samedi 31 mai 2008

Destins d'Hommes (1) Alain-Fournier, l'homme d'un seul livre

Qu'ai je connu en premier? La photo du beau jeune homme de 29 ans telle qu'elle figurait dans l'incontournable « Lagarde et Michard » de l'époque consacré aux auteurs du XXème siècle Ou Le texte lui même tel qu'édité dans cette vieille édition du livre de poche? Je ne l'ai pas retrouvée cet ouvrage chez mes parents alors je l'ai racheté, relooké, marketing oblige, avec la photo du remake du film d'Albicoco que j'avais vu il y a si longtemps Mais voir le remake, au cinéma pas question. Pas question d'accepter une version avec un grand Meaules chevelu si éloigné du crâne rasé du héros décrit par Alain-Fournier. Pas question d'oublier non plus la blondeur, la douceur de Brigitte Fossais/Yvonne de Galais Mais je l'ai racheté ce livre car il me restait en tête sa toute dernière phrase: « ... Et déjà je l'imaginais, la nuit, enveloppant sa fille dans un manteau, et partant avec elle pour de nouvelles aventures » Et puis et surtout il y avait ce passage, si triste, que j'avais lu en conclusion d'un exposé, le tout premier que je faisais, à mes camarades de classe alors âgées d'une douzaines d'années. «... je m'avance, je prends le seul parti possible, passant un bras sous le dos de la morte étendue, l'autre sous ses jambes, je la charge contre ma poitrine. Assise sur mon bras gauche, les épaules appuyées contre mon bras droit, sa tête retombante retournée sous mon menton, elle pèse terriblement sur mon coeur. Je descends, marche par marche, le long escalier raide, tandis qu'en bas on apprête tout. J'ai bientôt les bras cassés de fatigue. A chaque marche avec ce poids sur la poitrine, je suis un peu plus essoufflé.Agrippé au corps inerte et pesant, je baisse la tête sur la tête de celle que j'emporte, je respire fortement et ses cheveux blonds aspirés m'entrent dans la bouche - des cheveux morts qui ont un goût de terre. Ce goût de terre et de mort, c'est tout ce qui reste pour moi de la grande aventure , et de vous, Yvonne de Galais, jeune femme tant cherchée – tant aimée... » J'ignorais alors que ce livre resterait le seul et unique ouvrage que cet auteur écrirait, fauché comme tant d'autres qu'il serait dans ce qu'on appelerait ensuite « la grande guerre ». D'autres de sa génération échapperont eux aux balles et aux obus pour tomber, ironie du sort, sous les coups de la grande faucheuse de la grippe espagnole, comme l'un deux mort deux jours avant l'Armistice.

jeudi 29 mai 2008

Renouer les fils :-)

Lorsque j'ai songé très sérieusement à ouvrir ce blog s'est posé aussi une question dont je n'avais pas fait état jusqu'alors: comment passer d'une page à l'autre en restant diversifiée quant aux « impressions » tout en gardant une cohérence à l'ensemble?
Question inutile pour les blogs « réactionnels » qui sont tenus par ceux et celles dont les pages se remplissent au gré des événements (notament privés) qu'ils vivent, ou encore ce que j'appelle les blogs de « voyage » créés spécialement par ceux et celles qui sont partis temporairement afin de donner de leurs nouvelles.
Là, la question était organiser toutes ces impressions cinématographiques, textuelles, visuelles... Comment prendre en compte l'image et le mouvement, la note et la musique...
S'est alors imposé l'idée d'un fil qui relierait une page à l'autre. Une sorte de jeu entre celle qui écrit et ceux qui liraient. Et tel un petit Poucet j'ai commencé à semer en fin de page un indice annonçant ce qui allait suivre: la rencontre qui se ne se fait pas (entre Brassens et Antoine Pol) ou se fait (entre Truffaut et Paul-Henri Roché), la difficulté de rester soi et de survivre dans les studios hollywoodiens (Louise Books et Marilyn Monroe), la ville qui est est associé à une personne (Nougaro/Toulouse et Nantes/Demy)...
Mais ce n'est pas toujours facile comme le dit si bien Anne Sylvestre, dont je reparlerai un jour, mais non pas demain:-) dans sa chanson:« sur un fil »
« ... Que dit le funambule en abordant son fil Ou qu'aimerait-il dire ou bien que pense t-il Il dit qu'il est fragile et que la terre est basse Il pense que son fil faudrait pas qu'il se casse... »
Pas facile de rester sur le fil sauf si on se dit qu'au delà il y a toujours un homme ou une femme, bien réel ou imaginaire.
Et c'est vrai que certains marquent plus que d'autres parce que à un moment il s'est passé quelque chose. Je pense à vous Alain-Fournier, Apollinaire ou Zola... Que des hommes? Oui. Oui et non car que seraient Alain-Fournier si il n'y avait eu Yvonne de Galais, Apollinaire sans Annie, Lou et Jacqueline, sa jolie rousse et Zola sans cette lingère qui fit de lui à une époque cruciale de sa vie un père ravi mais un mari partagé entre deux foyers...
Alors demain ce sera...

