mardi 14 juillet 2015

L'état d'esprit de Margaret Bourke-White quand elle photographiait les camps

Elle, c'est Margaret Bourke-White dont il était dit ceci lors d'une exposition qui lui était consacrée: "Margaret Bourke-White est une pionnière de la photographie aérienne et de la ville vue d’en haut. Photojournaliste pour des médias renommés (Fortune, Life, Vu, etc...) elle est la première journaliste occidentale à être autorisée en URSS (en 1930) avant de devenir la première femme correspondant de l’armée américaine. Pendant la seconde guerre mondiale elle offre notamment des clichés de villes dévastées ... et couvrira par la suite de nombreux conflits".  A ceci j'ajoute que c'est elle l'auteur des derniers clichés de Gandhi, ceux où il est à côté d'une rouet.
Mais c'est une autre partie de son travail dont je voudrais faire état, lorsqu'elle a témoigné, via ses clichés, sur ce qu'étaient les camps de concentration*. Et surtout citer un extrait de son livre de souvenirs**.
"L'usage de l'appareil photo était un soulagement. Il intercalait une mince barrière entre moi et l'horreur devant moi. Les gens me demandaient souvent comment il est possible de photographier de telles atrocités. Je devais couvrir mon esprit d'un voile pour travailler. Lorsque je photographiais les camps d'extermination, ce voile protecteur était si solidement tendu que je savais à peine ce que j'avais pris jusqu'à ce que j'aie vu les tirages de mes photographies. C'était comme si je voyais ces horreurs pour la première fois. Je crois que beaucoup de correspondants travaillaient dans cet état de stupeur imposée. On est obligé, autrement c'est impossible à supporter"A défaut de pouvoir prendre de la hauteur, il faut savoir mettre de la distance, sinon c'est insupportable
* aucune photo de ce type ici, parce que l'essentiel est ailleurs, sur le regard que peuvent avoir les personnes témoins de choses horribles, notamment lorsque leur métier c'est de "ramener des photos"
** Portrait of myself (1963)

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