jeudi 29 avril 2010

... M. Chat n'est plus...

Il m'a appelé en toute fin d'après-midi pour me dire que quelqu'un avait sonné à la porte d'entrée pour demander si nous avions un chat roux, parce qu'il y en avait un qui semblait très mal en point sur le trottoir devant la maison, après avoir probablement été heurté par une voiture.
C'était hélas bien M. Chat, incapable de bouger et qui semblait beaucoup souffrir.
Malgré toute la diligence dont il a pu faire preuve pour l'emmener aussi délicatement que possible d'abord chez le vétérinaire, qui lui a administré un sédatif après avoir fait comprendre qu'il semblait très gravement atteint, puis au service des urgences de l'école vétérinaire de Nantes, la course de M. Chat s'est arrêtée là: fracture de la mâchoire et enfoncement thoracique ayant probablement entraîné une hémorragie interne.

Mais qu'importe le diagnostic! M. Chat ne s'installera plus désormais sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, au 1er étage, pour regarder avec envie les oiseaux dans l'arbre dont les branches frôlaient la fenêtre.
Nous pourrons désormais sans crainte laisser de la nourriture dans la cuisine car il risquera plus de venir la piquer en douce. Ses forfaits les plus mémorables? De la brioche à travers le plastique et du saumon fumé. Mais il ne rechignait pas à manger aussi des tomates, du poivron (avec une préférence pour le rouge) des olives vertes, des champignons, des pommes et des cornichons... Non, non, on n'oubliait jamais de lui donner ses coquettes!
Il avait aussi bien repéré les bricks de lait au point d'en avoir transpercé les packs et provoqué nuitamment une jolie flaque de lait...

Il était aussi agaçant à sortir le soir et ensuite attendre deux heures du matin pour venir miauler devant la porte-fenêtre afin qu'on lui ouvre et qu'il vienne finir la nuit, blotti contre nous. On oubliait tout quand il devenait alors une jolie boule toute douce qui finissait régulièrement le week-end par nous donner quelques coups de langue ou nous mordiller doucement le menton ou la pommette pour faire comprendre que l'heure de croquettes avait sonné.

Comme tous les chats qui vivent beaucoup dehors il avait eu quelques soucis de santé: une piqûre de vipère, quelques bagarres dont il était ressorti avec notamment une oreille un coup esquintée...
Rien de grave en réalité jusqu'à ce soir, parce que c'était un chat calme, zen. Exactement comme était le chat roux qui, en août 2004, attendait sagement assis dans son coin tandis que les plus jeunes chatons faisaient le fou dans son dos. Sans douce est-ce pour cela qu'après avoir eu droit aux noms de Clovis (en souvenir d'un petit écureuil coquin rencontré dans une histoire d'enfant) et de Caramel, c'est le nom de M. Chat qui était privilégié, parce que c'était celui qui lui allait le mieux.

Il aurait eu 6 ans le 15 juin prochain.

mercredi 28 avril 2010

ombre et lumière à travers deux statues

Toutes les deux font partie des collections du Musée de Rennes. Deux statues auxquelles je n'avais pas prêté garde lors de mes précédentes visites, même si la première me disait quelque chose, notamment à cause de ses boucles d'oreilles dont la documentation mise à disposition du public m'a appris qu'elles étaient d'inspiration celte.

La première donc, celle d'"Anne de Bretagne", est l'oeuvre de Jean Boucher (1870-1939) artiste dit "officiel".
Qu'en dire de plus? Que ce visage un peu trop austère à mon goût est la reprise d'un groupe en bronze représentant l'union de la Bretagne à la France qui a été détruit lors d'un attentat perpétré ... par un groupuscule autonomiste.

A cette figure sévère, je ne peux m'empêcher de préférer la sensualité de la sculpture de Eugène Cyrille Brunet (1828-1921) qui a laissé une "Messaline" avec une pose allanguie qui ne cache guère ses formes et dont le visage est très éloigné de l'image d'impératrice sanguinaire et débauchée qu'elle a laissée à la postérité.

lundi 26 avril 2010

autour d'une sculpture

C'est l'une des sculptures du Musée de Rennes dont je gardais le souvenir. Du temps de mon adolescence, elle figurait dans les salles à l'étage, et plus d'une fois en attirant les copains dans le Musée, nous avions eu la tentation de déposer une obole dans la coupelle qu'elle tenait, mais aucun de nous n'était passé à l'acte.