mardi 27 mai 2008

Michel Legrand a fait battre mon cœur

Non, ce n'est pas lorsque je l'ai croisé sur le quai de la gare de Lyon que je fréquentais très exceptionnellement alors que lui, résidant dans le Valais, s’apprêtait à prendre le train pour Genève. Non, il a fait battre mon coeur à cause des musiques qu'il a composées. En effet, si, à l'image de quelques grands « couples » cinématographiques tels que Hitchcock et Hermann, Felini et Rota, Kieslowski et Preisner, les films de Jacques Demy restent indissociables de la musique de Michel Legrand, ce dernier a composé la musique de bien d'autres films. Trois présentement retiennent mon attention. Les deux premiers concernent ce passage difficile qu'est l'adolescence avec notamment deux jeunes gens qui se sentent attirés par des femmes plus âgées qu'eux et resteront marqués à vie par ces rencontres. Le premier c’est « un été 42 ». Réalisé par Robert Mulligan, il peut paraître un peu une bluette. Mais moi, j'ai rarement vu aussi bien décrit le trouble que peut éprouver un très jeune homme en face d'une femme qui n'en a pas vraiment conscience car elle le considère encore comme un enfant. Et puis les scènes finales où, Dorothy, pour oublier sa douleur d'avoir appris que son mari qu'elle aimait profondément vient de se faire tuer à la guerre, danse, en pleurs, avec Hermie avant qu'il lui fasse l'amour, m'avaient mise moi aussi en larmes (qu'est ce qu'on bénit l'obscurité des salles de cinéma en pareil cas...) La seconde musique figure dans « le messager » de Losey dont j'ai toujours préféré le titre original anglais « the go-between »

Ce dernier rend parfaitement compte tenu à la fois du rôle joué par cet adolescent, Léo, qui passe effectivement des messages entre deux amants mais aussi de son positionnement: entre deux âges (l'enfance qu'il va quitter et le monde adulte dans lequel il va entrer brutalement) entre deux mondes (l'aristocratie et le monde d’où il vient que l’on suppose être la classe ouvrière ou une petite bourgeoisie désargentée) Contrairement à « un été 42 », je ne garde en tête que quelques images de ce film : des gouttes de pluies qui glissent le long de la vitre tandis le thème musical se déploye, les scènes ensoleillées et gaies de la baignade… Et surtout celles où, quasiment tout à la fin, le jeune héros du film est entraîné de force par la grand-mère de l’ami qui l’héberge vers une grange. Il y retrouve Marian, la grande sœur, dont il est secrètement amoureux, de son ami. Elle a dépassé le stade des messages amoureux dont Léo était le messager et fait alors l'amour avec le métayer de la famille (le seul adulte avec lequel Léo se sentait vraiment à l’aise durant ces vacances). En ce début de siècle, cette relation extraconjugale entre une jeune femme de l’aristocratie fiancée à un noble de son milieu avec quelqu’un de la classe ouvrière est un scandale qui amène le métayer à se suicider le lendemain même… La dernière musique que je retiens, c'est celle qui figure dans la 1ère version de l'affaire Thomas Crown. http://www.dailymotion.com/relevance/search/affaire%2Bthomas%2Bcrown/video/x3rfcn_the-windmills-of-your-mind_shortfilms

Même si ce n'est a priori pas celle que l'on entend pendant cette mythique scène de jeux d'échecs/jeux de séduction entre Faye Dunaway et Steeve McQeen. Elles m'avaient tellement marquée l'une et l'autre, que je n'ai jamais voulu voir le remake réalisé des années plus tard avec Pierce Brosnan et Rene Russo.

