mardi 31 mars 2015

"300 hommes" un film de Alice Dalbis & Emmanuel Gras

Voici ce que dit la société de production au sujet de ce film : "Entre ces murs, il y a trois cents hommes, et il y a l'urgence. Ils ont des noms mais ils ont égaré leur histoire en route. Ils rient et se confrontent, ils refont le monde, celui qu'ils ont perdu. Ils ont un lit, et là ils attendront le jour. C'est Forbin, un accueil de nuit à Marseille." * Mais ça, je ne l'ai su qu'après. Après avoir visualisé la bande annonce de ce documentaire que j'ai trouvé relativement bien fait eu égard à ce que j'avais pu apprendre lors de mon ancienne vie  professionnelle et qui m'a donné envie de le voir en totalité.
Le film suit peut ou prou le déroulement d'une journée qui ne commence en réalité que le soir, lorsque le foyer ouvre ses portes pour accueillir ceux qui n'ont plus nulle part où aller. 300 hommes. Pas un de plus. Quelle que soit l'urgence. Et sous réserve qu'ils n'amènent ni alcool ni drogue. Et qu'ils n'aient pas fait preuve d'un comportement incompatible avec la vie en groupe. Malheur à celui qui arrive trop tard le soir. Et tant pis pour celui qui a fait autrefois un esclandre au point que la police ait du intervenir.
Alcool et violence, deux problèmes récurrents dans ce type de structure.
Pour un certain nombre d'entre eux, il est plus facile et rapide de noyer ses problèmes dans la boisson que d'entamer une cure de désintoxication...dont ils ressortent à jeun, mais prêts à replonger à la moindre sollicitation d'une ancien compagnon de beuverie.
Qui dit alcoolisation, dit risques de bagarres ou au moins de tensions avec les autres. Et si la violence peut être dirigée vers les autres, elle peut aussi être exercée envers soi-même. Avec pour certains dont le mal être est sensible, rien qu'en voyant leur posture, en entendant leur voix, en écoutant au delà de leurs propos, un risque potentiel de passage à l'acte que le personnel essaye de désamorcer en parlant, sans juger.
La violence est aussi institutionnelle car il existe des règles de vie, d'hygiène... que tous doivent respecter. Par exemple sortir, quand c'est demandé, ses affaires des chambres collectives afin qu'elles puissent être désinfectées, sinon ils retrouve leurs quelques biens personnels en vrac dans une pièce, avec le risque de ne pas tout retrouver.
Si beaucoup sont âgés, ou du moins le semblent tant la vie à la rue peut user vite les corps, il y a quelques jeunes d'une vingtaine d'années qui ont parfois des projets, plus ou moins réalistes. Ce sont eux qui m'ont le plus émue. Ils ont la vie devant eux... mais est ce une vie que de devoir passer ses journées à la rue et ses nuits dans un foyer de nuit?
* Géré par des membres appartenant à la fondation St Jean de Dieu

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