vendredi 31 octobre 2008

... au livre: "Chamelle"

En fait le film "si le vent soulève les sables" c'est la mise en images du livre « Chamelle » de Marc Dugain, paru aux éditions du livre de Poche, livre qui commence ainsi « si le vent soulève au loin les sables et en fait des volutes, c'est que l'eau manquera bientôt partout (...)». Ce livre je l'ai acheté après avoir vu le film. En voici certains passages.
Sur ce que pense Rahne, le père de famille qui était instituteur, au début du voyage:
« (...) La route se lit facilement entre les dunes de terre blanchies, les acacias posés dans le paysage comme de grands oiseaux noirs et les rochers ronds aux reflets de métal. J'ai fait le seul choix réfléchi. (...). Les autres courent à leur perte. Comment leur expliquer que j'ai longtemps enseigné les méandres de la géographie, le lent mouvement des continents, la rigueur des saisons, les jeux subtils des vents, et les caprices des pluies? Je connais tout cela, conforté par quatorze années de vie au contact de ces savanes alternativement vertes ou desséchées. (...). Pourquoi ne m'ont-ils pas écouté? Sans doute, à cause de leur méfiance envers les hommes passés par la ville. Ou envers ceux qui lisent. Ou les deux à la fois. Incultes, ils agissent en incultes. Je ne peux pas leur en vouloir (...) »

... et après avoir marché de nombreux jours dans le désert

« (...) Tout mon bien est là, autour de cet arbre. Comment, en traversant quarante-quatre saisons identiques, ai-je pu amasser si peu? J'aurais pu me débrouiller pour avoir aujourd'hui cent, deux cents, ou même mille chèvres.(...) Mais qu'aurais-je de plus avec cent ou même mille bêtes? Je porterais autour des os une graisse épaisse au lieu d'être décharné comme aujourd'hui. Cependant je resterais de viande et d'os, ma cervelle allant pareillement pourrir un jour sans que ces mille chèvres y puissent rien. Ma vie se tend chaque jour comme une peau douloureuse mais au moins elle m'apporte en consolation la conscience de moi, du temps, de Dieu, des miens. Dans les pays d'opulence, il paraît que les hommes s'assoupissent. Ils ne se réveillent qu'à l'heure de mourir, avec un sentiment de terreur absolue, leur existence soudain plus nue que tous nos déserts.(...) »

Et ce que pense Mouna, la femme de Rahne après avoir croisé dans le désert une équipe ONG qui leur a donné un peu d'eau et les a filmés avant de repartir: « (...) Beaucoup trouvent dans l'observation du malheur d'autrui un sentiment intense de satisfaction pour leur propre existence, même d'une insondable médiocrité. Mouna a sa fierté, elle ne veut pas apporter, elle qui n'a rien, un sentiment d'aise supplémentaire à ceux qui ont tout. (...)" ... et de la femme qui chapeaute l'équipe ONG « (...)Elle n'est pas venue sauver des existences, mais quelque chose d'infiniment plus noble et abstrait, la vie. Pour cela, deux vaut mieux qu'un, cent que dix, mille que cent. La loi des chiffres fait que Mouna, moi et les enfants ne sommes qu'un échantillon de misère. Une raclure de vie(...) »
Et puis de nouveau ce que pense Rahne après que sa femme et ses fils soient morts: "J'avais trois fils. C'était mon bien le plus précieux. Il ne me reste qu'un fillette sur un chameau. C'est ce qu'a voulu Dieu, je n'y suis pour rien. (...) Une fille, c'est une projection de la mère, cela vit dans son ombre, subit les mutations compliquées d'un corps qui un jour se fend et pleure du sang, un corps auquel le père reste toujours étranger, vaguement inquiet. Puis elle se marie et disparaît avec elle ses mystères. (...) (...)la gêne entre nous avait disparu, tout était devenu plus facile. Tout père en confrontation directe avec sa fille n'a sans doute pour seule solution que de la faire rire ainsi (...) »
Et sa conclusion à la fin de l'histoire, après avoir été sauvé de justesse par une équipe ONG
« (...) une ombre derrière moi mit la main sur mon épaule. C'était mon voisin Dukka l'ami, le frère qui s'était vainement opposé à mon départ vers l'est, et que je croyais mort depuis longtemps. (...) Vibrant, je lui racontais ce qu'avait été notre voyage (...). Puis je me tus, n'osant prendre des nouvelles de ceux du village, que je croyais tous disparus. Il me considéra, sans un mot. Puis, il se mit soudain à m'apostropher, d'un ton bas, contenu; - Tous les habitants du village sont ici, Rahne. (...) Sains et saufs (...) Tu as pris la mauvaise route. Il fallait aller au sud. Tu t'es cru plus intelligent que nous. A supposer que tu aies eu raison, Rahne, ton devoir aurait été de te tromper avec tout le monde. Dans la misère, l'homme isolé est toujours perdant, quelque voie qu'il prenne (...) »