lundi 26 mai 2008

Jacquot de Nantes

Tel était le nom donné par Agnès Varda au documentaire consacré à son mari…

… lequel, s’il n’est pas né à Nantes mais à Ponchâteau (Loire-Atlantique) y a cependant passé son enfance avant de choisir à deux reprises cette ville comme cadre de ses films « Lola » et « Une chambre en ville » Du premier, le seul des deux que j’ai vu, je garde le souvenir ébloui de Anouk Aimée/Lola, en train de chanter en guêpière noire et chapeau haut de forme à la brasserie « la cigale » avant de s’en retourner chez elle en passant par le passage Pommeraye. Lola, Jacques Demy en reparlera dans deux autres de ses films : « Les parapluies de Cherbourg » où le futur mari de Catherine Deneuve/Geneviève mentionne un ancien chagrin d’amour au sujet d’une femme connue à Nantes et « Les demoiselles de Rochefort » où Danièle Darrieux/mère des demoiselles évoque la femme trouvée dans une malle qui aurait autrefois répondu au prénom de « Lola-Lola ». Car tel était ainsi Jacques Demy dont les personnages se retrouvaient parfois de film en film afin de constituer cet univers cinématographique si particulier qui est le sien. Un site résume bien les aspects caractériqtiques de son cinéma http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Demy Un monde en couleur où tout comme chez Kieslowski chaque détail compte. Ainsi ce générique des « Parapluies de Cherbourg » qui trouve le moyen de résumer l’histoire à lui tout seul à travers ces parapluies multicolores qui s’ouvrent lorsqu’il commence à pleuvoir et deviennent de plus en plus noirs au passage d’un corbillard, à l’image de cette histoire d’amour qui finit mal entre Catherine Deneuve/Geneviève et Nino Castelnuovo/Guy. Jacques Demy avait frappé très fort avec ce film car au-delà de la prouesse technique de le réaliser entièrement « en chanté » il y parlait de thèmes rarement abordés au cinéma : la guerre d’Algérie (où part Guy après une brève nuit d’amour avec Geneviève) et la solitude de celles qu’on appelaient encore des « filles mères » et qui étaient bien souvent condamnées, comme au temps de la Fanny de Marcel Pagnol, à un mariage de raison Avec Jacques Demy cela donnera lieu à l’une des plus tristes fin d’histoire d’amour qu’il m’ait été donné de voir : la brève rencontre plus que les retrouvailles de Geneviève et Guy, chacun ayant fait sa vie de son côté et n’ayant gardé de leur amour ancien que les prénoms qu’ils ont donné à leurs enfants.

Mais l’univers n’était pas toujours aussi sombre chez Jacques Demy. Je pense notamment aux « Demoiselles de Rochefort » pour lequel le cinéaste fit repeindre une partie des immeubles de la ville.

Un film pétillant à l’image de ses deux actrices principales, Catherine Deneuve/Delphine et Françoise Dorléac/Solange, soeurs dans le film comme dans la vie.

Jacques Demy savait créer un monde en couleurs mais aussi en musique dont beaucoup de mélodies restent dans les mémoires. Pendant longtemps il me suffisait de fredonner quelques notes de « Nous sommes deux sœurs jumelles, nées sous le signe des Gémeaux »http://www.dailymotion.com/relevance/search/demoiselles%2Bde%2BRochefort/video/xs3zf_la-chanson-des-jumelles_music

ou « Nous voyageons de ville en ville… » ou encore « Je l’ai cherchée partout, j’ai fait le tour du monde… » pour que mes enfants continuent la chanson avec moi.

C’est rare un film dont la musique a autant marqué les esprits, mais il est vrai qu’il était aidé en cela par un mélodiste qui a réalisé beaucoup de musiques de films, voire l’intégralité de la bande son d’un film.

dimanche 25 mai 2008

... Maternité...

A l'origine j'aurais du parler d'un homme qui, bien que n'étant pas né à Nantes, lui a rendu hommage via deux de ses films. Mais aujourd'hui est un jour un peu spécial: celui où, pour la dernière fois comme mes soeurs, je prononcerai une petite phrase de juste trois mots.
Alors Jacques attendra, le temps que je dépose cette photo prise, dans des conditions de lumière un peu compliquées, dans les jardins Delaselle sur l'île de Batz, le 19 avril dernier.

