mercredi 2 mai 2012

"La lionne blanche" de Henning Mankell (2)

Quelques lignes autour de l'apartheid, tirées de réflexions faites par Victor Mabasha. Dans le livre c'est un tueur sud-africain noir recruté par un groupe de Boers pour tuer un personnage important dans son pays afin de générer le chaos et empêcher l'évolution vers la fin de l'apartheid. Il pense à Frederik de Klerk, en réalité c'est Nelson Mandela

"...Un humain qui perd son identité n'est plus un humain. Il devient un animal.C'est ce qui m'est arrivé. J'ai commencé à tuer des gens parce que moi-même, j'étais mort. Enfant je voyais les panneaux, les panneaux ignobles qui montraient les endroits autorisés autorisés aux Noirs et ceux qui étaient autorisés aux Blancs seulement. Là, déjà, j'ai commencé à rétrécir. Un enfant doit grandir, pousser, mais dans mon pays l'enfant noir devait apprendre à devenir de plus en plus petit. J'ai vu mes parents dépérir sous le poids de leur propre invisibilité, leur amertume contenue. J'étais un enfant obéissant. J'ai appris à n'être personne, un rien parmi les riens. L'apartheid a été mon véritable père. J'ai appris ce que nul ne devrait jamais apprendre. Vivre avec l'hypocrisie, le mépris, un mensonge transformé en vérité unique, protégé par la police et par les lois, mais surtout par un fleuve d'eau blanche, un flot de paroles sur la différence naturelle entre les Noirs et les Blancs, la supériorité de la civilisation blanche..."
 

"...Les Blancs doivent apprendre le renoncement. Ils doivent remettre la terre aux Noirs, qui sont interdits de propriété depuis ds siècles. Ils doivent transférer la plus grande partie de leurs richesse à ceux qui n'ont rien. Les Noirs, eux, ont l'habitude de se soumettre, et la soumission est peut-être la blessure humaine la plus difficile à guérir. Cette habitude creuse très profond, déforme l'homme tout entier, n'épargne aucune partie du corps. Passer de n'être personne à être quelqu'un, c'est le voyage le plus long que puisse entreprendre un être humain..."

4 commentaires:

Diptyque a dit…

Merci d'avoir parlé de ce livre. Je suis une grande lectrice de Mankell. Il se trouve que je connais aussi assez bien l'Afrique, surtout de l'Ouest d'ailleurs. Ce livre se situe pour moi parmi les meilleurs de Mankell, (avec Les chaussures italiennes)car outre l'action même du roman, on y apprend énormément de choses sur la structuration de l'apartheid et sur la manière de manipuler les consciences.

Anonyme a dit…

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Nico a dit…

C'est tout simplement mon Mankell préféré! Dommage tout de même que le début soit un peu longuet.

@nn@ L. a dit…

* Diptyque, grâce à vous j'ai récupéré -et commencé à lire- dans la bibliothèque de ma belle-mère "les chaussures italiennes" que ma fille aînée n'a pas aimé car elle s'attendait à une enquête policière. Le peu que j'en ai lu m'a plu et il sera probablement le prochain que je lirai de Mankell
* J'ai une petite préférence Nico, pour "le retour du professeur de danse" que m'avait conseillé de lire un psychiatre à cause d'une petite phrase qui disait que tout homme doit accomplir un voyage durant sa vie