samedi 21 mars 2009

Kieslowski, le réalisateur oublié

Kieslowki, le réalisateur oublié. Par moi d'abord. Enfin d'une certaine manière car je n'ai vu aucun de ses films sur grand écran.
Sa première grande oeuvre: "le hasard", 3 variations sur ce que pourrait être la vie d'un homme en fonction du fait d'attraper ou non à temps son train et d'une rencontre, est sorti l'année de la naissance de mon 1er enfant, à une époque donc où la jeune mère de famille que j'étais avait d'autres priorités que la fréquentation des salles obscures et "rouge" qui permet à sa toute fin, via quelques plans tirés comme d'un reportage, de croiser les vies des héros des films de la trilogie, est sorti l'année où, après un congé parental pris à l'occasion de la naissance du 3ème enfant, j'ai retrouvé le chemin du travail et surtout celui des salles de cinéma.

Kieslowsli réalisateur oublié par beaucoup oui car quand on créé des oeuvres aussi différentes et pas forcément aisées d'accès, et que, âgé de 53 ans on annonce qu'on ne tournera plus... Deux deux ans il décédait et rares désormais sont les chaînes telles que Arte qui osent le programmer. Heureusement il reste les DVD, à commander via le net parce que mis à part de rares films tels que "Bleu" on ne le trouve guère sur les rayons.

Et c'est dommage car c'est un fabuleux raconteur d'histoires alors même que ces films sont relativement silencieux. Mais certaines images parlent tellement d'elles mêmes... et il a l'art de nous faire deviner notamment via de minuscules détails comme un morceau de sucre qui fond lentement, un reflet de lumière, les actes a priori anodins des personnages ou le visage des actrices telles que Juliette Binoche ou Irène Jacob tellement de sentiments... Alors juste quelques scènes principalement tirées de "bleu" mon préféré.

Dans un des films du décalogue, l'encrier du père se brise sans raison mais nous savons que c'est au moment où la glace du lac du lac se rompt sous le poids de son fils qui se noie. Dans un autre c'est le postier amoureux transis de sa jolie voisine libérée de l'immeuble en face du sien qui lui poste de faux avis de passage pour qu'elle se déplace sur son lieu de travail et qu'il la voit de plus près, même sans lui parler. Dans "Blanc" c'est le héros polonais qui ayant ramené clandestinement de Paris une statue qui ressemble à sa femme (laquelle a obtenu le divorce faisant de lui un étranger en séjour irrégulier, se lève soudainement pour embrasser cette statue de marbre, sa femme devenue pour lui inaccessible.

Dans "Bleu", la vieille servante qui pleure solitaire dans sa cuisine "parce que Madame ne pleure pas". Juliette Binoche qui après le décès de son mari et de sa fille, avoir fait l'amour avec un compositeur ami de son mari se lacère le dos de la main sur un mur de pierres, que sa propre mère atteinte de a maladie d'Alzheimer ne la reconnaît plus qui découvre dans son nouvel appartement qu'une souris non seulement a élu domicile mais donné naissance à une portée de souriceaux qu'elle doit tuer,qu'elle pousse sa jeune voisine qui se prostitue et dont le père qu'elle ne voyait plus depuis des années et qui vient à l'occasion d'un séjour parisien de découvrir la réalité du travail à aller le rejoindre à la gare avant qu'il ne soit trop tard,que son mari, compositeur et chef d'orchestre avec lequel elle croyait tout partager au point d'écrire avec lui des oeuvres que lui seul revendiquait, la trompait depuis des années et que sa maîtresse s'est découverte enceinte de lui après son accident, mais elle décidera malgré tout de léguer leur ancienne maison à cet enfant et de finir la partition inachevée de son mari.

Mais parce que c'était Kieslowski il reste toujours l'espoir: alors Juliette Binoche retrouve la liberté dans "Bleu", le héros de "Blanc" redevient l'égal de sa femme et le juge insensible de "Rouge" réapprend la fraternité.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Anna de ces impressions -commentaires sur cette trilogie enregistrée et vue à mon rythme , car je suis très sensible au non-dit , au cheminement de l'image et de la pensée
Moi non plus je ne vais pas au cinéma seule ....le partage après un film est immportant et se retrouver seule à la sortie encore imprégnée de l'histoire est pour moi très pénible et pourtant .....

@nn@ L. a dit…

Moi j'ai recommencé à aller seule au cinéma quelques années après la naissance de ma dernière. Y aller à deux majorait notoirement le prix des billets parce qu'il fallait majorer du cout du baby sitting; mes goûts et ceux du père de mes enfants commençaient à ne plus vraiment se recouper
Je n'aime pas discuter à chaud d'un film, j'ai besoin de le laisser "décanter" pour n'en garder que des "impressions"