est celle de Billie Holliday. Et j'ai toujours trouvé géniale l'idée de l'auteur de ce poster, de représenter le saxophone que Charlie, que l'on surnommait "The Bird" par justement toute une envolée d'oiseaux.

Le poster de Miles, c'était une autre histoire, une manière de se rappeler que s'il avait appris à jouer de la trompette, c'était à cause de lui. En plus je trouvais la posture de ce trompettiste très en adéquation avec l'attitude qu'il avait régulièrement avec son public, au point de régulièrement jouer ... en lui tournant le dos. Je n'avais pas osé offrir une reproduction de cette photographie qui me plaisait tant car Miles ressemblait fort aux représentations de sorciers africains... ce qu'il était un peu à sa manière
 
* Le créneau horaire a été modifié depuis lors
 ** Dessiné par un artiste polonais: Waldemar Swierzy

lundi 23 juillet 2012

Le cimetière de la Miséricorde dit "le Père-Lachaise nantais"

C'est après l'avoir vu du haut de la terrasse de la Tour de Bretagne que j'ai eu envie de le visiter, ce grand cimetière (9 hectares) dont j'avais entendu parler tout en le confondant souvent avec celui de "Toutes-Aides" qui est lui situé à l'est de Nantes. Le cimetière de la Miséricorde, c'est probablement le plus ancien cimetière de Nantes encore en activité. Le premier mort a y avoir été enterré, l'a été en 1793!

Mais je vais un peu vite en besogne. Ce cimetière a deux particularités: 
- on y trouve les tombes et tombeaux de beaucoup de grandes familles qui ont marqué l'histoire nantaise, comme par exemple les famille Beghin-Say (le sucre), Amieux (les conserves), Lefevre-Utile (les biscuits LU)...
- il reste encore sur la gauche en entrant, dans une partie isolée par un muret, l'ancien carré protestant dans lequel figurent un certain nombre de tombes juives. J'ai d'ailleurs appris après l'avoir visité que pendant longtemps les cimetières, qu'ils soient de Nantes ou d'ailleurs, ont été la propriété de l'Eglise qui en réservait l'usage aux catholiques...  tout en tolérant qu'une partie de la surface puisse être dévolue aux protestants ou aux juifs. Et j'ai aussi appris à reconnaître la forme de la stèle qui à l'époque remplaçait chez les protestants, la croix utilisée chez les catholiques.

Aujourd'hui, pas de photos des mausolées où ont été enterrés les Nantais célèbres, tout simplement parce que le jour de ma visite étant un dimanche, je n'ai pas pu obtenir à la conciergerie, le précieux sésame qu m'aurait fait gagner un temps fou et éviter de trop cuire au soleil. Une exception cependant, la tombe de la famille Cambronne, celle où a été enterré le fameux général qui a envoyé balader les Anglais à Waterloo.

L'essentiel du temps passé a été consacré à déambuler dans la partie la plus ancienne, la plus émouvante, celle qui justifie le plus la comparaison avec le cimetière du Père-Lachaise... avec le dénivelé en moins et beaucoup moins d'arbres... même si j'y ai vu un énorme magnolia qui avait certainement plus d'une centaine d'années.

Que dire de plus? Que dans la partie ancienne, où les allées sableuses se perdent entre les tombes, a été érigée une colonne imposante dédiées aux morts du 30 juillet 1830. 
Mais aussi que la mairie de Nantes a entrepris tout un travail de restauration de certaines tombes, en lien avec les descendants des personnes mentionnées. Comme ici où le sommet du monument funéraire porte 4 masques qui ne sont pas sans présenter une ressemblance avec ceux de la tragédie antique.

Un cimetière qu'il conviendra donc de re-visiter... avec un plan cette fois-ci et un jour où le soleil tapera moins fort.

dimanche 22 juillet 2012

"l'ambulance 13 - Au nom des Hommes" de Cothias, Ordas et Mounier

Au front, le retour est difficile pour le sous-lieutenant Louis-Charles Bouteloup, mis aux arrêts pour avoir "pris langue avec l'ennemi sans autorisation". Il trouvera cependant un moyen pour faire opérer le soldat qu'il a ramené de derrière les lignes, quitte à ce que celui-ci lui en veuille de l'avoir empêché de mourir parmi ses hommes.
Le père de Louis-Charles, lui aussi médecin et militaire, désapprouve son fils qui a choisi d'agir en médecin plus qu'en soldat. Un père traditionnel de la pire espèce qui, lorsque sa femme et sa fille demandent des nouvelles de leur fils et frère, se fâche (page 12): "Comme si ce n'était pas assez de vivre comme un ouvrier et de manger comme un paysan, il faut maintenant que je me comporte comme un quémandeur pour préserver ma carrière. [Personne pour] ôter mes bottes et me servir un mandarin! C'est tout de même insensé, j'arrive de Chantilly et personne ne se soucie de ce dont je pourrais avoir besoin. Il n'y en a que pour Louis-Charles!"
La bonne, Églantine, viendra le servir, une bonne qui ne l'aime guère si l'on en croit le sourire qu'elle a lorsqu'il doit repartir plus tôt que prévu. La guerre, elle connaît (page 21) car: "Églantine avait un cousin, Henri, ouvrier dinandier à Cambrai, décapité par un obus à Rethel, en août 1914... Personne n'en a jamais rien su chez les Bouteloup... ça aurait changé quoi? "Ma pauvre Églantine... Mais il est tombé pour la France, vous savez? Allez, finissez la vaisselle, quand on travaille, on réfléchit mois..." 