Désormais elle figure dans le patio central du Musée où la lumière naturelle permet désormais de a photographier sans le recours du flash, prohibé dans de tels lieux.
Et c'est une tout autre petite fille qui s'est offerte à mes yeux.

Une petite fille dont je ne peux que remarquer la tristesse du visage.
Et ce chien qui se tient tout contre elle, comme pour la consoler, ne serait-elle pas plutôt en train de le museler, comme pour l'empêcher d'entendre ce qu'elle ne veut pas, que derrière la petite fille triste parce qu'on lui a peut-être demandé de poser dévêtue, il y a la femme qui pressent son destin et dont on a l'explication dans la fiche établie par les services du Musée.

Extrapolation plus que douteuse j'en conviens. Mais en la revoyant cette statue, j'ai entendu dans ma tête la musique de la chanson d'Anne Sylvestre: "l'enfant qui pleure au fond du puits a gardé le coeur tendre..."

vendredi 23 avril 2010

Pour les amateurs de chats

Cette photo, prise à la volée hier matin, d'une petite chatte noire qui attendait devant les volets de sa maîtresse, une vieille Dame qui habite quasiment en face de la maison familiale. Piètre photo prise coincée derrière une haie de buis, avec l'appareil quasiment au maximum du téléobjectif dans une lumière matinale quasi nulle. Mais la pose, typique du chat qui s'étire, est bien là.

Cette petite chatte a failli devenir la nôtre lorsque nous l'avions trouvée affamée devant notre porte. C'était en septembre 2002. On l'avait gardée quelques jours, adorable petite chose noire toute douce. Et puis elle avait disparu, causant un grand vide alors même que nous ne l'avions gardée que quelques jours.

Au printemps suivant, il nous avait bien semblé la revoir dans le quartier. Après en avoir discuté avec la vieille dame il s'était avéré que oui, c'était bien la même. A notre maison avec 3 jeunes enfants dont on peut toujours craindre quelque plaisanterie, elle avait préféré celle de la vieille dame, malgré la présence d'un chien qui avait vite appris à filer doux.
Depuis il était devenu difficile de la caresser car elle venait d'avoir des petits... Et désormais, M. Chat ayant pris ses quartiers dans la maison familiale, on peut comprendre ses réticences à nous fréquenter alors que nous sentons le chat, un autre chat!

Mais c'est elle, toujours aussi gracieuse et qui sait attendre comme cet autre chatte, Camille, qui dans la précédente maison attendait toujours derrière mes volets pour filer dans la chambre des enfants dès que je les repoussais le matin. Je râlais, pour la forme, car je n'ai jamais entendu un enfant amateur de félins protester contre un réveil dénommé "chat", surtout lorsqu'il ronronne et est tout doux. Les fabricants de réveils devraient s'en inspirer :-)

jeudi 22 avril 2010

Post-Scriptum?

D'une certaine manière oui. Un PS à ce billet du 13 avril
http://un-chat-passant-parmi-les-livres.blogspot.com/2010/04/les-hommes-qui-comptent-dans-une-vie-de.html
sur les hommes qui comptent dans la vie dune femme.

Ce jour-là, en le préparant, j'avais aussi trouvé une image (pays, date et photographe inconnus) que j'avais trouvé belle mais...
Est ce la fille, la petite-fille de ce vieux Monsieur? Je n'en sais rien. Je n'en retiens que la grande tendresse du geste qu'elle fait pour lui qui semble si fatigué.

Un geste dont je ne sais si je saurai en faire un similaire avec celui que je vais voir aujourd'hui, moi qui lui donne et qui prend désormais si rarement de ses nouvelles.
Changements d'habitudes depuis qu'elle n'est plus mais surtout ce sentiment qui met si mal à l'aise: nous n'avons plus rien à nous dire que des banalités et dans le monde si petit qui est devenu le sien, j'ai du mal à accepter le vieillard qu'il est devenu...
... Et peut-être aussi l'image de ce qui m'attend dans un peu plus de 30 ans.

mercredi 21 avril 2010

Andreas Overland

De ce photographe je ne sais absolument rien sauf ce qui suit: Il est a priori Norvégien, vivrait à Oslo et privilégie la photo en noir et blanc.
Je l'ai connu via une photo de nu artistique où il avait rapproché les courbes de la hanche d'un nu féminin avec celles d'une tige de tulipe. Photographe professionnel? J'en doute car alors il serait répertorié d'un ".com" mais photographe amateur TRES éclairé: oui.

