Un livre un peu atypique dans l'oeuvre de Taniguchi puisqu'il s'agit d'une biographie assez librement écrite* à partir de la vie de Tomoji Uchida qui a été la compagne de Fumiaki Itô** avec qui elle a créé plus qu'un temple, comme mentionné dans la BD, mais une nouvelle religion inspirée du bouddhisme.
Pour en savoir plus sur l'enfance et l'adolescence de cette petite fille, aller lire le résumé de la BD ici:http://blog-picard.fr/bulles-picardes/les-albums-a-ne-pas-rater/lemouvant-destin-de-tomoji-par-taniguchi/
Et pour en savoir plus sur la religion que Tomoji et Ito ont créée lire ici: http://en.wikipedia.org/wiki/Shinj%C5%8D_It%C5%8D
Que l'on pourrait penser que l'enfance et l'adolescence de Tomoji ont été très dures... sauf que dans les années 20, il était assez fréquent que les enfants deviennent tôt orphelins de père et/ou de mère (le père de Tomiji est mort des suites d'une péritonite alors qu'elle n'avait que 3 ans) quand ils ne mourraient pas eux même de maladie infantile (comme la petite soeur de Tomoji décédée alors qu'elle n'avait que 7 ans). Il était aussi fréquent que dans les milieux simples (agriculteurs, ouvriers...) les enfants accomplissent de longs trajets pour aller à l'école et aider leurs parents une fois leur journée d'école finie.
Je retiendrai surtout quelques petites spécificités de l'histoire qui pourraient être mal interprétées par ceux ou celles qui connaissent mal la culture japonaise.
Ainsi, la mère de Tomoji ne l'abandonne pas vraiment à la charge de sa grand-mère paternelle, elle part gagner sa vie tout simplement. En effet, le statut de la femme était tel que, devenue femme puis mère de famille elle cessait toute activité professionnelle (en admettant qu'elle en ait eu une) pour se consacrer exclusivement à son mari et ses enfants. Et si son mari mourrait (ou que le couple divorçait) la belle famille n'avait aucune obligation envers sa femme qui devait quitter ses enfants pour retourner vivre chez ses parents ou commencer à travailler pour subvenir à leurs besoins
Les mariages arrangés étaient très fréquents et les familles très vigilantes lorsqu'il s'agissait du fils aîné pour lequel une très officielle cérémonie de mariage était organisée...avec ultérieurement adoption du ou des enfants que la femme avait eu antérieurement si le nouveau couple n'arrivait pas à avoir des enfants. On retrouve cela dans les dialogues échangés par Tomoji et Ito lors de leur 1ère nuit passée ensemble:
Lui: Je ne suis pas l'aîné de la famille. Je n'ai pas de succession à prendre. Et je pense qu'on peut se passer d'une cérémonie de mariage.
Elle: Je n'ai pas de dot, ni de beau kimono. Nous pouvons nous passer de cérémonie.
De petits détails certes, mais qui nécessitent d'être expliqués si on veut mieux saisir les subtilités d'une histoire se passant dans une culture où le non-dit est très souvent de mise.
* avec l'aide d'une scénariste (Miwako Ogihara) dont on peut regretter que son nom ne figure pas sur la couverture
** qui a changé de nom pour prendre celui de Shinjo Ito
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire