samedi 3 mai 2014

... et des révoltes.

Dont celle de mai 68 dont ce fait l'écho un an plus tard Claude Nougaro sur une musique d'Eddy Louiss. A la version modernisée d'un concert public j'ai préféré celle-ci où l'on sent beaucoup mieux la puissance dont savait faire preuve le "petit taureau toulousain" quand il chantait avec ses tripes.

Et même si le texte est un peu long, je ne résiste pas au plaisir de le partager. Un petit bijou!
Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil. La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite. Le vent a dispersé les cendres de Bendit. Et chacun est rentré chez son automobile.
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume, mon pas d'oiseau forçat enchaîné à sa plume et piochant l'évasion d'un rossignol titan capable d'assurer le Sacre du Printemps.
Ces temps ci, je l'avoue, j'ai la gorge un peu âcre. Le Sacre du Printemps sonne comme un massacre.  Mais chaque jour qui vient embellira mon cri. Il se peut que je couve un Igor Stravinski
Mai mai mai Paris mai, Mai mai mai Paris
Et je te prends Paris dans mes bras pleins de zèle, sur ma poitrine je presse tes pierreries, je dépose l'aurore sur tes Tuileries, comme rose sur le lit d'une demoiselle.
Je survole à midi tes six millions de types, ta vie à ras le bol me file au ras des tripes. J'avale tes quartiers aux couleurs de pigeon, intelligence blanche et grise religion.
Je repère en passant Hugo dans la Sorbonne et l'odeur d'eau de vie de la vieille bonbonne. Aux lisières du soir, mi manne, mi mendiant, je plonge vers un pont où penche un étudiant
Mai mai mai Paris mai, Mai mai mai Paris
Le jeune homme harassé déchirait ses cheveux, le jeune homme hérissé arrachait sa chemise: " Camarade, ma peau est elle encore de mise? Et dedans mon cœur seul ne fait il pas vieux jeu ?
Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble, est ce nous qui dansons ou la terre qui tremble ?
Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa. Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas.

Si je dois endosser cette guérite étroite avec sa manche gauche, avec sa manche droite, ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis, sa passion du futur, sa chronique amnésie"
Mai mai mai Paris mai Mai mai mai Paris
C'est ainsi que parlait sans un mot ce jeune homme, entre le fleuve ancien et le fleuve nouveau où les hommes noyés nagent dans leurs autos. C'est ainsi, sans un mot, que parlait ce jeune homme.
Et moi, l'oiseau forçat, casseur d'amère croûte vers mon ciel du dedans j'ai replongé ma route, le long tunnel grondant sur le dos de ses murs, aspiré tout au bout par un goulot d'azur.
Là bas brillent la paix, la rencontre des pôles et l'épée du printemps qui sacre notre épaule. Gazouillez les pinsons à soulever le jour et nous autres grinçons, ponts-levis de l'amour!
Mai mai mai Paris mai Mai mai mai Paris

Aucun commentaire: