mercredi 29 février 2012

Balade Nantes/Rezé (3)

Depuis son inauguration en juin 2009, je suis passée des dizaines de fois à côté d'un monument en n'en voyant qu'une partie. Pour moi, les 3 blocs de métal rouillé qui étaient visibles sur la place Sarrail de Rezé évoquaient une silhouette de bateau. Et c'était tout. Il aura fallu un petit article dans un livre consacré à ce qu'on peut voir juste à côté des stations de trams pour que je profite de ma balade autour de la jonction Sèvres/Loire afin d'en savoir plus.

Ces 3 blocs d'acier constituent en réalité la partie la moins intéressante du "Mémorial pour les soldats d'Afrique du Nord -1952-1964", dont la partie principale se situe en contrebas de la route. Ce mémorial a été voulu par Jacques Floch, ancien maire de Rezé et qui a été un temps secrétaire d'État aux Anciens Combattants*
La majeure partie du mémorial qui se situe au sein d'un jardinet au milieu de marches en terrasse, comporte 3 blocs d'acier volontairement rouillé. Sur ces derniers figurent les noms des 343 soldats de Loire-Atlantique morts durant ces conflits que pendant longtemps on a préféré appeler "événements" . Une manière d'escamoter la réalité, celle d'une guerre qui aurait probablement pu être évitée si l'on avait un peu plus tenu compte de ce que disait le Maréchal Lyautey, et qui est rappelé sur l'un des blocs.
En passant près des blocs, j'ai regretté que le panneau interactif qui permettait d'en savoir plus sur ces soldats (dont la moyenne d'âge était de 22 ans au moment de leur mort) ne soit plus en fonction.

* Lequel n'est pas du tout intervenu dans son financement mené à bien grâce au département, pour un tiers, le solde étant assuré par 150 communes de Loire-Atlantique (à hauteur de 10 centimes d'euro par habitant) et les associations d'anciens combattants (1 € pour chacun des 18 000 adhérents du département).

mardi 28 février 2012

Balade Nantes/Rezé (2)

L'un des côtés appréciables de cette promenade au confluent de la Loire et de la Sèvres, c'est que, même si on est en centre ville, proche du monde du travail via l'usine Beghin-Say, la nature reste très présente. La proximité du fleuve y est pour beaucoup: un fleuve qui reste navigable, (même si les péniches préfèrent en général s'amarrer sur les bords de l'Erdre, moins soumise aux fluctuations des marées) et poissonneuse. J'en veux pour preuve les quelques cormorans qui ont élu domicile sur une bouée.

Mais il faut être lucide, le côté maritime de Nantes est en voie de disparition, à l'exemple de ce bateau, sans doute celui d'un ancien pêcheur en Loire, complètement enfoncé dans la vase.

Ainsi va la vie, avec les saisons qui se succèdent.

Et si sur les bords de la Sèvres le feuillage faisaient encore défaut aux arbres, si le ciel comme souvent au sortir de l'hiver paraissait plus beau lorsqu'il se reflétait dans l'eau qu'en réalité, il régnait dans l'air une douceur toute printanière propice à l'éclosion des premiers bourgeons. Probablement ceux d'un jeune merisier que, l'été venu, les oiseaux du coin se feront un plaisir de "visiter".

lundi 27 février 2012

Balade Nantes/Rezé (1)

Il y a quelques temps, j'ai fait une petite balade entre Nantes et Rezé, deux communes limitrophes à l'endroit même où la Sèvres nantaise se jette dans la Loire. Mais il faisait très froid ce jour là et j'avais volontairement laissé mon appareil photo bien au chaud chez moi alors même que la promenade présente quelques intérêts qui justifient les 3 billets à venir.
Le premier a trait à la proximité de deux ouvrages qui renvoient l'un et l'autre au passé de Nantes, deux ouvrages que l'on aperçoit de loin lorsqu'on passe sur le pont de Pirmil: le pont de Pornic et l'usine Béghin-Say.

D'un point de vue technique, le pont de Pornic est conçu sur le principe des ponts ferroviaires de la fin du XIXème siècle: un treillis de poutres métalliques. Il a été construit dans les années 1870 afin de permettre le raccordement la ville de St-Gilles Croix de vie (port de pêche alors spécialisé dans la sardine) à Nantes où se trouvaient un certain nombre de conserveries.

D'un point de vue plus personnel, ce pont m'a pendant longtemps fait très peur. Tout simplement parce qu'avant que le pont des 3 continents et celui de Cheviré ne soient inaugurés, il servait, matin -dans le sens sud/nord- et soir -dans le sens nord/sud- à délester une partie de la circulation routière qui devait emprunter le pont de Pirmil.
Mais la route était TRES étroite avec un espace restreint de chaque côté des roues des voitures... et de loin en loin on croisait ou on se faisait dépasser par un train, ce qui était très impressionnant.
Depuis l'ouverture des deux ponts ci-dessus mentionné, seuls les vélos et les piétons peuvent l'emprunter... en serrant un peu les dents quand on est sur le pont et qu'un train s'engage dans la "cage métallique.

Mais ça vaut le coup car du pont et plus encore de la rive sud de la Loire, on a une superbe vue sur l'usine Béghin-Say. Une usine qui vient de loin et dont le futur est incertain .

Au milieu du 18ème siècle, Nantes comptait 22 raffineries de sucre, un chiffre élevé à rattacher au fait que 60% des importations coloniales du port étaient liées au sucre (plus tard ce sera le bois exotique). La Beghin-Say fut la dernière raffinerie construite: en 1935. Elle a fait l'objet, au milieu des années 90, d'une belle rénovation de la part d'un(e) architecte qui a misé sur le beau en dotant les bâtiments de superbes couleurs "Louisiane".

C'était avant que Béghin-Say ne soit racheté par le groupe Tereos qui a décidé... de transférer toute l'activité de raffinage en Espagne et de ne plus laisser sur le site que l'activité conditionnement, laquelle a été à son tour menacée.
Et si à ce jour la fermeture définitive du site a été repoussée à la fin 2012, il ne faut pas se faire d'illusions. Heureusement la Mairie de Nantes entend bien conserver et redonner un usage aux bâtiments si symboliques de cette usine.

dimanche 26 février 2012

Le lapin du marin et autres superstitions

On peut être marin, grande gueu** (enfin quand on est du genre Olivier de K. parce que je doute qu'il en soit de même pour Titouan L.) et être superstitieux comme une midinette que la vue d'un chat noir ou d'une échelle posée sur un mur fait fuir. La preuve avec quelques exemples tirés d'un article paru dans le journal "Le Monde"... peut-être en prévision du départ de la course "la solidaire du chocolat"*

L'un des plus anciens tabous dont la terrienne que je suis a eu connaissance, c'est celui relatif à la "bête aux grandes oreilles" que certains osent parfois appeler le "cousin du lièvre": le lapin!
Il faut remonter au temps de la navigation à voile pour comprendre l'origine de ce mot tabou. Et oui, les bestioles embarquées à bord afin de fournir aux marins de la chair fraîche au fur et à mesure du voyage avaient un peu trop tendance à boulotter tout ce qui leur tombait sous la dent, notamment lorsque leurs provisions à eux étaient finies. Et une fois la cage grignotée, le lapin évadé s'attaquait au chanvre des cordages... gênant... mais, plus grave encore, à celui qui servait à colmater les espaces entre les planches de la coque. Très gênant ça, surtout quand on est à des miles et des miles de toute côte...

Autre refus que je connaissais aussi via une amie férue de navigation et qui rêvait d'entrer dans la marine: celui de la présence d'une femme à bord.
Non, même si certaines ont les dents longues, elles ne s'attaquaient pas aux chanvre des cordages. C'était tout simplement que les voyages étaient longs, très longs et avec des équipages exclusivement masculins dont la libido ne s'éteignait pas au seul motif qu'ils étaient en pleine mer. En ces temps là, ainsi que le rappelle François Bourgeon dans sa série "les passagers du vent", il ne faisait pas bon être un jeune mousse sur certains bateaux.

Autres craintes:
- celle relative à la bouteille de champagne qui doit se briser lors du baptême du bateau, ceci afin d'éloigner le mauvais sort. Une tradition qui remonte à l'antiquité, une époque où c'est le sang d'une victime sacrifiée qui était étalée sur la coque. De nos jours, on est plus "soft". Il n'en demeure pas moins que les plus prudents scient un peu le verre pour fragiliser la bouteille et/ou entraînent le futur parrain ou marraine à avoir le bon geste efficace.
- les deux dernières appréhensions sont à rattacher à la religion chrétienne puisqu'elles concernent le refus des équipages à 13 ou des mises à l'eau un vendredi, deux choses qui renvoient au vendredi saint et à la mort du Christ.