Grâce à internet j'ai pu retrouver son site

http://www.andreasoverland.no/


lequel renvoie à Twitter. Et c'est tout! Mes recherches basiques s'arrêteront là, notamment parce que mes connaissances en anglais sont quasi nulles.

Mais j'ai eu envie de le "partager" en faisant connaître son travail.
Plus que ses "nus artistiques" dont certains sont des épures à l'image de la photo qui a initialement arrêté mon oeil, il me semble intéressant de faire part de son travail autour du portrait, notamment de ses "portraits of the mind" dont le seul titre renvoie à une démarche bien éloignée de celle adoptée par de pseudos photographes de "nus artistiques" qui, s'ils dévoilent le corps sont incapables de montrer la moindre parcelle d'âme des personnes photographiées. Lui si!
Sans doute est ce pour cela qu'il a sous-titré son site de cette expression "artic soul photography"

Qu'écrire de plus?
- que sauf pour la première image, les personnes ne regardent jamais l'objectif
- que le titres ne sont pas le siens mais ceux qui me sont venus à l'esprit


mardi 20 avril 2010

Lulu, rencontres et retrouvailles (2)

Les retrouvailles

Elles sont en fait nombreuses.
Il y a d'abord celles des deux narrateurs avec "Lulu, femme nue": Xavier, un ami de longue date de la famille et Morgane, la fille aînée de Lulu.

Que dire de Xavier?
Que beaucoup de femmes aimeraient avoir un tel ami, prêt à faire des kilomètres pour vous aider, quitte à braver les foudres de sa propre femme.
Prêt à aider votre fille à accepter une chose peu évidente pour beaucoup d'enfants, à savoir que leur mère peut être aussi une femme.
Prêt à jouer le rôle de l'amoureux de votre fille pour passer inaperçu avant de se faire rembarrer en beauté lorsque par distraction il laisse son bras sur son épaule par un "enlève ton bras gros pervers"

Quant à Morgane...
Lorsque Lulu la présente à Marthe elle dit tout simplement d'elle: "Morgane est ma fille. Je volais vous la présenter avant de partir. Elle est ce qui m'est arrivé de mieux"
Morgane qui après avoir appris beaucoup de choses sur sa mère, remis en place définitivement son père avec un "T'as raison. Gueule moi dessus ça t'a bien réussi avec ta femme. On va voir ce que ça donne avec ta fille" a entendu sa mère la présenter à Marthe et se demande plus tard: "J'ai 16 ans et je ramène ma mère au bercail. Drôle de truc non? Je l'observe.C'est bien elle et ce n'est plus la même. Je guette ce qui a changé ...et je cherche ce qui m'est arrivé de mieux à moi."

Et malgré tout ce qui lui est arrivé, on espère que de temps en temps la vie lui permettra de ressentir ce qu'a vécu un jour Lulu et qui donne lui à une superbe vignette.

Elle couvre une page entière de ce second tome qui voit Lulu rentrer chez elle pour reprendre sa vie avec Tanguy, un Tanguy qui constate, qu'il est le méchant de l'histoire, celui dont personne ne s'est jamais demandé ce qu'il pouvait avoir ressenti lorsque Lulu l'avait quitté...

lundi 19 avril 2010

Lulu, rencontres et retrouvailles (1)

Les rencontres

Dans le tome 1 de "Lulu, femme nue" d'Etienne Davodeau, il y avait la rencontre de Charles qui permettait à Lulu de redevenir une femme, elle que son mari, après des années de mariages, n'hésitait pas parfois à appeler sa "grosse courge" devant ses enfants.