jeudi 30 octobre 2008

du film: "si le vent soulève les sables"...

Voila ce que dit le synopsis officiel du film: « D’un côté, le désert qui grignote la terre. (...) De l’autre la guerre qui menace. Au village (...) la majorité des habitants, se fiant à leur instinct, partent en direction du Sud. Rahne, seul lettré, décide de partir avec Mouna, sa femme et ses trois enfants vers l’Est. (...) Histoire d’exode, de quête, d’espoir et de fatalité. (...) »
Le film est grave (mais il n'est jamais très gai de parler de choix, de destinées, surtout lorsque la mort les accompagne), beau (le pays exact n'est jamais cité, puisqu'il est juste fait mention de la région des lacs mais les paysages, dont le générique final apprend que les scènes ont été tournées en Ethiopie, sont superbes malgré leur fréquente aridité) et retenu alors qu'il est si souvent poignant.
Il est à l'image des toutes premières scènes où Rahne qui vient d'avoir une fille après avoir déjà eu deux garçons décide de suivre le conseil d'un ancien du village et de tuer la petite fille: la sécheresse menace de durer et de compromettre pas la possibilité de nourrir une aussi nombreuse famille. Sa femme Moune l'entend et fuit avec l'enfant. Lorsqu'elle revient, il la roue de coups avant de la soigner et de la laisser choisir un nom pour l'enfant: Shasha.
Très peu de paroles mais beaucoup d'échanges de regards. Ainsi lorsque la famille après avoir franchi une frontière et vu qu'une famille amie qui les avait précédés a été massacrée par des soldats devenus fous, doit donner un de ses trois enfants pour payer le passage. Le père propose sa plus jeune fille. Les soldats refusent. Et c'est l'aîné de la famille qui se contente de dire « j'y vais papa... » et part en les regardant longuement, les uns comme les autres sachant pertinemment qu'ils ne se reverront probablement jamais.
Et puis c'est la mère qui se meurt, épuisée par la marche et par une hémorragie. Le père la laisse sous des rares arbres au maigre feuillage qui a pu, vaille que vaille, survivre dans ce recoin du désert, sachant qu'il est peu probable qu'il puisse dans la journée qui vient trouver de l'eau et lui en ramener... à défaut de secours.
Avant de s'arrêter pour ce qu'on pense être l'étape finale, la petite fille, qui voit un liner passer dans le ciel croit que celui-ci les cherche, et son père la détrompe doucement en lui disant « ils ne nous voient pas ». Mais c'est toute l'Afrique, ce continent que l'on dit berceau de l'humanité, qui meurt doucement, petit à petit, de soif, de guerre, de maladies, sans qu'on veuille le voir...

