"Séraphine", de Martin Provost, a dominé la 34e cérémonie des César vendredi soir, remportant sept récompenses, dont celles du meilleur film, du meilleur scénario original et de la meilleure actrice pour Yolande Moreau.
Tant pis! Je parlerai quand même non pas du film "Séraphine" auquel j'ai déjà consacré un billet et dont je suis très contente de la carrière qu'il fait (il reste encore à l'affiche de beaucoup de cinémas) grâce à un excellent bouche à oreille, un peu comme "le grand silence" un an auparavant, mais de Madame Yolande Moreau.
Une grande Dame dont les qualités artistiques sont enfin reconnues, elle qui pendant des années a été cataloguées par le grand public à la grosse dame en blouse des Deschiens... même si avec son personnage de la concierge dans "le fabuleux destin d'Amélie Poulain" elle avait acquis une autre image. C'était aussi avant "Quand la mer monte" qui a connu un certain succès.
Une grande Dame donc, dont je viens juste d'apprendre qu'elle a cinq ans de plus que moi puisque nous sommes nées toutes les deux un 27 juillet. Une grande Dame qui a connu quelques années de galère qu'elle décrit dans un article que lui a consacré Télérama et dont sont tirées les deux photos de ce billet.
Une grande Dame dont la plastique tant au niveau visage qu'au niveau silhouette n'a contrairement à tant de jeunes premières, contribué en rien à sa renommée. Dans "Séraphine" elle est mal fagotée, mal coiffée, avec des mains souvent sales aux ongles plus que douteux.
Il n'en demeure pas moins qu'elle est belle et qu'il émane d'elle une immense sensualité. Et cela dès les 1ères scènes où on la voit marcher de nuit, juste éclairée par un petit quartier de lune, toute habillée dans un ruisseau en caressant au passage les herbes, les algues.... Plus tard aussi lorsqu'elle monte dans un arbre pour regarder au loin et laisser le vent caresser son visage. Et que dire quand l'été venue elle chantonne en se baignant nue dans ce même ruisseau...
Elle est très belle aussi lorsque la caméra la montre en train de peindre. Même dans des films tels que "la belle Noiseuse" de Rivette ou "Camille Claudel" de Nuytten, peut-être le "Van Gogh" de Pialat, je n'avais pas le souvenir d'avoir vu aussi bien montré cette sorte d'extase un peu douloureuse de l'artiste à l'oeuvre.
Ainsi donc elle a reçu le César de la meilleure actrice. Et j'en suis ravie parce que le film va probablement ressortir dans un certain nombre de salles et que j'irai certainement le et surtout LA revoir une troisième fois en attendant la sortie du DVD.