mercredi 30 septembre 2009

Be cool with Bicloo

Je ne l'étais promis...

http://un-chat-passant-parmi-les-livres.blogspot.com/2009/08/il-va-pleuvoir.html


Je l'ai fait... avec 17 jours de retard cependant.

1er bilan après deux essais ce jour, le temps d'aller faire quelques menus achats dans une grande surface distante d'environ 1km.

Point noir: la bêêêêêête est lourde à manoeuvrer. Mais ça vu sa silhouette c'était prévisible. Et puis il fallait du costaud parce que ça va rester dehors 365 jours par an, quelle que soit la météo; il n'y aura pas que des poids plumes à poser leur vénérable postérieur sur la selle (quoique les clients à risque se gardent bien en général de se hisser dessus); et en plus du poids standard, il faut ajouter le panier en métal devant, la protection de la roue arrière (très appréciable pour celles qui comme moi sont adeptes des jupes et robes) et un peu d'appareillage électronique.

Point gris: le descriptif de l'engin laisse à désirer donc pressés s'abstenir car il est souhaitable d'apprivoiser la bête (réglage selle possible mais pas expliqué, idem les vitesses, idem l'éclairage) d'autant que celle-ci une fois lancée le système de freinage est faiblard (en tout cas sur les deux modèles testés)

Points positifs:
-ne pas être embêté pour trouver où le garer en se demandant si ce soir il sera encore là
- le panier: idéal pour déposer quelques courses, quelques dossiers pas trop volumineux... mais pas trop parce que ça déséquilibre le vélo et puis pour les Dames, il faut garder de la place pour son sac :-)
- la bonne conscience: je fais de l'exercice et je ne pollue pas!
- les sensations :-) quel plaisir de pédaler, même avec le vent dans le nez, le long de la Loire le soir en sentant cuisses et mollets qui travaillent en cadence, le pied qui appuie fermement sur la pédale... 40 ans envolés d'un coup. Si, si!

Du coup en souvenir de nos courses accompagnées de fous-rires avec Brigitte, Annie et quelques autres, lorsqu'on attaquait toutes ensemble, de front (Quoi les voitures? Elles attendaient derrière!) la grande côte qui aboutissait au collège, je me suis offert une petite finale en danseuse.

mardi 29 septembre 2009

... se souvenir et ne jamais oublier (suite)...

Plus de 600kms et environ 6h30 de route pour enfin visiter le mémorial de Caen.

Le billet d'entrée est valable 24 heures mais au bout de 3 heures l'esprit sature, même si beaucoup de choses sont connues.
Pas de révélations, non juste une sorte de prolongement du documentaire "Apocalypse" diffusé 3 mardi de suite sur un chaîne de télévision publique. Mais pas uniquement un prolongement car si effectivement le 1er bâtiment est consacré à la seconde guerre mondiale, le second concerne la guerre froide.
Un peu décevante cette partie car elle est difficilement "lisible" compte tenu des choix de mise en scène, par exemple les textes et autres documents photographiques peuvent être noyés au milieu de rouages en bois en tout genre lesquels qui arrêtent le regard sur des détails de la "mise en scène" au lieu de l'amener à voir l'essentiel.

Et puis un peu à l'écart, entre-deux, une exposition temporaire qui cessera le 31 décembre:
"stigmatiser, exclure, traquer, déporter, assassiner, survivre:
les enfants dans la shoah"

Cette photo-là n'y figure pas mais il y a beaucoup de visages d'enfants, des témoignages (lettres, journaux, dessins, interviews des rares survivants) d'enfants et de ceux qui les ont aidé, des familles, des enseignants, du personnel soignant.