Charles comme le dit pudiquement Morgane, la fille de Lulu: "Alors c'est pour ce mec là qu'elle nous abandonne tous? Il est pas terrible" avant d'ajouter à propos de sa mère: "Remarque, elle est pas terrible non plus"
Et pourtant c'est ce mec "pas terrible" qui va redonner goût à la vie à Lulu, tout en redonnant confiance à Charles. Une nuit, il dira ceci à Xavier, un ami de Lulu (mais Charles ne le sait pas) venu le rejoindre sur la plage alors qu'elle vient de courir se baigner nue et que Xavier constate "Elle est pas frileuse la dame" "Cette femme là c'est la chaleur... c'est de la chance aussi. De la chance j'en ai pas trop eu ces derniers temps. Mais là oui, c'est de la chance cette femme là." Ce qui est l'un des plus beaux hommages jamais lu.

Pourtant Lulu laissera Charles et reprendra sa route pour croiser dans le tome 2 celle de Marthe. Une 1ère rencontre un peu brutale puisque Lulu, à court d'argent a essayé de lui voler son sac en le lui arrachant.

Comment décrire Marthe? Avec ses mots peut-être: "Je suis vieille. Je suis cardiaque, mais je ne suis pas sourde."
Elle entend même bougrement bien Marthe! Bien au delà des mots qu'utilise Lulu. Alors elle va l'héberger quelques jours, en s'en défendant avec humour puisque pour la convaincre de rester dormir chez elle et d'y manger, elle lui rappelle implicitement leur rencontre en disant "... et pour manger? ça va être l'hécatombe chez les octogénaires du département".
Oui Marthe a beaucoup d'humour. Ne parle t elle pas ainsi de son médecin: "Si ce gamin imagine qu'il va décider à ma place de ce que je mange, c'est un sacré naïf!"
De l'humour et de la pudeur car quelques jours plus tard à Lulu qui s'inquiète: "Vous n'avez plus peur de moi"elle réplique: "Si vous m'emmerdez, je vous fous un coup de couteau enduit de rillettes périmées. ça ne pardonne pas"

Mais la route va bientôt s'arrêter pour Marthe, quelques heures après qu'avec Lulu et Morgane elle ait décidé de remonter avec Lulu vers la maison familiale... pour des retrouvailles un peu mouvementées, mais entretemps le trio aura bien ri.

dimanche 18 avril 2010

Les étranges chemins du net

Partie du blog que Etienne Davodeau a mis en place pour donner des nouvelles du tome 2 de "Lulu, femme nue" le temps de sa conception et un petit peu après sa naissance:

http://lulufemmenue.blogspot.com/

je me suis aperçue que dans un récent billet il renvoyait à un autre blog

http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?page=blog_neufetdemi#146

sur lequel l'auteur constatait la similitude de certaines histoires, billet dont voici quelques extraits. A noter que c'est moi qui a recopié en gras la phrase du dernier paragraphe. "célébrations de la rupture

On ne me fera pas croire que c’est le fruit du hasard si quatre bandes dessinées récentes ont en partage le thème de l’évasion, entendue comme renoncement à sa vie passée, fuite hors du cercle du quotidien. Dans le prologue d’Asterios Polyp, le roman graphique de David Mazzucchelli le personnage éponyme voit sa maison détruite dans un incendie. Comme s’il n’attendait que cela, il n’en faut pas davantage pour que cet architecte mondain, sûr de lui, brillant, prenne, sans bagages, sans autres biens que la chemise qu’il porte sur le dos et quelques dizaines de dollars, le premier car en partance, et, débarqué au milieu de nulle part, se fasse engager comme mécanicien dans un garage. Il a, d’un coup, tiré un trait sur sa vie passée, ses relations, sa carrière.

L’héroïne de Lulu femme nue, d’Étienne Davodeau est une mère de famille de quarante ans, en recherche d’emploi, qui abandonne mari et enfants, sans explications. La voici en errance, en quête d’elle-même, ouverte à de nouvelles rencontres. Ce récit sensible est un acte de foi dans la capacité de vivre, d’aimer, de réinventer sa vie.

Vacance, de Caty Baur a un point de départ très semblable. Mais ici, l’héroïne en rupture s’enivre de plaisirs, dépense sans compter, collectionne les amants ; la femme qui se veut libre sombre peu à peu dans une forme de déchéance, perdant le respect d’elle-même. Le titre est à double entente : elle s’est mise en congé de sa vie ordinaire (s’ingéniant à rendre tout retour en arrière impossible), et elle n’a trouvé que de la vacuité.