Finalement Louis-Charles s'en tire... du moins pour un temps car son équipe et lui assurent les arrières, soit disant parce qu'il est le dernier arrivé. En réalité, c'est une nouvelle tentative de son commandant, qui ne prise guère le père de Louis-Charles, pour se débarrasser de lui.
Une nouvelle offensive commence. Une boucherie, une fois de plus, qui est décrite en quelques vignettes et quelques lignes qui tapent fort, comme en son temps les phrases de Dalton Trumbo dans "Johnny got his gun"* (page 33)
"Vient un autre pauvre bougre, la clavicule brisée, la face si brûlée qu'elle paraît fondue. Plus de sourcils ni de cils. La moustache est un paquet charbonneux. Le nez se résume à deux trous où siffle l'air avec un bruit de baudruche... C'est un Allemand. A présent la cuisine est envahie de blessés dont certains ont parcouru plus d'un kilomètre en empêchant leurs viscères de se répandre... Au moins mourront-ils ailleurs que dans la boue. (...) Une odeur de sang, de tripaille, de fièvre et de déjections sature l'air. (...) Il y a autant d'Allemands que de Français dans la cuisine (...)."
Là Louis-Charles va recevoir l'aide d'un chirurgien allemand qui a été fait prisonnier, avant que les rôles ne s'inversent et que l'équipe de Louis-Charles ne soit encerclée puis autorisée à retourner derrière les lignes française en emmenant ceux qui seront le plus utiles... à la poursuite de la guerre.
Un album qui finit là aussi mal, avec une nouvelle attaque. D'un côté il y a Guillaume de Hohenzollern qui (page 46), fort du "Gott mit uns", y harangue ses troupes avec un "Avez-vous fait en sorte que, ce matin, Dieu soit Allemand". Et de l'autre il y a Charles-Louis qui, moins de deux mois après être arrivé sur le front, ne croit plus à grand chose.

* "Johnny got his gun" c'est un livre, publié tout d'abord le 3 septembre 1943, qui, malgré son succès, compte tenu du contexte de l'époque, ne pût être re-édité qu'en 1945 avant d'être mis en image en 1970 par son auteur lui-même, un scénariste inscrit sur la "liste noire"

samedi 21 juillet 2012

"l'ambulance 13 - Croix de sang" de Cothias, Ordas et Mounier


C'est grâce à la revue "l'immanquable" qui, à l'occasion des 10 ans d'existence de la collection "Grand Angle" au sein de la maison d'édition "Bamboo", mentionnait les BD à succès que j'ai connu cette série. Ne pas s'arrêter au sigle du Ministère de la Défense car cette BD, à rapprocher des BD de Tardi consacrées à la guerre de 14-18, raconte l'histoire d'un médecin qui travaille au sein d'un des services de santé mis en place par l'armée durant la première guerre mondiale.

Des services bien balbutiants en ce début de l'année 1916 puisqu'un certain nombre d'officiels, dont le père du héros: Louis-Charles Bouteloup, continuent de faire circuler des rumeurs aberrantes telle que celle-ci rapportée un poilu (page 5): "... les balles ne causent pas de réel délabrement des chairs (...) les blessés peuvent se rendre à l'hosto après s'être fait moucher."
Les moyens en matériels et en hommes sont rares. Des hommes qui viennent de tous horizons. Ainsi Jules Siméon, qu'un soldat membre de l'équipe présente ainsi (page 8) : "... on l'appelle l'écaille [car il] faisait dans la "morue" avant... ce gars là est capable de relever ses filets en pleine tempête. Il faut dire que la capitainerie l'attend au retour de campagne et qu'il a plutôt intérêt à rentrer les cales pleines ... le pain à fesse, il se paye en bananes, enfin en médailles!(...) notre ami Jules doit choisir entre le patriotisme et la croisière forcée, escale à l'île du diable. Bref, s'il ne rentre pas en héros, il repartira en bagnard. Il aurait comme un contrat avec la justice républicaine."
Des hommes et des femmes aussi comme cette religieuse qui vient de prononcer ses voeux et met en garde le héros (page 18) : "à la guerre, il ne faut jamais faire de promesse (...) il n'est pas non plus souhaitable de toujours bien connaître les gens parce que l'on est moins bouleversé par la mort de ceux qui nous sont étrangers que par celle de nos proches. Il faut garder la tête froide et l'on opère mal les yeux mouillés"
Louis-Charles va déplaire. Très vite. Alors il va être envoyé sur le front récupérer les blessés restés coincés depuis 3 jours dans le "no man's land". Il découvre l'horreur du champ de bataille.
Il va oser l'impensable: par dessus les lignes, contacter l'officier allemand d'en face et lui proposer une trêve d'une heure durant laquelle ils iront récupérer leurs hommes. Il lui propose même du matériel. Et celui-ci accepte (page 43). "Volontiers capitaine. Voyez-vous, chez nous, il est dans l'ordre de mourir. Les secours ne font pas partie des usages. Néanmoins, j'ai vu partir trop de jeunes hommes pour adhérer complètement à ce principe."

La moisson sera maigre, un seul homme, un Français, aura survécu. Tandis que chacun regagne en catastrophe ses lignes, le premier volume s'achève sur des images très sombres: la mort de cet officier allemand.