jeudi 12 février 2009

hunger (3)

Plus de 15 jours se sont écoulés depuis la séance de cinéma consacrée à ce film... et les impressions restent toujours aussi fortes.

Il y a d'abord l'impression d'ensemble issue des trois temps du film:
- une longue introduction relativement silencieuse consacrée à la vie d'un gardien et à "l'adaptation" d'un prisonnier dans ce centre carcéral si particulier, introduction relativement silencieuse où les explosions de violence telles que les séances de nettoyage forcées des prisonniers en grève de l'hygiène prennent un relief encore plus saisissant
- le face à face central entre Bobby Sands et le prêtre à qui il annonce sa volonté d'aller jusqu'au bout de la grève de la faim, ainsi que les 75 autres prisonniers, au rythme d'un tous les 15 jours, chaque mort étant aussitôt remplacé par un nouveau gréviste
- de nouveau quasiment silencieuse, la marche de 66 jours de B
obby Sands vers la mort. De la phase d"adaptation" des prisonniers, il faut être prêt à visualiser l'insoutenable qui est explicitement montré: les prisonniers qui vivent dans les excréments (dont ils badigeonnaient les murs), les vomissures, la vermine qui grouille. Les passages à tabac entre deux rangs de CRS... avec l'un d'eux, probablement un "bleu", qui réfugié derrière un mur pleure de terreur, de honte. S'y ajoutent des "pauses" plus poétiques: le prisonnier qui joue avec une mouche, le gardien qui fume dehors, muré dans son silence, avec un flocon de neige qui fond sur sa main ensanglantée après qu'il ait cogné les prisonniers. Mais la violence est toujours là, parfois même quand on s'y attend le moins. Ainsi lorsque ce gardien, toujours sur ses gardes, va en maison de retraite apporter des fleurs à sa mère gravement atteinte par la maladie d'Alzheimer. Elle n'aura aucune réaction quand un inconnu arrivé silencieusement derrière son fils posera le canon d'une arme sur sa nuque pour le tuer, tirera et repartira comme si de rien n'était. Du long dialogue entre Bobby Sands et le prêtre, j'ai surtout retenu, une fois le discours d'approche et d'apprivoisement des deux interlocuteurs de ce qui sera leur unique rencontre, l'inquiétude du prêtre non quant à la détermination de Bobby Sands mais quant au fait que celle-ci n'était pas en réalité un désir caché de se suicider.

Et puis il y a la déchéance physique progressive de Bobby. Là non plus rien ne nous est épargné de son calvaire: la sollicitude silencieuse d'un premier infirmier et la tout aussi silencieuse dureté de son successeur, les esquarres, l'extrême faiblesse qui rend petit à petit sourd et aveugle. Le traitement poétique de sa mort n'en est que plus impressionnant: Bobby qui faisait du cross country "rêve" qu'il court enfant à la nuit tombante dans un bois qui devient de plus en plus sombre et inquiétant. Il y a un premier envol de corbeaux qui le fait stopper sa course et se retourner en arrière... et qu'un immense envol de corbeaux envahisse l'écran.

A la fin du film une phrase précise que 9 autres personnes sont mortes après Bobby Sands sans que le statu de prisonnier politique ne soit obtenu...et que 17 gardiens travaillant dans cette prison ont été abattus par des membres de l'IRA.

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