mardi 28 octobre 2008

Chagrins d'enfants

Dans un commentaire d'hier il y avait une petite phrase, non écrite, sur la douleur que l'on éprouve vis-à-vis de "ceux que l'on a perdu", ou sa variante "ceux qui nous ont quitté". Des phrases qui ne sont jamais que des esquives pour ne pas écrire les mots "mort" ou "décès".
Et je n'ai pu que me rappeler ce film vu au cinéma en 1978 au sujet duquel une amie m'avait dit avec un petit rire, un de ces rires que l'on utilise lorsqu'on est gêné(e) d'avouer quelque chose d'un peu intime: "n'oublie pas d'emmener ta boîte de kleenex parce à la fin du film il y avait une mare autour de mon siège"
Elle avait amplement raison car que le film "l'incompris" de Comencini est émouvant.
J'en garde quelques images dont celles-ci:
Le père d'Andréas, l'aîné de ses fils, lui a avoué la mort de sa femme en lui faisant promettre de taire celle-ci auprès de son petit frère car il estime (à tort mais il ne le comprendra que trop tard) qu'il est moins sensible que son jeune frère.
Or, Andrées souffre beaucoup de cette dispartion. Il souffre mais ne dit rien au risque de paraître insensible.
Il ne dit rien sauf un jour où prenant sa douche il se met du shampoing dans les yeux et par habitude appelle sa mère avant de s'effondrer. Brutalement il vient de se rappeller non seulement qu'elle est morte mais de comprendre que plus jamais il ne la verra, plus jamais il ne pourra prononcer ce mot de "Maman".
Plus tard il sera fou de douleur après avoir effacé par mégarde un enregistrement sonore de la voix de sa mère que, tout comme son père, il écoutait et re-écoutait seul en boucle.

Cette douleur d'enfant incompris fait mal, très mal.

Tout comme celle de Shasha, cette petite Africaine qui, dans "Chamelle", le livre de Marc Dugain-Valois, dans une courte mais bouleversante scène du livre et du film qui en a été tiré, va pleurer. En effet, durant l'exode qui doit la mener ainsi que sa famille dans la région des lacs, elle vient de voir mourir de soif sa chèvre préférée.
« (...) Nous la regardions s'escrimer en silence. Impuissante, exténuée par ses efforts et la chaleur, elle se releva, lança un long regard blessé d'étonnement blessé dans notre direction, s'immobilisa ainsi, tournée vers nous, debout près de la chèvre couchée. Et elle éclata soudain en sanglots, les épaules secouées, les bras tendus le long du corps, les poings serrés, le visage crispé de pli, en lâchant une plainte affreuse d'enfant, longue, aiguë, si puissante qu'elle nous serra le coeur dans un étau de sons lancinants, nous gonfla la gorge et les yeux du même chagrin douloureux, celui de la confiance trahie, celui de l'innocence que le hasard, les hommes et les choses venaient de déchirer dans un bruissement cruel de soie. (...) »
La douleur de l'enfant incompris et celle de l'enfant trahi.

lundi 27 octobre 2008

...l'oubli?...

Hier un mouvement somme toute banal: étendre du linge m'a soudain remis en mémoire un rêve au contenu a priori innocent mais qui pourtant ne l'était pas.

Elle est près de moi et, elle qui a désormais tant de mal à marcher car elle est si fatiguée, je m'apprête à l'aider à descendre le petit escalier sous la véranda. Lui a pris l'autre escalier et, ayant fait le tour de la maison, s'impatiente.

C'est la conscience que ce geste là était désormais impossible et qu'il était trop tard, pour moi, pour lui, qui m'a réveillée.

Oublie-t-on un jour?

dimanche 26 octobre 2008

crédits photographiques

Si ma mémoire est bonne, c'est l'expression que l'on utilise habituellement lorsqu'on cite ses sources... ce que je ne faisais qu'à titre exceptionnel alors même que mes photos personnelles sont rares puisque je pioche allègrement sur le net (il y a les doué(e)s et les autres)! Gene qui dépose régulièrement des commentaires, en me rappelant qu'elle hésite à utiliser les photos d'autrui faute de savoir quand elle le peut, m'incite à revoir la présentation des billets. A l'avenir, tout en bas du billet je tâcherai de mentionner mes sources, même si ce sera un petit peu fastidieux car en général je prépare un billet en trois temps: le texte, la recherche des photos (qui sont souvent renommées et dont seules certaines sont finalement utilisées, ce qui rend d'autant plus difficile la "tracabilité") et le mixage.