* "La solidaire du chocolat", dont la 1ère édition a eu lieu à l'automne 2009, est une transat qui relie St-Nazaire à Progreso dans la province du Yucatan (Mexique). En 2012, départ le 11 mars
Principe de la course: Un bateau, deux marins, une association soutenant une oeuvre d'intérêt général et une entreprise mécène = un projet labellisé « Solidaire du Chocolat » financé à hauteur de 25 000 euros TTC.

samedi 25 février 2012

Trajectoires (2)

30 ans. Cela a fait 30 ans en décembre dernier que je l'ai vu pour la dernière fois à l'occasion d'un déjeuner où il m'avait invitée avec une amie commune... en me jurant, une fois celui-ci achevé, qu'à défaut de l'oublier, je ferais tout pour ne jamais le revoir, alors même qu'il avait beaucoup compté pour moi durant mes années "fac".
Et puis le temps a passé et je ne l'ai effectivement pas oublié. J'ai même récemment retrouvé sa trace et pu mesurer à quel point hommes et femmes sont inégaux une fois entrés dans la vie professionnelle.

Pas vraiment passionné par les études et désireux de gagner sa vie, il avait passé très tôt les concours de la fonction publique et avait commencé à travailler durant son année de licence comme cadre B* dans un Ministère proche de celui qui serait le mien jusqu'en juillet dernier. J'avais préféré suivre les cours jusqu'à la fin de l'année et intégrer une école qui préparait aux concours de la fonction publique, avant de commencer à travailler comme cadre A*, près de deux ans après lui.

L'été dernier, à 53 ans, j'ai fini ma carrière comme je l'avais commencée: simple inspectrice de 2ème classe, même pas au dernier échelon. Lui, je viens de découvrir qu'il a grimpé progressivement les échelons au point d'être désormais devenu, à 56 ans, ce qui, avant les différentes réformes dans la fonction publique, correspondait au grade de directeur départemental.

Certes l'Administration où je travaillais était beaucoup plus féminisée que celle où il exerçait et le taux de féminisation y diminuait de façon notoire lorsqu'on s'approchait de l'équipe de direction. Certes j'ai choisi de prendre un congé parental de 18 mois, de travailler plus de 15 ans à temps partiel, de ne pas passer les examens internes pour ne pas devoir partir au loin et laisser les enfants à la charge de leur père qui lui passait d'autres concours, changeait de voie...

Alors, certains soirs je me dis que trop souvent on (le conjoint, les enfants, la famille élargie, les ami(e)s, les collègues...) demande implicitement aux femmes de privilégier la famille au travail. Et je ne suis pas certaine que ce soit toujours un bon choix.

* en France, les concours de cadre B sont théoriquement accessibles avec un baccalauréat, ceux de cadre A avec une licence. En réalité depuis quelques années, les personnes recrutées sont beaucoup plus diplômées que ce que prévoit le concours d'entrée

vendredi 24 février 2012

Trajectoires (1)

Hier, début de ce qui sera sans doute une série de visites du jeudi, histoire qu'il prenne un repas à peu près correct et surtout qu'il trouve la journée un peu moins longue, lui qui n'a jamais quasiment rien lu de toute sa vie sauf le journal, ne regarde jamais la télévision au delà de 20heures et qui ne sort plus depuis sa dernière chute. Et comme désormais le mardi et le vendredi il bénéficie désormais du portage de repas et que le mercredi une employée de maison vient faire son ménage, il ne restait que les lundi, jeudi et samedi...

C'est l'occasion de parler avec lui, de faire travailler sa mémoire qui lui fait de plus en plus défaut, même pour les souvenirs anciens, notamment ceux ayant trait à la famille. Il a oublié la date de naissance de ses parents, de son frère et de sa soeur. Celle de leurs décès aussi. Et il commence à oublier le prénom de certains membres de la famille, se rattachant vaille que vaille à certains détails les concernant, comme la ville ou la région qu'ils habitent. Quant aux éléments du temps présent... A chaque visite ou coup de téléphone il faut lui répéter ce que font les plus jeunes de ses petits enfants, du moins ceux qui poursuivent des études.