L'oeuvre, dont j'ai oublié l'auteur, 'intitule "Barque"; mais elle aurait tout aussi bien s'appeler "Maternité"

vendredi 23 mai 2008

Il pleut sur Nantes ...enfin pas tant que ça

Si Toulouse restera désormais à jamais associée à Claude Nougaro, d'autres villes voient leur nom lié à des chanteurs: Vesoul et Jacques Brel, Brest avec les Frères Jacques et Yves Montand, Bruxelles avec là aussi Jacques Brel mais aussi Dick Annegarn, Paris et Edith Piaf.
Et puis il y à Nantes, Nantes chantée par Barbara.
La ville de Nantes n'a d'ailleurs pas été rancunière de l'image pluvieuse donnée par Barbara avec son:
"Il pleut sur Nantes, donnes moi la main. Le ciel de Nantes rend mon coeur chagrin"
puisqu'elle donné à une rue ce nom qui n'a existé durant des années que dans cette chanson, je parle du
"25 rue de la Grange aux Loups, je me souviens du rendez-vous..."

Nantes? En réalité il n'y pleut pas si souvent que cela :-) ... Et pour beaucoup de nantais, Nantes c'est d'abord son château, celui des Ducs de Bretagne...

...d'où l'on voit cette tour, emblème des anciennes usines de la famille Lefèvre Utile d'où partaient ces délicieux petits beurre LU dont les gourmand(e)s grignotent toujours en priorité les 4 coins dorés.

Nantes a aussi appris à vivre avec son passé négrier qui lui permis de s'enrichir ainsi qu'en témoignent certains beaux hôtels particuliers nantais...

...autrefois implantés au bord au bord de la Loire, déclaré dernier grand fleuve sauvage de France.

Même si beaucoup des anciens bras de la Loire ont été comblés à Nantes, l'eau y reste très présente: la Loire donc mais aussi l'Erdre. L'Erdre dont une partie de son ancien cours est désormais recouvert d'un ruban de bitume planté de magnolias. Ces derniers sont un symbole de cette ville riche en parcs et jardins: celui du jardin des plantes, celui du grand Blottereau ou celui du parc des expositions où se tient tous les 5 ans des Floralies internationales. Le reste du temps on peut y profiter selon la saison de ses jardins consacrés aux bruyères, aux iris et de la roseraie. Mais pour moi, Nantes c'est avant tout le quartier Graslin avec la rue Crébillon qui a donné le verbe "crébilloner", la brasserie "la cigale" avec ses plus que centenaires mosaïques et le cours Cambronne qu'elle jouxte

Et c'est surtout le passage Pommeraye ...
...immortalisé à deux reprises par un enfant nantais qui a enchanté mon coeur.

Post-Scriptum

Pour ceux et celles qui auraient envie de connaître Nantes autrement qu'en passant par l'Office du Tourisme il existe un petit livre: " le piéton Nantes" – par Nicolas de la Casinière qui incite à visiter la ville autrement.

Exemples: « les vaisseaux de pierre à l'échouage » sur les grandes demeures construites grâce au commerce triangulaire » ou « le silage de la gourmandise » ciblé sur quelques incontournables lieux nantais liés à l'alimentation comme la boutique du chocolatier Gautier-Débotté ou à d'autres plaisirs tels ceux de la lecture avec la librairie/maison d'édition l'Atlalante.

mercredi 21 mai 2008

"Je suis un petit taureau..."