Et pour ce matin les sources étaient les suivantes:
Photo 1
http://ainsivalavie.blog50.com/files/arbres_et_brouillard_au_petit_matin_dans_le_gers.jpg
Photo 2
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://i183.photobucket.com/albums/x117/ange-de-dieu/automne.jpg
Photo 3
http://alain.blog.lemonde.fr/files/2007/12/chene-68.1198022978.jpg
Photo 4
http://calendrier.celtique.free.fr/img/automne4.JPG

... certitudes & incertitudes...

C'était il y a quelques années j'avais un peu de temps libre et j'en profitais pour surfer durant la pause déjeuner à la recherche d'images afin de personnaliser mon PC.
J'avais trouvé un superbe chêne en automne photographié par un agriculteur un peu poète qui le voyant chaque jour par la fenêtre de sa cuisine avait décidé de l'immortaliser en le déposant sur son blog... où je l'avais récupéré afin de le mettre en guise de fond d'écran. Cela a d'ailleurs été mon 1er fond d'écran personnalisé.
Depuis le temps a passé, d'autres images lui ont succédé ... et le disque dur de mon PC a trépassé rendant inaccessible cette image que j'ai recherchée en vain sur le net. Au bout de 40 pages avec "chêne automne" ou "chêne brouillard" j'ai renoncé.
Mais j'ai trouvé différentes images qui m'ont plu et qui illustrent bien comment les mêmes mots renvoient à des sensations différentes.

...incertitudes...

... certitudes...

La réponse est peut-être...
... à chercher quelque part par là.

samedi 25 octobre 2008

...certitudes?...

Il y a la chanson d'Anne Sylvestre "j'aime les gens qui doutent, qui parfois trop écoutent leur coeur se balancer..." mais Maria-D m'a devancée sur cette voie http://memoiredusilenceblogspotcom.blogspot.com/2008/07/les-gens-qui-doutent.html alors autant en explorer une autre... même si finalement certains chemins se croisent.

C'est alors que je me suis rappelée cette chanson de cet ancien jeune premier qui, dans "quai des brumes", trouvait les yeux de Michèle Morgan si beaux, et pour qui, lorsqu'il fût parvenu à l'âge des rôles de patriarches à crinière blanche, Jean-Loup Dabadie écrivit ce texte sur cette alternance de doutes et certitudes: "Maintenant je sais"

Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes J'parlais bien fort pour être un homme J'disais : je sais, je sais, je sais, je sais

C'était l'début, c'était l'printemps Mais quand j'ai eu mes dix-huit ans J'ai dit : je sais, ça y est, cette fois, je sais

Et aujourd'hui, les jours où je m'retourne J'regarde la Terre où j'ai quand même fait les cent pas Et je n'sais toujours pas comment elle tourne !

Vers vingt-cinq ans, j'savais tout : l'amour, les roses, la vie, les sous Tiens oui l'amour ! J'en avais fait tout l'tour !>P> Mais heureusement, comme les copains, j'avais pas mangé tout mon pain : Au milieu de ma vie, j'ai encore appris. C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots : Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau J'peux pas mieux dire : il fait très beau !

C'est encore ce qui m'étonne dans la vie Moi qui suis à l'automne de ma vie On oublie tant de soirs de tristesse Mais jamais un matin de tendresse !

Toute ma jeunesse, j'ai voulu dire "je sais" Seulement, plus je cherchais, et puis moins j'savais

Il y a soixante coups qui ont sonné à l'horloge J'suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge : Maintenant je sais, je sais qu'on n'sait jamais !