En fait il vit ou plutôt revit de plus en plus dans le passé. Celui de la fin de son adolescence, des quelques mois de vie active avant les années de guerre dans la résistance, son retour à la vie civile active. Avant et après ces années-là, tout est plus flou. Faut-il en déduire que pour lui, c'est le temps consacré au travail qui l'aura le plus marqué? Il est vrai que durant toutes mes années d'enfance il était toujours déjà parti au travail quand je me levais le matin, et n'en revenait qu'assez tard, bien après que je sois revenue des cours, pour filer au jardin, bricoler etc...

Est ce ainsi que les hommes vivent? Ou ont l'impression de vivre? Par leurs actes liés au travail?

jeudi 23 février 2012

"Airborne 44 - Destins croisés" par Philippe Jarbinet

Dans ce quatrième volume qui clôt les deux diptyques consacrés l'un à la bataille des Ardennes de l'hiver 44/45, l'autre au débarquement et à la campagne de Normandie, on retrouve Gavin et Luther, les deux américains, qui ont l'un et l'autre croisé le chemin de deux françaises: Johanna et Gabrielle.

Les qualités de cette BD relevées lors des précédents ouvrages sont toujours présentes:
- un trait réaliste où les couleurs viennent parfaitement à l'appui de l'ambiance (ainsi dans la page ci-dessous où les soldats marchent dans une forêt semble t il idyllique, sauf que...)
- des détails dont on ne doute à aucun moment de la véracité - comme le fait d'envoyer des "bleus" en première ligne afin d'épargner les vétérans, des "bleus" qui quand ils survivent deviennent "fous"- et qui donnent chair au récit
- des images qui plus d'une fois se passent de texte,
- des textes brefs, durs, où plus d'une fois j'ai retrouvé la force de "Johnny got his gun" de Dalton Trumbo
- des personnages, même secondaires attachants, je pense notamment au "gamin" Grünenwald, qui donnent envie d'en savoir plus sur eux...

Certes on pourra objecter qu'à chaque diptyque les héros étaient jeunes et beaux et que l'histoire se termine bien pour eux, mais là n'est pas l'essentiel. Philippe Jarbinet, qui est Belge, a réussi via cette BD, à me donner envie d'en savoir plus notamment sur la bataille de Normandie dont au détour d'un phrase il nous rappelle combien elle a été cruciale.
Il oppose l'état d'esprit des soldats américains à celui des soldats allemands au sujet desquels il fait dire à son héros Gavin: "... ils ont cinq ans de guerre derrière eux et surtout une motivation insurpassable, la certitude absolue que s'ils ne nous arrêtent pas en Normandie, ils ne nous arrêteront nulle part. S'ils perdent la France, ils perdront l'Allemagne! Nous, nous n'avons pas envie d'être ici, et nous avons encore un pays où retourner vivre en paix. Eux, ils savent qu'on va raser le leur. Ils ont le dos au mur,ce qui leur donne une rage que nous n'aurons jamais!..."

mercredi 22 février 2012

Derniers livres achetés... et relectures en cours

Parmi les choses que je suis très souvent incapable de faire, il y a celle-ci: résister à l'envie d'acheter un (ou plusieurs) livre(s) lorsque je me rends dans une librairie. Et cela même si j'ai plusieurs livres en cours et encore beaucoup plus en attente. Les deux derniers en date ont été achetés:

- suite à la lecture de son adaptation en BD. Il s'agit du livre de Manchette, "le petit bleu de la côte ouest" dont les premières pages lues semblent indiquer que l'adaptation de Tardi est assez réussi

- suite à une séance de cinéma, celle de "Millenium" qui adaptait le 1er volume de la trilogie: "les hommes qui n'aimaient pas les femmes", livre dont je préfère nettement le titre en anglais car il renvoie à l'héroïne: - The Girl with the Dragon Tatool "

Mais il y a aussi les relectures avec:
- parce que le 4ème volume est paru en anglais à l'automne dernier: "Eragon"... Sauf que, comme Saphira, le dragon (ou plus exactement la dragonne) qui devient de plus en plus grande, les ouvrages deviennent de plus en plus épais de tome en tome. A noter que curieuse comme je suis, j'ai lu la fin de la version anglaise. Mais que je n'irai pas plus loin car le vocabulaire est parfois assez technique. Je vais donc devoir attendre la publication dans quelques mois de la VF pour connaître le vrai nom d'Eragon et de Arya.