Avec Marylin et son: « ...Avais-tu donc le cœur si las, que tu préfères l'au-delà, à l'eau si bleue de ta piscine, Ô Marilyn, Marilyn... » Claude Nougaro rendait hommage à une femme mais reconnaissait une fois de plus son amour du cinéma que l'on retouve aussi dans la chanson justement intitulée le cinéma « Sur l'écran noir de mes nuits blanches, où je me fais du cinéma,Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois je recommence la séquence où tu me tombes dans les bras... » ou à bout de souffle chanté comme tel « ...Une radio s'est mise à déverser un air de piano à tout casserJe connaissais ce truc c'était le Blue Rondo à la Turk Dave Brubeck jouait comme un fou, aussi vite que moi mettant les bouts... » qui ne peut que faire penser à des films tels que celui du même nom avec Jean-Paul Belmondo, ou « le deuxième souffle » ou encore « le Doulos » avec ces ambiances jazzy typiques des films noirs français des années 60. Le jazz a tant inspiré Nougaro. De manière évidente avec une chanson telle que « autour de minuit » qui renvoie à Thelonious Monk mais aussi le jazz et la java « ...Pour moi jazz et java c'est du pareil au mêmeJ'me saoule à la Bastille, et m'noircis à HarlemPour moi jazz et java, dans le fond c'est tout commeLe jazz dit " Go men ", la java dit " Go hommes "... » ou cet hommage plein d'humour à Louis Amstrong « ...Armstrong, un jour, tôt ou tard, on n'est que des os Est-ce que les tiens seront noirs? Ce serait rigolo Allez, Louis, alléluia, au-delà de nos oripeaux Noir et blanc sont ressemblants comme deux gouttes d'eau... » ou encore les ambiances nocturnes, mélancoliques et jazzy à la fois de la pluie « ...La pluie fait des claquettes sur le trottoir а minuit Parfois je m'y arrête, je l'admire, j'applaudis Je suis son chapeau claque, son queue-de-pie vertical Son sourire de nacre, sa pointure de cristal... »
Mais Nougaro, comme une éponge savait capter l'air du temps avec sa période que je qualifierai d'africaine et où l'on trouve le si énergique amour sorcier « ...Gai gai gai, je suis l'amour sorcier Gai gai gai, ma tête est oiseau Gai gai gai, je suis l'amour sorcier Gai gai gai, mon corps est taureau... » Mais aussi cette locomotive d'or dont la puissance des images, le souffle et la force avaient ébloui mes enfants alors petits. « ...Locomotive d'or, Aussi riche en pistons, aussi chargée d'essieux que de siècles un sépulcre, Locomotive d'or, Croqueuse d'un charbon plus fruité, plus juteux que l'est la canne à sucre, Locomotive d'or, Tchi ki kou tchi ki kou ...»
La force de Nougaro éclatait aussi dans ses chansons telles que Paris mai dont le cri d'attaque « ...Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris... » venant du fond des tripes me scotche encore, tout comme le texte rageur « ...Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite Le vent a dispersé les cendres de Bendit Et chacun est rentré chez son automobile ... » Mais aussi Nougayork avec laquelle, après une période de passage à vide, il était revenu vers la scène. « ...Dès l'aérogare j'ai senti le choc. Un souffle barbare, un remous hard-rock. Dès l'aérogare, j'ai changé d'époque. Come on! Ça démarre sur les starting-blocks... »
Nougaro la force mais aussi la faiblesse au travers des femmes. Ce penchant fatal dont il se moquait gentiment dans les dons juan « ...Le seul problème qu'on se pose c'est d'séparer en deux portions Cinquante-cinq kilos de chair rose, de cinquante-cinq grammes de nylon C'est pas toujours un jeu d'enfant, pour un donjuju, pour un don Juan... » Tout en, une fois devenu père, s'inquiétant tendrement pour sa fille Cécile encore bébé « ...Et je sais que bientôt toi aussi tu auras, Des idées et puis des idylles Des mots doux sur tes hauts et des mains sur tes bas Cécile, ma fille Moi, je t'attendrai toute la nuit T'entendrai rentrer sans bruit Mais au matin c'est moi qui rougirai devant tes yeux plus clairs que jamais... » Ce qui ne l'empêchait nullement dans le même temps de s'angoisser sur la difficulté de continuer à vivre en couple dans une petite fille en pleurs « Mais qu'est-c'que j'lui ai fait ? Mais qu'est-c' qui lui a pris ? Mais qu'est-c' qu'elle' me reproche? Lorsque je l'ai trompée, ell' l'a jamais appris C'est pas ell' qui s'approche? Tu m'aim's vraiment dis-moi tu m'aim's, tu m'aim's, tu m'aim's C'est tout ce qu'ell' sait dire en bouffant, en m'rasant, quand je voudrais dormir faut lui dir' que je l'aime ... » La femme tant cherchée il a fini par la trouver, son refuge, son île Hélène « ...Il pense à son île à son île Hélène Est-ce que l'île l'aime? Pense t elle à son il?... »
Hélène, si éloignée physiquement des autres femmes dont il a partagé la vie. Celle sur l'épaule de laquelle, fatigué, il laissera reposer sa tête où repousse un duvet bien éloigné de la tignasse de sa jeunesse. C'est dans ce documentaire si émouvant tourné à la fin de sa vie où rongé par un cancer, il n'est plus que l'ombre physique d'un petit taureau.
Et lorsqu'il mourra peu de temps après, c'est sa chanson fétiche, LA chanson à laquelle son nom restera à jamais associée
qui sera diffusée sur la place du Capitole à Toulouse