Dernier paru, Les Collines rouges, de Dodo & Ben Radis s’intéresse à Élise, une femme qui, elle aussi, a quitté le domicile conjugal et ses enfants pour se réfugier dans un cabanon à l’écart du monde. « Elle était arrivée à destination. Destination nulle part. Mais c’était le but puisqu’elle n’en avait aucun. »

Dessin de Ben Radis. © Futuropolis

Que faut-il voir derrière une telle communauté d’inspiration, sinon l’expression d’un sentiment de malaise, d’un désenchantement, voire d’une révolte face à la vie formatée, aliénante, conditionnée par la publicité et les médias, qu’on cherche à nous faire vivre, une vie soumise aux diktats du rendement, de la compétitivité, de la performance, une vie qui nous dépossède de nous-même ? « La vraie vie est ailleurs ». Les personnages des quatre livres évoqués ci-dessus se sont appropriés le mot de Rimbaud. "

jeudi 15 avril 2010

Nantes, jour après jour (2)

C'était dimanche dernier, lors de son dernier jour de présence à Nantes. J'ai enfin pu arpenter le Bélem. Plus de texte plus tard.

mercredi 14 avril 2010

Nantes, jour après jour

C'était le 4 avril dernier, place Royale, une manifestation dans le cadre de la semaine du développement durable.

Je n'ai pas eu le temps d'y aller, juste le temps de traverser le site et de repérer une peu discrète caravane d'un très beau jaune soleil sur le thème des "toilettes sèches"...
C'est le genre de lieu qui m'a fait beaucoup rire la 1ère et unique fois où je me suis servie de l'une d'entre elles parce que se retrouver au XXème siècle avec une petite écuelle de sciure en guise et place de chasse d'eau, ça fait un drôle d'effet. Mais on rit beaucoup moins quand on y réfléchit un peu plus et que l'on prend conscience à quel point l'eau peut-être un enjeu sur certains sites de la planète, l'accès à l'eau potable mais aussi l'assainissement de l'eau.

Petit détail amusant pour qui connaît un peu Nantes et/ou pratique a minima la photographie: les deux photos de ce billet ont été prises à 2 min d'intervalle. Or l'ambiance sur les deux photos était très différente selon que l'on regardait vers l'Est où l'église de St Nicolas se détachait sur un ciel gris sombre ou vers le Nord-Ouest, là où les immeubles du XIXème ressortaient bien sur le ciel bleu.

mardi 13 avril 2010

Les hommes qui comptent dans une vie de femme

Il y a tout d'abord le tout premier, celui sans lequel on ne serait pas...
et puis il y a celui avec lequel la jeune fille devient femme...
et puis celui avec lequel la femme devient mère...

Mais ce ne sont que les femmes physiques car il y a aussi les autres femmes: la femme amoureuse, la femme sensuelle, que l'on devient, brutalement ou petit à petit, que l'on reste jour après jour ou que l'on redécouvre alors qu'elle s'était endormie...

Et puis il y a le dernier, celui de la fin de notre histoire de femme.

Parfois c'est lui qui, comme Willy Ronis, hier, gardera de ce lien qui aura duré des jours, des mois, voire des années une image finale, tendre et pudique.

lundi 12 avril 2010

Le Dit de Willy Ronis (4)

Parmi les images les plus connues de Willy Ronis il y a "le nu provencal" où figure sa femme Marie-Anne, immortalisée du temps où ils restauraient leur maison de ampagne à Gordes. Il y a ausi d'autres beaux nus féminins, d'autres couples. Et parmi ces derniers il y a cette image. Elle est seule et portant c'est l'image d'un couple: la vision qu'a un homme amoureux de sa femme, après des années de vie commune, qui sait que bientôt ils seront séparés et parle tendrement, pudiquement de ce lien.

