Tel était le nom donné par Agnès Varda au documentaire consacré à son mari…
… lequel, s’il n’est pas né à Nantes mais à Ponchâteau (Loire-Atlantique) y a cependant passé son enfance avant de choisir à deux reprises cette ville comme cadre de ses films « Lola » et « Une chambre en ville »
Du premier, le seul des deux que j’ai vu, je garde le souvenir ébloui de Anouk Aimée/Lola, en train de chanter en guêpière noire et chapeau haut de forme à la brasserie « la cigale » avant de s’en retourner chez elle en passant par le passage Pommeraye.
Lola, Jacques Demy en reparlera dans deux autres de ses films : « Les parapluies de Cherbourg » où le futur mari de Catherine Deneuve/Geneviève mentionne un ancien chagrin d’amour au sujet d’une femme connue à Nantes et « Les demoiselles de Rochefort » où Danièle Darrieux/mère des demoiselles évoque la femme trouvée dans une malle qui aurait autrefois répondu au prénom de « Lola-Lola ».
Car tel était ainsi Jacques Demy dont les personnages se retrouvaient parfois de film en film afin de constituer cet univers cinématographique si particulier qui est le sien. Un site résume bien les aspects caractériqtiques de son cinéma
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Demy
Un monde en couleur où tout comme chez Kieslowski chaque détail compte.
Ainsi ce générique des « Parapluies de Cherbourg » qui trouve le moyen de résumer l’histoire à lui tout seul à travers ces parapluies multicolores qui s’ouvrent lorsqu’il commence à pleuvoir et deviennent de plus en plus noirs au passage d’un corbillard, à l’image de cette histoire d’amour qui finit mal entre Catherine Deneuve/Geneviève et Nino Castelnuovo/Guy.
Jacques Demy avait frappé très fort avec ce film car au-delà de la prouesse technique de le réaliser entièrement « en chanté » il y parlait de thèmes rarement abordés au cinéma : la guerre d’Algérie (où part Guy après une brève nuit d’amour avec Geneviève) et la solitude de celles qu’on appelaient encore des « filles mères » et qui étaient bien souvent condamnées, comme au temps de la Fanny de Marcel Pagnol, à un mariage de raison
Avec Jacques Demy cela donnera lieu à l’une des plus tristes fin d’histoire d’amour qu’il m’ait été donné de voir : la brève rencontre plus que les retrouvailles de Geneviève et Guy, chacun ayant fait sa vie de son côté et n’ayant gardé de leur amour ancien que les prénoms qu’ils ont donné à leurs enfants.
Mais l’univers n’était pas toujours aussi sombre chez Jacques Demy. Je pense notamment aux « Demoiselles de Rochefort » pour lequel le cinéaste fit repeindre une partie des immeubles de la ville.
Un film pétillant à l’image de ses deux actrices principales, Catherine Deneuve/Delphine et Françoise Dorléac/Solange, soeurs dans le film comme dans la vie.
Jacques Demy savait créer un monde en couleurs mais aussi en musique dont beaucoup de mélodies restent dans les mémoires.
Pendant longtemps il me suffisait de fredonner quelques notes de « Nous sommes deux sœurs jumelles, nées sous le signe des Gémeaux »http://www.dailymotion.com/relevance/search/demoiselles%2Bde%2BRochefort/video/xs3zf_la-chanson-des-jumelles_music
ou « Nous voyageons de ville en ville… » ou encore « Je l’ai cherchée partout, j’ai fait le tour du monde… » pour que mes enfants continuent la chanson avec moi.
C’est rare un film dont la musique a autant marqué les esprits, mais il est vrai qu’il était aidé en cela par un mélodiste qui a réalisé beaucoup de musiques de films, voire l’intégralité de la bande son d’un film.
2 commentaires:
Rares comédies musicales dans le cinéma français. Un certain charme et ceci en pleine guerre d'Algérie...
Comédie musicale pour "les demoiselles...", drame musical pour "les parapluies..."
J'ai d'ailleurs été étonné que la censure ne tique pas davantage... lors de sa sortie. Mais il est vrai que l'année d'avant elle avait laissé passer "Muriel ou le temps d'un retour" où l'un des personnages évoque clairement la torture pratiquée en Algérie par les soldats français
Enregistrer un commentaire