mardi 15 décembre 2009

Les monologues du vagin de Eve Ensler

C'est un petit livre (116 pages de lecture) et c'est une pièce de théâtre auxquelles un certain nombre de femmes, seules ou en chant choral, ont osé se confronter, car il faut oser inscrire à son répertoire ce texte où le mot"vagin" est prononcé plus de 250 fois!
Moi même j'ai calé au moment de l'achat car je ne me voyais pas le demander au vendeur auprès duquel je commande parfois des ouvrages ... même en trichant avec un très hypocrite "les monologues..." de Eve Ensler.
Comme quoi même les vieilles féministes peuvent avoir des pudeurs, des préjugés.

Et pourtant ce livre est passionnant car il est à la fois:
- réaliste car il parle de cette première fois où le petite fille devient pubère, mais ce réalisme se fait poétique lorsque Eve Ensler demande aux femmes de décrire le vêtement qu'elles mettraient à leur vagin ou de qualifier son odeur
- dur quand il aborde le thème des mutilations sexuelles et plus généralement des violences faites aux femmes, notamment dans le milieu familial et qui fait que un certain nombre de femmes SDF ou de prisonnières sont ravies d'arriver en CHRS ou en prison car elles s'y sentent "à l'abri"
- plein d'humour lorsqu'elle déclare qu'il est "en colère", contre les "tampax" et autres protections internes, les examens gynécologiques (et notamment ce qu'elle appelle le "bec de canard"glacé)...
- tendre quand elle évoque cette vieille dame qui à 72 part à l'exploration de son corps et découvre le plaisir, ou cet homme, Paul, qui aimait regarder le sexe féminin non pas par voyeurisme mais parce qu'il le trouvait beau et incitait ainsi les femmes à avoir un regard autrement qu'anatomique sur cette partie de leur corps.

Tendre aussi cette évocation de l'accouchement difficile de sa belle-fille à laquelle elle conclut son livre en lui rendant un très bel hommage et à travers elle à toutes les mères, toutes les femmes.

"... J'étais là, debout, et son vagin,
M'est apparu comme un grand coeur rouge qui battait.

Le coeur est capable de sacrifices.

Le vagin aussi.
Le coeur est capable de pardonner et de réparer.
Il peut changer de forme pour nous laisser entrer.
Se dilater pour nous laisser sortir.
Le vagin aussi.
Il peut souffrir pour nous, souffrir pour nous, mourir pour nous.
Et saigner pour nous dans ce monde difficile et douloureux.

J'étais la dans la salle.
Je me souviens."

3 commentaires:

liaht a dit…

Je l'ai lu il y a plusieurs années et je m'étais promis d'aller voir la pièce.... mais pas facile de trouver quelqu'un pour m'accompagner ! Je crois mes filles encore un peu jeunes pour apprécier cette vision de la féminité (comme tu le dis, certains passages sont durs) mais un jour... sûrement !

verveinecitron a dit…

J'en ai beaucoup entendu parler lorsqu'Agnès Soral a joué la pièce. Mais j'ignorais qu'elle était tirée d'un livre.
J'avais déjà été intriguée par la pièce, je crois que je lirai le livre (et puis pour les plus pudiques, @m@azon ou fn@c.com sont là pour çà!

@nn@ L. a dit…

* Même chose pour moi Liaht, je ne suis pas certaine de trouver quelqu'un pour m'accompagner (même une autre femme)
Effectivement certains passages sont durs dans ce livre mais aucun n'est cru, contrairement à ce que pourrait laisser sous-entendre le titre

* Incapable Verveinecitron de savoir ce qui a existé le 1er, le livre ou la pièce. Je pense que c'était quand même le livre.
Autrement Amazon et Fnac sont très bien pour les femmes actives qui rentrent chez elles bien après la fermeture de la Poste... Et très discrets pour les timides :-]] je pense notamment à certains livres achetés récemment où j'étais fort gênée aux caisses