mardi 3 août 2010

Le bâton roulant ...

C'est un lieu-dit des environs d'une commune située au N-O de Rennes, celui où ont vécu, il y a plus de 50 ans de cela mes grands-parents maternels.
A l'époque c'était un corps de ferme, au toit d'ardoise déjà car nous sommes en Bretagne, mais non surélevé. L'une de ces fermes traditionnelles avec la "cave/fruitier" qui court tout à l'arrière du bâtiment, au nord, l'étable à l'ouest et la porcherie à l'est... J'oubliais: le poulailler, dans le jardin sous les pruniers... juste à côté de ce qui faisait office de WC... avec toiles d'araignées 100% naturelles.

Dans mes souvenirs d'enfant, même s'il y avait déjà une porte fenêtre qui donnait dans la pièce principale, comme c'était des paysans et pas des bourgeois, on rentrait par la cuisine. C'était une pièce sombre, dont le sol noir en terre battue dégageait hiver comme été une odeur d'humidité qui imprégnait toute la pièce.

Deux choses me fascinaient: l'immense bac en pierre (non raccordé au tout à l'égout!) où stagnait en permanence une eau où je me gardais bien de plonger les doigts et la maie. Ah la maie où autrefois on faisait lever le pain avant ensuite de conserver ces énormes miches rondes qui au fil des années avaient laissé dans le bois cette odeur caractéristique.

Dans la pièce d'à côté il y avait une immense cheminée auprès de laquelle mes parents et moi passions l'hiver la totalité des dimanches après-midi, à griller une face, puis l'autre tout en papotant de tout et de rien. C'était une corvée (ma grand-mère maternelle n'était pas d'humeur commode) à laquelle il n'aurait pas été concevable d'échapper.

Il n'y avait RIEN à faire, surtout pas explorer le contenu des deux immenses armoires bretonnes ou du dressoir en merisier. De loin en loin, j'essayais une escapade du côté de la cuisine en espérant que par miracle les vieilles revues décolorées par le temps auraient été renouvelées. Mais non! Les jours fastes, ma grand-mère avait pensé à acheter des biscuits, toujours les mêmes, des "éditions spéciales" de chez LU.

L'été c'était plus supportable puisque je pouvais échapper aux discussions d'adultes auxquelles je ne comprenais rien et explorer les deux jardins abandonnés.
Celui de l'arrière avec cet immense pommier où pendouillait les restes d'une balançoire devenue inutilisable depuis des années. Il donnait des "Jamois", des pommes dont seule ma grand-mère appréciait le goût et qui n'étaient même pas bonnes pour faire du cidre.
Celui du devant, étant précisé que j'avais interdiction d'approcher du puits. Ne restait alors que le pressoir qui était alors aux 3/4 entouré d'une immense abri délabré qui le séparait du four à pain. J'adorais y glisser la tête pour y humer l'odeur de feu de bois qui y persistait alors même qu'il ne fonctionnait plus jamais. Il faut dire qu'il fallait 12 heures de chauffe pour qu'il soit à bonne température. Qui dans les années 60 aurait pu se permettre d'attendre aussi longtemps pour y cuire son pain ou ses pâtés?

Oui, les jardins était à l'abandon depuis la mort de mon grand-père, 5 ans après ma naissance. Ils étaient il y a plus de 40 ans, à peu près dans l'état où se trouve le jardin actuel, envahi par les mauvaises herbes. Ma soeur aînée quand elle a eu connaissance du montant des travaux à engager pour remettre en état ce qui a été pendant des années un gîte rural, a préféré mettre en vente cette maison à laquelle ma mère tenait tant mais pour laquelle nous avons peu de souvenirs car elle n'a jamais eu le statu de "maison de famille".

N'y ayant vécu qu'une semaine, il y a 20 ans de cela, je n'aurai pas vraiment de regrets, et à l'image du vieux salon de jardin tel qu'il est actuellement, je préférerai celle d'une photo prise par un après-midi ensoleillé et où ma mère s'était assise sur l'un des bancs, sans rien faire -chose rarissime chez elle- tandis que mes deux aînés jouaient dans l'herbe.

3 commentaires:

caphadock a dit…

Souvenirs, souvenirs
Je vous garde dans mon cœur
Pour qu'ils viennent refleurir
Des années de bonheur

cailloublanc a dit…

Ah , les maisons et tout ce qui s'y rattache, non seulement de souvenirs, mais de questionnement! J'ai passé une semaine dans le Gers en juillet à m'y plonger, dans cette mémoire... Bel été, @nn@!

@nn@ L. a dit…

* Ah caphadock, puissent les souvenirs être toujours heureux, mais tel n'est pas toujours le cas

* C'est bien ce qu'il m'avait semblé cailloublanc, que vous étiez vous aussi partie cet été replonger dans beaucoup des souvenirs, et que depuis cela n'avait guère cessé, notamment en retournant sur Beausoleil