mercredi 25 mai 2011

Carnets d'Orient - T5- le cimetière des princesses (2ème partie)

"apparence", ce mot pourrait être le fil rouge de cet album.

La situation est calme en Algérie en 1954 et il est possible d'envisager encore des années de colonisation... En apparence seulement car pour qui est un peu attentif, des propos de certain(e)s des protagonistes il ressort un certain malaise, par exemple dans les échanges entre Marnier et le propriétaire dont il devait faire le portait.

Un oncle de Marianne vit dans un grand hôtel depuis la séparation d'avec sa femme suite à la faillite de son entreprise agricole... En apparence seulement car il survit en réalité dans un galetas grâce aux aides de ses anciens ouvriers arabes à qui bien souvent il n'adressait la parole que lorsqu'il les enguel***
Un modèle qui, comme tous les modèles, ne peut que coucher avec le peintre qui la dessine... En apparence seulement car il n'y a là que le fantasme de ces hommes (peintre inclus) qui la rencontrent sans jamais passer à l'acte.
Un modèle qui au départ méprise le peintre Marnier dont elle pense: "Qu'il est assomant... Et qu'il est moche avec son bouc poivre et sel... Il doit se croire encore séduisant. C'est le genre à vouloir coucher avec ses modèles. Peut-être que quand il était jeune, ça marchait... Dormir avec lui, coucher dans le même lit... QUELLE HORREUR! ça non... Si encore il avait du talent, comme Matisse..." Avant de reconnaître que c'est quelqu'un de bien.

Finalement même si j'aime beaucoup la femme libre qu'est Marianne, j'éprouve une certaine tendresse pour le peintre Marnier qui est à la fois lucide au plan politique lorsqu'il parle de la colonisation notamment en Algérie: "Le Coran dit que toute force vient de Dieu. Nous venons de perdre Dien Bien Phu. C'est donc que nous n'avons plus l'appui de Dieu. Chez les arabes ça risque de provoquer un doute envers nous et un changement dans l'opinion, peut-être le début de la lutte contre nous"
Et au moins tout autant lorsqu'il parle de lui: "Je n'ai plus beaucoup de satisfaction dans la vie. Ce que j'aime par dessus tout c'est la compagnie des femmes, les contempler, dessiner leurs corps. Je n'ai jamais eu de chance avec elles. Celles qui se déshabillaient dans mon atelier n'ont jamais voulu de moi. Quant aux autres... Heureusement il y a la peinture... L'art est une compensation dont j'ai du me contenter... même si je suis un peintre médiocre... Je le sais, ce n'est pas très grave..."

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