mardi 20 mai 2008

Marilyn

Elle aurait effectivement dit: « A Hollywood, on vous paiera un baiser mille dollars, et on donnera cinquante cents pour votre âme. Je le sais, parce que j'ai très souvent refusé la première proposition, et très souvent mendié la seconde. » Mais aussi « On vous juge sur votre apparence, et pas sur ce que vous êtes. »
Comme pour Louise, que de méprises à son sujet, notamment de certains qui n'ont voulu voir d'elles que des objets sexuels
alors qu'elles étaient l'une et l'autre
mieux encore que des images glamour
L'image la plus touchante de Marilyn reste à mes yeux celle où elle lit « Ulysse » de James Joyce.
Heureusement des biographes ont donné une autre image d'elle.
Mais surtout, il y a aussi tous ceux qu'elle a émus, au point de leur consacrer une page de leur "blog" . Comme celle qui suit issue d'un site aujourd'hui, d'une certaine manière, disparu « Marilyn Monroe... Je me devais de consacrer le premier article de ce nouveau site à la plus belle femme qui ait jamais existé.
En 1962, j'avais huit ans et, contrairement à celle de John Kennedy un an plus tard, je ne me souviens pas de l'annonce de sa mort. Bizarrement, c'est en arrivant aux alentours de l'âge qu'elle avait lors de son décès que j'ai commencé à m'intéresser à sa vie. Je crois avoir à peu près tout lu sur elle, sur son exploitation hollywoodienne, sur ses mariages ratés, ses relations avec les Kennedy, Sinatra, la Mafia et enfin sur son suicide.
A la fin des années 80, lors de deux voyages en Californie, j'ai eu l'occasion de me rendre dans le petit cimetière de Westwood, dans la banlieue de Los Angeles, où ses cendres sont déposées. Une simple plaque contre un mur, portant la mention "Marilyn Monroe 1926-1962", un petit vase rempli de roses, des dizaines de marques de lèvres, de petits mots d'amour griffonnés sur des bristols et glissés tout autour de la plaque. J'ai également pu voir sa villa du 12'305 West Helena Drive à Brentwood, là où elle décida d'en finir avec la vie. Immensément émouvant...
En fait, Norma Jeane Mortensen (son nom de naissance) est cent fois plus intéressante que la Marilyn Monroe qu'on la fit devenir; et ce qui me touche infiniment chez elle, c'est cette extraordinaire candeur qui l'a toujours caractérisée. A trente-six ans, on avait l'impression qu'elle n'en avait toujours que dix-huit... Ajoutez à cela un visage que je n'hésite pas à qualifier de plus beau du monde, un corps de rêve malgré les petites rondeurs à certains endroits "stratégiques", et une façon d'évoluer devant la caméra ou l'appareil photo qui la rendait absolument irrésistible. Des qualités qui, finalement et très simplement, expliquent qu'elle demeure aujourd'hui encore la plus grande star féminine et la plus connue de toute l'histoire du cinéma mondial!
Quarante ans aujourd'hui même qu'elle s'en est allée!... Sa fragilité, sa naïveté n'auront tenu que seize ans dans le monde cruel et sans pitié du féroce Hollywood de ce temps-là... (Il paraît que celui d'aujourd'hui est encore pire...) Sur le pas de la porte de sa villa de Brentwood figure (et figurait lorsqu'elle l'a acquise quatre mois avant sa mort) l'inscription en latin suivante: "Cursum Perficio". Deux mots prémonitoires qu'on peut traduire par: "Mon voyage se termine"... »
Un autre homme, un petit tareau toulousain, passionné de cinéma et de jazz lui avait, via une chanson, rendu lui hommage en son temps...