"Ce jour-là, justement, j’étais dans son petit appartement qui donnait sur le parc de la maison de retraite. La vue était très belle. Marie-Anne donnait des signes de fatigue et, en regardant par la fenêtre, je m’étais dit que j’aurais aimé la photographier dans ce parc, assise sur le petit banc de pierre qu’on voyait de la chambre. Cette réflexion, je me l’étais faite pendant l’été, et je me disais : “non, ayons de la patience, ce sera beaucoup mieux en novembre”. Je préférais prendre cette photo en automne, je voulais voir les feuilles mortes par terre, je savais que ma photographie serait plus symbolique. Elle dirait le retour à la terre, imminent. Alors, j’ai attendu. Et j’ai eu raison. Marie-Anne a d’ailleurs vécu encore trois ans, et nous la voyons, toute petite, sur le banc de pierre, au milieu des feuilles mortes. Cette photo, naturellement, m’est très chère, je ne peux pas en dire davantage. Marie-Anne fait partie de la nature, du feuillage, comme un petit insecte, dans l’herbe. Nous avons vécu ensemble quarante-six ans."

dimanche 11 avril 2010

Le Dit de Willy Ronis (3)

Avec cette photo, c'est le Willy Ronis humaniste, militant ou plus exactement engagé que l'on retrouve. Et on comprend mieux la colère qui a du être la sienne le jour où il a retrouvé une autre de ses photos de ce même mineur (dont on apprend que âgé de 47 ans sur la photo il est mort de la silocose quelques mois après que Ronis l'ait immortalisé). La légende de l'autre photo empruntée sans son accord était: "l'évangélisation du monde ouvrier est elle possible?"
Ce passage du livre "ce jour-là" est d'ailleurs l'occasion d'aborder le thème des relations avec les agences de photos, photos dont le photographe n'a plus alors vraiment le contrôle, avec le risque de voir utiliser une image pour un usage auquel le photographe n'est pas d'accord. Ronis dit à cette occasion : "Une photo n'est pas un parpaing avec lequel on peut construire n'importe quoi. Je me sens responsable de l'utilisation de mes images"
Certains photographes l'oublient.
Mais c'est aussi une question que devraient se poser plus souvent ceux qui utilisent les images d'autrui. Moi la première.

samedi 10 avril 2010

Le Dit de Willy Ronis (2)

Willy Ronis et Rembrandt. Texte tiré notamment de "ce jour là" à venir

vendredi 9 avril 2010

Echos... (5)

C'était il y a quelques jours, je cherchais sur le Net un beau livre sur la Danse.

Je suis tombée sur cette image qui m'a fait penser à cette peinture d'Henri Matisse dont il y a quelques années, il est fort probable que la caisse nationale d'assurance maladie s'est inspirée elle aussi.






jeudi 8 avril 2010

Le Dit de Willy Ronis (1)...

... dans "Ce jour-là" consacré à "Port-Saint-Louis-du-Rhône" où en 1952 une femme toute de noir vêtue méditait devant l'étang de Berre. Elle lui avait rappelé la Grèce, le "Fatum" avant qu'il n'indique ceci:

"... J'étais très ému. Il y a parfois des moments qui sont si forts que j'ai peur de les tuer en faisant une photo. C'est alors que je doute, je me dis que je suis peut-être tout seul à m'inventer des histoires et je ne suis pas sûr de pouvoir communiquer toutes mes associations: il faut alors que je sois très prudent, que je garde une certaine distance. Quand l'image sera tirée sur le papier, est ce que cette magie que j'ai ressentie sera encore vivante, palpable? Je sais que parfois il reste très peu de choses, alors je garde la photo pour moi, comme une mémoire intime, qui ne regarde pas les autres"

mercredi 7 avril 2010

Papillons volent de billet en billet

Durant les quelques derniers messages, d'une certaine manière c'est le papillon qui a été le fil conducteur. Le 3 c'était les ailes qui ornaient le dos de "Precious", le 5 les photos de papillons qui illustraient des histoires autour de... papillons, hier le papillon posé sur la bouche d'une femme de l'affiche du "silence des agneaux". Mais en fait tous tournaient autour de la dernière photo du présent billet: celle d'une gouache sur papier qui figure sur la carte postale achetée il y a une dizaine de jours de cela lorsque je suis allée revisiter le Musée Dobrée.