- parce que j'ai récemment eu l'occasion de lire "les deux gredins" qui m'a donné envie de replonger dans l'humour si particulier de Roald Dahl cet auteur so british: "Bizarre, bizarre" où je sais que je vais retrouver cette femme autrefois si soumise à qui son mari annonce qu'il la quitte, ne le supporte pas et fait disparaître l'arme du crime de manière fort originale.

mardi 21 février 2012

Froid et glaces à Nantes

C'était il y a un peu plus d'une semaine, juste avant que les températures ne redeviennent un peu plus clémentes. J'avais ainsi pu photographier les statues de la Place Royale recouvertes d'un châle voire d'un manteau de glace dont l'épaisseur variait en fonction de l'heure et du soleil.

Contrairement à certains sportifs, j'ai attendu le dernier moment avant le redoux pour de descendre sur les bords de Loire grâce à un escalier métallique heureusement sec. Arrivée en bas, près du fleuve, il était d'ailleurs assez étonnant d'entendre le crissement des blogs lorsque les glaçons qui s'en allaient vers l'embouchure croisaient ceux qui en revenaient pour cause de marée montante.
Sur les bords du fleuve, les plantes qui arrivent en temps normal à survivre en étant régulièrement inondées avaient un tout autre aspect avec la glace en arrière plan.

Mais ce qui m'a le plus surprise, ce sont les effets conjugués du froid et des marées. Il y avait d'un côté de très gros "cristaux" qui en fondant laissaient transparaître le cheminement du froid au sein de l'eau. Et de l'autre, d'immenses blocs oubliés là lors d'une marée plus haute que les suivantes et qui m'ont immédiatement fait penser à un tableau de Friedrich où une coque de bateau est complètement prise dans les glaces.

lundi 20 février 2012

Souvenirs de La Roche sur Yon (2)

La Roche sur Yon est une ville surprenante, à l'image de son blason qui renvoie à deux valeurs fortes de son passé: Napoléon et "l'âme vendéenne".

La référence à Napoléon 1er n'est guère surprenante. C'est lui en effet qui a signé le décret qui a re-créé cette nouvelle ville désignée en outre comme préfecture de département, aux dépends de la ville de Fontenay-le-Comte (implantée au sud-est de la Vendée) qui l'était jusque là. Alors, bien évidemment, on ne peut que retrouver un "N" sur le blason, celui-ci qui est en relief se trouvant sur l'un des murs de la poste centrale.

Une ville créée quasiment de toutes pièces, dont le peu d'éléments visibles antérieurs au XIXème siècle, par un architecte qui avait décidé qu'elle aurait la forme d'un pentagone. Ce dernier a perduré jusqu'alors via une ceinture de boulevards à l'intérieur desquels on retrouve les principaux bâtiments construits dans un style qui oscille entre
- le militaire (l'ancien hôpital où siègent les services administratifs du Conseil général et les collège et lycée qui occupent de la place le côté nord de la place Napoléon)

- et le néo-classique (l'église St Louis à l'est de la place, l'ancien tribunal situé quant à lui à l'ouest et qui est devenu... une école de musique mais aussi le théâtre)

Sur le blason on trouve aussi des mains serrées, une sorte de voeu quant à une réconciliation entre la "République" qui a pesé lourdement durant la Révolutions française et l'attachement "religieux" du département -la petite ville du blason serait celle de Jérusalem- que certains qualifient encore tout simplement de "chouan"?

Un héritage qui est présent aussi bien sur le logo du conseil général que sur la porte d'entrée du très laïc lycée de la place Napoléon. Il figure aussi en bonne place sur la façade d'un hôtel particulier de la ceinture de boulevards qui entoure le coeur de la ville.

Que voir de plus à La Roche sur Yon, qui est certes la ville la plus importante de Vendée mais reste cependant une petite ville provinciale de moins de 55 000 habitants?

A dire vrai, pas grand chose: la façade en partie en mosaïque de l'hôtel des postes et quelques éléments qui renvoient à l'Angleterre dont un drôle d'hôtel situé place de la gare.

