samedi 3 avril 2010

Precious

Tiré du roman "Push" écrit par Sapphire (une femme poète née en 1950), le film dépeint la vie de Precious qui a 16 ans, est obèse, analphabète, martyrisée par sa mère et a été à de nombreuses reprises violée par son père dont elle a eu deux enfants...
Autant de sordide n'a pas manqué d'en révulser certain(e)s, et c'est vrai qu'il y a de quoi. Mais derrière ce misérabilisme poussé à l'extrême - heureusement saupoudré de notes d'humour - se cache le message selon lequel on peut toujours s'en sortir.

En fait les deux affiches du film que l'on trouve sur le net reflètent assez bien ce qu'il est.
L'affiche américaine renvoie au livre dont il est inspiré et dont parle assez bien un critique:
http://www.lapageculture.com/2010/03/push-sapphire-roman-precious/
Et là Push/Precious, c'est l'histoire d'une petite fille qui a explosé de l'intérieur à cause de ses parents (la scène où la mère en pleurs raconte la première fois où elle a laissé son mari abuser de leur fille est impressionnante).

Mais Precious, grâce aux mots, va se reconstruire (belle illustration du phénomène de la résilience) grâce à une enseignante et une école "alternative".
J'ai notamment aimé les scènes poétiques comme celles avec ce foulard de couleur vive qui tranche sur la grisaille, un foulard que Precious confiera juste avant sa dernière rencontre avec sa mère à une autre petite fille battue.
De même, quand d'autres les ont trouvées trop clinquantes, j'ai apprécié les scènes oniriques où Precious se réfugie pour ne pas voir une réalité trop atroce. C'est pourquoi j'aime l'affiche avec cette jeune femme obèse dans le dos de laquelle poussent des ailes de papillon. Les mots ont aidé Precious à sortir de sa chrysalide.

Et puis il y a l'image finale du film: Precious, à la fois forte (en poids mais en force de caractère) et fragile puisque sa vie plus que pour tout autre est menacée (son père lui a transmis le Sida) marche dans la foule en donnant la main à sa petite fille trisomique dont elle a récupéré la garde tout en portant tendrement son autre enfant. Elle n'a que 17 ans mais pour eux, elle sait être mère, ce qu'avait oublié d'être la sienne. Elle est devenue pour eux ce qu'a été cette enseignante dont elle dit qu'elle fait partie de ces gens qui ont une lumière en eux, une lumière qu'on ne voit pas mais qui vous guide lorsque vous vous sentez comme dans un tunnel

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