Et sur une affiche un texte de Gérard Rabinovitch dont voici quelques passages:
"...entre 5 100 000 et 5 800 000 Juifs disparurent en Europe durant la Shoah.
Parmi eux environ 1 250 000 enfants furent assassinés sous toutes les formes possibles de cruauté; soit 9 enfants sur 10.
A la chute du nazisme, il ne restait plus que 100 à 120 000 enfants survivants dans toute l'Europe, soit entre 6 et 11%, principalement en Europe occidentale. Dans des régions entières de l'Europe centrale et orientale, il ne restait plus aucun enfant juif vivant. Pour ceux qui avaient survécu, un grand nombre d'entre eux orphelins, il leur fallait encore subir l'isolement "intérieur" de ceux qui n'arrivent pas à faire entendre leur "expérience" et d'essayer de vivre "normalement" une existence "privée de confiance dans le monde" (Jean Améry)"

lundi 28 septembre 2009

Histoire de noeuds (6)

"La Rouille": c'était une chanson dans l'album "mon frère" de Maxime Le Forestier.
http://www.wat.tv/audio/maxime-forestier-rouille-15v6z_13n3z_.html
37 ans se sont écoulés depuis sa sortie en 1972 et pourtant que de paroles et de musiques sont restés bien gravés dans la mémoire, à l'image de ce vers écrit par et qui reste tellement vrai: " ...Avec le temps tout se dénoue..."
Par contre qu'est devenu Jean-Pierre Kernoa celui qui l'a écrit. Mystère. Le Net n'apprend rien de plus au delà d'une contribution à l'album "les jours meilleurs".

L'habitude nous joue des tours :
Nous qui pensions que notre amour
Avait une santé de fer.
Dès que séchera la rosée,
Regarde la rouille posée

Sur la médaille et son revers.

Elle teinte bien les feuilles d'automne.
Elle vient à bout des fusils cachés.

Elle rongerait les grilles oubliées

Dans les prisons, s'il n'y venait personne.

Moi, je la vois comme une plaie utile, Marquant le temps d'ocre jaune et de roux.
La rouille aurait un charme fou

Si elle ne s'attaquait qu'aux grilles.

Avec le temps tout se dénoue.
Que s'est-il passé entre nous,
De petit jour en petit jour ?

À la première larme séchée,

La rouille s'était déposée

Sur nous et sur nos mots d'amour.

Si les fusils s'inventent des guerres
Et si les feuilles attendent le printemps,

Ne luttons pas, comme eux, contre le temps.
Contre la rouille, il n'y a rien à faire.
Moi, je la vois comme une déchirure,

Une blessure qui ne guérira pas.

Notre histoire va s'arrêter là.

Ce fut une belle aventure.

Nous ne nous verrons plus et puis...
Mais ne crois pas ce que je dis :
Tu sais, je ne suis pas en fer.
Dès que séchera la rosée,

La rouille se sera posée

Sur ma musique et sur mes vers.

dimanche 27 septembre 2009

...Histoire de noeuds (5)...

Cordes et liens, fils et tissages, noeuds qui se nouent ou se dénouent ou...

"Au fil de nos vies"

1981

Toi absent,
Avec la soie des souvenirs pour trame,
Avec la laine des rêves pour chaîne,
Un monde différent se créait.

Toi présent,
Tu défaisais ce tissu irréel qui te déplaisait.

Tu repartais.
Sur le métier, le va et vient de mes mains recommençait.
Tu revenais…

L’ouvrage restera inachevé,
Même si demain tu voulais le voir finir.
Le secret du tissage est perdu.
Nos vies sont et resteront déchirées.

2006

Toi présent,
Non absent
Non, absents
Toi et moi
Mais je ne voulais pas le voir
Aucun de nous ne voulait le voir

Alors jour après jour
Semaine après semaine
Année après année
Avec la soie des souvenirs pour trame,
Avec la laine des rêves pour chaîne,
J'ai essayé de tisser une étoffe
Et pour qu'elle soit plus chaude, plus douce
Avec trois nouveaux fils de couleur, pour l'égayer.

Mais le temps passe,
Les fils s'usent
Les couleurs s'effacent

Toi présent,
Moi absente...

L’ouvrage restera inachevé
Même si tu as pu souhaiter me voir le continuer
J'ai oublié les secrets du tissage
Nos vies resteront déchirées

samedi 26 septembre 2009

Histoire de noeuds (4)

Un noeud dans un mouchoir, fût-ce pour se souvenir de quelque chose ou quelqu'un, et même si le mouchoir est en fine baptiste, ce n'est pas très poétique. Et il y a bien longtemps que les Dames ont renoncé à laisser tomber leur mouchoir afin de donner à un Monsieur l'occasion de le ramasser et de faire sa connaissance.
Par contre, elle savent toujours user de noeuds et de dentelles. Certaines fort bien. La preuve avec cette 100ème leçon de séduction que Aubade a dévoilée jeudi dernier.

