lundi 5 novembre 2012

"Avant j'étais moche..."

D'Alice Sapritch on retient en général l'image d'une femme sophistiquée au visage austère, les cheveux recouverts par un turban et fumant en utilisant un fume-cigarette. S'y ajoutent quelques images mémorables: celle où sous les yeux d'un Yves Montand qui, bien que feignant l'endormissement, n'en est pas moins ébahi, elle accomplit une strip-tease d'anthologie. Ou encore cette publicité pour une marque de décapant pour four où, faisant preuve d'une immense auto-dérision, elle affirme d'entrée de jeu: "... avant j'étais moche"
En fait non, elle n'a pas toujours eu ce physique austère et c'est pourquoi, en la faisant figurer parmi les personnalités du mois, j'ai voulu rendre hommage à la jeune femme arménienne qu'elle fût avant que la cinquantaine et le succès venue elle ne devienne la cible privilégiée de Thierry Le Luron qui n'en ratait pas une pour se moquer de cette grande Dame si atypique. 
Autant oublier les "nanars" alimentaires tournés après le succès de "la folie des grandeurs" et ne retenir que ces magistrales compositions de Folcoche dans "Vipère au poing" ou de Marie Besnard ou encore de Catherine de Médicis. Et puis savoir qu'elle reconnaissait, sans forcément les citer car à l'époque ça restait encore tabou, être l'amie très fidèle d'un certain nombre d'homosexuels, dont Jean-Louis Bory. 
 Dernière chose la concernant, celle à qui on donnait bien souvent de Mlle Sapritch, a été mariée pendant 20 ans à un avocat qui fut aussi écrivain et journaliste: Guillaume Hanoteau. Un mariage pas toujours facile à vivre dont on peut se demander jusqu'à quel point il joué dans le choix de cette chanson qui figure dans le seul et unique album de chansons qu'elle ait enregistré et dont voici les paroles: 
Tu me demandes si je suis heureuse… Si le bonheur, c'est une chambre vide, avec des bouteilles vides et des cendriers remplis de cigarettes pas finies
Alors je te réponds : je suis heureuse
Tu me demandes si je suis heureuse…Si le bonheur, c'est le téléphone qui ne répond pas, et l'après-midi qui n'en finit pas, et des lettres que tu n'envoies pas,
Alors je t'affirme que je suis heureuse heureuse… heureuse…
Tu me demandes si je suis heureuse…Si le bonheur, c'est un lit défait, dans une chambre défaite, avec dans un miroir défait, le visage d'une femme défaite
Alors, je te le jure : je suis heureuse, heureuse… heureuse…
Mais si le bonheur, c'est un sourire, si le bonheur, c'est un regard, si le bonheur, c'est la tendresse, si le bonheur est une caresse…
Alors… Je te réponds franchement : Je ne suis pas heureuse… vraiment, non… pas véritablement…

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