Ah si j'oubliais, il y a les haras. Ou plus exactement un des haras nationaux, étant précisé qu'il est plus particulièrement axé "conservatoire des races chevalines". Mais lors de ma visite, un dimanche, ce dernier n'étaient pas ouvert au public. Et j'ai appris depuis lors qu'il semblerait même qu'il ne soit visitable que dans le cadre de visites organisée ou lors des rares spectacles qui y sont organisés

dimanche 19 février 2012

Souvenirs de La Roche sur Yon (1)

Quelques heures à La Roche sur Yon, le temps d'immortaliser des vues de l'hypercentre... enfin des quelques rues qui entourent la place... Napoléon avec une statue... de Napoléon... et pas grand chose autour: un restaurant... Napoléon, une agence immobilière Napoléon... et plein de bâtiments dans le style néo-classique tel qu'il sévissait à l'époque... napoléonienne.

Demain, plus d'explications sur ce phénomène avec un peu d'histoire sur cette drôle de petite ville provinciale, crée au début du XIXème siècle!
Et en attendant: deux gros plan de la fameuse statue.

samedi 18 février 2012

Femmes algériennes en 1960

C'est sur Facebook que j'ai trouvé cette vidéo qui m'a rappelé un souvenir oublié vieux de plus de 30ans: la visite, à la "maison de la culture" de Rennes, d'une exposition consacrée aux photos réalisées par un jeune appelé à qui il avait été imposé de participer au recensement de la population, probablement celui-là même dont le travail illustre la vidéo, car il me semble bien avoir reconnu certains visages.

En réalité, les tensions lors des prises de vue allaient bien au delà du seul fait pour ces femmes de dévoiler leur visage. En effet, au tabou de montrer son visage à un homme n'appartenant à leur famille s'ajoutait celui de voir son visage immortalisé sur une photo alors que leur religion interdit toute représentation de dieu mais aussi des humains. Un tabou encore très fort puisque dans les années 80, alors que je visitais une oasis en Tunisie, le guide qui m'accompagnait avait vivement déconseillé de photographier les femmes que je croiserais.
C'est à peu près à la même époque où Michel Tournier avait publié "La goutte d'Or" qui était le récit d'un jeune berger venu en France afin de reprendre à une jeune femme la photo qu'elle avait faite de lui afin de "retrouver" son âme.

vendredi 17 février 2012

Nantes hier et aujourd'hui

A l'occasion de rangements divers est remonté en surface un ancien numéro de la revue l'express consacré notamment aux monuments disparus de Nantes. Dans le long article article qui leur était consacré, une même question était posée à plusieurs personnalités: "Quel est le monument dont vous regrettez la disparition à Nantes ou dont vos vous souvenez avec émotion?"
Les réponses? Les halles de la Place du Bouffay (et même les cerisiers japonais de cette même place!) le pont transbordeur, la seconde tour LU et... la Loire!

Pas d'accord pour la Loire dont les deux bras restant qui enserrent l'île Beaulieu et Ste Anne me satisfont amplement et dont le franchissement pose encore problème à certaines heures. Mais je conçois qu'elle manque à ceux qui ont connu Nantes d'autrefois, celle d'avant guerre, quand elle avait un petit air de Venise avec moult canaux et ponts qui sur la Loire, qui sur l'Erdre...
Pas d'accord pour le pont transbordeur, détruit l'année de ma naissance, qui signait certes de manière imparable le port mais écrasait tout le reste du paysage. Et puis il y a le navibus!

D'accord avec les Halles du Bouffay, certes peu pratiques et assez peu fréquentées car elles étaient petites, basses de plafond et sans eau courante. Mais elles avaient un joli petit côté "halles pour maison de poupée" avec leurs petites colonnettes de fonte.

D'accord pour la seconde tour LU... disparue suites aux bombardements de 1943 car une fois qu'on a vu les images d'avant-guerre, il est évident qu'il manque quelque chose à côté de la tour restante... même s'il manquera toujours l'essentiel, la délicieuse odeur de biscuits qui flottait encore dans l'air dans les années 80. C'était avant que l'usine LU ne soit délocalisée dans le vignoble.

Et puis, pour moi, cette liste comporte deux manques qui correspondent à des moments forts, empreints d'anxiété pour la jeune conductrice que j'étais et qui signaient pour moi le passage en sud Loire, l'arrivée de la vigne et des toits en tuiles:
- le passage de l'autopont de Pirmil. Etroit, pentu, il permettait de filer sur la route de Pornic en évitant les bouchons de l'entonnoir de Pirmil. Il a disparu au moment de l'arrivé de la ligne 2 du tram. Une construction tellement laide qu'il n'en existe aucune trace photographique
- le franchissement de la Loire via un pont mixte, SNCF et voitures, qui se faisait dans le sens sud/nord le matin et nord/sud le soir. Le pont existe toujours, mais depuis l'ouverture du pont des 3 continents, seuls y passent désormais les vélos et les piétons. Et si un grillage isole désormais de la voie ferrée, je me rappelle très bien des frissons qui me courraient dans le dos quand un train nous croisait ou nous dépassait alors que nous roulions sur la voie qui était alors réservée aux voitures.

jeudi 16 février 2012

Le dernier vétéran

D'ici une poignée d'années, voire simplement quelques mois, en voyant ces images de deux très vieux grands-pères, qui se rappellera qu'il s'agit des deux derniers vétérans* de la première guerre mondiale?

Le 1er était Français. Il s'appelait Lazare Ponticelli (1897 - 2008).
Un homme aux nom et prénom doublement emblématiques:
- de part son nom, car lui, le soldat d'origine italienne, avait combattu pour que l'Alsace et la Lorraine redeviennent françaises
- de part son prénom: Lazare, celui qui, dans le nouveau testament, est revenu d'entre les morts...
Et si, tout à la fin de sa vie, il avait fini par accepter qu'à sa mort il y ait des obsèques de portée nationale - pas tant pour lui que pour se rappeler de tous les soldats de cette guerre qui devait être la dernière- il a préféré être enterré auprès des siens plutôt qu'au Panthéon

Mais le véritable dernier vétéran de la première guerre mondiale a en réalité été Claude Choules (1901-2011) un anglo-australien dont on a beaucoup moins parlé lorsqu'il est décédé au printemps 2011.
Né en Angleterre, il avait intégré la marine à 16 ans et servi à bord du cuirassé HMS Revenge**. Il y a fort à parier que lorsqu'il a été démobilisé, puis qu'il est parti s'installer en Australie, il était loin de penser qu'il reprendrait du service, cette fois-ci dans la Royal Australian Navy. Après la Manche, les eaux du Pacifique qui portait mal son nom durant la 2ème guerre mondiale.

* Et puis il y a Florence Green, une Britannique qui est morte samedi 4 février 2012 à son domicile en Angleterre. Mais là le cas est un peu particulier car si elle avait effectivement rejoint des rangs de la RAF, elle n'y a exercé que comme "cantinière" loin des combats, deux mois avant la fin de la guerre
** le nom du bateau étant tout un programme à lui seul

mercredi 15 février 2012

Tom et Jerry

Tout le monde sait que Tom, c'est le chat, et Jerry, la souris. Qu'en général, c'est Jerry qui lance les hostilités, Tom réagit... mais finit très souvent par s'en mordre les doigts car Jerry a plus d'un tour dans son sac. Ce dernier élément est assez étonnant quand on sait quand ont été créés les personnages et à quoi renvoyaient leurs "prénoms"

Les prénoms.
Tom, quand il s'écrit "tom", c'est ce qu'on appelle un matou. Pas vraiment un chat de race, plutôt le chat de gouttière qui a su se faufiler puis s'imposer dans une maison où il s'avère vite être un occupant gourmand et paresseux. Mais son nom renvoie aussi aux soldats anglais, les "Tommies". Pas de problème donc avec le chat.
Et il y a Jerry, une souris particulièrement tenace. Son nom renvoie au surnom que donnaient les Anglais et les Américains donnaient aux Allemands, aux "Germans". et de là il n'y a qu'un pas pour passer de "German" à "Jerry". Prénom bien trouvé. Sauf que...

