samedi 18 décembre 2010

... ligne(s) de fuite...

Au Moyen Âge, ainsi que l'explique notamment Daniel Arasse, apparaît la notion de "point de fuite", ce point imaginaire destiné à aider le dessinateur à construire son œuvre en perspective. Le ou les points de fuites se placent sur la ligne d'horizon pour un observateur regardant droit devant lui.
Jusque là tout semble clair, limpide. Mais par un glissement de terme, certain(e)s peuvent passer du point de fuite aux lignes de fuites, voire à la ligne de fuite, le tout qui prend alors une toute autre signification, notamment quand on l'applique dans la vie quotidienne.

Ainsi dans les deux images jointes, deux photos prises lors d'une promenade réalisée en mai 2007.
Dans le 1er cas le chemin semble tout tracé, ne laisser place à aucune échappatoire. Sauf que si on y regarde bien, le pont pourrait bien être beaucoup moins solide qu'il ne l'est en apparence avec quelques planches sur lesquelles il serait souhaitable de se garder de mettre le pied.
Quant à la seconde image, elle donne l'impression d'une jungle inextricable dans laquelle le promeneur serait bien en peine de trouve son chemin, sa voie. Sauf à lire dans les herbes foulées, les traces fugaces laissées, quelques heures ou quelques jours avant par d'autres marcheurs qui l'ont précédé, plus surs d'eux.
Il serait donc parfois souhaitable de lire au delà des apparences.

Autre exemple: Il y a ceux qui consacrent un temps important de leurs loisirs à des activités telles que la confection de puzzles, les mots croisés ou la broderie: activités de passionnée(e) qui peuvent être pratiquées à côté des autres et être qualifiées comme étant en "mode in".
Mais si on y réfléchit bien n'y a -t-il pas derrière comme une stratégie de fuite, une facilité offerte pour s'empêcher de penser, de réfléchir. En effet l'amateur de puzzles se concentre sur les détails des pièces qu'il a sa disposition, le cruciverbiste sur les mots à trouver et la brodeuse sur ses points à compter: autant de manière d'être physiquement présent tout en étant "out".

Et quand ces activités ne sont pas possibles? Il restera alors toujours le somme, cette ultime fuite.

3 commentaires:

caphadock a dit…

Nous sommes dans une perspective et avons tous notre ligne de fuite plus souvent comme la deuxième photo que comme la première

Amitiés

caphadock a dit…

Pour l'exemple du cruciverbiste je ne suit pas tout à fait d'accord car pratiquant depuis plus de quarante ans il m'a permis deux choses essentielles :
1/ de corriger ma déficience scolaire et prendre le gout des mots en les triturant, de là a aimer la poésie
2/ En recevant le journal dès six heures, lisant les nouvelles et faisant le mot croisé en déjeunant cela me permet d'avoir les idées claire pour aller travailler et maintenant, à la retraite pour la journée entière et si, pour quelques raisons que ce soit j'en étais dans l'impossibilité ma journée était fichu.
Bien entendu il faut que cela reste un dérivatif.
Je n'ai jamais fait la sieste de ma vie, tout le temps levé à six heures et couché au moins à minuit.

@nn@ L. a dit…

D'une certaine manière caphadock, notre perspective est évidente: pour moi elle se chiffre autour 'une trentaine d'années, sous réserve d'accident de parcours.
Mais il est vrai que depuis bientôt 5 ans, j'ai opté pour quelque chose qui est moins évident que ce qui semblait tout tracé.

Je suis en partie d'accord avec vous capadock car moi aussi, bien qu'ayant fait plus d'études, je nourrissais vis à vis des mots quelques craintes, notamment à cause de deux cruciverbistes redoutables: ma belle-mère et le père de mes enfants.
Il m'arrive d'en refaire pour le plaisir en dinant avec la plus jeune de mes filles, une manière comme une autre d'échanger à la fin d'une journée.
Quant à l'organisation de ma vie, elle va sans doute être pas mal revue à partir d'avril mais ausi à partir de juillet.
More later ;-)...