Une occasion d'explorer le site de cette société et de réviser en beauté certaines de ses anciennes leçons qui ont un point commun: elles mettent en scène des noeuds et des liens...

pour mieux séduire...

...et retenir.























vendredi 25 septembre 2009

Histoire de noeuds (3)

Faire un nœud à son mouchoir : le nouer pour se rappeler qu'on doit faire quelque chose.

à l'ère du mouchoir en papier jetable, voilà une expression devenue complètement désuète car qui pourrait bien avoir une idée aussi farfelue? Déjà qu'avec les vieux mouchoirs en tissu ce n'était pas évident, alors avec un mouchoir en papier...
Et à l'ère de la grippe H1N1, émettre cette simple idée devant les spécialistes de la prévention les feraient frôler illico la crise cardiaque.

C'est sans doute pourquoi sont apparues un peu partout sur mon lieu de travail des affiches qui rappellent aux fonctionnaires du ministère de la santéles consignes à respecter. Les soupçonnerait-on d'être atteints d'amnésie? Oui d'amnésie car c'est la seule explication plausible au fait qu'on les voit quasiment partout: au rez-de-chaussée au niveau des ascenseurs, dans les ascenseurs, sous la pointeuse...
Il convient cependant à ce stade de relever qu'elles sont paradoxalement absentes:
- des sanitaires... et pourtant il est recommander de se laver les mains avec de l'eau et du savon pendant 30', notamment après que l'on se soit mouché
- du lieu de restauration collective où, aux heures de pointe, la proximité est pourtant grande sur les tablées.

Maintenant petit passage en revue de quelques uns des modes de transmission du virus.
Les mains ... Il est implicitement conseillé d'éviter de serrer les mains. Certes. mais sauf à vouloir passer pour un Howard Hughes, d'imaginer commencer et achever une réunion sans avoir fait le tour des participants.
Les éternuements... En temps normal, la politesse voulait qu'à défaut de pouvoir se retenir d'éternuer, on le fasse discrètement. Exit la discrétion! On est maintenant prié de lever haut le coude.

Quant aux consignes d'hygiène... En résumé: on utilise un mouchoir en papier, on le jette aussitôt après usage et on part se laver les mains.
Maintenant imaginons des lieux où trouver une poubelle et un point d'eau avec savon sont difficiles: par exemple une salle de réunion où en général il n'y a qu'une disgracieuse poubelle camouflée dans un coin. Aller-retour discrets garantis ! Quant aux écoles, régulièrement les enfants font remarquer que dans les sanitaires, le savon joue les abonnés absents.

Alors? Finalement, mieux vaut sourire de tout cela et même, comme après avoir vu ce pastiche des spots de prévention, en rire. Il paraît que le rire contribue à renforcer les défenses immunitaires et comme je ne pense pas qu'il y ait la moindre contre-indication ni la moindre accoutumance à craindre avec ce médicament-là!...

jeudi 24 septembre 2009

Histoire de noeuds (2)...

et plus particulièrement d'un ruban jaune.

Depuis peu en France, c'est devenu un moyen de montrer son soutien aux militaires d'un régiment parachutiste qui participe aux opérations en Afghanistan.
Sauf que, une fois de plus, on a repris cette idée aux Américains. Petit rappel: au départ il y a cette
chanson de Sacha Distel, qui passait dans les années 70 sur les ondes française.

L'histoire? Un soldat de retour au pays demande:
" Accroche un ruban au bord de ton balcon, Ce sera ta façon de dire oui ou non, Et s'il n'y a pas de ruban au bord du balcon Moi dans mon taxi, j'aurai vite compris Que tout est fini... S'il n'y a pas de ruban au bord de ton balcon..."
La chanson se concluait par:
"Soudain je n'en crois pas mes yeux Car je vois à l'horizon Des milliers de rubans Au bord de ton balcon..."