Un Musée dont je gardais 4 souvenirs:
- celui de l'aile archéologique avec notamment une momie de chat (cette partie est actuellement en rénovation) qui avait alors beaucoup impressionnée les enfants qui étaient tout petits
- une collection d'armures ou plutôt de heaumes, d'armes etc... qui me semblaient dater du moyen-âge (en fait 'est plus large que cela)
- la pièce maîtresse du Musée: le reliquaire du coeur d' Anne de Bretagne (pas évident à photographier pour en rendre tous les détails de des deux faces tout en montrant dans le même temps l'épaisseur...Avis donc aux amateurs)
- et les collections "chinoises" avec beaucoup de vaisselle que je préférais de beaucoup à la celle dite de Quimper dont regorge le Musée de Rennes. Une vaisselle très fine à l'exemple de ce service à thé, presque une dînette de poupée, impossible à photographier à cause du flash (interdit) et des reflets sur les vitres. Et pourtant qu'il était beau avec les "pattes" de la tasse en forme de pétales de fleur!

Alors en souvenir de cet agréable dimanche malgré la fraîcheur de l'air et la grisaille du ciel, j'ai acheté deux cartes postales, dont celle-ci: un clin d'oeil à une Dame du sud de la France actuellement en vacances et dont j'aime beaucoup les billets où ses dessins et les textes de François Cheng renvoient beaucoup à l'orient.

mardi 6 avril 2010

Ces films qui font peur

La nouvelle dont le titre et l'auteur ont été oubliés et qui mettait en scène un papillon, a fait remonter en mémoire un film où un papillon de nuit, figurait sur l'affiche: une allusion à un élément de l'intrigue puisque à un moment les enquêteurs trouvent la chrysalide d'un sphinx au fond de la gorge d'une victime. Et tout à la fin, Clarice, l'héroïne, devra lutter contre le tueur dans le noir d'une pièce dans laquelle évoluent ces papillons.
Avec "le silence des agneaux", sorti en 1991, se clôt une série de films mythiques qui sont de ceux qui laissent cloués sur le siège et où l'on est complètement partagés entre l'envie de regarder l'écran et celle de fuir.

Quelques années auparavant, en 1979, c'était "Alien" qui m'avait traumatisée. C'est l'affiche, le "bouche à oreille" et un certain goût pour la science-fiction qui m'avait fait accepter d'accompagner un ami grand amateur de Valérian et Laureline.
Je n'ai pas été déçue du voyage, au point de conseiller le film, tout en me gardant de le revoir en totalité. De vision en vision, je m'arrête toujours plus tôt. Pendant un certain temps c'était au moment de la "scène des spaghettis" (le genre de scène qui vous dissuade d'en manger pendant un certain temps) où l'alien "naît" brutalement du corps de John Hurt qui l'a "couvé" sans le savoir. Mais la dernière fois c'était dès que l'acteur explore le champ d'oeufs qui ressemble curieusement à un champ de choux... Mais il faut dire que dès le début du film la musique, très angoissante, met en condition.

S'il est un autre film où elle est très présente et indissociable des images, c'est dans "Psycho" (1960). Il y a certes la scène culte de la douche où les violons de Bernard Hermann, le compositeur attitré de Hitchcook s'en donnent à coeur joie pour donner l'impression de recevoir soi-même les coups de couteaux.
Mais il y a aussi d'autres scènes chocs: avant la douche, la longue scène de la fuite où la nuit, la pluie, le reflet des phares, le va et vient des essuie-glaces contribuent à faire monter la tension. Et puis ce moment où la soeur de l'héroïne retourne le siège de la mère d'Alan Bates et découvre qui elle est réellement...

Dans un autre film, beaucoup moins connu, l'un de ces films dits de série B tournés avec des faibles moyens mais qui est devenu culte au point d'avoir une série de suite, la musique aussi met en condition dès les premières images. Il s'agit de "la nuit des morts-vivants" de Romero sorti en 1968. Je m'étais laissée y entraîner... sans vraiment savoir à quoi m'attendre.
Moralité: alors que j'étais adulte je n'ai pas pu m'empêcher de me mettre à quatre pattes avant de me glisser au lit afin de m'assurer qu'il n'y en avait pas un sous ce dernier. Et pire, la lumière éteinte, je suis restée longtemps les yeux grands ouverts dans le noir en pensant "Comme ça ils n'oseront pas m'attaquer, ou au moins je les verrai venir"

lundi 5 avril 2010

Histoire de papillons

Pendant des années, enfant, j'ai essayé d'attraper des papillons. Sans filet adapté si ce n'est celui de mes mains, je n'étais pas très douée pour l'exercice. Mais peut-être y suis-allée aussi trop tôt, étant trop jeune pour avoir connu la chanson de Georges Brassens.

http://www.youtube.com/watch?v=yZByof3l4jY&feature=related

Plus sérieusement, l'envie m'a brusquement passée après avoir attrapé l'un d'eux, l'avoir endormi me semblait -il définitivement dans un bocal avec de l'éther puisqu'il ne bougeait plus, avant de le fixer avec une épingle sur un mur... et m'apercevoir quelques jours qu'il bougeait encore! Il va de soi que je l'ai aussitôt décroché et relâché. Il avait fini par s'envoler mais ce souvenir était resté en moi.