La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses On n'sait jamais le bruit ni la couleur des choses C'est tout c'que j'sais ! Mais ça, j'le sais !

http://www.youtube.com/watch?v=orDR4JA91F4

jeudi 23 octobre 2008

...incertitudes...

...douter...
...au risque de se perdre...

mercredi 22 octobre 2008

D'une chanson à l'autre...

... ou quand le "Comme d'habitude" de Claude François devient le "My way" de Franck Sinatra Une même mélodie, deux textes... et une traduction (perfectible, très perfectible...) trouvée sur le net pour expliciter les deux lectures possibles, à chacun de choisir celle qui le touche le plus.

http://fr.youtube.com/watch?v=bMoY5rNBjwk

Je me lève et je te bouscule, tu ne te réveilles pas comme d'habitude,
Sur toi je remonte le drap, j'ai peur que tu aies froid comme d'habitude
Ma main caresse tes cheveux, presque malgré moi comme d'habitude
Mais toi tu me tournes le dos, comme d'habitude
Alors je m'habille très vite, je sors de la chambre comme d'habitude
Tout seul je bois mon café, je suis en retard comme d'habitude
Sans bruit je quitte la maison, tout est gris dehors comme d'habitude
J'ai froid, je relève mon col, comme d'habitude

Comme d'habitude, toute la journée, je vais jouer à faire semblant
Comme d'habitude je vais sourire, comme d'habitude je vais même rire
Comme d'habitude, enfin je vais vivre, comme d'habitude
Et puis le jour s'en ira, moi je reviendrai comme d'habitude
Toi, tu seras sortie, pas encore rentrée comme d'habitude
Tout seul j'irai me coucher, dans ce grand lit froid comme d'habitude
Mes larmes, je les cacherai, comme d'habitude

Comme d'habitude, même la nuit, je vais jouer à faire semblant
Comme d'habitude tu rentreras, comme d'habitude je t'attendrai
Comme d'habitude tu me souriras, comme d'habitude
Comme d'habitude tu te déshabilleras, comme d'habitude tu te coucheras
Comme d'habitude on s'embrassera, comme d'habitude
Comme d'habitude on fera semblant, comme d'habitude on fera l'amour
Comme d'habitude on fera semblant

http://fr.youtube.com/watch?v=sEbgB6X6S5c&feature=related

And now the end is near, and so I face the final curtain. My friend, I'll say it clear, I'll state my case, of which I'm certain.

I've lived a life that's full. I travelled each and every highway. And more, much more than this, I did it my way. Regrets, I have a few, but then again, too few to mention, I did what I had to do, and saw it thru' without exception. I, planned each chartered course, each careful step along the by-way. And more, much more than this, I did it my way.

Yes, there were times, I'm sure you knew, When I bit off more than I could chew, But thru' it all, when there was doubt, I ate it up, and spit it out. I faced it all and I stood tall, and did it my way. I've loved, I've laughed and cried, I've had my fill, My share of losing, and now, as tears subside, I find it all so amusing. To think I did all that, and may I say. "Not in a shy way." Oh, no, oh no not me, I did it my way. For what is a man, what has he got, if not himself, Then he has not the words of one who kneels, The record shows I took the blows, and did it my way. et la traduction prise sur http://www.universound.ca/fr/chanson/1452/

Et voilà, la fin est proche, et donc j'affronte le rideau final. Mon ami, je vais le dire clairement, je vais affirmer mon cas, de ça j'en suis sûr.

J'ai vécu une vie complète, j'ai voyagé sur chacune des autoroutes. Mais plus, plus que cela, je l'ai fait à ma façon. Des regrets, j'en ai eu quelques-uns, mais là encore, trop peu pour en parler. J'ai fait ce que j'avais à faire, et l'ai fait sans exception. J'ai planifié chaque course en piste, chacun des pas effectués sur le côté de la route. Mais plus, plus que cela, je l'ai fait à ma façon.