Mais cette chanson n'était en réalité que la reprise d'une chanson originale américaine écrite en 1973 par Irwin Levine et L. Russell Brown : "Tie A Yellow Ribbon 'Round The Ole Oak Tree"
"Do ya still want me? If I don't see a ribbon 'round the ole oak tree I'll stay on the bus Forget about us Put the blame on me If I don't see a yellow ribbon 'round the ole oak tree"
et se terminait par
"And I can't believe I see A hundred yellow ribbons 'round the ole oak tree"

Est-ce de cette chanson qu'est née aux Etats-Unis, l'utilisation de ce ruban jaune débutée au moment de la prise d’otages américains en Iran en 1979, avant d'être ravivée lors de la guerre d’Irak en 1991?

On peut lui préférer une autre version qui remonte elle au film de John Ford: "la charge héroïque" dont le titre original est "she wore a yellow ribbon". En effet il renvoie à une vieille chanson populaire d'origine irlandaise adoptée comme chant de marche par le 7ème régiment de la cavalerie et que l'on entend dans le film après que l'une des rares femmes de ce western ait noué un de ces rubans dans ces cheveux.

La chanson disait ceci: "Around her neck She wore a yellow ribbon, She wore it in the springtime And in the month of May. And if you asked her Why the heck she wore it, She'd say "It's for my lover Who is far, far away".

mercredi 23 septembre 2009

... infanticides ...

C'était hier soir lors de la diffusion du documentaire des deux dernières parties du documentaire "apocalypse". L'un de ces faits qu'on s'efforce d'effacer de sa mémoire parce qu'ils sont insupportables.

On y voyait d'abord le général Rommel qui jouait avec de jeunes enfants, ceux de la famille Goebbels à qui leurs parents avaient tous donné un nom commençant par la lettre "H" en l'honneur de Hitler qu'ils vénéraient. Mais leur fanatisme est allé bien au delà puisque le lendemain du suicide de Hitler, ils n'ont pas hésité à les tuer, tous les 6, plutôt que d'accepter l'idée qu'ils puissent survivre à la fin du national-socialisme.

Et puis cette nuit est revenu le souvenir d'un passage de la BD "Maus" d'Art Spiegelman, celui où il parle d'une des amies de ses parents à qui plusieurs personnes avaient confié la garde de jeunes enfants en plus des siens propres. En effet cette jeune femme vivait dans un ghetto qui semblait plus "sûr" que le leur où des rafles avaient eu lieu et des enfants massacrés sous les yeux de leurs parents. Ayant appris qu'ils allaient tous être déportés vers Auschwitz, certaine qu'au bout du voyage il y aurait pour eux les chambres à gaz, elle avait préféré les empoisonner.

Si le 1er cas révulse, le second interroge. Dans de pareilles circonstances, qu'aurais-je fait?

mardi 22 septembre 2009

Histoire de noeuds (1)

La langue française, mais sans doute en est-il de même des autres langues, recèlent des expressions imagées qui en disent parfois au moins autant sur l'état psychique de celui qui les emploie que sur son état physique.
Ainsi derrière ceux qui ont "mal au dos" se cachent bien souvent ceux qui en ont "plein le dos". Il existe aussi des variantes avec ceux qui ont un "poids sur l'estomac" ... qui n'est jamais qu'un souci ou un chagrin trop lourd au "coeur"... situé juste à côté.

Et puis il y a les noeuds.
Les masseurs-kinésithérapeutes, les ostéopates et les généralistes les connaissent bien ces "noeuds" qui rendent les dos raides, douloureux, voire les bloquent, ou font qu'on pense "angine" parce qu'on a du mal à déglutir alors qu'au point de départ il y a quelque chose qui "ne passe pas" mais que le pudeur interdit de mentionner.

Ci après, petits cadeaux à ceux qui de loin en loin connaissent des "noeuds" avec ces noeuds marins aux noms si divers: noeud plat, noeud de chaise, noeud de huit en souhaitant le moins possible de noeuds de vache :- et le plus possible de ce noeud si joliment nommé: le noeud d'écoute.

Et puis aussi ces jolis noeuds dans le bois en souhaitant qu'un ou une jolie ébéniste passe par là et sache travailler ce vilain noeud brut qui fragilise la pièce de bois afin d'aider à l'assumer et mieux encore apprendre à ne plus en voir en lui que ce qu'il a finalement de beau.

dimanche 20 septembre 2009

coïncidences (5)...

