dimanche 8 mai 2011

Carnets d'Orient - T4 - le centenaire

Ce titre recouvre en réalité deux notions: la célébration, en 1930 des 100 ans de présence française en Algérie mais aussi l'âge d'un homme qui vient d'avoir 100 ans et a connu l'Algérie du temps de Joseph Constant, le peintre des carnets (voir le T1) mais aussi a convaincu Victor et Amélie, les grands-parents du héros de ce volume, Paul, de s'installer en Algérie (voir le T2).

Paul, pour des raisons privées (il apprend dans ce volume qu'il est très probablement le père biologique du jeune Octave, le fils de son frère Casimir et de Noémie dont il se méfiait tant quand il était à l'école primaire) a préféré rester en métropole à la fin de la 1ère guerre mondiale qui a vu tant de fils du Sud
- mourir : les jeunes frères de sa mère, Bachir le fils du Pacha, Octave le frère ainé de Noémie
- ou rester handicapé (Antonio le gardien des cochons ou son propre frère, même si ce dernier le cache).
Mais son journal l'a envoyé couvrir les festivités du centenaire.

Après ses premières retrouvailles en solitaire avec l'Alger de son enfance et de son adolescence, parfumée ainsi qu'il le dit lui même non par les odeurs d'ambre, de jasmin et de rose mais par celles de fritures de beignets de sardine, de gâteaux au miel, de poivre, d'épices... mais aussi de fumier et d'égouts, il va rencontrer un certain nombre de personnes.

Petit à petit l'image va se modifier.
Il rencontre d'abord les notables, si surs d'eux, de leur bon droit et qui se donnent bonne conscience parce qu'ils construisent des hammams pour leurs ouvriers tout en les attachant au bout d'une corde pou les envoyer nettoyer les cuves de vin. Un comportement banal qui voit les occidentaux mépriser tant les petits cireurs de chaussures que les "Indigènes" qui ont fait des études pour devenir instituteurs, médecins. Et l'homme qui semble les défendre ces ouvriers haït les juifs.
Heureusement il va retrouver son ancien ami Jacob devenu non commerçant comme son père mais avocat. Et surtout il va rencontrer le centenaire et enfin Estelle, la fille de son ancienne institutrice.

Que dit-il ce centenaire?
"Ce pays s'est construit comme s'il avait eu une volonté secrète d'en exclure ses propres habitants. Ceux qui sont poussés par la misère se soucient peu de la misère des autres, surtout s'ils sont d'une autre race, d'une autre religion ou s'ils parlent une autre langue. Le centenaire: ces fêtes sont une insulte aux indigènes! On commémore leur défaite, leur humiliation et on a l'arrogance ou l'inconscience de les associer aux cérémonies pour qu'ils célèbrent leur vainqueur. ça tu peux l'écrire dans ton journal fils, ils ne le publieront pas!"

Paul, à tort, ne le croit pas. Du moins, jusqu'au moment où il constate effaré que son article a été complètement été re-écrit. Alors il décide de rester pour écrire la véritable histoire de l'Algérie.
Un peu plus de 20 ans plus tard l'Algérie s'embrasera et contrairement à ce que croyait Casimir, son frère aîné et ses amis les notables, il n'y aura pas de célébrations du bicentenaire de la présence française en Algérie.

Aucun commentaire: