samedi 4 septembre 2010

le troisième sexe

C'était il y a quelques jours, un petit article dans la presse locale au sujet d'un professeur d'un lycée privé de l'agglomération nantaise qui de « Vincent » en juin dernier, lors de la sortie des classes, était devenu « Martine » pour accueillir les élèves le jour de la rentrée.
Le directeur du lycée indiquait avoir transmis, en lien avec l'Association des parents d'élèves de l'enseignement libre (APEL), un courrier aux parents d'élèves pour les informer de la situation avant la rentrée. « Ce changement d'identité est un cheminement personnel qui s'impose à nous, et nous n'avons pas à nous positionner là-dessus ». Pour le directeur, ce qui comptait « c'est le travail au quotidien et le professionnalisme de ce professeur ». L'article de presse précisait qu'une psychologue de la direction diocésaine était intervenue sur place le jour de la rentrée.

Qu'il est loin le temps où comme beaucoup de personnes je découvrais la vie pas toujours simple de ces personnes dont l'identité sexuelle n'est pas clairement définie ou dont le sexe physiologique n'est pas en accord avec le sexe psychologique. C'était en 1987 à l'occasion de la sortie du livre de Maud Marin, née Jean Planchard, qui racontait dans "le saut de l'ange" ce qu'avait été sa vie.
Enfant auquel ses parents bien que conscient qu'il y avait un problème donnèrent un prénom masculin et l'élevèrent comme un garçon. Arrivé à l'âge adulte, il s'avéra vite que la prostitution était la manière la plus facile de gagner assez d'argent pour financer une opération alors interdite en France. Opération réussie à l'issue de laquelle il obtient deux autres victoires: celle de voir sa nouvelle identité acceptée par la justice puis celle de réussir les examens permettant d'exercer comme avocat, pardon avocate, la 1ère avocate transsexuelle.
Mais chaque médaille à son revers, ainsi à titre professionnel elle fût vite cataloguée comme l'avocate des prostituées et l'homme dont elle partageait la vie en lui ayant caché son changement d'identité la quitta quand il en eu connaissance.

Plus triste était la vie de Simone. Une personne qui retenait toute l'attention du public lorsqu'il/elle apparût en 1992 dans une émission de Mireille Dumas. Simone... en réalité pour l'état civil Alain, un homme de 44 ans à l'époque qui avait refusé/renoncé à se faire opérer et se prostituait au Bois de Boulogne, parce qu'à l'époque il n'était pas facile de vivre autrement quand on se sentait aussi différent.
De ces deux personnes, c'est peut-être elle qui m'avait le plus touchée avec ses mains d'homme, son visage assez masculin, sa voix ... qui, au delà des mots, disait avec beaucoup de pudeur et de dignité la difficulté d'être quand on est différent, son immense solitude aussi.

Aux dernières nouvelles, Maud Marin voulait en devenir magistrate. Mais Simone, qu'est elle devenue?

2 commentaires:

barbara a dit…

Merci de votre revue. J'ai été touchée par l'hisoire de Maude Marin. Quant à Simone, je ne le connaissais pas du tout...

@nn@ L. a dit…

Récemment j'ai lu "le choeur des femmes" où il est question notamment de ces êtres dont le sexe n'est pas clairement défini;
J'ai surtout retenu le plaidoyer de Winkler: en cas de doute, ne pas user dès le départ du bistouri, laisser grandir l'enfant, qu'il se forge sa propre identité sexuelle.
Si je comprends fort bien son souhait, les enfants d'aujourd'hui sont ils prêts à accepter ce "flou" chez l'un des leurs?