Alors des années plus tard lisant dans un livre de poche où étaient regroupées des nouvelles autour du thème "Hitchcook raconte..." j'ai été terrorisée par l'une d'elle (peut-être en retrouverais-je un jour le titre et l'auteur). Il était question d'un petit garçon, orphelin de mère et dont que son père délaissait un peu. Très solitaire, il collectionnait les papillons qu'il fixait lui aussi sur les murs de sa chambre. Après en avoir capturé un plus étrange que les autres, il a commencé à passer des nuits difficiles, d'abord à avoir l'impression que quelque chose battait contre les murs de sa fenêtre, puis pesait sur sa poitrine et gênait sa respiration, avant de commencer à s'affaiblir. Dans le même temps son père avait remarqué qu'une odeur étrange et assez désagréable se répandait dans leur maison, nuit après nuit. Et un matin, en allant réveiller son fils, il l'avait trouvé mort, emmailloté dans un étrange cocon de soie.

Alors maintenant, les papillons je me contente de les regarder. De toute manière, même pour les photographier c'est quasiment mission impossible! Peut-être y arriverais-je le jour où je me déciderai enfin aller au château de Goulaine:

http://chateau.goulaine.online.fr/

samedi 3 avril 2010

Precious

Tiré du roman "Push" écrit par Sapphire (une femme poète née en 1950), le film dépeint la vie de Precious qui a 16 ans, est obèse, analphabète, martyrisée par sa mère et a été à de nombreuses reprises violée par son père dont elle a eu deux enfants...
Autant de sordide n'a pas manqué d'en révulser certain(e)s, et c'est vrai qu'il y a de quoi. Mais derrière ce misérabilisme poussé à l'extrême - heureusement saupoudré de notes d'humour - se cache le message selon lequel on peut toujours s'en sortir.

En fait les deux affiches du film que l'on trouve sur le net reflètent assez bien ce qu'il est.
L'affiche américaine renvoie au livre dont il est inspiré et dont parle assez bien un critique:
http://www.lapageculture.com/2010/03/push-sapphire-roman-precious/
Et là Push/Precious, c'est l'histoire d'une petite fille qui a explosé de l'intérieur à cause de ses parents (la scène où la mère en pleurs raconte la première fois où elle a laissé son mari abuser de leur fille est impressionnante).

Mais Precious, grâce aux mots, va se reconstruire (belle illustration du phénomène de la résilience) grâce à une enseignante et une école "alternative".
J'ai notamment aimé les scènes poétiques comme celles avec ce foulard de couleur vive qui tranche sur la grisaille, un foulard que Precious confiera juste avant sa dernière rencontre avec sa mère à une autre petite fille battue.
De même, quand d'autres les ont trouvées trop clinquantes, j'ai apprécié les scènes oniriques où Precious se réfugie pour ne pas voir une réalité trop atroce. C'est pourquoi j'aime l'affiche avec cette jeune femme obèse dans le dos de laquelle poussent des ailes de papillon. Les mots ont aidé Precious à sortir de sa chrysalide.

Et puis il y a l'image finale du film: Precious, à la fois forte (en poids mais en force de caractère) et fragile puisque sa vie plus que pour tout autre est menacée (son père lui a transmis le Sida) marche dans la foule en donnant la main à sa petite fille trisomique dont elle a récupéré la garde tout en portant tendrement son autre enfant. Elle n'a que 17 ans mais pour eux, elle sait être mère, ce qu'avait oublié d'être la sienne. Elle est devenue pour eux ce qu'a été cette enseignante dont elle dit qu'elle fait partie de ces gens qui ont une lumière en eux, une lumière qu'on ne voit pas mais qui vous guide lorsque vous vous sentez comme dans un tunnel