mardi 27 mai 2008

Michel Legrand a fait battre mon cœur

Non, ce n'est pas lorsque je l'ai croisé sur le quai de la gare de Lyon que je fréquentais très exceptionnellement alors que lui, résidant dans le Valais, s’apprêtait à prendre le train pour Genève. Non, il a fait battre mon coeur à cause des musiques qu'il a composées. En effet, si, à l'image de quelques grands « couples » cinématographiques tels que Hitchcock et Hermann, Felini et Rota, Kieslowski et Preisner, les films de Jacques Demy restent indissociables de la musique de Michel Legrand, ce dernier a composé la musique de bien d'autres films. Trois présentement retiennent mon attention. Les deux premiers concernent ce passage difficile qu'est l'adolescence avec notamment deux jeunes gens qui se sentent attirés par des femmes plus âgées qu'eux et resteront marqués à vie par ces rencontres. Le premier c’est « un été 42 ». Réalisé par Robert Mulligan, il peut paraître un peu une bluette. Mais moi, j'ai rarement vu aussi bien décrit le trouble que peut éprouver un très jeune homme en face d'une femme qui n'en a pas vraiment conscience car elle le considère encore comme un enfant. Et puis les scènes finales où, Dorothy, pour oublier sa douleur d'avoir appris que son mari qu'elle aimait profondément vient de se faire tuer à la guerre, danse, en pleurs, avec Hermie avant qu'il lui fasse l'amour, m'avaient mise moi aussi en larmes (qu'est ce qu'on bénit l'obscurité des salles de cinéma en pareil cas...) La seconde musique figure dans « le messager » de Losey dont j'ai toujours préféré le titre original anglais « the go-between »

Ce dernier rend parfaitement compte tenu à la fois du rôle joué par cet adolescent, Léo, qui passe effectivement des messages entre deux amants mais aussi de son positionnement: entre deux âges (l'enfance qu'il va quitter et le monde adulte dans lequel il va entrer brutalement) entre deux mondes (l'aristocratie et le monde d’où il vient que l’on suppose être la classe ouvrière ou une petite bourgeoisie désargentée) Contrairement à « un été 42 », je ne garde en tête que quelques images de ce film : des gouttes de pluies qui glissent le long de la vitre tandis le thème musical se déploye, les scènes ensoleillées et gaies de la baignade… Et surtout celles où, quasiment tout à la fin, le jeune héros du film est entraîné de force par la grand-mère de l’ami qui l’héberge vers une grange. Il y retrouve Marian, la grande sœur, dont il est secrètement amoureux, de son ami. Elle a dépassé le stade des messages amoureux dont Léo était le messager et fait alors l'amour avec le métayer de la famille (le seul adulte avec lequel Léo se sentait vraiment à l’aise durant ces vacances). En ce début de siècle, cette relation extraconjugale entre une jeune femme de l’aristocratie fiancée à un noble de son milieu avec quelqu’un de la classe ouvrière est un scandale qui amène le métayer à se suicider le lendemain même… La dernière musique que je retiens, c'est celle qui figure dans la 1ère version de l'affaire Thomas Crown. http://www.dailymotion.com/relevance/search/affaire%2Bthomas%2Bcrown/video/x3rfcn_the-windmills-of-your-mind_shortfilms

Même si ce n'est a priori pas celle que l'on entend pendant cette mythique scène de jeux d'échecs/jeux de séduction entre Faye Dunaway et Steeve McQeen. Elles m'avaient tellement marquée l'une et l'autre, que je n'ai jamais voulu voir le remake réalisé des années plus tard avec Pierce Brosnan et Rene Russo.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh ! Oui ... moi aussi Michel Legrand a fait battre mon coeur, et "l'été 42" aussi et Steve n'en parlons pas... il reste et restera ...
Belle soirée à toi @nn@

@nn@ L. a dit…

Et oui il y a comme ça des moments magiques...
Dans le même genre de scènes de "séduction" il y celle où Robert Redford regarde les photographies réalisées par Faye Dunaway, la comprenant sans doute mieux que le compagnon qu'elle a , ce qui n'emêchera pas Redford de la quitter à la fin du film "les 3 jours du Condor"