... qui veut qu'en voulant changer radicalement de voie car les derniers billets tournaient tous peu ou prou autour de la mort, une photo trouvée sur un blog qui rendait hommage à Willy Ronis, remonte en surface.

Un très beau chat assurément et qui comme beaucoup de représentants de sa race avait choisi de s'installer sur la table de l'artiste. Un homme dont j'ignorais tout jusqu'à ce soir: Patrick Demarchelier, un photographe de mode français mais installé depuis de nombreuses années aux Etats-Unis et que Lady Di avait choisi comme photographe officiel.

Photographe de mode certes mais pas uniquement que cela, ainsi que le montrent les quelques photos qui suivent, dont peut-être certaines figuraient dans l'exposition qui lui a été consacrée à l'automne dernier au Petit Palais.















Enfin la dernière certainement pas.
Mais c'est elle qui justifie le titre car il s'avère que derrière ce beau chat introductif et la publicité pour l'eau de toilette que je porte il y a le même homme: ce photographe.

samedi 19 septembre 2009

La mort en direct...

... c'est la petite fille noire que guette un vautour, une petite fille qui n'aura jamais de nom mais qui fait ressurgir cette autre petite fille dont la photo était aussi présente à l'exposition "controverses" de la BnF: Omayra Sanchez dont la lente agonie a été filmée par un cameraman espagnol mais aussi photographiée par Frank Fournier (qui sera récompensé en 1986 pour ses clichés par le prix World Press Photo).

Ce débat sur la frontière entre information et voyeurisme ressurgit régulièrement à l'occasion notamment de la diffusion de documentaires ou de photos autour de la fin de vie de certaines personnes, connues ou dont le nom est oublié, que ce soit de maladie (Hervé Guibert filmant la progression du SIDA, cet homme qui voulait laisser une trace des ravages provoqués par un cancer du poumon chez le fumeur, cette femme choisissant le moment de sa mort par injection d'un cocktail létal...) ou de façon violente (l'exécution de Saddam Hussein).

Autant qu'il m'en souvienne, ce débat avait commencé au moins en 1980 lorsqu'était sorti le film de Bertrand Tavernier: "la mort en direct" dont voici le synopsis: "Dans un futur proche où la science a réussi à vaincre les plus grandes maladies, une romancière à succès, apprend qu'elle est atteinte d'une maladie incurable et qu'il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre. Elle est contactée par une chaîne de télévision qui souhaite la filmer pour son émission "La Mort en direct". Refusant l'offre, elle sera filmée à son insu par un cameraman, grâce à une caméra implantée dans son cerveau."
Quand la jeune femme meurt, sa mort ne sera pas filmée car le caméraman chez qui deux minuscules caméras ont été greffées à l'intérieur des yeux (et qui est de ce fait condamné à ne pas pouvoir fermer ceux-ci plus de quelques secondes) choisira de devenir aveugle en le faisant malgré tout"
.

Pour ce qui est de la réalité et de Omayra, la focalisation sur sa mort a occulté une partie de l'ampleur de la catastrophe qui a fait plus de 27 000 morts dont plus de 8 000 autres enfants. Mais à l'époque elle a aussi accéléré la mise en place de la solidarité mondiale, qui est cependant arrivée trop tard pour Omayra.

Information/voyeurisme... en admettant que même que celui qui garde trace de l'évènement et celui qui le regarde ensuite soient au clair avec les notions d'éthique, le débat n'est pas prêt d'être clos.

vendredi 18 septembre 2009

la petite fille, le photographe et la mort

Dans la lignée de "...ne pas oublier et se souvenir..." avec en plus l'idée de ne pas rester simplement observateur et désespérer de l'homme mais d'agir et de faire quelque chose, même si c'est peu, pour éviter que ça ne se reproduise.

En effet, en voyant cette nuit sur un site la photo d'une petite fille morte durant la Shoah, il m'est revenu en mémoire cette autre photo dont on a beaucoup parlé lorsqu'elle a été publiée dans la presse. C'était l'une de ces images qui faisaient partie de l'exposition "controverses" qui a eu lieu au printemps dernier à la BnF.
Juste après quelques explications à son sujet.