Sauf que les premiers épisodes sont sortis durant la deuxième guerre mondiale, quand Allemands et Anglais (et Américains) se livraient à un drôle de jeu du chat et de la souris, sur terre et sur mer. Et que décrit en général le scénario: une souris/Jerry/German en fait voir de toutes les couleurs à un chat/Tom/tommie lequel finit par se fâcher et s'emporte contre la souris...
Avant très souvent que le rapport de forces ne soit inversé. En effet, plus le temps passait dans la série, plus la souris devenait futée... et le chat, maladroit, gaffeur, voire ridicule lorsqu'il se lançait dans une opération de séduction, par exemple vis-à-vis d'une chatte blanche (la Paix?). Qui pourrait alors être Spikele bull-dog qui aide assez souvent Jerry, l'ONU?
Non il convient d'arrêter là car si Tom et Jerry ont effectivement vu le jour à une période de conflit armé, très vite ils sont devenus complètement autonomes par rapport à l'actualité. Tout comme "Charlot Soldat" avait su le faire après la première guerre mondiale.

mardi 14 février 2012

La nuit

Tu dors
Et je me suis réveillée
Sur le mur, les courbes de ton corps dessinées par la lampe du réveil
Je les suis du regard
Léger renflement des épaules
Et puis celui plus marqué des hanches

Tu dors
Et je suis réveillée
Je me tourne vers toi
Mes seins contre ton dos
Mon ventre contre tes fesses
Je caresse tout doucement
Ta joue, ton épaule, ta poitrine, ton ventre
Je glisse une jambe entre les tiennes

Tu dors
Et je veille
J'écoute ta respiration, calme et paisible
Et le mienne insensiblement se cale sur la tienne
J'entends ton coeur battre à son rythme,
Mais est ce le tien ou le mien que j'entends
Ou ne battent ils pas au même rythme?
Mon visage entre tes omoplates, je respire l'odeur de ta peau
J'y dépose un léger baiser
Je me sens bien

Tu dors
... et je me rendors

lundi 13 février 2012

"le choeur des femmes" de Martin Winckler

S'il n'y avait pas eu ce fichu cancer découvert au printemps 2008, elle aurait eu 90 ans aujourd'hui. Et même si le livre cité dans le titre parle plus de gynécologie (au sens très, très large) que de cancérologie (même si dans la "petite unité il y Catherine qui est en fin de vie) j'ai pensé plusieurs fois à elle en lisant "le choeur des femmes"... qui pourrait aussi se comprendre comme le coeur des femmes" voire "le corps des femmes" tant tout est lié.
Un gros pavé (plus de 600 pages bien denses) qui est à la fois plaisant et agaçant à lire:
- plaisant parce que ce que raconte Martin Winkler via son héroïne Jean et quelques autres femmes à qui il donne la parole, sonne régulièrement tellement "juste"
- agaçant par sa longueur (malgré les changements d'écriture, on a l'impression de lire le résumé d'épisodes d'une série médicale) et par le côté exemplaire de ce médecin-là (comme l'avait été en son temps le livre autour de Bruno Sachs)

Il me reste environ 200 pages à en lire, mais je ne résiste cependant pas à l'envie de d'ores et déjà en citer un extrait.
C'est une femme de 48 ans qui parle, se parle à elle même. Elle vient consulter car après avoir divorcé, trois ans auparavant, d'un homme dont elle eu deux enfants qui ont maintenant 20 et 22 ans, elle a rencontré un homme qui a 20 ans de moins qu'elle. Mais elle l'aime; ils s'aiment; et elle a compris qu'il aimerait avoir un enfant avec elle. Oui mais...
"... ma peau se flétrit, j'ai beau la tartiner, les rides je les vois, et le soir je ne veux pas qu'il me voie, quand je me glisse dans le lit je baisse la lumière avant d'enlever mon peignoir et de me serrer contre lui, ma peau fanée contre la sienne, et le matin je me lève avant qu'il se réveille et même s'il vient se coller contre moi dans la douche, j'espère qu'il ne voit rien avec toute cette buée et tout de suite en sortant je me cache derrière mon drap de bain, je ne veux pas qu'il s'aperçoive à quel point je suis moche fripée marquée pas belle..."

Face à elle deux médecins, Frantz Karma, la cinquantaine qui accueille, à l'essai pendant une semaine, une jeune femme de 30 ans qui achève son internat et veut devenir chirurgien. Et le plus "compréhensif" des deux n'est pas celui que l'on pense. Du moins au début de l'histoire.