Oui, il y a eu des moments, je suis sûr que tu le sais où j'ai mordu dans plus que je ne pouvais mâcher. Mais par-dessus tout, quand il y avait un doute, jJe l'ai mis dans ma bouche et l'ai recraché. J'ai tout affronté et me suis tenu droit et l'ai fait à ma façon. J'ai aimé, j'ai ri et pleuré, j'en ai eu ma part: ma part de perte. Et maintenant, comme les larmes perdurent, je trouve cela si amusant de penser que j'ai fait tout cela. Et puis-je dire - de façon non timide- "Non, oh non pas moi Je l'ai fait à ma façon" Parce que qu'est un homme, qu'a-t-il? Si ce n'est pas lui-même, il n'a rien, de dire les choses qu'il ressent vraiment et non les mots de celui qui s'agenouille. Les registres montrent que j'ai explosé et l'ai fait à ma façon!

mardi 21 octobre 2008

Destins de Femmes (5) Madeleine Cinquin...

...alias Soeur Emmanuelle aurait eu 100 ans le 16 novembre prochain. Des photos que j'ai vu d'elle je garde le souvenir d'un petit bout de femme pas bien grand, du moins au physique parce que pour le reste. Oui pour le reste c'était une grande Dame parce que faire ce qu'elle a fait à l'âge où tant d'autres qu'elle partent, selon l'expression consacrée "en reposance"... Et elle à ce moment là elle choisissait d'aller vivre comme une femme seule parmi ce qui était considéré comme le rebut de la société musulmane cariote: les chiffonniers Une grande Dame, un peu comme l'Abbé Pierre était un grand Homme. De ceux dont je me dis parfois que s'ils étaient plus nombreux le Monde se porterait mieux.

lundi 20 octobre 2008

Voyage intérieur ... d'impression en impression (6)

Hier j'écrivais sur les chemins qui parfois font perdre, plus ou moins volontairement le fil.
Et aujourd'hui le chemin que je retrouve est celui d'impressions liées à une odeur... le long d'un chemin ou plus exactement d'un cheminement que nous faisions autrefois, une fois l'an, autour d'un cloître, le jour du mercredi des Cendres. Un rituel dont je viens de découvrir qu'il est (ou était car j'ignore s'il se pratique encore puisque je ne fréquente plus guère les églises que pour les enterrements) typiquement catholique.
Ces cendres, le prêtre les avait obtenues en brûlant les anciens feuillages bénis le dimanche des rameaux de l'année précédente. Régulièrement l'enfant de choeur balançait l'encensoir. Des années ont passé mais je me rappelle toujours du "ting, ting" caractéristique de l'encensoir venant heurter la chaîne à laquelle il était suspendu tandis que s'élevaient des volutes parfumées que je reniflais, à l'avance, avec délectation.
Puis dans les odeurs aromatiques d'herbes brûlées (il y avait du laurier) et d'encens nous nous avancions les uns derrière les autres afin qu'il trace sur notre front une croix de cendres. Il prononçait alors cette phrase que je trouvais mystérieuse, car elle ne nous avait pas été expliquée, mais aussi effrayante: "Car poussière tu es, et tu redeviendras poussière".
Des cierges étaient alors distribués et, précédés de l'enfant de choeur portant l'encensoir, nous faisions, en chantant, le tour du cloître qui jouxtait la petite chapelle où se déroulait la cérémonie. Il faisait toujours un peu sombre et frais dans ce cloître, même l'été.
Je suis retournée récemment dans ma ville natale pour constater, déçue, que l'un des côtés du cloître avait été détruit, les arbustres centraux arrachés et surtout que les carrelages blancs décorés d'un beau rouge violacé où, par un jeu aux règles oubliées, je refusais de marcher sur certains motifs avaient été remplacées par un très quelconque pavage de dalles beiges.
La chapelle elle n'avait pas changé lorsque j'y suis retournée pour retrouver un peu de sérénité après avoir visité un proche hospitalisé dans l'enceinte de la clinique où elle se trouve.
N'y manquait que l'odeur d'encens...
Ah l'odeur d'encens et le tintement musical de l'encensoir contre la chaîne ...
Merveilleuse mémoire.
Il ne restait plus alors qu'à convoquer les souvenirs enfouis au fond de la mémoire en oubliant ce que je savais: quelques jours ou quelques semaines au mieux plus tard je sentirai de nouveau cette odeur, mais cette fois-ci dans l'église de son enfance.

dimanche 19 octobre 2008

...chemins...