Cette photographie, prise durant la famine au Soudan en 1993 , a gagné le prix Pulitzer en 1994. Elle montre une enfant blessée, à bout de forces , mourant de faim, rampant vers un camp de nourriture de l’ONU, situé à un kilomètre de distance. Le vautour , affamé lui aussi , attend que l’enfant meure pour la manger. Cette photographie a bouleversé le monde entier à cette époque là puis tout le monde ou presque l’a oubliée. Personne ne sait ce qui est arrivé à l’enfant, pas même le photographe Kevin Carter qui a quitté rapidement l’endroit après la prise du cliché.

A propos de ce cliché Carter a déclaré : « A environ 300 mètres du centre [d'Ayod] j’ai croisé une toute petite fille au bord de l’inanition qui tentait d’atteindre le centre d’alimentation. Elle était si faible qu’elle ne pouvait faire plus d’un ou deux pas à la fois, retombant régulièrement sur son derrière, cherchant désespérément à se protéger du soleil brûlant en se couvrant la tête de ses mains squelettiques. Puis elle se remettait péniblement sur ses pieds pour une nouvelle tentative, gémissant doucement de sa petite voix aiguë. Bouleversé, je me retranchai une fois de plus derrière la mécanique de mon travail, photographiant ses mouvements douloureux. Soudain la petite bascula en avant, son visage plaqué dans la poussière. Mon champ de vision étant limité à celui de mon téléobjectif, je n’ai pas tout de suite remarqué le vol des vautours qui se rapprochaient, jusqu’à ce que l’un d’eux se pose, apparaissant dans mon viseur. J’ai déclenché, puis j’ai chassé l’oiseau d’un coup de pied. Un cri montait en moi. J’avais dû parcourir 1 ou 2 kilomètres depuis le village avant de m’écrouler en larmes. »

Trois mois après l’obtention du Prix Pulitzer Kevin Carter, dépressif, ne pouvant plus supporter le monde et toutes les horreurs qu’il a photographié et auxquelles il a assisté mettait fin à ces jours en laissant ce message :“depressed... without...phone... money for rent... money for child support... money for debts... money!!!... I am haunted by the vivid memories of killings & corpses & anger & pain ... of starving or wounded children, of trigger-happy madmen, often police, of killer executioners ...“

jeudi 17 septembre 2009

"Les passagers du vent": avant/après

A l'occasion de la sortie du volume 6 des "Passagers du vent" le nouvel éditeur (12bis) qui a repris à son catalogue les anciens titres initialement parus chez Vents d'ouest puis Casterman a revu les couvertures.
Comparaisons étant précisé que les plus petites vignettes correspondent à l'édition initiale.
Il est permis de préférer les anciennes.

mercredi 16 septembre 2009

quelques bulles et une devinette

Si Willy Ronis fait partie des photographes humanistes, Jiro Taniguchi qui vient de publier "un zoo en hiver" pourrait être qualifié de dessinateur de "mangas" humaniste.

Et cela dès sa 1ère BD qui l'avait fait connaître en France et où il imaginait un "homme qui marche" et qui durant ses promenades fait des rencontres où il porte sur les choses et les gens un regard bienveillant. De belles image, très peu de texte mais pourtant, tant de choses sont dites.
Cela avait continué avec "quartiers lointains" qui racontait l'histoire d'un homme d'une bonne quarantaine d'années qui se retrouvait dans son corps d'adolescent, l'année même où son père avait quitté le domicile conjugal sans la moindre explication. Qui n'a pas rêvé un jour revenir en arrière, et d'une certaine manière tout recommencer mais en bénéficiant de son expérience d'adulte?

Cette fois-ci c'est un autre type d'histoire, limite autobiographie. Il y est question des années d'apprentissage d'un jeune homme -qui pourrait bien être lui-même- de 19ans qui a quitté sa ville natale pour s'installer en 1967 à Tokyo afin de devenir l'assistant d'un auteur d'un dessinateur de manga connu, ce qu'il espère devenir lui aussi. Années d'apprentissage mais toujours avec ce regard très "Tanaguchi", celui d'un homme capable en une phrase, une vignette, nous faire éprouver de l'empathie pour des personnages qu'à l'origine on pensait froids, distants, indifférents...

