mercredi 4 février 2009

rester zen (2)

Il y a des jours où il est difficile de le rester comme hier à la lecture d'une dépêche de l'APM* où il était fait mention d'une annonce gouvernementale relative à la création de 4 nouvelles UMD (Unités pour Malades Difficiles) en plus des 5 existantes et de la mise en place d'un plan de sécurisation des établissements psychiatriques, au delà de ce qui avait été fait suite à l'affaire de Pau** qui avait enfin permis la publication et la mise en oeuvre du plan "psychiatrie et santé mentale"

Jeune adulte j'ai travaillé pendant tout un été comme femme de ménage dans un hôpital psychiatrique. Le 1er matin en franchissant le portail qui ne s'ouvrait qu'à certaines heures j'avais pensé: "ça y est, je rentre chez les fous". Très vite j'avais compris qu'en réalité les personnes qui étaient là étaient des malades et qu'on pouvait très vite basculer dans ce qu'on appelle la folie parce que la frontière entre le bien portant et le malade est parfois bien difficile à estimer.

Des années plus tard, j'ai été amenée à m'occuper professionnellement, mais au plan administratif cette fois-ci, pendant cinq années de questions de santé mentale. Et plus que jamais certaines choses ne peuvent que me choquer et notamment celle-ci: tout est fait pour ne voir dans la personne atteinte de maladie mentale que le fou dangereux alors que la réalité est tellement éloignée de cela.

Alors parce qu'il faut rester zen, juste quelques chiffres cités de mémoire:

20% de la population connaîtra dans sa vie un problème de santé mentale: des personnes célèbres comme des artistes (Antonin Artaud, Camille Claudel, Virginia Woolf...) mais aussi des anonymes qui, comme le journaliste Philippe Labro, souffrent pendant des années de dépression

30% des schizophrènes mettent fin à leurs jours: de tous ceux-là on ne parle pas, ni de leur souffrance, ni de celles de leurs proches qui savent que c'est une maladie dont on ne guérit pas... et surtout on ne compare pas les quelques victimes dues à un "accès de folie" au chiffre bien supérieur des victimes de chauffards ivres d'alcool ou de vitesse

80% de l'activité de psychiatrie s'exerce en dehors des murs lorsque les malades rencontrent des soignants dans des lieux aussi diversifiés que des hôpitaux de jour, des centres médico-psychologiques, à leur propre domicile... mais aussi d'autres malades comme eux dans des Groupes d'Entraide Mutuelle (G.E.M.). Et sans que cela ne génère de problème particulier

Mais hélas, la pression médiatique conjuguée à des tendances obsessionnelles sécuritaires liberticides fait qu'on ne veut plus voir dans le malade mental qu'un fou dangereux qu'il faut non seulement cacher mais enfermer... parce qu'on ne sait jamais...

* APM Asociation Presse Médicale
** affaire de Pau: un ancien patient après avoir pénétré par intrusion dans un pavillon de l'hôpital psychiatrique avait égorgé une infirmière et une aide-soignante.

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