Au départ, le 12 mai dernier, l'idée était de passer d'un billet à l'autre en gardant une certaine logique, en suivant un lien, un fil, plus ou moins visible ou pour le moins prévisible http://un-chat-passant-parmi-les-livres.blogspot.com/2008/05/pause-le-temps-de-renouer-le-fil.html avec aussi sous-jascente une idée, non dite, non écrite: ne jamais parler ni de famille ni de travail.

Seul le dernier point a pour le moment été respecté car dès le 17 mai une nouvelle apprise la veille m'avait incitée à modifier le projet. Et au bout de cinq mois et d'un peu plus de 150 billets ce constat: Il y a des chemins évidents, enfin plus ou moins...

... mais parfois la tentation de prendre des chemins de traverse est grande. Et il arrive qu'elle soit la plus forte à défaut d'être la plus sage.

Ces derniers temps beaucoup de choses ont été lancées et laissées inachevées. Il est temps désormais d'y remédier en achevant, au moins pour un temps, certaines séries de billets, comme cela a été le cas hier avec ceux sur l'ombre et la lumière et demain...

Et après... Après sera un autre jour.

samedi 18 octobre 2008

ombre et lumière (13 - 2) dans le 9ème art

Si à l'occasion du précédent message j'ai découvert que pour certains Didier Comès était considéré comme l'héritier d'Hugo Pratt, en rédigeant ceci je me suis aperçue que Jean-Claude Servais se rapproche par un certain nombre de points de Didier Comès .

Rapproche ou rapprocherait. Même nationalité (mais celle-ci est-elle significative?)

Utilisation de la bichromie

Forte présence de la Nature en tant que telle pour Servais, mais aussi via le monde des forces sur-naturelles pour Comès alors que Servais traiterait plus ce thème via la sorcellerie (voir notamment "la Tchalette")
Il n'en demeure pas moins qu'ils n'ont pas le même traitement du blanc et du noir où Comès procède par taches quand Servais est un adepte du hachuré.
Et surtout pas leurs héros ne sont pas de même nature.

De Jean-Claude Servais je garde surtout le souvenir de Violette, une jeune braconnière, une femme libre que le fils d'une famille bourgeoise pensera un temps s'attacher avant qu'elle ne s'enfuit pour vivre un bonheur éphémère avec un Compagnon du Devoir sur la route.
Ces deux derniers auront même un enfant, mais l'histoire finira mal, très mal.
A noter que cette série, bien ancré dans la région dont est issu l'auteur, a connu deux types de présentation: en noir et blanc puis en couleur.

Ambiance complètement différente avec Giardino, un dessinateur italien qui après avoir utilisé un assez séduisant noir et blanc pour narrer les aventures de son privé "Sam Pezzo" (bien dans l'ambiance des films dits noirs) s'est orienté pour des couleurs.

Une game chromatique assez plaisante tirant un peu vers le sépia ou plus exactement les tons automnaux pour Max Friedman un espion Juif français, qui vit un certain nombre d'aventures dans un contexte politique bien précis dans les années qui précédant la seconde guerre mondiale. Une dizaine d'années plus tard Giardino récidivera avec l'histoire de Jonas Fink, un jeune adolescent dans la Tchécoslovaquie dans les années 1950.