lundi 19 mai 2008

Louise Brooks... éternelle Loulou

Qui connait encore maintenant Louise Brooks dont la coiffure a donné le nom à un carré court avec une longue mèche qui frôle les sourcils,
le visage inspiré un dessinateur italien Guido Crepax pour son personnage de Valentina,
et le nom de son rôle le plus célèbre au cinéma été repris pour un parfumeur?
Qui, qui encore de nos jours connaît l'actrice,au delà de l'interprète dont le nom est à jamais associé à UN film auquel son nom est associé. Quant à la femme... Des émissions comme « le cinéma de minuit » ayant disparu du paysage audiovisuel, à moins d'être un cinéphile très averti il est difficile de connaître sa carrière d'actrice au delà de ce qu'en disent les encyclopédies du cinéma, sur sa période américaine constituée notamment « une fille dans chaque port » et « les mendiants de la vie » tous deux sortis en 1928. Ses films européens que sont « prix de beauté » et « le journal d'une fille perdue » étaient un peu plus diffusés autrefois, même si à l'époque de leur sortie ils ont été beaucoup censurés: trop adultes dans leur propos, choquants en raison de leur affichage de la sexualité, sans compter leur critique acerbe de la société.
Mais le film auquel son nom restera à jamais associé, c'est « Loulou ». « Loulou » ou plus exactement « Loulou, die Büchse des Pandora» ...
... qui est en fait la reprise du titre d'une pièce de théâtre de Wedekind lequel avait écrit au sujet de son personnage principal: "J’ai cherché à présenter un superbe spécimen de femme, un de ceux qui naissent lorsqu’une créature richement dotée par la nature, même sortie du ruisseau, accède à un épanouissement sans limites au milieu d’hommes qu’elle surpasse largement…" Epanouissement sans limites? Sauf que la Loulou de Pabst, dont la bisexualité fût remplacée par une grande amitié avec une femme, après avoir épousé l'un de ses riches amants (qu'elle amène à se suicider le soir même de son mariage), devient la maîtresse du fils de ce dernier et meurt à Londres sous les coups de couteaux de Jack l'éventreur qu'elle avait racolé dans la rue. Il fallait une très forte personnalité pour interpréter un tel rôle. Louise dont le visage volontaire en dit long l'avait. Trop de personnalité même car de retour aux Etats-Unis sa carrière n'a pas redémarré, officiellement pour cause de difficulté pour elle à passer au stade du parlant.
En réalité Louise avait trop de caractère pour les studios hollywodiens. Comment aurait-il pu autrement avec elle qui, enfant, avait été élevée par des parents qui lui avaient certes donné le goût de la musique et des livres mais étaient considérés comme « absents » la laissant même partir jeune adolescente comme danseuse dans la révolutionnaire compagnie de danse moderne de Denishaw où se trouvaient également Marga Graham et Ruth Saint Denis. Tout cela et bien d'autres choses sur ce que fût sa vie je l'ai appris dans un livre passionnant Louise Brooks n'a pas pu ou pas voulu survivre dans les studios.
D'autres actrices ont ensuite réussi à le faire, mais parfois à quel prix? Je pense à celle qui notamment disait: « A Hollywood, on vous paiera un baiser mille dollars, et on donnera cinquante cents pour votre âme. Je le sais, parce que j'ai très souvent refusé la première proposition et très souvent mendié la seconde. »

dimanche 18 mai 2008

...Rester zen...

Si je me fie au tout 1er message déposé ici, celui d'hier beaucoup trop personnel n'aurait pas du l'être.
Mais parfois il y a des choses qui, même si on les sait inévitables, sont dans un premier temps inacceptables lorsqu'on y est confronté aussi brutalement.
J'aurais pu l'effacer. Je ne le fais pas et ne le ferai sans doute pas.
Il y a des livres qu'on a pu feuilleter un jour en se disant "je le lirai plus tard" et un jour il est devenu trop tard.
Il me faudra désormais apprendre à l'accepter .

samedi 17 mai 2008

...bientôt le grand silence...

C'était le 5 janvier dernier.
La famille au grand complet, eux deux, leurs 3 filles, 9 de leurs 10 petits-enfants, 5 de leurs 6 arrière-petits enfant et même 2 de leurs neveux, s'était réunie pour leurs 60 ans de mariage.
Même si elle était souriante, sur quelques photos prises discrètement quand d'autres avaient rangé leur appareil, je l'avais trouvée triste, lointaine... comme absente.
En arrivant, je lui avais offert ce bouquet avec trois roses blanches. Trois comme ses trois filles.
Avec un diamant au milieu. Officiellement un clin d'oeil pour les 60 années écoulées.
Mais je pensais aussi à son fils qui n'a vécu que quatre jours. Cet enfant dont elle n'a jamais fait le deuil malgré les 53 ans écoulés et qu'elle va bientôt rejoindre, aux côtés de son père etde sa soeur qu'elle aimait tant .

