lundi 19 mai 2008

Louise Brooks... éternelle Loulou

Qui connait encore maintenant Louise Brooks dont la coiffure a donné le nom à un carré court avec une longue mèche qui frôle les sourcils,
le visage inspiré un dessinateur italien Guido Crepax pour son personnage de Valentina,
et le nom de son rôle le plus célèbre au cinéma été repris pour un parfumeur?
Qui, qui encore de nos jours connaît l'actrice,au delà de l'interprète dont le nom est à jamais associé à UN film auquel son nom est associé. Quant à la femme... Des émissions comme « le cinéma de minuit » ayant disparu du paysage audiovisuel, à moins d'être un cinéphile très averti il est difficile de connaître sa carrière d'actrice au delà de ce qu'en disent les encyclopédies du cinéma, sur sa période américaine constituée notamment « une fille dans chaque port » et « les mendiants de la vie » tous deux sortis en 1928. Ses films européens que sont « prix de beauté » et « le journal d'une fille perdue » étaient un peu plus diffusés autrefois, même si à l'époque de leur sortie ils ont été beaucoup censurés: trop adultes dans leur propos, choquants en raison de leur affichage de la sexualité, sans compter leur critique acerbe de la société.
Mais le film auquel son nom restera à jamais associé, c'est « Loulou ». « Loulou » ou plus exactement « Loulou, die Büchse des Pandora» ...
... qui est en fait la reprise du titre d'une pièce de théâtre de Wedekind lequel avait écrit au sujet de son personnage principal: "J’ai cherché à présenter un superbe spécimen de femme, un de ceux qui naissent lorsqu’une créature richement dotée par la nature, même sortie du ruisseau, accède à un épanouissement sans limites au milieu d’hommes qu’elle surpasse largement…" Epanouissement sans limites? Sauf que la Loulou de Pabst, dont la bisexualité fût remplacée par une grande amitié avec une femme, après avoir épousé l'un de ses riches amants (qu'elle amène à se suicider le soir même de son mariage), devient la maîtresse du fils de ce dernier et meurt à Londres sous les coups de couteaux de Jack l'éventreur qu'elle avait racolé dans la rue. Il fallait une très forte personnalité pour interpréter un tel rôle. Louise dont le visage volontaire en dit long l'avait. Trop de personnalité même car de retour aux Etats-Unis sa carrière n'a pas redémarré, officiellement pour cause de difficulté pour elle à passer au stade du parlant.
En réalité Louise avait trop de caractère pour les studios hollywodiens. Comment aurait-il pu autrement avec elle qui, enfant, avait été élevée par des parents qui lui avaient certes donné le goût de la musique et des livres mais étaient considérés comme « absents » la laissant même partir jeune adolescente comme danseuse dans la révolutionnaire compagnie de danse moderne de Denishaw où se trouvaient également Marga Graham et Ruth Saint Denis. Tout cela et bien d'autres choses sur ce que fût sa vie je l'ai appris dans un livre passionnant Louise Brooks n'a pas pu ou pas voulu survivre dans les studios.
D'autres actrices ont ensuite réussi à le faire, mais parfois à quel prix? Je pense à celle qui notamment disait: « A Hollywood, on vous paiera un baiser mille dollars, et on donnera cinquante cents pour votre âme. Je le sais, parce que j'ai très souvent refusé la première proposition et très souvent mendié la seconde. »

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