jeudi 20 décembre 2012

"l'homme-joie" de Christian Bobin

En refermant le livre après l'avoir relu, je me suis posé la question de savoir où je le rangerai dans ma bibliothèque. Un souci que j'avais jusqu'alors éludé puisque je n'avais pas assez de place pour ranger mes livres, dont les 2 ou 3 que je possède de lui. Car il faut bien le dire, Christian Bobin est inclassable. Mais la réponse est venue: même s'il est en prose, au rayon poésie!
Ceci dit, ce livre qu'on m'a très gentiment offert m'a t il plu? La réponse est oui... à la seconde lecture, une fois accompli le périple qui va de la phrase (j'ai failli écrire "citation" tant cet auteur s'y prête) d'ouverture:
" Ecrire, c'est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l'ouvrir"
à celle qui figure au dos de la couverture
" J'ai rêvé d'un livre qu'on ouvrirait comme on pousse la grille d'un jardin abandonné"
... car auparavant j'ai souvent butté sur des mots, des références qui renvoient au fait que Christian Bobin est croyant et tel n'est pas mon cas. Un problème auquel j'avais déjà été confronté avec "le très-bas" consacré à St François d'Assise qui m'avait pourtant été chaudement recommandé par plusieurs personnes. Un livre auquel j'avais beaucoup moins accroché que "la plus que vive" qui était un long poème d'amour adressé à Ghislaine, une femme qu'il avait aimé et est morte très jeune, à 44 ans, d'une rupture d'anévrisme.
D'elle il est de nouveau question dans ce livre, notamment quand il écrit ceci: "Retour d'Autun. J'ai au bord des lèvres le nom de celle avec qui j'allais sur cette route, il y a vingt ans. Les arbres qui se souviennent de son rire font pleuvoir sur son fantôme des taches de couleurs chaudes." Mais aussi de son père, de Maria, une jeune gitane qui attend un enfant, de Soulage et de Glenn Gould... Et puis aussi d'instants précieux comme lorsqu'un cheval brun plonge la tête dans un pré vert cousu de boutons d'or ou que des pois de senteur éclosent.
Le noir, le bleu, la lumière, l'or... Une bonne partie de Christian Bobin est peut-être contenue dans cette phrase anodine qui reflète pourtant bien son oeuvre: "Il faut que le noir s'accentue pour que la première étoile apparaisse."

2 commentaires:

Lily a dit…

Le livre consacré à St François s'intitule "Le très-bas" et la nuance est de taille ...

@nn@ L. a dit…

Exact Lily!
Merci de m'avoir signalé cette erreur que je rectifie