D'une certaine manière on retrouve ce regard, mais uniquement sur certains personnages créés par François Bourgeon, cet auteur de BD qui a, d'une certaine manière inventé la BD historique avec une série mythique pré-publiée initialement dans la revue "Circus". Avec son héroïne, une très jeune femme de l'aristocratie dépossédée de son identité réelle, on découvrait à partir de 1981 et du "comptoir de Juda", la réalité de l'esclavage.

Plus de 25 ans après avoir laissé son héroïne âgée de 18 ans et démunie de tout sur une plage de St Domingue où elle songeait un moment à se suicider, cet auteur a fini par se décider de nous narrer la suite de ses aventures. En fait elle ne réapparait qu'à la moitié du 6ème, lorsqu'elle rencontre Zabo, son arrière petite fille, qui a quitté la Nouvelle Orléans. C'est elle que l'on voit sur la couverture de ce nouvel album qui est l'occasion de poser une devinette.
Quel était le prénom de cette demoiselle au caractère bien trempé? Ou plutôt son diminutif?

mardi 15 septembre 2009

Willy Ronis: photographe humaniste

Ce nom là disait quelque chose et pour cause, je le lis tous les jours chez le boulanger, sous la photo de ce petit garçon qui court en portant une baguette de pain. Même que pendant longtemps j'ai cru qu'il s'agissait d'une image de Doisneau. Normal, Willy Ronnis et lui faisaient partie du même courant photographique: celui de la photographie humaniste où se sont aussi illustrés Boubat, Capa... un courant où, pour reprendre certaines formules lors d'une exposition organisée à la BnF: "l'homme est au coeur du propos" ou encore le photographe a "le coeur dans les yeux". Une illustration avec cette histoire au sujet d'une photo prise en 1938.

" C'est l'histoire d'une photo qui aurait pu rester à jamais enfouie dans un carton. En mars 1938, Willy Ronis se rend aux usines Citroën-Javel pour le magazine "Regards".De retour chez lui, il effectue rapidement une sélection de ses photographies et l'envoie au magazine, sans retenir cette photo, qui est sous-exposée. Puis il l'oublie complètement.

Ce n'est qu'à l'occasion de la parution du livre Sur le fil du hasard en 1980 qu'il passe en revue tous ses négatifs et retrouve cette photo, qu'il décide de publier. De son village de l'Orne, une femme de 80 ans, Rose Zehner, reçoit un appel de sa cousine qui l'a reconnue sur cette photo, reproduite dans l'Humanité. Elle écrit à Willy Ronis, par l'intermédiaire du journal : Je puis vous dire que cette femme avait 35 ans et qu'elle vit toujours car c'est moi-même et j'en ai 80.

Ainsi va commencer une relation épistolaire et téléphonique entre Willy et Rose. Et en 1982, quarante-quatre ans après la photo, sera organisée et filmée la rencontre entre Willy Ronis et Rose Zehner, dans l'ancien bistrot de Rose "Où vat-on ? Chez Lulu et Rosette", non loin de l'usine Citröen. Patrick Barberis en tirera le film émouvant, "Un Voyage de Rose", où la vieille dame, qui n'a rien perdu de sa verve ni de son humour, déroule son histoire et ses combats, entourée d'Henri Alekan et de Francis Lemarque, anciens compagnons de lutte. Orpheline à l'âge de 9 ans, devenue ouvrière très jeune, licenciée en raison de sa trop "grande gueule", puis classée "à l'encre rouge partout", "connue comme le loup blanc", la syndicaliste se révèle un personnage de roman.

C'était un personnage fabuleux raconte Willy Ronis.

J'ai parlé comme ça tout-à-trac, et à partir de ce moment, j'oubliais que ça tournait, j'oubliais les lumières, j'étais polarisée sur elle, c'était l'émotion. Quand j'ai entendu "Coupez", je me suis tourné vers Patrick, et j'ai demandé : Mais, est-ce qu'on doit recommencer, est-ce que c'est fini? Quand j'ai vu le film, à la fin j'ai pleuré. L'année suivante, Rose Zehner sera invitée aux Rencontres internationales de la photographie d'Arles, où elle sera acclamée par le public."

Extrait de Virginie Chardin, Paris et la photographie. Cent histoires extraordinaires, de 1839 à nos jours, Parigramme, 2003