vendredi 16 mai 2008

Jules, Jim … et Kate

Si la rencontre entre Georges Brassens et Antoine Paul n’a pu se faire, François Truffaut a eu lui l’occasion de rencontrer Paul-Henri Roché, cet écrivain tardif (son 1er roman a été écrit alors qu’il avait 74 ans) dont il a porté à l’écran deux oeuvres: « Jules et Jim » mais aussi ce qui apparaît comme son pendant féminin avec un homme partagé entre deux femmes: «deux Anglaises et le continent» Un résumé de « Jules et Jin » pourrait donner ceci : Il était une fois deux amis, Jules, un Allemand et Jim , un Français qui tombèrent amoureux en même temps d’une femme : Kate. Si elle épousa Jules dont elle eut une petite fille, après quelques années de mariage, Jules qu’elle avait épousé, lorsqu’il sentit qu’elle lui échappait, la poussa dans les bras de son ami Jim. « Le tourbillon de la vie » http://www.dailymotion.com/relevance/search/le%2Btourbillon%2Bde%2Bla%2Bvie%2B/video/x4amsr_le-tourbillon-de-la-vie-jeanne-more_music que chante Kate ne durera qu’un temps car ne supportant pas que Jim lui échappe Kate l’entraînera dans la mort. Et si le livre et le film s’appellent « Jules et Jim » c'est parce qu’il y est beaucoup question d’amitié entre deux hommes assez différents, tant physiquement que psychologiquement et qui auront peur, durant toute la guerre de 14/18, de se tuer l’un l’autre. Mais il aurait pu aussi bien s’intituler « Jules, Jim et Kate » ou tout simplement « Kate » en hommage à ce fascinant portrait de femme donné par Paul-Henri Roché et repris par François Truffaut, qui a cependant donné une fin différente à son film.

S’il ne fallait garder qu’une scène de ce film, ce serait celle où Kate, déguisée en Kid moustachu, fait la course avec Jules et Jim sur un pont.

Cette scène est très révélatrice de la personnalité de Kate. Elle va gagner la course en trichant puisqu’elle démarre avant eux. Ils ne la rattraperont pas parce qu’elle aura toujours une longueur d’avance sur eux. Au sens propre comme au figuré. On n’attrape pas Kate, on ne la possède pas.

Insaisissable Kate qui aura pour moi toujours les traits de Jeanne Moreau, si belle lors de leur première rencontre...

... qui voit les voit atteindre leur rêve, cette femme idéale dont ils avaient d’abord dessiné le visage à la craie sur une table d’un bistrot avant d’aller voir une statue qui lui ressemblait beaucoup sur une île grecque. Un rêve de craie, devenue rêve de marbre, puis rêve de chair, si proche mais qui leur restera insaisissable à jamais...

Jeanne Moreau, éternelle Kate. Tout Louise Brooks restera à jamais « Loulou ».

mercredi 14 mai 2008

Les passantes… et Georges Brassens

Le tableau de « la jeune fille à la perle » c’est l’un de ces petits instants d’éternité qui affleurent dans certaines rencontres ainsi que le chante si bien Georges Brassens dans: « les passantes », qui figure notamment dans ce disque.

Pour beaucoup, moi la première, il en était l’auteur/compositeur/interprète. En réalité il n’en a été « que » l’interprète ainsi que je l’ai su via un commentaire publié sur Internet par
spersyn@pratique.fr « si je prends la peine de prendre ma plume pour dire que le poème des Passantes chanté par Georges Brassens, n'a en fait pas été écrit par Brassens, mais par un auteur jusque là inconnu, nommé Antoine Pol. Georges Brassens l'a trouvé dans un de ces établissements de droits d'auteurs (je ne sais plus comment ça s'appelle), et a trouvé ce poème. Il a alors demandé à l'auteur, Antoine Pol, l'autorisation de mettre ce poème en musique... Il a accepté Ils avaient pris rendez-vous un mois plus tard, car Brassens voulait le rencontrer... Antoine Pol est décédé (de vieillesse) une semaine avant qu'ils se rencontrent. L'un des grands regrets de Brassens, fut de ne jamais avoir connu cet homme »
Bien qu'étant une femme je ne me lasse pas relire ce texte, avec lequel la musique s'accorde si bien,
sans doute parce que, sans me l'avouer vraiment jusqu'à ce jour, j'ai souhaité être l'une de ces femmes:
Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main
A la fine et souple valseuse
Qui vous sembla triste et nerveuse
Par une nuit de carnaval
Qui voulut rester inconnue
Et qui n'est jamais revenue
Tournoyer dans un autre bal
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
Ainsi la rencontre entre Antoine Pol et Georges Brassens n'a pu avoir lieu. Celle de Henri-Pierre Roché et de ...mais je vais trop vite