Entre ces deux héros, aussi attachant l'un que l'autre, mon coeur n'hésite pas: c'est rare de voir dans une histoire un veuf rencontre de jolies femmes qui lui plaisent beaucoup (et réciproquement) mais avec lesquelles il se refuse d'aller trop loin afin de pouvoir se consacrer à celle qui compte le plus à ses yeux: sa fille.

vendredi 17 octobre 2008

ombre et lumière (13-1) dans le 9ème art

Petit retour en arrière avec des hommes qui ont su au moins à un moment ou à un autre partagé cette même capacité à manier avec subtilité l'art du noir et blanc dans leurs oeuvres.

4 dessinateurs mais deux générations et deux nationalités

Le plus ancien, le Maître, non El Maestro: Hugo Pratt et son emblématique Corto Maltèse apparu dans "la balade de la mer salée", Corto que l'on ne présente pas et dont j'ai une grande reproduction sur toile.
Un dessinateur doté d'une immense culture et ayant une manière inimitable de travailler ses dessins à la plume...

Et que dire des femmes qui ont traversé les aventures de son héros (j'ai eu autrefois entre les mains un livre qui leur était consacré et que j'aimerais bien retrouver). Même si elles se ressemblent toutes un peu, elles partagent quelques points communs: une personnalité et une classe auprès desquelles les demoiselles dessinées par Manara n'ont plus qu'à aller se rhabiller (dans tous les sens de l'expression...)

15 ans plus tard naissait Comès (de nationalité belge) dont j'avais apprécié les planches couleur de "Ergün, le dieu vivant" lorsqu'elle étaient parues dans le magazine Pilote

C'était avant qu'il ne publie le très beau "Silence" en noir et blanc, couleurs, auxquelles il semble désormais rester fidèle.

"Silence", c'est l'histoire d'un simplet dont la Sorcière semble connaître le secret et qui seule semble contribuer à mettre en valeur les pouvoirs.

Que cette image là m'a fait rêver...

Et maintenant de qui parler?
Comme dirait un compatriote de ce dessinateur parti un jour s'installer bien loin de leur plat pays:

"Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi"

Alors la réponse viendra plus tard.

jeudi 16 octobre 2008

les Compagnons du Devoir

Un billet dédié à Gene
même si elle enseigne dans un autre type de lieu
mais où j'ai retrouvé le même esprit d'ouverture

Actuellement je suis dans une période avec quelques contraintes professionnelles qui laissent peu de disponibiltés pour la rédaction des messages. Mais cette fois-ci il y a une immense satisfaction: celui de fréquenter un lieu superbe surplombé par un étrange clocher qui m'avait toujours intriguée lorsque j'allais à la gare. http://www.compagnons-du-devoir.com/main.php?rub=2582 C'est officiellement un lieu d'apprentissage pour un métier mais derrière c'est aussi un lieu d'apprentissage d'un certain style de vie où prévaut l'amour du travail bien fait, l'amour du beau, l'ouverture au monde, de transmission des savoirs... qui se retouvent notamment dans les chefs d'oeuvre de fin d'étude qui sont exposés et que je n'ai pu m'empêcher de photographier.

Pour quelques jours encore donc, matin et soir je me rends dans une très belle bibliothèque où le bois prédomine, donnant une tonalité très chaleureuse au lieu. Au milieu se trouve une table, ronde comme il se doit, et qui rend hommage, à travers les panneaux réalisés en marquetterie, aux différents corps de métiers qui viennent se former là: travail du cuir, des tailleurs de pierre, et des charpentiers ...

des menuisiers/ébénistes et de ceux qui utilisent le cuivre... Ce centre de formation, ainsi que le préconise cette mappemonde...

visible dans la bibliothèque et où l'on retrouve les trois oiseaux qui symbolisent l'association, s'ouvre au monde et pas seulement européen ainsi qu'en témoigne l'un des chefs d'oeuvre.

S'il ne fallait garder qu'une image ce serait finalement celle-ci où je n'ai pu m'empêcher de voir un écho de l'homme idéal de Léonard de Vinci.